La semaine passée, l'apercevant débiter son baratin en usine devant un parterre casté, dans un remake pourri du pourtant pas fameux "La Conquête", regardant droit dans les yeux un ouvrier à qui il affirmait des trémolos dans la voix que grâce à la réforme sa retraite serait garantie, j'éprouvais à nouveau ce puissant dégoût que, grâce à des heures de méditation zazen et à la lecture de l'intégrale de Guy des Cars, j'avais réussi à esquiver ces deux dernières années lorsque son nom revenait dans la conversation.
La campagne présidentielle est lancée, il va nous falloir reparler du commis des puissants.
L'embellie est "nette" parait-il et il n y aura pas assez de C dans l'Air et d'éditos exaltés de Valeurs Actuelles pour nous convaincre que l'homme du mouvement perpétuel est de retour : +6 points de popularité. Notre glorieux monarque aurait de nouveau la gagne (c'est le mot d'ordre dans les rédactions). Sans les minorer, ne nous inquiétons pas outre mesure de ces points reconquis et des autres à venir. Il s'agit des déçus de droite programmés pour revenir à droite à un moment ou à un autre, quelque soit le candidat : Oui-oui, Goering ou un ficus en plastique. Dans l'omelette norvégienne qui leur sert de cerveau, il vaut mieux n'importe quelle droite extrême qu'une gauche même modérée.
La campagne présidentielle est lancée, il va nous falloir reparler du commis des puissants.
L'embellie est "nette" parait-il et il n y aura pas assez de C dans l'Air et d'éditos exaltés de Valeurs Actuelles pour nous convaincre que l'homme du mouvement perpétuel est de retour : +6 points de popularité. Notre glorieux monarque aurait de nouveau la gagne (c'est le mot d'ordre dans les rédactions). Sans les minorer, ne nous inquiétons pas outre mesure de ces points reconquis et des autres à venir. Il s'agit des déçus de droite programmés pour revenir à droite à un moment ou à un autre, quelque soit le candidat : Oui-oui, Goering ou un ficus en plastique. Dans l'omelette norvégienne qui leur sert de cerveau, il vaut mieux n'importe quelle droite extrême qu'une gauche même modérée.
Question : le candidat de la reconquête réussirait-il à faire oublier le roi de l'échec ?
Faire la liste en un billet de toutes les destructions accomplies ces quatre dernières années est une tâche surhumaine. Prenons juste trois thématiques sélectionnées par notre sauveur lors de sa campagne 2007 : Chômage, dette et sécurité.
1 / Le chômage
A l'annonce de l'énième augmentation de juin 2011, Le Figaro évoque un pudique "marché de l'emploi qui broie à nouveau du noir" alors que l'on flirte officiellement avec les 5 millions de chômeurs[1] et que l'on dépasse officieusement les 7. Comme le souligne Pat du 49 (expert en détricotage des intox des chiffres du chômage), le chômage de longue durée a augmenté de 29.5% en un an, celui de très longue durée de 18,8% pour les seules catégories A B et C. Précisons également aux évangélistes de la droite sociale (tripant de faire baisser la tête aux "assistés") que près de la moitié des demandeurs d'emploi ne touchent aucune indemnisation. A ces chiffres ne sont pas évidemment pas ajoutés les légions fantômes de "hors-jeu" tendance Gorz et autres objecteurs de la lettre de motivation, tel votre rédacteur, ne prenant même plus la peine d'aller s'inscrire à Pôle Emploi. Pauvre de nous, nous avons été éduqués selon ce principe simple et désormais désuet puisque bafoué jusqu'à l'absurde dans l'atonie quasi complète, voire l'active complicité, de ceux qui en pâtissent : travail honnête = salaire correct.
"Travaillez plus, pour gagner plus ?" Le grand double ratage UMP. La défiscalisation des heures supplémentaires censée redynamiser l'emploi n'aura au final bénéficié qu'à la moitié des 20% déjà embauchés qui pouvaient y prétendre (pour un coût annuel de 4.5 milliards). Pur outil d'optimisation salariale au bénéfice des patrons, les heures TEPA auront eu, comme prévu, un effet contreproductif sur les embauches. Le nez dans leur échec, en déficit de renouveau, alors que le pays tourne à la rance maison d'aisance pour rentiers, tandis que le précariat devient la règle et que la désindustrialisation s'intensifie, nos zéros du boulot continuent à nous bassiner avec l'augmentation du temps de travail, à accuser les 35 heures de tous les maux et à culpabiliser les exclus de l'emploi.
Remettre la France au travail était la grande affaire du candidat de droite 2007, peu de chances qu'elle le soit en 2012. A moins que, à l'image de la RATP reportant avec son fameux "incident voyageur" les désastreux effets de sa réorganisation interne sur l'usager qui en est la victime, notre souverain du pipeau nous sorte tout simplement que c'est de notre faute, que "les Français ne travaillent pas assez". Oops, on me glisse que c'est effectivement la stratégie employée. Ainsi pour Wauquiez, chargé de l'emploi de 2008 à 2010, le chômeur de 2011 est d'abord "une victime du système social" (entendu cette semaine sur France Inter).
2 / La dette.
Du lol en lingot. Notre Bob l'éponge national veut, en fin de mandat, faire inscrire dans la constitution une "règle d'or" sur l'équilibre d'un budget de l'Etat qu'il a explosé comme personne. La dette est passée de 64% à 82% du PIB en trois ans de réformes iniques censées la diminuer ! Et pour quel résultat ? Suppression de postes et d'infrastructures à tous les étages de la fonction publique et multiplication des taxes. Où sont passés nos 400 Milliards perdus ? Élémentaire. Au lieu de penser à augmenter les recettes en prélevant l'argent là où il est jalousement concentré (et accentue les nuisances), l'UMP n'a eu de cesse de les réduire en fermant les yeux sur les exonérations fiscales ou en créant sur mesure ces fameuses niches (504 niches fiscales au total), avec rasades de cadeaux pour les sociétés (fin de la taxe professionnelle par exemple) et les particuliers les plus aisés (110 milliards, ça va du PTZ+ à l’allègement de l'ISF). Vu qu'il ne veut pas toucher les niches fiscales les plus coûteuses, tu imagines comment et sur le dos de qui l'équilibre va se faire.
La dette a du bon quand elle sert à construire l'avenir. Rien de tout cela depuis quatre ans, les services publics sont un à un progressivement livrés au privé, avec perte et fracas pour les salariés et les usagers. Mais bon, parait que la droite dans l'inconscient collectif (de la presse de droite) est "bonne gestionnaire". Comme pour tout chez nos VRP du MEDEF, tentant de faire partager aux esclaves sacrifiés l'extase des dominants dans un monde où la morale collective est censée s'aligner selon les valeurs de ceux (une poignée) en position de nuire le plus aux intérêts de tous les autres, ils se persuadent que répéter des mensonges à longueur d'ondes conciliantes suffit à les rendre vrais. Dans le domaine de la dette, la prolongation éventuelle d'un quinquennat UMP dans un contexte économique mondial qui court au re-krach à court terme (c'est fou comme ça marche bien le libéralisme), impliquera un renforcement sans précédent de la rigueur[2]. Avec ce genre de ploucs, profondément méprisants avec tout ce qui n'est pas de leur stratosphère (et nous sommes 99,9% à ne pas y graviter), la rigueur ne connait qu'une direction : ta gueule.
La dette a du bon quand elle sert à construire l'avenir. Rien de tout cela depuis quatre ans, les services publics sont un à un progressivement livrés au privé, avec perte et fracas pour les salariés et les usagers. Mais bon, parait que la droite dans l'inconscient collectif (de la presse de droite) est "bonne gestionnaire". Comme pour tout chez nos VRP du MEDEF, tentant de faire partager aux esclaves sacrifiés l'extase des dominants dans un monde où la morale collective est censée s'aligner selon les valeurs de ceux (une poignée) en position de nuire le plus aux intérêts de tous les autres, ils se persuadent que répéter des mensonges à longueur d'ondes conciliantes suffit à les rendre vrais. Dans le domaine de la dette, la prolongation éventuelle d'un quinquennat UMP dans un contexte économique mondial qui court au re-krach à court terme (c'est fou comme ça marche bien le libéralisme), impliquera un renforcement sans précédent de la rigueur[2]. Avec ce genre de ploucs, profondément méprisants avec tout ce qui n'est pas de leur stratosphère (et nous sommes 99,9% à ne pas y graviter), la rigueur ne connait qu'une direction : ta gueule.
3 / La sécurité.
Les dernières consignes de Guéant en la matière (à savoir que les gens rebaptisés "voisins vigilants" s'en chargent eux-mêmes) sont l'aveu du cuisant échec dans un secteur sur lequel l'UMP a pourtant fait une OPA marketing depuis près de dix ans. Chacun sait (j'espère) que n'importe quel parti fera mieux que ces baudets haineux hennissants à l'insécurité depuis 2002 alors qu'ils ont supprimé 10.000 postes de policiers en sept ans. La Cour des comptes vient également de souligner la coûteuse, et si prévisible, inefficacité d'un concept en carton "la videoprotection".
Nous pourrions également évoquer l'ex-sacrosaint "pouvoir d'achat", mais là je crois que nous ne trouverons personne, hormis les privilégiés bénéficiant depuis cinq ans des largesses fiscales précédemment exposées, pour revendiquer une quelconque amélioration sur ce front. Et ce n'est qu'un début, tandis que le candidat en campagne balance des sourires aux ouvriers, le gouvernement leur réaffirme à Paris qu'augmenter les salaires serait la pire des choses à faire. En décodé : l'inflation de tout sauf de la rémunération du travail va durer.
On serait donc en droit de distribuer des baffes à cette ribambelle d'incompétents à dessein, dangereux, car cohérents et persistants dans une idéologie qu'ils martèlent dans les médias : faire payer les faibles pour préserver les forts (ces derniers étant supposés tirer la société vers des jours meilleurs alors qu'ils n'ont jamais été aussi riches et que nous avons rarement été aussi mal). Depuis 2007, en complément du renforcement du "communisme des riches", cette gouvernance aura réussi à établir les grandes lignes de son nouveau modèle social pour les gueux du dessous : le Do-It-Yourself taxé. Une logique qu'elle poussera à n'en point douter jusqu'aux plus inhumaines extrémités à partir de 2012 en cas de raidissement de la conjoncture.
Revenons à ce segment du Monarque chez les cols bleus. Le plus douloureux dans la scène ne fut pas le baratin du bonimenteur, mais l’acquiescement instantané de l'ouvrier.
On serait donc en droit de distribuer des baffes à cette ribambelle d'incompétents à dessein, dangereux, car cohérents et persistants dans une idéologie qu'ils martèlent dans les médias : faire payer les faibles pour préserver les forts (ces derniers étant supposés tirer la société vers des jours meilleurs alors qu'ils n'ont jamais été aussi riches et que nous avons rarement été aussi mal). Depuis 2007, en complément du renforcement du "communisme des riches", cette gouvernance aura réussi à établir les grandes lignes de son nouveau modèle social pour les gueux du dessous : le Do-It-Yourself taxé. Une logique qu'elle poussera à n'en point douter jusqu'aux plus inhumaines extrémités à partir de 2012 en cas de raidissement de la conjoncture.
(Pas de trêve pour les ministres. Tout l'été sur les ondes pour défendre le bilan UMP.)
Revenons à ce segment du Monarque chez les cols bleus. Le plus douloureux dans la scène ne fut pas le baratin du bonimenteur, mais l’acquiescement instantané de l'ouvrier.
Le boulet de L'Elysée n'est que la conséquence de nos inconséquences avant d'être le facteur aggravant du malheur national. Déplorant ébaubi nos aptitudes à faire un triomphe à la cinquième saison de Secret Story, à pouvoir gober trois épisodes identiques des Experts chaque soir sans broncher depuis bientôt dix ans, à clôturer le périmètre triangulaire de nos réflexions d'une Damido, d'un Zemmour et de quelques Lapins crétins, je suis parfois pris de terreur à l'idée qu'en 2012, ce pays persévère dans son erreur. Non par passion (nous n'en sommes clairement plus là), mais par conditionnement aux dogmes de droite.
C'est ce TINA en nous qui me fait peur.
C'est ce TINA en nous qui me fait peur.
Extrait de The candidate de Michael Ritchie, 1971
* * *
[1] mais c'était déjà trop osé, depuis ils ont rectifié le tir.
[|2] Au moment où l'on nous parle encore de "rigueur"pour 2012, on rajoute +15 milliards d'aide à La Grèce (qui ne seront jamais remboursés).