Je m’étais pourtant préparé psychologiquement, confortablement calé, les cannes allongées dans le fauteuil en osier d’
Emmanuelle, une verveine dans la main gauche pour me calmer, le laptop dans la main droite pour
live-bloguer.
L’arène est aseptisée, le nain trop fier d’être la star de la soirée*, l’interface des vrais gens survendue à longueur de bande-annonce par
la première compagnie n’est qu’un artifice pour déballer une communication rodée en training toute l’après-midi. Je subis dix minutes de cette conférence de presse en trompe l’œil. Je reste absoluement non-réceptif à ce
bon sens qui veut envoyer tout le monde au travail
pour la dignité, endetter tous les salariés y compris et surtout les pauvres, combattre - chasser ? - les marginaux,
un bon sens qui n’assume pas son racisme larvé et sa malhonnêteté d’état, un bon sens à géométrie variable qui, selon son intérêt, fait du cas particulier des généralités et des généralités un cas d’école. Dés que l’on a deux doigts de jugement et de recul, c’est proprement insupportable.
J’arrête l’émission et glisse un dvd dans lecteur :
Violence des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Montout (2003). Chronique habile du déchirement intérieur vécu par un jeune consultant en management chargé de restructurer une PME de province. C'est une fiction bien plus encrée dans le concret que le show de variétés de Monsieur Sarkozy. Son émission s'appelle
J'ai une question à vous poser. La seule question que le citoyen doit se poser, en chaque circonstance, c'est :
A qui profite ma situation ?Pour mémoire, résumons le projet d’avenir du candidat à la présidentielle avec ses propres phrases :
Une société qui croit en l'avenir, c'est des jeunes qui achètent un appartement.Nous avons 30% d'emprunts de moins que dans les autres pays.Quand on est propriétaire, on n'est plus en situation de précarité.*L’UMP envoie trois cent mille textos à ses militants pour qu’ils fassent regarder l’émission à leur entourage afin de battre les records d’audience de la chaîne.