Cake, cotillons et catalogue Ikea. Ce dimanche au beau milieu des bâtiments dortoirs, jaune délavé et orange oxyde, duplos jetés en vrac le long de la banlieue sans identité où horizon au bitume et ciel gris se confondaient à l'année, au 4 étage de la barre D, alors que les enfants lançaient l'assaut contre Ras Lanouf dans Call of Duty : Black Ops sur le jumbo plasma 3D depuis leur état major, ce colossal canapé bycast au centre du salon cosy sentant le bonbon, les trentenaires célébraient l'anniversaire de crémaillère du T3 autour d'un festin pâtissier. Un goûter quoi.
Cinq ans déjà que Chou et Magali s'épanouissent en ce lieu avec leurs deux enfants, Mattis et Théo. Plazzadamidoïsé du sol au plafond, de la pyramide senteur aux stickers muraux, le trois-pièces vermillon se conformait à la perfection aux codes télévisés du confort. Du coup, le couple s'y sentait à l'étroit.
- "Et qu'est ce qu'on va pouvoir mettre comme photos sur facebook si on reste ici ? On ne va quand même pas recarreler une troisième fois la cuisine !" grimaçait Magali déposant ma part de flan aux pruneaux "recette Masterchef" sur la table basse d'un designer dont elle m'avait précisé à deux reprises depuis la tarte aux fraises qu'elle l'avait commandée 190 au lieu de 410 euros sur discount-privé.com.
Tandis que l'élégante en Etam dégriffé passait les assiettes à l'assistance captivée, Chou la rassurait (d'une voix mystérieusement posée, signe inquiétant d'une inhabituelle montée de virilité) :
CHOU
- "T'inquiètes Mag' quand tout sera réglé, qu'on aura vendu ici et qu'on aura acheté là-bas, tu l'auras ta cuisine de compet' !"
MAGALI
- "j'espère bien."
Cinq ans déjà que Chou et Magali s'épanouissent en ce lieu avec leurs deux enfants, Mattis et Théo. Plazzadamidoïsé du sol au plafond, de la pyramide senteur aux stickers muraux, le trois-pièces vermillon se conformait à la perfection aux codes télévisés du confort. Du coup, le couple s'y sentait à l'étroit.
- "Et qu'est ce qu'on va pouvoir mettre comme photos sur facebook si on reste ici ? On ne va quand même pas recarreler une troisième fois la cuisine !" grimaçait Magali déposant ma part de flan aux pruneaux "recette Masterchef" sur la table basse d'un designer dont elle m'avait précisé à deux reprises depuis la tarte aux fraises qu'elle l'avait commandée 190 au lieu de 410 euros sur discount-privé.com.
Tandis que l'élégante en Etam dégriffé passait les assiettes à l'assistance captivée, Chou la rassurait (d'une voix mystérieusement posée, signe inquiétant d'une inhabituelle montée de virilité) :
CHOU
- "T'inquiètes Mag' quand tout sera réglé, qu'on aura vendu ici et qu'on aura acheté là-bas, tu l'auras ta cuisine de compet' !"
MAGALI
- "j'espère bien."
Les yeux fiévreux de désir, il poursuivit la description de l'heureux évènement qui les attendait :
CHOU
- "...Et quand j’aurai fini de monter les cloisons,
j’installerai un chauffage à bois. Pas besoin de s'y connaitre et y en a régulièrement des dégriffés chez "le destockeur de la bricole !"
Depuis une heure, sur un tapis sonore mêlant mitraillages militaires et ritournelles celtiques massacrées par Nolwenn Leroy, la nouvelle obsession foncière de Chou cannibalisait les conversations de la récréative collation. Me délectant d'un mystère à la noix de coco, je feuilletais les doigts gras l'album photo de l'acquisition convoitée par le couple : une sorte d'usine à moitié enterrée dont l'entrée était encombrée de poutres rouillées. L'oeil aguerri pouvait encore déchiffrer sur le mur du fond, bien que s'affaissant car rongé par l'humidité, les traces laissées par une affiche jadis décollée : "Zone contaminée - Accès interdit"
CHOU
- "Je t'assure Seb, le sous-sol c'est tendance ! C'est du "mi-souterrain". Ce sont des biens atypiques à charges modérées, faciles d’accès, offrant en ville la possibilité d'espace extérieur."
SEB sceptique
- "Ouais enfin faudrait déjà qu'il y ait un espace intérieur. La vache, il y en a quand même pour des mois et des mois de travaux. Où allez-vous ranger les mômes ?"
Magali partie s'enquérir que les mioches ne grignotassent pas trop de tagada en tuant leurs talibans, Chou me chuchota :
- "Ouais enfin faudrait déjà qu'il y ait un espace intérieur. La vache, il y en a quand même pour des mois et des mois de travaux. Où allez-vous ranger les mômes ?"
Magali partie s'enquérir que les mioches ne grignotassent pas trop de tagada en tuant leurs talibans, Chou me chuchota :
CHOU
- "Mag tourne en rond. Un nouveau projet patrimonial reboostera notre union."
30 ans passés, encore quinze ans de crédit et déjà sept de mariage, l'expérience râpait les espérances.
Le désir de Chou avait débuté trois mois plus tôt au détour d'une réflexion de son chargé de compte à la BPN, Brandon Maddouf :
Le désir de Chou avait débuté trois mois plus tôt au détour d'une réflexion de son chargé de compte à la BPN, Brandon Maddouf :
BRANDON MADDOUF DE LA BPN
- "Avez-vous songé à votre parcours résidentiel ? Propriétaire d’accord, mais d’un 3 pièces de 60m² à 32 ans, ça craint. Vous pouvez être assuré que nous étudierons avec la plus grande des diligences votre dossier."
Dans la foulée, Labrique, bogosse à l'agence immofucker du coin, enfonça le clou :
THIERRY LABRIQUE D'IMMOFUCKER
- "Vous savez je connais bien la zon... enfin le quartier. En face de chez vous des gens plus jeunes ont acheté un 4 pièces à bon prix. Voyez un peu, Monsieur Farcy : il faut bouger. Dans l'immobilier, ce qui compte c'est la mobilité."
Labrique tapait juste. Acheter à crédit ne suffisait plus. Pour se sentir maître du temps et des éléments, la nouvelle génération de proprios endettés devait régulièrement changer d’habitation en bénéficiant des points bonus accumulés au jackpot, toujours gagnant, de l'immobilier tel que plébiscité à la télé :
CHOU
- "Le deal c'est de revendre ici 190.000 et d'acheter plus grand, le loft en mi-souterrain 100m² à 430.000 et d'en faire un cinq pièces !"
...et de repartir à zéro à plus de trente ans avec trente ans de crédit sur le dos. Omettait-il de préciser.
Les regards de l'assistance absorbée de salon-salle-à-rêver dissimulaient mal sa jalousie. Ils s'étaient fait souffler l'idée. Rentrés au paddock, il y penseraient. Chou et Magali avaient réussi leur petit effet.
MAGALI fière
- "Qui veut du coulis ?"
Tout de même. Où étaient mes amis passés ? Rebelles aux convictions tranchées. Eux qui méprisaient tous azimuts médias, politiques et banquiers. Je les retrouvais, indolents autour du flan, deux dimanche l'an, une flûte à pied de banga à la main à mimer les meilleures scènes de Camping 2 (et dieu sait qu'il y en a peu) entre deux récits de leurs dernières ruées endiablées en centre commercial pour s'arracher ces offres promos exceptionnelles entendues à la radio. Leur poésie d'annuaire s'entrecoupait des voraces évocations de leurs prochaines culbutes immobilières. Ce domaine seul focalisait la hargne, la concupiscence, la volonté de puissance que le reste du temps, partout ailleurs, ils taisaient. Leurs ambitions moelleuses et clonées comme leurs intérieurs à la guimauve, guidés au quotidien par les admonestations hertziennes des dealers d'euphorie : les anciens révoltés s'étaient tous endettés pour des décennies au terme d'un strip-tease financier devant le banquier, avec la complicité d'un gouvernement voyant dans chaque jeune capté par la propriété à rembourser, un candidat de moins à l'insurrection. Avant trente ans, il convenait de ne pas déterrer les pavés et de rembourser ses parpaings.
Mais en ce dimanche de printemps à rab' de flan et d'effluves d'encens au jasmin, j'eus la confirmation que nous basculions dans une nouvelle dimension de la gagne individuelle.
Non contents de pousser le prolo à devenir proprio, le banquier et l'agent immobilier, le premier possédant le bien le second ponctionnant la transaction, l'incitaient désormais à déménager, pour avoir plus grand et, à terme, évidement, "plus d'argent". Le bien immobilier comme la voiture ou le lecteur DVD devenait un bien de consommation courante à obsolescence accélérée.
N'ayant pas encore empoché la plus-value sur le premier appartement, Mag et Chou misaient maintenant sur le pactole que rapporterait la revente du "mi-souterrain" rénové. Dans les pays à la croissance atone, où se bousculaient les travailleurs sans travail dont le libre arbitre se circonscrivait au seul champ du consommable ostentatoire, il n’y avait bien que l’immobilier pour surperformer les indices et galvaniser les individus. La rationalité n'ayant plus cours, le "toujours plus" s'y garantissait en boucles de réclames lardant les marathons nocturnes de programmes dédiés. Le jour de l’apocalypse, deux domaines atteindraient leur apogée : le nombre de talk-shows sur les chaines d'infos avec votes SMS surtaxés (la fin du monde ? Tapez A pour B contre) et le prix moyen du mètre carré.
2012 approchait. Chou visait grand. Pour les enfants ? Oui d'accord, mais pour bouger d'abord et ne surtout pas se laisser piéger. Le crédit c'était la liberté, l'immobilier l'évasion. Et puis, si on ne pouvait plus s'enrichir en revendant son appartement, où irait-on ? Nulle part. C'était bien cela qui angoissait nos émancipés sur prospectus.
Sans ce nouvel achat, Mag et Chou redoutaient que leur existence n'apparaisse telle qu'elle était : figée dans un univers d'accélérations, sans perspective et sans gain dans un monde où l'on valorisait l'ambition aveugle et l'accumulation de pognon, les deux pieds pris dans un béton peu compatible avec les culpabilisantes injonctions de flexibilité. Le T3 a l'ambiance tamisée trahissait l'évidence d'une vie à passer à deux alors qu'ils ne s'aimaient plus. Il était financièrement impossible de se séparer. L'un sans l'autre, Chou et Mag ne pouvaient pas se loger mieux. La seule issue pour les colocataires de l’échéancier : s'endetter encore plus, pour plus d'espace.
Sans ce nouvel achat, Mag et Chou redoutaient que leur existence n'apparaisse telle qu'elle était : figée dans un univers d'accélérations, sans perspective et sans gain dans un monde où l'on valorisait l'ambition aveugle et l'accumulation de pognon, les deux pieds pris dans un béton peu compatible avec les culpabilisantes injonctions de flexibilité. Le T3 a l'ambiance tamisée trahissait l'évidence d'une vie à passer à deux alors qu'ils ne s'aimaient plus. Il était financièrement impossible de se séparer. L'un sans l'autre, Chou et Mag ne pouvaient pas se loger mieux. La seule issue pour les colocataires de l’échéancier : s'endetter encore plus, pour plus d'espace.
La conjoncture, le climat politique, tous les nuages radioactifs du monde ne les atteindraient pas, Chou et Magali chouchoutaient à foison ce souhait de renaissance foncière :
CHOU
- "430.000 euros c’est pas cher pour ce que c’est. Je revends ici et j’emprunte le reste, ça va le faire. Oui y a des travaux, mais je ferais tout moi-même. Ça prendra le temps que ça prendra, tu viendras m’aider hein ?"
- "Ça tombe bien. Risquer la tétraplégie pour le désir de palace des autres, moi c’est mon dada. Dis donc Mag, t'as pas plutôt de la Tequila ? "
CHOU
- "Y a quand même un problème…"
SEB
- "Quoi donc ?"
CHOU
- "On ne trouve pas d’acheteur à 190.000 euros".
SEB dans une brillante interprétation de la stupéfaction :
- "Ah."
Chou avouait avoir reçu un appel de Labrique en début de semaine :
THIERRY LABRIQUE D'IMMOFUCKER
- "Vous savez je connais bien le marché. Et là, va falloir faire un effort sur le prix. Faut baisser. Dans la pierre, ce qui compte c'est la souplesse."
Chou n'en dormait plus, au point qu'il confessa en aparté ne plus toucher Magali.
CHOU
- "Moi baisser ? Jamais !"
Il en allait de son honneur.
Discrètement, alors que Théo étripait un terroriste à l'arme blanche, Chou s'épancha nous livrant le récit de ses violents émois, ce tsunami du dépit qui l’irradiait au cœur de la centrale du particulier, du matin dans les bouchons, au soir devant NCIS, en passant par le boulot et ses pauses à la machine à cawa. Même ses parties de tetris sur l'heil phone n'avaient plus ces saveurs d'antan du propriétaire content. Son désir de mobilité immobilière contrarié et tout cela pour un stupide défaut d'acquéreur ! Le loft mi-souterrain risquait de lui passer "sous le nez", même si ce bien non plus ne trouvait aucun preneur à ce tarif-là. Chou, vert de voir son "projet patrimonial niqué" narrait amer que son bâtard sensible de banquier s’émouvait aussi de son sort :
BRANDON MADOUFF DE LA BPN
- "Avez-vous pensé au crédit relais ?"
Désormais, prisonnière de sa félicité glacée, la PME Chou et Magali, malgré son salaire cumulé pas glorieux, partageait désormais les modestes ambitions du commercial en Ponzi :
CHOU
- "Putain, pourvu qu'on trouve un acheteur..."
"Ce qui serait tout de même étonnant à ce tarif-là pour un T3 caravane dans une barre perdue entre d'autres barres à une heure d'embouteillage de toute activité salariale décente" ruminais-je en mon for intérieur tout en savourant ce flan aux pruneaux dont Magali me resservait une plâtrée en geignant :
MAGALI
- "N'empêche que ces rumeurs de logements sociaux qu'ils parlent de construire dans le quartier ça nous fait vachement de mal. Ça risque de tout faire baisser."
Et l'ex-opératrice de call-center qui longtemps avait enduré les brimades de son manager, avant à son tour de se venger sur les nouveaux venus avec des objectifs toujours plus inatteignables, d'ajouter :
MAGALI
- "Tu vois Seb, c'est pour ça que je ne voterai jamais à gauche !"
Et l'ex-opératrice de call-center qui longtemps avait enduré les brimades de son manager, avant à son tour de se venger sur les nouveaux venus avec des objectifs toujours plus inatteignables, d'ajouter :
MAGALI
- "Tu vois Seb, c'est pour ça que je ne voterai jamais à gauche !"
C'en était trop. Je posais mon assiette et m'embarquait, la bouche pleine, pour la tirade n°7 :
SEB
- "Ah elle est jolie la lutte des classes ! Chacun lutte contre celle d'en dessous dans l'espoir d'appartenir à celle du dessus ! L’accès au crédit immobilier qui vous assurait la richesse, voilà ce qui vous perd et vous fait épouser en toute circonstances la cause des puissants !"
Fallait que ça sorte, même si j'éclaboussais inopportunément la petite assemblée de ma spongieuse pâtisserie prémâchée. Un ange passait sur fond de folklore breton se mêlant au murmure lointain de quelques agonies de barbares explosés à la grenade défoliante par nos gamins.
NOLWENN LEROY
MAGALINOLWENN LEROY
- "J'entends le loup, le renard et la belette, j'entends le loup et le renard chanter..."
- "Bon qui veut du thé ? Cannelle et Salsepareille, Laspang souchong, griotte de Kyoto ? Un café gourmand peut-être ?"
CHOU posant sa main sur la mienne, me fixant dans les yeux, le gauche c'est mieux.
- "Seb, tu peux pas comprendre, t'es locataire. Je ne vais quand même pas devenir pauvre pour te faire plaisir."
Contredisant pourtant les discours sur la méritocratie sermonnés à longueur d'ondes par la classe dirigeante, la martingale de la plus-value immobilière devenait le premier ascenseur social des classes-moyennes. Plus curieux encore, via le crédit à vie, la récompense y précédait l'effort.
Contredisant pourtant les discours sur la méritocratie sermonnés à longueur d'ondes par la classe dirigeante, la martingale de la plus-value immobilière devenait le premier ascenseur social des classes-moyennes. Plus curieux encore, via le crédit à vie, la récompense y précédait l'effort.
Se faisant, l'horreur que provoquait le pauvre, l'assisté ou le locataire" chez le "moyen" qui, lui, avait "le courage" de s'endetter, permettait à l'Etat de délaisser la lutte pour la réduction des inégalités. Au contraire, à l’instar du panneau pour le nouveau prêt à taux zéro, le sans-domicile ou le mal-logé constituaient de leurs galères la plus puissante, et la moins coûteuse, des campagnes publicitaires pour les marchands de pierre. Cette soif de foncier qui obsédait la classe moyenne précarisée (car elle se saignait de plus en plus pour jouir de "sa" propriété individualiste) avait pour conséquence première de sanctuariser à des niveaux himalayesques, le patrimoine des plus aisés. La cupidité des moyens nous épargnait la révolution, excluait les plus fragiles et renforçait la suprématie des puissants, pourquoi cela changerait ? A moins bien sûr que le combustible jeté dans le chaudron atteigne un jour la température critique de l'insolvabilité globale.
CHOU
" - Tu dis ça.... mais tu verras quand j'aurai mon mi-souterrain avec ma salle de cinéma perso ! World Invasion Battle Los Angeles en multi-THX avec le distributeur de pop corn. Tu vas chialer !"
Pourtant l'argent manquait, les frais de la vie courante explosaient et les salaires croupissaient. La religion de l'immobilier ne mentionnait aucun retournement de situation, et surtout n'en tolérait pas : il fallait que ça continue à grimper. Chacun dans le salon capitonné avait la conscience diffuse de construire, traite par traite, un édifice qui s'écroulerait (en priant que ça tombe sur les autres), mais aucun des convives ne remettait en cause la croyance. Un quart de siècle de télé et d'argent-roi nous avaient abrutis, rendus inaptes à la réaction collective. Les potes à chou s’arc-boutaient sur leurs immédiats intérêts, et ceux-là passaient inévitablement par l'accession à la propriété à crédit. Elle était là notre révolution : avoir plus que nos parents, tout de suite et sans argent. Puis, le payer comptant pour le reste de nos vies.
Nous dûmes écourter la partie fine. Théo, en pleine crise de tétanie pour cause d’excès de lunettes 3D, vomissait ses Tagada sur le bycast à seize versements.
L'humeur chagrine, aux frémissements du soir, je quittais la barre D mon doggy bag de babas et autres délices sucrés sous le bras. Cherchant en vain un raccourci, lové dans mon spleen parisien, je tombais sur la fraîcheur extra-terrestre d'un panneau lumineux 4X3 se décrochant sur le tapis terne de la banlieue à forte densité de béton dont il bordait l'entrée. Un jeune couple vêtu de blanc, tout droit sorti d'un manuel de scientologie, y regardait souriant l'horizon. Au sommet de la surface plane, était inscrit en lettre de win : "A chacun son toit" suivi du numéro vert d'un Brandon Maddouf de la BPN. Soudain, ma raison de mélomane fut envahie d'une étrange transe, et bientôt je me surpris à fredonner la satanique rengaine :
" - J'entends le loup, le renard et la belette..."
" - J'entends le loup, le renard et la belette..."