Pour les retardataires, synthétisons les trois axes majeurs de la politique du gouvernement en matière de logement :
1 / Privatiser le logement social. Parce que bon, on ne va pas s'embarrasser avec ce qui coûte alors qu'on peut refiler un marché juteux aux copains.
2 / Soutenir la bulle immobilière. Pour stimuler une croissance molle, maintenir à la hausse la valeur des biens ou les loyers perçus par le coeur de cible électoral de l'UMP (le proprio retraité) via une législation et une fiscalité aux petits oignons.
3 / Pousser le reste des Français à s'endetter. Via l’acquisition à crédit, les classes moyennes ont la sensation d'une richesse, d'un identité sociale, d'une perspective, d'une garantie, que le travail ne leur fournit plus. Tranquillement, crise aidant, se distille du haut vers le bas de la société l'idée que posséder vaut plus que travailler[1]. A la casse progressive du monde du travail depuis 30 ans (prochaine étape : la fin du CDI) répond une survalorisation artificielle de l'immobilier depuis 15 qui endort la contestation. Par l'accés au crédit immobilier facilité, la partie la plus exposée économiquement de la classe moyenne en vient à épouser et défendre le discours des vrais gros possédants.
Bref, "La France des propriétaires" était un bon concept... publicitaire. Du PTZ+ à la récente loi Bouvard en passant par les trois phrases qu'Apparu[2] décline d'un plateau télé à l'autre, grâce à son générateur shuffle intégré, il s'agit systématiquement d'encourager la France des endettés tout en confortant celle de la rente et des multipropriétaires.
Dans le triptyque bulle/rente/endettés, si le locataire fait figure de pauvre type (encore toléré une fois par mois avec des pincettes, le nez bouché et un soupçon de peur, par l'ancienne génération qui empoche son substantiel loyer), le vraiment pauvre, qui parfois travaille, est invité à dégager fissa.
Alors que les questions de logement restent sous-abordées par les politiques (enfin presque) pour 2012, nous glissons vers une nouvelle ère de la folie immobilière où, une fois encore, crédulité, cupidité et terreur du "déclassement" sont mis à contribution.
Etant donné que :
1 / Le réconfortant compromis "Ok, la vie coûte cher et je me fais avoir au boulot, mais tout va bien puisque je suis propriétaire" tremble sur ses fondations pour la moitié, souvent la plus jeune, d'une classe moyenne qui se prend de plein fouet la hausse des prix (denrées, carburant, énergie).
2 / L'Etat multiplie les encouragements législatifs pour les propriétaires et les endettés, au lieu de mettre le paquet sur le logement social alors que les situations de mal-logement et d'exclusion se multiplient.
3 / Le "business model" de la vente de maisons en papier qui tiendront moins longtemps que les crédits pour les rembourser patine sur les primo-accedants.
Allons-nous vers un élargissement dans la classe moyenne de l'exploitation immobilière comme source complémentaire, voire principale, de revenus ?
L'escroc n'y serait plus seulement le banquier ou l'agent immobilier, mais le particulier qui, avec la même conviction avec laquelle il dénonçait le "tous pourri" des puissants, se mettrait sciemment à exploiter son voisin encore plus mal placé dans l'échelle de la galère. Avec un peu de cynisme, et l'époque n'en manque pas, la chose pourrait même être l'objet d'un nouveau concept publicitaire : "La France des entrepreneurs de patrimoine". D'autant que, à l'instar de son influence déterminante dans la frénésie d'achat des plus jeunes, l'ancienne génération des multipropriétaires à rentes servirait là aussi de référence à égaler.
Ce n'est qu'une supposition... On peut aussi bien se diriger vers une fermeture pure et simple du crédit.
Mais, compte tenu de la pauvreté d'imagination des dominants, d'une économie ne carburant qu'à la bulle, de la néo-libéralisation des esprits. Compte tenu de ce qui a jadis été observé dans d'autres économies "florissantes" (Irlande, Espagne, Angleterre - cf.Perverse Road) reposant en partie sur ces rapports d'exploitation entre pauvres-moyens et pauvres-pauvres, balisés par les médias et les banquiers[3]. Compte tenu de ce que j'observe un peu partout en France. De ces modestes retraités qui louent 1000 euros une cabane au fond du jardin ou de ces potes de gôche qui, fraîchement trentenaires, m'assènent à l'unisson que "quand même, avec ce que je gagne[4] le banquier m'a dit que ça vaudrait le coup d'investir dans l'immobilier locatif pour ma retraite" : une partie du "business" de la pénurie (fausse) de logements pourrait bien être captée par une nouvelle génération d'"auto-entrepreneurs" qui feront du "social" comme ils font du Forex (une autre petite mode en vogue), favorisés par un Etat laxiste faisant d'une pierre deux coups. Il externaliserait un peu plus la gestion des pauvres en redynamisant le concept de "France des propriétaires" auprès d'une classe moyenne désillusionnée et à cran au niveau pouvoir d'achat.
Nous sommes bien sûr dans l'anticipation. Loin de nous l'idée d'affirmer que ce processus est déjà entamé, qu'il se répand insidieusement dans les consciences, que c'est la porte ouverte à tous les abus et que je reçois dix publicités par jour à ce sujet.
[1] Et là, je pose la question aux pourfendeurs d'"assistés" : il serait intéressant de savoir quelle est la proportion d'électeurs du Monarque subsistant aujourd'hui grâce à un travail salarié ?
[2] Benoist Apparu à l'immobilier ? Sérieux ? Non mais pourquoi pas Stéphane Plazza tant qu'on y est.
Bref, "La France des propriétaires" était un bon concept... publicitaire. Du PTZ+ à la récente loi Bouvard en passant par les trois phrases qu'Apparu[2] décline d'un plateau télé à l'autre, grâce à son générateur shuffle intégré, il s'agit systématiquement d'encourager la France des endettés tout en confortant celle de la rente et des multipropriétaires.
(Avec le Bouvard 2011 : finance la retraite qu'on te supprime en investissant du "social" privé défiscalisé.)
Dans le triptyque bulle/rente/endettés, si le locataire fait figure de pauvre type (encore toléré une fois par mois avec des pincettes, le nez bouché et un soupçon de peur, par l'ancienne génération qui empoche son substantiel loyer), le vraiment pauvre, qui parfois travaille, est invité à dégager fissa.
Etant donné que :
1 / Le réconfortant compromis "Ok, la vie coûte cher et je me fais avoir au boulot, mais tout va bien puisque je suis propriétaire" tremble sur ses fondations pour la moitié, souvent la plus jeune, d'une classe moyenne qui se prend de plein fouet la hausse des prix (denrées, carburant, énergie).
2 / L'Etat multiplie les encouragements législatifs pour les propriétaires et les endettés, au lieu de mettre le paquet sur le logement social alors que les situations de mal-logement et d'exclusion se multiplient.
3 / Le "business model" de la vente de maisons en papier qui tiendront moins longtemps que les crédits pour les rembourser patine sur les primo-accedants.
(Ne nous embarrassons plus de pseudo argus immobilier, et entrons dans le vif du sujet : "le profit".)
(Vieux qui arnaquent jeunes, jeunes qui arnaquent vieux : toutes les combinaisons sont possibles.)
Ce n'est qu'une supposition... On peut aussi bien se diriger vers une fermeture pure et simple du crédit.
Mais, compte tenu de la pauvreté d'imagination des dominants, d'une économie ne carburant qu'à la bulle, de la néo-libéralisation des esprits. Compte tenu de ce qui a jadis été observé dans d'autres économies "florissantes" (Irlande, Espagne, Angleterre - cf.Perverse Road) reposant en partie sur ces rapports d'exploitation entre pauvres-moyens et pauvres-pauvres, balisés par les médias et les banquiers[3]. Compte tenu de ce que j'observe un peu partout en France. De ces modestes retraités qui louent 1000 euros une cabane au fond du jardin ou de ces potes de gôche qui, fraîchement trentenaires, m'assènent à l'unisson que "quand même, avec ce que je gagne[4] le banquier m'a dit que ça vaudrait le coup d'investir dans l'immobilier locatif pour ma retraite" : une partie du "business" de la pénurie (fausse) de logements pourrait bien être captée par une nouvelle génération d'"auto-entrepreneurs" qui feront du "social" comme ils font du Forex (une autre petite mode en vogue), favorisés par un Etat laxiste faisant d'une pierre deux coups. Il externaliserait un peu plus la gestion des pauvres en redynamisant le concept de "France des propriétaires" auprès d'une classe moyenne désillusionnée et à cran au niveau pouvoir d'achat.
Nous sommes bien sûr dans l'anticipation. Loin de nous l'idée d'affirmer que ce processus est déjà entamé, qu'il se répand insidieusement dans les consciences, que c'est la porte ouverte à tous les abus et que je reçois dix publicités par jour à ce sujet.
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[1] Et là, je pose la question aux pourfendeurs d'"assistés" : il serait intéressant de savoir quelle est la proportion d'électeurs du Monarque subsistant aujourd'hui grâce à un travail salarié ?
[2] Benoist Apparu à l'immobilier ? Sérieux ? Non mais pourquoi pas Stéphane Plazza tant qu'on y est.
[3] Après des émissions marathons aussi orientées que "Maison à vendre" ou "Recherche maison désespérément", un "Bien vivre ma vie en exploitant mon louant mes maisons" (avec tartinage de "social, de bons sentiments et customisation du cellier pour en faire une chambre d'étudiant) est de l'ordre du concevable.
[4] Schéma toujours identique : couples de trentenaires à salaires moyens, déjà en cours de remboursement d'un bien immobilier dont la valeur a progressé ces cinq dernières années.
[4] Schéma toujours identique : couples de trentenaires à salaires moyens, déjà en cours de remboursement d'un bien immobilier dont la valeur a progressé ces cinq dernières années.
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En complément une petite vidéo sur les marchands de biens capturée par intox2007 dans le documentaire de France3 "propriétaires... mais pauvres" produit par Ligne de Mire. Nous ne sommes pas (encore) totalement dans le sujet, mais un des pans de la philosophie immobilière de l'époque a le mérite d'être clairement exposée à partir de 1.40: