30 avril 2008

DEBORDEZ PAR LA MARGE !

par
Ma brave dame, les injustices se creusent et le prix de la baguette est un scandale ! Après les marchés de l’immobilier et ceux de la bourse, les spéculateurs non satisfaits de leurs rendements annuels s’apprêtent à affamer la planète. Vous me direz : Parfait, affamé le peuple va enfin se révolter !... Mmm, c’est plus vicieux qu’il n’y paraît.

Y a t-il au fond un espoir de changement ? Soyons objectifs, le changement, s'il arrive, ne peut pas venir de l’intérieur du système. Pourquoi donc ce ne seront pas les travailleurs pauvres et ceux plus précaires qui changeront quoi que ce soit à l'ordre des choses ? (Encore moins les étudiants qui défilent pour « plus de système »). Oui, Pourquoi ? La réponse est dans la question : Parce que justement, ils travaillent. Même si on bataille avec 1000 euros pour faire vivre sa famille, qu’on galère pour finir les fins de mois mais qu’au final on mange encore, on est dans le système. On le valide encore et économiquement même on le renforce, restant dépendant de lui, accroché comme un parasite à ses codes et ses règles même pour une paye limitée.

Le système est malin, face à la montée des prix des matières premières qu'il organise en sous-main, il a prévu les super hard discounters* qui alimenteront en merdes cancérigènes "pas chéres" les travailleurs pauvres en les persuadant qu'ils font la "une bonne affaire". Le système imagine avec malice, qu'avec de la chance ceux-là choperont une tumeur à 55 ans et ne réclameront pas de retraites. Notons au passage dans l'actualité récente que
la libéralisation du marché du hard discount en France est la mesure phare préconisée par Madame Lagarde, ministre de l’économie, pour « redonner du pouvoir d’achat » aux français.

Et puis, les chiffres sont là, ils ont beau crier que les prix des denrées augmentent, les occidentaux n’ont jamais été aussi obèses. Etre gros gêne pour faire la révolution.


On le voit, le système capitaliste est un poison insidieux distillé jusqu'au plus faible de ses maillons : le salarié. Le salarié est l'esclave consentant du marché, son abruti heureux. Certains d’entre eux, comme hier ceux de La Redoute à Watreloo s’énervent de temps à autres pour une augmentation. Trois semaines de sitting, pour 150 euros, ils en obtiendront 45 et s'en retournent bosser, persuadés d’avoir gagné "un combat". Non, le système les a encore tué. En ce sens, malgré ses coups de gueule de plus en plus rares, le travailleur n’inquiète en rien le système puisque, précisément, par sa nature et ses revendications il le valide perpétuellement. La grève pour l’augmentation minime du salaire reste un soutien total au système salarié. La révolte la seule, c’est le refus catégorique et non négociable. Le chemin de traverse. L'an O1. Le refus de se lever pour aller travailler. Le refus du salariat juste pour ce qu’il implique inévitablement de soumission personnelle.

Robert Castel, dans son ouvrage « les métamorphoses de la question sociale » paru aux éditions Fayard, nous apprend que jusqu’au XIXe siècle, le salariat existait mais était peu répandu, il était la marge, cantonné à ce que l’on pourrait appeler le secteur « public » de l’époque : Perception des impôts et basses besognes. Ceux qui s’y fondaient étaient alors vus comme des « assistés », des médiocres incapables de subvenir à leurs besoins. Tous les autres "travailleurs" en ce temps là étaient autonomes et ne devaient leur salut qu'à eux-mêmes grâce aux fruits de leur négoce, du produit de la chasse, de leur culture, de la fabrication artisanale ou de la création artistique. En ce sens malgré les régimes autoritaires, ils étaient bien plus autonomes, indépendants et libres de leurs décisions que les salariés soumis du XXIé siècle qui n’ont d’autre imagination que de se lever tous les matins à huit heures, ni d’autre ambition que de conserver un CDI où ils font acte de présence en espérant esquiver toute surcharge de travail d’ici les prochaines vacances. Par martèlement, le système a même réussi à leur faire croire que leur soumission les rendait supérieurs aux autres, les "chômeurs" et autres "assistés"qui leur font horreur.


Si le système doit être débordé, il ne peut l'être que par sa marge, par ceux non soumis à sa logique, ceux ne le craignant plus. Le système le sait bien d'ailleurs, il a peur de ces individus « incontrôlables », hors de son jeu de valeurs idéologiques dont le salariat et l’assistanat sont les armes de régulation. Le système nie et vilipende ces "anomalies comportementales", ces "indigents" que instinctivement elle ne prévoit même pas dans ces réglementations administratives. Essayez de faire comprendre à une administration que vous ne travaillez pas, que vous n’avez jamais travaillé mais que vous vous en portez très bien ! Pire, par un travail de sape mentale débuté dés l’école primaire, on a réussi à faire croire que vivre au crochet de sa famille c’était mal, alors que vivre au crochet de son travail - ce qu’est ni plus ni moins la salariat - c’était bien. Que l’on ne s’étonne pas en bout de chaine qu’il y ait des milliers de personnes âgées qui meurent de chaud seules chez elles pendant une canicule tandis que leurs enfants sont en congés payés !

Un système de valeurs ne tient qu’au pourcentage majoritaire de gens qui le respectent au quotidien. Combien d’individus se déclarant gauchistes ou anars n’imaginent-ils même pas leur avenir hors du système du salariat ? La plupart. L’inquiétude face à demain est le trait commun de la majorité des occidentaux. Pourquoi ? Parce que le marché, bien conscient de ses intérêts, les persuade qu’il n’y a point de présent ni de lendemain hors de son système de valeurs basé sur la soumission salariale et la consommation "transgressive" ininterrompue. C’est faux, un simple retour en arrière sur l’histoire le prouve. Dans le passé, les rapports étaient peut-être plus brutaux, on vivait surement moins longtemps mais je peux vous garantir qu'on ne redoutait pas "demain".


Notre monarque l'a précisé lors de sa dernière intervention télévisée : « si l’on est pas inquiet quand on est jeune, c’est que l’on est pas jeune ». Sous entendu : En tant que jeune ce qui doit m’inquiéter c’est de trouver un travail, non pas une activité émancipatrice en accord avec ce que j’aime ou ma nature intime mais une tache rémunérée qui me permette de me fondre au plus vite et sans esclandres dans la société majoritaire des valeurs partagées. Sur le plateau personne n’a moufté. Tu m’étonnes, c’est que la contamination est totale.

29 avril 2008

QUEL EST LE COMBLE DU LIBERALISME ?

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...Faire croire aux pauvres qu’ils sont des assistés ne devant leur salut qu’aux initiatives des riches alors que précisément c’est le contraire. Les riches ne doivent leur exponentielle richesse qu’à la soumission continue de la masse grandissante de pauvres qu'ils ont créée.

TELESCOPAGE TRAGIQUE PLACE DE LA REPUBLIQUE

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Quand la popularité d’un monarque dégringole dans les bas-fonds* et que le peuple dont il a charge perd le moral comme jamais auparavant**, déçu qu’il est par ses espoirs piétinés, c’est que tous deux ne sont pas loin de la deuxième croisée de leurs destins. Le peuple le sent, le monarque le devine. Ce dernier galope fièrement de l’autre côté de la Méditerranée histoire de soigner le bronzage, le commerce extérieur et de se recharger en endorphines tandis qu’au gris, son peuple rumine. Peuple perdu qui vit à côté de ses pompes, on lui ment, on le berce, on le terrorise, on le comptabilise, on l’anticipe, on le prémédite, on l’entreprend, on le matte, on le blâme, on l’émerveille – difficilement -, une page de publicités entre deux divertissements. Monarque sans vision autre que celle d’épater en campagne, assommé à l’idée de pédaler encore quatre ans dans la semoule en évitant les jets de tomates pourries. Qui pourrait sauver le monarque ? Certainement pas lui. Qu’est-ce qui pourrait le sauver ? Une menace plus grande que l’inquiétude qu’il suscite. Quelque chose de si grave que le peuple, comme un seul homme, se remette à croire en lui et en ce qui l’incarne.


* Selon BVA, jamais un président de la République n'avait recueilli un tel taux de mécontentement : 64% d'opinions négatives pour Nicolas Sarkozy en avril 2008. En un mois, le chef de l'Etat perd 8 points en popularité.

** Selon L’insee, aujourd’hui, le moral des ménages français a encore baissé de un point en avril 2008, touchant un nouveau plus bas de son histoire à -37.

28 avril 2008

ET VOUS CA VOUS RAPPELLE QUI ?

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« La période hypermoderne s’accompagne d’une montée impressionnante des dépressions et du mal-être en général. Le taux de dépressifs en France a été multiplié par sept entre 1970 et 1996 ; 11% des français ont connu récemment un épisode dépressif et 12% d’entre eux déclarent avoir souffert d’anxiété généralisée au cours des six derniers mois. Mais, dans le même temps, environ 9 sur européens sur 10 déclarent être heureux ou très heureux, en dépit du chômage de masse et du sentiment d’insécurité grandissant. Je ferai deux remarques à ce sujet. La première est que la sinistrose contemporaine ne coïncide pas avec une déception abyssale et un découragement irrémédiable. Deuxième remarque : la société de déception est celle où les individus reconnaissent avec difficulté leur désappointement et leur insatisfaction. Car il s’agit d’un aveu devenu plus difficilement exprimable dans une culture où le malheur signifie un échec personnel et où l’on préfère susciter l’envie que la pitié. Et l’on aime pas se déprimer soi-même en s’avouant malheureux, d’autant que si l’on se compare aux mal-lotis, on a quelques raisons de ne pas se sentir le plus défavorisé des hommes. »

in La société de déception, Gilles Lipovetsky, éditions textuel, collection : conversations pour demain

26 avril 2008

LA QUESTION QUI TUE

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Après l’intervention ratée du monarque à la télévision et le survol des déclarations de Silvio Berlusconi présentées dans l’émission « déshabillons-les » sur Public Sénat, je suis frappé par l’alibi de la mondialisation que nos deux agents de communication au service de leur ego nous brandissent en cœur à chaque question relative à leurs échecs économiques respectifs. Ce n’est donc pas leur faute, c’est « la mondialisation ». Ce n’est pas leur faute, ils ne sont « que » chefs d’état. Si leur monde se résume à la mondialisation et leur mondialisation à l’absence d’état, en suivant leur logique une seule question devrait leur être posée par les journalistes : à quoi servent les chefs d’état ?

25 avril 2008

MA SOIREE TV CHEZ L'AMBASSADEUR DE NEUILLY

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Bon bah voilà. Il voulait répondre à "la question de défiance" , on sortira de cette heure et demie avec une seule certitude : il est encore président. L'intervention télévisée « à l'ancienne » du monarque avec son parterre de journalistes d'ornement laisse en conclusion une impression de vide.

Le tempo est donné dès la première minute : c'est pas ma faute, à chacun de se démerder, c'est pas moi qui fixe le prix du pétrole.

L'émission protocolaire se divise ensuite en deux parties : une soporifique, l'autre lexomylesque. Seront utilisés par le monarque, les méthodes de bases de la communication politique, c'est à dire 1 / j'esquive quand la question est gênante, 2 / je martèle les bons résultats.

Le chômage a baissé, le chômage a baissé, le chômage a baissé.

Humilité guindée : « Oui, j'ai fais des erreurs ». Le paquet fiscal ? Une erreur de communication.

Au passage entre les nombreux blancs qui viennent ponctuer les moues dubitatives des journalistes face aux réponses fuyantes du monarque à leurs questions moyennement audacieuses, nous noterons l'apparition de nouveaux termes : « automaticité » et « négociabilité » pour l'énoncé desquels on aurait pas hésité à bruler en place publique d'autres candidates. Tout cela n'est pas grave quand on est monarque. Cela n'empêche pas de faire la morale aux enseignants et d'exiger de leur part "plus de qualité".

Petit détour par l'électorat Lepéniste au fil de contradictions sur la question de l'immigration. On parle aussi du TIbet mais pas trop, visiblement ça énerve un peu. Yves Calvi, dans son beau costume a l'air accablé par la médiocrité du programme : scénario déjà vu, mauvaise interprétation, répliques sorties d'un film d'auteur français...

Le monarque semble au bout du rouleau. A noter un grand changement, il ne croit même plus à ce qu'il dit. Au fur et à mesure de sa laborieuse prestation visant à l'évidence un cœur de cible âgé et de droite, j'ai la terrible sensation que l'homme assiste impuissant au propre enterrement de ses ambitions et qu'il essaye de nous apitoyer sur son sort. Serait-ce la nouvelle stratégie de type « œil du cyclone » conseillée par Thierry Saussez face à la violente crise que La France va heurter de plein fouet ? En même temps cela nous change un peu de la Zen Attitude de Christine Lagarde.

A un moment, rechignant aux langues étrangères - sauf les italiennes - le monarque prononce le mot « SMIC » avec un certain dégoût dans la bouche. Puis, c'est la baiser de la mort aux organisations syndicales qu'il remercie chaleureusement. Enfin il se fend d'un conseil aux étudiants avec un : « Si on n'est pas inquiet quand on est jeune, c'est qu'on n'est pas jeune » qui devrait faire réfléchir son jeune électorat qui il y a encore dix mois, rêvait aux grands jours du libéralisme.

Oui mais voilà, c'était avant le drame. Le drame de l'impuissance au lendemain de l'euphorie. Le drame de cécité face au principe de réalité. Le drame d'un type qui croyait bouffer le monde et que le monde va croquer.

C'est mou, tout mou comme un épisode de « Derrick » à l'hospice. Même David Pujadas paraît teigneux, c'est dire.

Moment de sincérité, le monarque proteste avec un « je suis pas un roi moi » qui vient du cœur. A sampler en boucle.

Yves Calvi fulmine. Tout le monde le pense sur le plateau « mais putain qu'est-ce que je suis venu faire dans cette galère ! » Moi j'en suis à ma troisième bière. Je manque de m'étrangler quand le monarque amorce un laïus sur La Chine, la aussi à méditer. La chine n'est pas une menace mes chers frères, c'est juste LE modèle à suivre.

22h30. Voilà c'est fini. La messe est dite, le monarque s'est conféssé. Chez moi tout le monde dort.

Ce soir un monarque a prit 10 ans. Pourvu que ce ne soit pas notre cas.

24 avril 2008

TOUT SUR MA MERE

par
En écho à l’article d’un « Madame Figaro »* du mois dernier s’interrogeant sur ce que faisaient les personnalités féminines en Mai 1968, je me suis penché sur les emplois du temps familiaux. Que faisait donc Maman en Mai 68 ? Brûlait-elle son soutien-gorge sur une barricade de la Rue Lepic ? Etait-elle une des muses de Dany Le Rouge ? Elargissait-elle ses shakras, le nez dans la schnouff, sur la route de Katmandou ?

Que nenni.

Alors qu’elle survolait jusqu’alors le chaos de loin, vers le 25, devant la tournure violente des évènements et la disparition soudaine du Général, elle commençait à sérieusement à s’inquiéter. Ça suffisait les conneries maintenant, c’est que la république risquait de s’effondrer ! Funeste perspective risquant de mettre en péril son mariage prévu pour septembre. C’est que la petite salle du château était réservée, le plan de table dressé et les commandes passées chez Dalloyau réglées six mois à l’avance pour bénéficier du rabais de 10% sur le montant hors taxe**. Vraiment, quelle chienlit !

* oui, il me reste deux vices littéraires d’une enfance endoctrinée sous bocal Giscardien, la lecture dominicale de « Madame Figaro » et celle bimensuelle de « Valeurs actuelles ». Il est bon de s'informer du mental de l'ennemi et de son niveau d'auto-suffisance.

** on reconnaît le petit bourgeois à ce qu’il rechigne à payer le même prix que les autres.

23 avril 2008

PETITE PRECISION SUR LES VIDEOS

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Vous vous interrogerez peut-être sur la présence de messages publicitaires en fin de vidéo sur ce blog. Au regard des propos que j'ai tenu sur la publicité, il faut donc que je m'explique.

J'héberge actuellement mes vidéos sur Daily Motion, un site français gratuit sans interférences publicitaires mais qui ne tardera pas tout ou tard à me bannir - vu la teneur du contenu - après que je lui apporté 50.000 visiteurs sans que je touche la moindre contrepartie financière.

C'est donc dans cette hypothèse que j'héberge également mes vidéos sur un site américain qui, lui, a chaque clic me reverse une partie des revenus publicitaires que je lui apporte. Ce n'est pas beaucoup et j'espère que cela couvrira les frais de tournage (pour l'instant on en est à 20 dollars !). De plus, les vidéos pourtant basées sur le même fichier sont d'une qualité d'encodage nettement supérieure.

Au-delà de ça, comme les publicités sont gérées à l'aveugle depuis les Etats-unis sur la base de "tags" communs, on se retrouve dans des situations savoureuses où, après une vidéo avec un Grand François détruisant le "pourfendeur du pouvoir d'achat" qu'est Michel-Edouard Leclerc, est proposé un lien pour les établissements de ce monsieur qui, au passage, est une des plus grosses fortunes de France.

Voyons-là une façon de récupérer de l'argent de la poche d'un type qui ne m'en aurait jamais donné. Dans un monde cynique, on fait les révolutions que l'on peut.

Croyez-moi s'il reste un bénéfice dans cette opération, je vous invite à boire un coup chez Grand François aux premières heures de l'été !

BUZZ MOI

par

Après Philippe Manœuvre, au tour de Pascal Sevran d'être annoncé mort par ces "attachés de rumeurs" qu'on appelait autrefois des journalistes. A 19h, Lundi 21 avril, la rumeur devient officiellement une information dans le journal d'Europe 1 sur ordre direct du taulier Jean-Pierre Elkbach. Elle est relayée aussi sec sur le blog de Jean-Marc Morandini. «L'information» est annoncée dans la foulée sur l'antenne de France 2 par un autre animateur cumulard - 11 émissions radio/télé par semaine -, Laurent Ruquier. Ce dernier attribue sa source à l'AFP au lieu d'Europe 1, un de ses employeurs.

Que d'excuses, une heure après, quand la supercherie est découverte par nos pieds nickelés des médias.
Oui, mes chers frères, il est ressuscité, Pascal Sevran est parmi nous !

Les journalistes cherchent depuis Mardi matin les coupables de cette infamie. J'ai l'intuition qu'ils ne trouveront jamais. Jean-Pierre Elkabach lui considère que « l'incident est clos ». Si l'on était dans un pays normal, sa carrière aussi devrait l'être.
Mais le plus beau d'entre eux c'est quand même Jean-Marc Morandini (auteur du cultissime et prémonitoire "bal des faux-culs") qui a été un des premiers à foncer tête baissée dans le panneau sur son blog Lundi soir avec un gros "URGENT" en rouge, tout fier qu'il était le bougre d'annoncer la mort de Sevran en quasi-exclusivité. Mardi matin sur Europe 1, l'ex-présentateur de "Tout est possible" reconverti dans le journalisme politico-people omniscient se déclare favorable au "filtrage sur internet" parce que je cite "Il y a trop de dérives et que cela ne doit pas être une zone de non-droit" (bien sur, il parle de la pédophilie). Et l'homme sandwich de sérieusement proposer sur son blog « la barre d'infos Morandini » pour être tenu au courant régulièrement des dernières nouvelles.

Je ne sais plus qui de Nietzsche ou d'Aldo Maccione a dit : "Quand le ridicule ne tue pas, il rend plus fort. »


Que révèle cette mascarade ? Un vrai malaise journalistique français. Lorsque l'on voit la qualité des articles « populaires » des "journalistes-citoyens" sur leurs blogs personnels ou des sites comme Agora Vox face à la mollesse éditoriale de la presse écrite, face aux publi-reportages idéologiques des principales radios et chaînes de télévisions. Lorsque l'on voit aussi la capacité de ces grandes compagnies à propager de fausses informations en quelques minutes à La France entière, on se dit qu'Internet n'a pas le monopole de l'infamie, de l'approximation et de la désinformation tel que les «grands journalistes» tel Monsieur Elkabach et sa radio tam-tam voudrait nous le faire croire.

22 avril 2008

COMMENT ENFUMER LES FOURMIS ? (ou le communisme appliqué aux banques)

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In Libération, aujourd’hui :
« Un tour de passe-passe. C’est la réponse du gouvernement britannique à la crise du crédit qui sévit dans le royaume. Hier, la Banque d’Angleterre a offert aux établissements bancaires de troquer leurs crédits immobiliers à risque contre des titres d’État, pour une valeur de 50 milliards de livres (62 milliards d’euros). Un échange d’actifs ouvert pour un an, avec un renouvellement possible pendant trois années. Inspiré par une action similaire de la Réserve fédérale américaine le mois dernier, le geste a été largement applaudi par les banques. »

Pour faire court, face aux conséquences funestes de leur appât du gain, Les banques qui jusqu'alors encaissaient leurs profits à titre privé mutualisent désormais leurs pertes grâce à l'aide de l'état et de ses prêts à taux zéro. Cela s'appelle du communisme (mais réservé aux banques). On a déjà vu cela aux États-Unis en Mars dernier et on risque de le revoir de plus en plus souvent. Ce sera donc le contribuable qui financera les créances immobilières des banques. Au moins les choses sont claires, le libéralisme est une raison d'état et les banques privées peuvent être nationalisées à discréditions pour des durées ajustables selon les besoins du marché.

Bien sur, les mêmes dérogations s'arrangeant de l'éthique et des belles paroles politiques ne s'appliquent pas pour les particuliers qui, eux, doivent scrupuleusement respecter les règles du capitalisme (travail – salaire – endettement et remboursement de l'endettement) sous peine d'éviction définitive de leur maison. Spéciale dédicace aux victimes des subprimes américains entassées dans des bidonvilles à 300 mètres de leurs maisons qui finissent par être détruites par les banques car celles-ci n'arrivant pas à les vendre jugent qu'elles coutent trop cher en entretien ! Vu en Ohio).

Et dire que ce sera toujours le pauvre type, culpabilisé par la vindicte médiatique parce qu'il n'a pas d'emploi, qui attend quatre heures pour se faire arracher une dent cariée à l'hôpital publique qu'on traitera d'assisté !

BAISSE DE BLING

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Je me surprends à ne plus parler du monarque dans les pages de ce blog. Fatigue ? Accablement ? Les sondages parlent à ma place. Selon celui de Viavoice-Libération, 59 % des français considèrent que la première période du quinquennat est «plutôt un échec», 20 % estiment que c’est «plutôt un succès», les riches et quelques classes moyennes irréductibles. Si 79% des sympathisants de gauche jugent comme un échec ces premiers onze mois, une petite majorité seulement (52 %) des partisans de l’UMP les voient comme un succès. Les ouvriers, eux, expriment à 66 % leur désapprobation, et les personnes âgées de plus de 65 ans à 44 %. Ouch ! Dans les catégories socioprofessionnelles, les agriculteurs, les retraités et «autres inactifs» ne sont que 50 % à parler d’échec. Ce qui objectivement est encore un bon résultat.

Résumons une année de sarkozisme pour les Nuls :
- Politique de la grande gueule dont les grandes lignes furent dessinées dès le lendemain de l'élection à coup de Yacht et de paquet fiscal.

- Malgré quelques immersions grandiloquentes du monarque, on constate une ignorance totale des réalités du terrain, pire, un mépris du peuple capturé dans sa plus pure expression
par un caméraman indépendant un samedi matin au salon de l'agriculture.

- Une gestion pitoyable de la communication, hors des sentiers battus du feuilleton télévisée des journaux d'information.

- Une absence totale de résultat. (le taux de chômage est STRUCTURELLEMENT en baisse)

La raison principale de son impopularité trans-classes en France et sur le plan international : Sa politique de merde que ses gesticulations de vendeur en climatiseurs ne peuvent plus dissimuler. L'homme et son gouvernement ne connaissent rien aux sujets qui les occupent, et les français tendent à son rendre compte.

Au moment ou l’inflation s’envole, que le baril de pétrole a largement dépassé ses records historiques pour continuer sa course tandis que le dollar s'éparpille en centimes de discrédit, que les spéculateurs écœurés du manque à gagner par l’atonie des marchés mondiaux se mettent à spéculer sur le pain provoquant des « émeutes de la faim » aux quatre coins du tiers-monde, survolons les principales pistes des mesures anti-sociales que le gouvernement sarkozien se décide à prendre au lendemain de la claque reçue aux élections municipales :
- Atomisation de la sécurité sociale par glissement progressif vers le régime des mutuelles « plus égalitaires », enfin pour ceux qui peuvent s’en offrir une.

- Institutionnalisation forcée des emplois précaires à l’anglaise, ce qui aura au moins le mérite de donner un cadre législatif à l’esclavagisme.

- Piétinement de l’éducation, un impératif pour que le système tienne : anéantir toute potentialité de réflexion.

- Atlantisme aveugle. A noter la dualité gouvernementale qui dans la même semaine retourne vers l’OTAN mais s’offusque que Sébastien Tellier, représentant la France au concours de l’eurovision, chante son titre en anglais.

- Diminution des allocations familiales.

- Fonte de la solidarité dans le moule individualiste sous la chape terrifiante du grand méchant chômage.

- Avilissement volontaire des masses par injonctions télévisées. Seule véritable aide du gouvernement, une aide à Martin Bouygues, grâce à la diminution du gâteau publicitaire des chaînes publiques, histoire de renforcer l’empire TF1.


Résumons simplement et pour reprendre ce qui fut énoncé les mois précédents : les pauvres sont encore trop riches, les riches trop pauvres.

La cacophonie apparente des contradictions ministérielles rythmant les bulletins informatifs des nouveaux marquis de la presse, de la radio et de la télévision - qui officient souvent dans les trois à la fois - ne sont que des contre feux pour masquer la seule ligne lisible de la politique sarkozienne, son grand projet, un mimétisme instinctif du néo libéralisme huilé selon les désidératas des puissances économiques. ( Ironique, que cela se passe au moment où les Etats-Unis s’effondrent sous le poids de leur trop plein de crédit et l’Europe se délite face au bloc sino-indien.
La France a toujours un train de retard.)

Conséquence de l'énoncé ci-dessus et seul point positif d'un an de "Commandeur Nicolas Sarkozy" : son impopularité largement partagée.
Méfions-nous tout de même : ils se sont faits avoir une fois, rien n'indique dans leurs comportements passés qu'ils ne soient pas capables de réitérer leur connerie. Le drame infini de l'humain c’est sa soif intarissable de croyance, tout terrorisé qu’il est par le néant qui l’attend au tournant. L'humain s’invente ainsi avec les armes intellectuelles et culturelles disponibles toute une série de croyances. Le monarque espère que "la politique de rigueur" fera partie du catalogue au même titre que l'importance du tri-sélectif ou la cagnotte de l'Euromillion. Pour une fois, le monarque peut avoir raison. Il s'agit pour lui afin de survivre politiquement de faire aimer aux français la lente torture qu'il leur fait subir. Dans l’inconscient religieux planétaire, on se doit d’en baver sur terre pour atteindre le paradis aux mille délices. Voilà pourquoi l'homme, parce qu’il croit au meilleur, est régulièrement capable du pire.

Au même moment, l’Italie, stagnant dans une situation économique pas plus reluisante, a voté pour la troisième fois pour le milliardaire des médias Silvio Berlusconi. Le modèle de George Bush Jr et de notre monarque accède ainsi, démocratiquement et pour la troisième fois à la plus haute marche de l’état. Le citoyen occidental est malade, l’état est sa névrose, l'un des deux ne survivra pas.

21 avril 2008

C'EST BON DE RIRE PARFOIS

par
Ceux qui connaissent mes articles - et qui ne sont pas propriétaires- trouveront comme moi la situation particulièrement savoureuse :

http://leblogimmobilier.wordpress.com/2008/04/18/robien-qui-veut-le-mien/


Un bout du reportage en question :

Morale à méditer durant les vingt prochaines années pour les apprentis Bling-Bling : Voilà ce que c'est de jouer aux riches quand on a pas les moyens financiers et intellectuels de ses ambitions mesquines .

20 avril 2008

SM 14.04.08 > CONVERSATION AVEC SEB MUSSET

par
1ere partie d’une interview où je reviens sur la prédominance du concept de « travail salarié » qui charpente idéologiquement nos sociétés jusqu’au plus intime de la réflexion de chaque individu. Tant qu'il en sera ainsi, cela permettra encore longtemps tous les abus de pouvoir. Je fais référence à plusieurs reprises à l’ouvrage « Misères du présent, richesse du possible » d’André Gorz, éditions Galilée, dont je pourrais citer chaque page tant l'ouvrage est riche en constats et en propositions, ce qui fait son intérêt supplémentaire.

« Il faut oser vouloir l’exode de « la société du travail » : elle n’existe plus et ne reviendra pas. Il faut vouloir la mort de cette société qui agonise afin qu’une autre puisse naître sur ses décombres. »

Dans la 2eme partie, je m'arrête sur « la culpabilisation de l’inactif » au travers de deux exemples. Puis, je fais un petit retour sur « la rigueur » par un gouvernement à la cacophonie orchestrée pour mieux tromper les « déficients auditifs » que nous sommes. Une rigueur qui me mènera à rien, si ce n’est à une autre rigueur. Le renforcement d’une politique répressive envers les précaires au moment où la crise financière mondiale gronde, n'est-ce pas l’occasion d’expérimenter de nouvelles voies de solidarités alternatives ? "Refusons de mourir à trente ans pour être enterrés à soixante-dix."


18 avril 2008

OPERA BOUFFON A LA SUPERETTE

par
++++ SPOILER ++++ : billet démago.

Hausse des matières premières ou pas
, il faudra que l’on m’explique comment le même pamplemousse = de Floride, provenant de la même plantation, au même calibre et acheté au même endroit, peut prendre 33,33 % d’augmentation en cinq jours, passant de 0.80 cts à 1.20 Euro l’unité.

D'abord, il y eu la duperie du passage à l’euro qui, avec ses beaux billets qu'on était "fier d'avoir les premiers", nous avait servi sur un plateau et avec un peu de vaseline une hausse généralisée des prix. Six ans après, j’ai comme la sensation que l’inflation est l’épouvantail parfait pour une hausse supplémentaire des intermédiaires qui, de la plantation de la Floride à l’étalage de mon supermarché de La Rue de Buci, se sucrent sur le dos de mon pamplemousse.

16 avril 2008

CHAQUE POT A SON COUVERCLE

par
Comment financer les retraites des travailleurs ? Instaurons la TSA. Taxe sur le salarié angoissé. Il s’agit d’une taxe simple sur les anti-déprésseurs qu’ingurgitent les salariés à l’année. Avec le record du monde dans ce secteur pharmaceutique, les caisses de notre état névrosé devraient rapidement retrouver des couleurs, ainsi que le retraité qui aura survécu à quarante-deux années de bagne.

Qu'attendre de ce gouvernement ? A la rigueur, après "La Rigueur", il y aura la rigueur.

15 avril 2008

FENETRES SUR LE MONDE

par
Selon les préceptes libéraux dictés du matin au soir par les armées du bon sens populaire, il faut donc travailler pour « être ».

Ça se défend.

Ça aussi :

Travailler pour gagner sa vie, c’est se dépenser à la perdre.
S’enrichir, c’est ne rien faire.

Ce ne sont pas les grandes fortunes, apothéoses incarnées de la réussite libérale, qui me contrediront : eux et moi avons à quelques spécificités géographiques près le même emploi du temps. Le travail y occupe une très faible part.

Ne vous laissez pas influencer par les chroniqueurs radios des radios périphériques, payés deux SMIC par chronique à culpabiliser les chômeurs et leur présupposé « sentiment d’inutilité sociale » ! Ne pas travailler n’est pas une malédiction. Tout de dépend de qui on parle, de quel travail pour quelle somme on parle et surtout depuis où l’on parle.

ON Y PENSERA

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Dans un monde cul par dessus tête où l’on préfère les copier-coller aux originaux, les années 80 à la Renaissance, les bêtisiers aux épopées, l’inutile à l’essentiel, l’apparence au sens et le flacon à l’ivresse, il ne serait pas surprenant qu’en insistant juste un peu, on arrive à nous faire bouffer notre propre merde en nous persuadant qu'en plus d’économiser du pouvoir d’achat, nous sommes aussi de bons écologistes.

13 avril 2008

COMMENT DEVENIR BOURGEOIS ? 1/ LA BOTANIQUE

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Je vous l’ai déjà dit, je ne possède pas grand chose. Je vois dans ce dénuement relatif la condition d’une certaine liberté d’esprit. Pourtant, j’ai récemment craqué. Victime d’un reportage d’M6 sur la décoration intérieur sur lequel je suis tombé entre deux visionnages de dvd*, je me suis rendu dans ce magasin suédois pour me procurer une plante verte, un draecana marginata surnommé « dragonnier », à même de casser la monotonie monacale de mon perchoir urbain sur l’humanité. Tel que j’aurais sauvé l’orphelin croupissant dans son dortoir commun au fin fond de la province biélorusse si j’avais l’amour de mon prochain, parmi la dizaine proposée et par solidarité comportementale, j’opte pour le végétal m’inspirant le plus pitié.

De retour dans mes hauteurs sécurisées, la plante tropicale, il y a encore peu maltraitée par les manutentionnaires à temps partiel de la grande surface socialement cruelle, devient l’objet de soins attentifs sous les regards ahuris de mon chat et de ma compagne étonnés de ce dévouement soudain à autre chose que moi. Vol d’un pot (deux achats en une semaine faut pas pousser), emprunt d’engrais revitalisant chez quelque relation à la main verte puis rempotage méticuleux suivi d’une mise en place optimisée, ni trop loin ni trop prés du soleil, voilà que je m’enquiers quotidiennement de la renaissance d’un arbuste à l’article de la mort, supervisant la robustesse de son tronc et la vitalité de ses palmes. Drame de la sédentarité féline en environnement urbain, il n’aura pas fallu longtemps pour que Prince, ma chatte hermaphrodite, croquette de sa juvénile mâchoire le végétal convalescent. J’ai beau lui expliquer avec force vocabulaire, que ce n’est pas bien. J’ai beau lui voler un peu de gazon devant Le Sénat, rien n’y fait, c’est le dragonnier qu’elle aime boulotter. L’animal ne transige pas, c’est ce qui fait que je le préfère aux humains.

En quelques jours d’insouciance, le machouillage se propage de palmes en palmes dentelées. Le pronostic vital est entamé. Alors qu’elle aussi, je l’avais choisi dans une portée, me voilà contraint de fliquer la chatte à la sourde oreille et de l’agripper par le poil comme un CRS lambda aux ordres de la police chinoise au moindre flagrant délit de grignotage arboricole. Voilà que je me surprends, moi le libertaire décroissant, à protéger farouchement ma récente acquisition d’un délinquant inconscient de son délit.

Tragique constat. Avec l’arrivée de cette nouvelle possession sur terrain neutre, nos deux comportements ont changé. La chatte devient un agresseur, je suis le propriétaire nerveux et violent d’un bien à 9,99 euros. De la zone libre à la zone occupée, portes désormais fermées alors qu’elles étaient tout le temps ouverte, je contingente désormais ainsi les rapports géographiques entre l’animal et la plante et suis le piètre arbitre sous bocal d’un processus classique d’embourgeoisement occidental dans lequel je me suis laissé piéger malgré moult précautions.

Suite aux tensions familiales et après le chaos engendré par la mise en péril de mon équilibre psychique ainsi que le désordre entraîné dans ma décoration intérieure je compte contacter M6 pour un soutien comportemental.


* Respectivement « El » de Luis Bunuel (1950) (très beau portrait d’un paranoïaque que je vous recommande) et un enregistrement d’une rediffusion de cette perle de documentaire qu’est le « Fréquenstar à Dick Rivers » (que je vous conseille également à la stricte condition d’être préalablement drogué).

12 avril 2008

GENERALITES ET ULTRASONS

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Certains retraités m’accusent par courriels déchaînés de généraliser, d’accentuer le clivage entre jeunes et vieux. Amis retraités, vous avez raison et je vous comprends. Ma violence n'est qu'un réponse à l'intolérable pression idéologique que vous exercez en toute bonne foi, confortés par le tempo d'une société entièrement conçue et pensée par et pour vous.

Le problème, chers amis retraités c’est que trois sur quatre d’entre vous ont voté Sarkozy en mai dernier.


Le problème, ce sont aussi ces commentaires méprisants que j’ai encore entendu hier de votre part au Jardin du Luxembourg où vous jouiez aux jeunes parents avec vos petits-enfants que vous berciez de la ritournelle vos exploits de « 68 » alors que passait non loin un cortège de lycéens. Ils fusaient les « ptits cons », les « feignants » et les « merdeux », du « il leur faudrait une bonne correction » et autres « vous feriez mieux de travailler, bande d’assistés » lâchés du fond de votre dédain de rentiers subventionnés.
Vous furent vite rassurés. Des flics en civils - avec gourdin planqués sous le pull - bouclèrent la rue aussi sec empêchant toute propagation de la contestation au lycée Montaigne.


Le problème, ce sont ces boîtes à ultrasons anti-jeunes que vous installeriez bien sur vos maisons secondaires pour éviter toute réunion de jeunes précaires basanés à proximité lorsque vous êtes absents, en voyage pour la septième fois dans l’année en club à Marrakech.
Le problème, c’est que vous refusez que les jeunes soient jeunes à votre place. Dans le même temps, vous leur sucez le sang jusqu'au bout pour ne pas être dérangés dans votre jacuzzi de certitudes brassé aux eaux tièdes de Jean-Pierre Pernault.
Face aux hurlements, vous êtes le front commun du silence.

Le seul vrai problème, c’est que vous êtes majoritaires.

11 avril 2008

SORTIR DE LA MATRICE, QUELQUES PISTES

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Des courriels de jeunes lecteurs, de plus en plus nombreux - merci ;) -, me demandant comment l’individu peut changer les choses ? Comment peut-il rester en-dehors du moule salario-mercantile tout en subvenant à ses besoins ? Comment « sortir de la matrice » ? Vaste débat sur lequel je ne m’appesantirai pas en recettes bien conscient qu’il y a autant de moyens que de situations personnelles. Je répondrais donc en substance sur la base de mon cas personnel en espérant qu’il contribue à dissiper des angoisses bien légitimes à cet âge.

J’ai trente-six ans et au regard du salarié lambda, j’ai finalement très peu travaillé dans ma vie. Quand je l’ai fais, c’était en pleine connaissance de cause, de ma seule volonté, parce que le travail en question me plaisait ou alors qu’il était grassement rémunéré, et n’était donc pas, dans le sens étymologique premier, un travail.

On le voit, le travail pour moi se pose en terme de conditions - qui vont à contrario du modèle dominant (faisant règner l'angoisse) :

1 / Il faut que cela me passionne. Ce qui m’amène parfois, de moins en moins, à travailler gratuitement, ce que je déconseille lorsqu’il s’agit de sociétés. (Spéciale dédicace à nos amis stagiaires, éternelles victimes de leur soif d’intégration professionnelle.)

2 / A défaut, si cela ne me passionne pas particulièrement, il faut que le travail ce soit extrêmement bien rémunéré.

3 / l’idéal est d’allier les deux. On constatera que, passé un certain niveau de connexion – que j'ai parfois – cela devient de plus en plus facile et que le plaisir de la tâche est proportionnel à la rémunération. Constation : on reconnait un travail chiant à ce qu'il est souvent mal payé alors qu’un travail accompli avec joie est souvent trop bien payé.

N’aimant ni les églises ni la routine pas plus que le contact prolongé en immersion avec les autres et savourant bien trop mon indépendance, j’ai très tôt considéré le travail comme une longue douleur.

C’est peut-être pathologique, le fruit d’une névrose asociale quelconque mais j’ai toujours su que le travail tel que la société me le présentait serait impossible pour moi. Certes, j’ai eu quelques crises de dix-huit à vingt-deux ans, tiraillé que j’étais entre ma volonté propre sur laquelle je ne savais pas mettre les mots et les commandements culpabilisants et répétés de la société, des institutions, des parents et de la télévision quant au rôle social que je me « devais » d’avoir au sein de la collectivité : avoir un « job ».

J’ai donc tenté de m’insérer parce qu’il n’y avait soi-disant, rien d’autre à faire, en me disant que peut-être cela finirait par me plaire, vu que ça satisfaisait les autres. Même si la phrase suivante à le goût du sarkozysme ça n’en est pas, c’est même tout le contraire : J’ai travaillé plusieurs années au plus bas de l’échelle. J’ai été caissier en supermarché, puis ouvrier dans une imprimerie, puis illustrateur avant de m’engluer deux ans au service communication d’une grande compagnie d’assurance. J’ai assez diversifié mes postes au sein de petites et de très grosses entreprises dans des secteurs variés pour avoir un bon aperçu du spectre professionnel et de ses intervenants, du syndicaliste de base au Pdg de Cac 40.

Qu’ai-je appris ?

Bien que je ne crois pas aux races, je constate qu’il y a un nombre majoritaire de gens, et ce quels que soient leurs revenus, à qui ce système convient comme un gant : leur trait commun est un manque d'imagination parfaitement assumé, ce sont parfois des médiocres qui inconsciemment voient dans leur soumission au monde du travail, la condition de leur survie physique et spirituelle. Que feraient-ils sans travail ? est une perspective inconcevable dont la simple évocation les plonge dans un chaos existentiel les rendant malheureux. On les reconnaît à ce qu’ils s’identifient souvent à leurs entreprises lâchant à la moindre conversation des "nous" au sujet de leur emploi. Ex : "Nous allons ouvrir une nouvelle usine à Macao" alors que le locuteur salarié est un anonyme secrétaire de direction adjointe au deuxième sous-sol de la holding.

Il existe une catégorie de salariés, plus déprimés,
qui se soumettent au moule tout en se déclarant chroniquement insatisfaits. En grattant un peu, on s’aperçoit que l’argent est une excuse au travail et qu’il n’y a pas de prédisposition génétique à la soumission chez eux mais qu’il sont les victimes d’une prégnance comportementale. Comment faire pour changer sa vie quand depuis trente ans, la famille et le consensus ont systématiquement foulé de leurs bottes toute idée d’alternative ? On reconnaît ces salariés à ce que, malgré leurs plaintes répétées et alors que rien ne les oblige, ils acceptent souvent heures supplémentaires et surplus de responsabilités pour la même rémunération.

Existe une autre catégorie de gens soumis au travail pouvant regrouper les trois catégories ci-dessus, mais qui sont avant tout soumis au modèle consumériste. Ceux-la travaillent éternellement pour rembourser au quotidien un train de vie en rapport à la classe sociale juste au-dessus d’eux et à laquelle ils meurent d'envie qu'on les identifie. Cette motivation est suffisante pour qu'ils subissent toutes les humiliations. Ils sont généralement propriétaires endettés, vivent dans l’abondance de biens de consommation, la télévision occupe un rôle prépondérant dans leurs vies. On les appelle bien vite « les classes moyennes ». A terme, la classe moyenne ne produit rien, si ce n’est de la TVA. Elle est le rêve de tout pouvoir, en ce sens qu’elle opère elle-même, mollement, sa propre répression. Il faut juste régulièrement l’alimenter en concepts pré mâchés, en messages publicitaires et en nouveaux articles divertissants. Elle prospère sur un manque d’éducation, carbure à la recherche de la jouissance perpétuelle mais ne vit en permanence que la frustration de « ne pas avoir plus » d'où le piège du "pouvoir d’achat" dans lequel est tombé notre monarque. Cette catégorie est la plus irrécupérable. On la reconnaît dans le monde de l’entreprise à ce que rien ni personne ne peut l’influencer. Il est vrai qu’entre les emplois du temps familiaux, professionnels et de divertissement, les parents de cette catégorie de salariés en question font objectivement tout pour ne pas avoir le temps de réfléchir à leur condition. On les reconnaît d’ailleurs au niveau domestique à ce que souvent ils ont des problèmes avec leurs enfants adolescents se cognant revêches à ce modèle véhiculé de pleutre compromis, dénué de toute transcendance, exclusivement soucieux du mercantile.

Pour en revenir à moi, je me qualifierais donc d’indépendant. Je n’en tire aucune gloire, un confort minime mais suffisant et cela m’a plus souvent apporté des emmerdes qu’autre chose. Je ne peux simplement pas être quelqu’un d’autre que moi. J’ai mis quelques années à m’accepter et à m’adapter à mon environnement avec les moyens et les opportunités propre à ma situation. Je dirais bien que quand on veut s’extraire du moule, on peut, surtout dans les sociétés occidentales qui, pour le moment, n’ont jamais été aussi libres pour l’individu mais où la majorité de ceux-ci gens s’évertuent à croire, parce qu’on leur martèle depuis un siècle, qu’il n’y a aucune autre possibilité qu’une « économie de marché basée sur leur asservissement salarié ». L’important est d’être conscient des causes et des conséquences de son attitude « marginale ». d’être conscient aussi que c’est illusoire de s’affranchir totalement du moule ambiant. Il a contribué à faire ce que nous sommes. Il en va de même de la survie du « marginal » d’identifier et de se rapprocher d’autres comme lui. L’intelligence est dans l’adaptation à son environnement, la plénitude se savoure dans le respect de ses ambitions, l’épanouissement s’expérimente dans les limites des humiliations que l’on est prêt à endurer. Et pour moi, le bonheur se déguste dans l’alternative.

Pour ma part, je travaille en mercenaire de temps à autre, quand cela me plait et dans les conditions énoncées ci-dessus. Je n’ai strictement aucun désir de nouveauté matérielle. La totalité de mes possessions doit s’élever à 3000 euros et peut tenir dans le coffre d’une voiture que je n’ai pas. Je pense beaucoup à demain mais pas pour moi, à vrai dire je ne m’y vois pas. Si j’y suis tant mieux, j’espère y être encore en bonne santé : ça j’y travaille au quotidien. Le reste du temps, je me félicite d’apprécier le présent. On me parle de « retraite », de « placements », de « prévoyance », de « compétition ». Je réponds « moment présent », « bonheur immédiat tant que ça dure » et « solidarité ». Sofinco m’envoie chaque semaine des prospectus pour me persuader que « la vie a parfois besoin d’un crédit », je barre le message au Stabilo et leur renvoie que « la vie entière n’est qu’un crédit sur le néant ».

10 avril 2008

UN REVE FINI, UNE REALITE IMMUABLE

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Je viens de voir le documentaire de Patrick Rotman "68", biographie d'un rêve qui traversa la jeunesse du monde. Un film à la conclusion pessimiste tout en non-dit, sur les images d'un concert d'une Janis Joplin qui mourrait d'une overdose quelques semaines plus tard. Le réalisateur a évidemment conscience que le fait même que son documentaire existe et qu'il soit diffusé sur une chaine nationale dans le cadre commémoratif des "révoltes populaires de Mai 68" est le constat de la mise en échec des utopies de sa génération sur le terrain de l'humain.

Après "le joli mai", La France a beau avoir gagné quelques années sur la libéralisation des mœurs que le marché aurait de toutes les manières libéralisé, elle s’est tout de même fait baisée dans les grandes largeurs par un pouvoir qui en a tiré les leçons. Sans avoir changer un iota de ses ambitions - assurer la prospérité de l’aristocratie sur le dos des pauvres - le pouvoir politique s’évertue depuis à manœuvrer à la godille les idéologies, contentant les estomacs avec du pain et des jeux, pour éviter ce genre d’accrocs populaires aux conséquences apocalyptiques pour lui.
C’est ainsi qu'aujourd'hui la célébration exorciste de la révolte de 68 prend le pas sur la révolte elle-même pour que ce rêve d’égalité et de liberté qui transcenda le peuple ne reste qu’un rêve. La nostalgie de 68 est, à chaque décennie et à fur et à mesure que l'on s'en éloigne, un produit marketing qui se vend de mieux en mieux en librairie et fait de l’audience en prime-time. Soyons lucides, le monde de 2008 n'est pas loin d'être le cauchemar consumériste et totalitaire que la génération de 68 redoutait.

2008. Isolés, individualisés, chacun devant nos écrans et moi avec, terrorisés par une baisse du pouvoir d’achat conceptuelle et sans fin, idéologiquement angoissés par la perte d’un travail qui ne nous satisfait pourtant pas et alors que le rêve est pourtant bien vivant, nous ne faisons qu’écrire dessus au lieu de le vivre.


7 avril 2008

RETOUR DE FLAMME A PARIS

par
En léger différé des olympiades du ridicule...

Comme je me doutais que la couverture télévisée allait être minimum, voici mon petit reportage vidéo depuis l'intérieur. Le tout, brut de mix, est suivi de mes commentaires à chaud au sujet de ce qu'il convient désormais d'appeler « le glorieux défilé du bus olympique ».

Régulièrement les prémices des jeux olympiques et les jeux eux-mêmes, ces inoffensifs succédanés de guerre mondiale sous chapiteau, sont les thermomètres des tensions internationales : Berlin 1936, Mexico 1968, Moscou 1980 et cet été, Pékin.


Recadrons les faits : le trajet de la flamme olympique des prochains jeux de Pékin passe en ce jour par la capitale française. Au même moment, la valeureuse dictature chinoise opère un matage en règle du peuple autonomiste de la province tibétaine. Les démocraties occidentales gênées aux entournures s’interrogent sur la façon de faire croire à leurs peuples respectifs qu’elles vont boycotter les jeux alors que, raison du plus fort oblige, elles ne le feront jamais. Le monarque français soucieux de ne pas se brouiller avec un pays qui avec un peuple au pas et une croissance de 10% par an le fait triquer comme un caniche érotomane, a décidé de faire les choses en grand. Quatre mille policiers encercleront les vingt huit kilomètres du parcours de la flamme dans Paris.


Une fois sur les lieux je manque de faire demi-tour tant le spectacle des quarante camionnettes de CRS, du service d’ordre en civil, des dizaines de policiers en rollers, devançant, entourant et suivant une flamme timidement sortie puis régulièrement rentrée dans un bus aux vitres teintés, est pitoyable. Mais tout de même, alors que les télévisions françaises suspendent mystérieusement le direct depuis le cafouillage du départ qui a vu à deux reprises, la flamme s’éteindre, il fallait que je vois de mes yeux le fiasco intégral et que j’en témoigne.


La première extinction de flamme en plein chahut pro-tibet, le fut pour des « raisons techniques », la suivante fut l’action d’un officiel chinois lui-même qui souffla « le symbole » dans les mains de David Douillet devant le siège d’un sponsor télévisé qui a déclaré plus tôt qu’il « risquait PEUT-ETRE de ne pas diffuser les jeux ». Engoncé dans un body pastel et le souffle coupé, l’ancien judoka en oublie de filer un coup de badge « pour un monde meilleur » au nippon à Ray-Ban.


Et le cortège policier repart contre vents et huets. Motivation d'opposants pourtant bien moins nombreux que les forces de l'ordre, le déchaînement anti-flamme est impressionnant. Soutien au Tibet ? Envie générale d’emmerder Sarkozy ? Les jeux n’ont pas commencé que La France décroche déjà ses premières médailles.


- Médaille du ridicule avec le badge sans peur et sans reproche de certains sportifs français menés par le gros Douillet qui payent ce jour au travers de ce semi-marathon de l’humiliation leur collaboration tacite avec une dictature sanguinaire.


- Le record d’interpellations au 100m par des forces de l’ordre désordonnées est battu.


- Médaille d’argent du respect coûte que coûte des relations diplomatiques par La République Française.


- Médaille d’or de la soumission policière à un état étranger.


- Pour les mêmes policiers, record du nombre au centimètre carré de drapeaux tibétains déchirés des mains d’une foule qui apprends ce jour, et dans la violence, qu’en plus de La Chine, il est désormais interdire d’arborer un drapeau tibétain dans la République des Lumières.


J’assiste au long de cette farce grand-guignolesque à des scènes surréalistes parfois violentes mais aussi et surtout à la dérision d’un état policier victime de sa sur représentation.


Drôle de journée à l'ambiance électrique où les manifestants, les journalistes et moi-même aurons plus couru que la flamme et ses sportifs. Journée instructive qui me donne un aperçu des pratiques de quelques milliers de jeunes policiers lobotomisés au service commandé d'une dictature. Ils tabassent indistinctement journalistes, passants et porteurs de tee-shirts "inconvenants". Mais je constate avec délice le potentiel insurrectionnel d'une poignée de manifestants lâchés en centre ville.


Et le trajet de la honte continue. Accrochages devant le Sénat. Partout en France, les clivages remontent à la surface. En gros à droite on s’indigne de « la prise d’otage du symbole olympique ». A gauche, on trouve juste scandaleux de « tuer des gens » et de le cacher derrière une flamme. La droite et ses jolis mots : autant de caches-misère de sa pleutrerie bien-pensante de rentière. Denfert-Rochereau, renfort policier : Ca manquait. A défaut d'exporter un modèle démocratique sur les écrans de télé chinois, nous avons importé sur le sol français un échantillon de dictature au nom de la raison économique. Pire que ça, elle était escortée par la moitié des forces de l'ordre de la région.


L’indicible mayonnaise du fiasco est reprise en chœur par les radios. On aurait pu imaginer tant de défilés : Bios et sans aucune force de l’ordre ou avec, à l’ironique opposé, une flamme en tank. Mais non, crispée, sécuritaire et comme à son habitude sans imagination : A vouloir ne rien rater La France a tout échoué. Perdante à tous les points de vue et selon tous les protagonistes.


Les pro-tibétains largement minoritaires triomphent à Paris sans aucune violence. Je ne les ai pas accompagnés par soutien, je connais peu la question tibétaine qui m’a l’air plus complexe que les apparences lointaines et je ne suis pas sur que les conséquences nationalistes de l’événement que l’on tirera du côté chinois ne contribuent pas à envenimer la situation à terme. Non, je les ai suivi pour cet esprit de contestation à l’ordre en général qui, en ce drôle d’après-midi, s’est propagé à travers La Capitale et les classes d’âge. Au moment des célébrations médiatico-nostalgiques des 40 ans du soulèvement populaire de Mai 1968, à une époque ou bientôt un français sur deux aura plus de 60 ans, ou trois jeunes sur les quatre restants veulent être fonctionnaires, l’initiative se devait d’être soutenue ! Parce que mis à part la sortie au Mégastore du nouvel Harry Potter, il n’y a bien que les causes lointaines pour mobiliser physiquement les corps occidentaux. Aujourd’hui avec ces drapeaux tibétains déchirés sur un ordre que, selon La ministre de l’intérieur, « personne n’a donné », je constate qu’il est loin le temps où il était « interdit d’interdire ». La finalité du XXIe siècle : tout est interdit sauf ce que le marché tolère.


Et puis, il y a l’appréhension plus ou moins consciente des remous à venir, des grands conflits de demain au sein desquels La Chine tiendra une part essentielle et par rapport auxquels il convient déjà de se prononcer. A la vue des réactions au passage de la flamme en bus climatisé et en plein remake grandeur nature des « Chinois à Paris » de Jean Yanne (1972), on peut déjà opérer le tri comportemental animant les troupes civiles ou militaires par temps d’occupation. Résistants et collabos. On a beau le voir dans les films, ça glace le sang.


Et puis, a défaut du Tibet ou l’information est censurée, il y a le monde qui nous regarde en direct. A notre poignée « d’énervés » de montrer que La France n’est pas totalement endormie par le consensus mou du capitalisme avilissant. Surtout, il y a la liberté d’expression. Parce que La France est sur la mauvaise pente. La liberté d’expression, condition de la démocratie. Pour que La France ne ressemble jamais à cette Chine, Eden libéral, qui allie ordre martial et croissance économique.


Le cortège du déshonneur arrive sous les œufs au Stade Charletty. Malgré le périmètre de sécurité, malgré mon absence de badge, je pénètre dans un îlot tranquillisé avec les policiers à quelques mètres de la flamme, ce qui en dit long sur l’efficacité d’un dispositif qui n’est concrètement bon qu’à embarquer à l’aveugle et à déchirer des pancartes au format Post-it. Les opposants chinois et tibétains sont répartis de chaque côté de La Porte d’Ivry. Dans le stade, les célébrations finissent en fanfare. Ce soir, La flamme part à San Francisco. Avec une telle journée bordélique, j’en viens à regretter que Paris n’ait pas décroché les jeux olympiques !


5 avril 2008

SANS COUILLES ET SANS REPROCHES

par


C'est nouveau, c'est pratique, ça se porte fièrement. Ça nettoie les états d'âme et ça permet de voyager en 1ere classe jusqu'à La Chine avec la conscience tranquille. C'est idéologiquement limite, tout petit de dimension et pourtant puant de prétention. C'est visible avec de bonnes jumelles et c'est écrit en Français pour les Français : qu'est-ce que c'est ? Le mini-badge "pour un monde meilleur" que les sportifs français porteront aux prochains jeux olympiques chinois !

Et de trois en une semaine ! Après les obsèques nationales d'un commentateur sportif, l'ordre martial rétabli pour banderole "inconvenante" sur match de foot, voici le pin's des droits de l'homme. C'est peu de dire que notre pays a un gros grain que, je ne sais trop comment, le sport a le mérite de mettre à jour.

Pour ce qui est des sportifs français inquiets sur leur avenir olympique, ils n'ont plus à s'inquiéter. Prenant la maxime de Pierre de Coubertin à contre sens, avec cette bouffonnerie, ils ont déjà perdu ces jeux avant même de participer.

SERVICE PUBLIC IDEOLOGIQUE

par
Voilà le bon service public télévise comme le souhaite surement notre monarque. Jeudi 3 avril 2008 sur France 2 dans l’émission d’investigation qui se la pète à mort à défoncer des portes ouvertes « Envoyé Spécial », nous avons assistés à un modèle du reportage sans concession. Des reporters intrépides aux ordres d'une direction de barons se sont risqués sur un terrain de bataille des plus dangereux, la province française, peuplée de méchants terroristes, les travailleurs pauvres locataires de leur logement, pour donner la parole à leurs victimes, les rentiers.

Le reportage s’appelle « expulsés au nom de la loi », il revient sur les expulsions locatives dont le nombre a doublé an dix ans. C’est une rediffusion qui a lieu à la veille des annonces de réformes du gouvernement en matière de logement sociaux. On comprend vite pourquoi. Et le reportage de se conclure sur un plaidoyer larmoyant sur les propriétaires qui ne "gagnent pas assez".

Drame dans le salon du couple de retraités. Chiffre à l’appui et factures de Castorama au en main, le couple est « acculé » à vendre sa deuxième maison achetée pour générer un revenu locatif. Ce salaud de pauvre de locataire à trois mois de retard de paiement. Le retraité est prêt à s'enchainer au portail du mauvais payeur : "Ah si j'avais su..." geint-il.

Interrogé en caméra cachée, la locataire se défend : « Si j’avais le quart de ce qu’ils ont [mes proprios], je serais heureuse. Et moi pourtant je travaille ».

Le reportage précise tout de même que dans plus de 90% des cas, les locataires en défaut de paiement ne le sont pas par malhonnêteté. Ce qu’il manque de préciser, c’est que dans plus de 90% des cas les bailleurs particuliers sont des pingres de la pire espèce*. Croyez-en un expert en location qui imagine sans peine que le taux de vote pour notre monarque dans cette catégorie sociale doit lui aussi atteindre les 90%.

* il serait également intéressant à l'heure où l'on parle de racisme, qu'"Envoyé spécial" s'intéresse à la ségrégation raciale plus ou moins discrètement opérée les bailleurs particuliers et les agences ayant pignon sur rue.

4 avril 2008

BREVE AU NEON

par
Quand les techniques de management aveugle dictés aux trentenaires sous pression parce qu' endettés, rencontrent le terreau soumis d’une plus jeune génération rodée depuis son enfance aux brimades et aux évaluations des jeux de télé réalité comme seule assurance de succès, voici ce que cela donne :

(La scène qui suit n'est pas une farce, c'est la retranscription fidèle d’un entretien d’embauche qui eu lieu le Mardi 1er avril 2008 dans la réserve d’un magasin parisien d’une grande chaîne de prêt à porter cotée au CAC 40. Magasin d’un quartier chic, détail qui aura son importance.)

PTE RESERVE DU MAGASIN – INT.LUM ARTIFICIELLE
Ambiance lumière de type néon.

Derrière le bureau, la responsable du magasin, sèche trentenaire sur-maquillée feuillette une pile de CV. En face, est assise sur un tabouret Anna, vingtaine blafarde au dos courbé. Avide d’une réponse elle fixe la responsable en gigotant nerveusement son pied gauche et cache ses mains sous ses cuisses. Elle est mal à l’aise sur l'objet bancal de fabrication suédoise a monter en kit. Au bout de secondes. La responsable pose les CV et prend distinctement celui d'Anna.

LA RECRUTEUSE :
"Ton intérim dans mon magasin s'est plutôt bien passé et ta candidature est parfaite. T’as le bon profil. Mais pas pour ce magasin, je vais la transmettre à ...[succursale d’un centre commercial de banlieue] pour un poste de vendeuse. Mais je te préviens Anna, va falloir que tu changes de fringues. Tu vends du vêtement, faut être un peu mieux sapée. Et puis faut que tu parles mieux aussi. C'est quoi ce langage ? Et puis assis-toi correctement. Tu ne sais pas t’asseoir. T'es toute courbée."

Silence. Anna redresse sa posture et reste figée quelques secondes. Puis, son visage se décontracte. C’est bientôt un large sourire qui illumine son visage. Elle peine à trouver ses mots, le souffle coupé.

ANNA :
"Oh Merci ! Merci ! C’est vrai, je vais faire des efforts ! Merci !"

Anna est heureuse pour la journée. 1 h et 45 minutes de RER plus tard, la voilà chez elle qui annonce la bonne nouvelle : Si tout se passe bien et à la seule force de sa soumission d'ici 10 ans, elle aussi aura droit de mort et d'embauche sur plus faible qu'elle.

3 avril 2008

FOOTEUX, PASSE TON CHEMIN

par
Que des milliards de connards vénèrent le football n’indique pas qu’il existe une suprématie du football mais me confirme qu’il y a bien une majorité de connards.

1 avril 2008

LE CON EST UN HOMME COMME LES AUTRES

par

Je suis inquiet. Pas de la banderole brandie Samedi soir au Stade de France. Après tout, c'est du football et pas « le cercle des poètes disparus », on sait à quoi s'attendre. C'est le branle-bas de combat médiatique d'amplitude Thierry Gilardiesque autour de l'incident qui est alarmant.

On pouvait lire sur la banderole : "Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch'tis" en référence au film de Dany Boon en passe de battre "La grande vadrouille" comme film français le plus populaire de tous les temps. On peut se demander d'ailleurs si la banderole aurait autant choqué notre monarque en quête de re-légitimité s'il n y avait pas eu au préalable le succès franc et massif du film en question.

Je précise avant de continuer que je suis originaire du Nord, que ma famille est du Nord sur plusieurs générations et que, manque de bol, j'habite Paris. Ce qui me sauve : je déteste les sports collectifs.

Dany Boon, humoriste, cinéaste et désormais demi-dieu, s'indigne ce matin dans les colonnes du parisien : «C'est honteux, c'est lamentable» en espérant que « les gens qui ont fait cette banderole vont être punis, poursuivis et condamnés. C'est pas les Ch'tis qui mettraient une banderole aussi agressive, voire raciste ». Voire raciste : le mot tabou est prononcé.

Une enquête PRÉLIMINAIRE a été ouverte par le parquet de Bobigny pour "provocation à la haine et à la violence". Je suis peut-être naïf mais je pensais justement que le football en championnat national était une gigantesque provocation à la haine inter-équipe et à la violence régionale. Notez à ce sujet que les chaînes de télévision font de moins en moins de gros plans sur les supporters durant les retransmissions de football tant les faciès dégénérés de ces esprits simples unis dans la Kronenbourg et la xénophobie en dit long sur l'essence même du supporter sportif. Mais stop, je m'emporte et je vais finir par être RACISTE.

Toute cette médiatisation autour d'un incident finalement banal ne fait que donner plus d'écho à une initiative d'intérêt relatif. Initiative préméditée et collective, à la responsabilité diluée et donc difficilement condamnable.

Étonnant aussi que ce soit encore dans notre pays démocratique où certaines opinions, dont l'incitation au racisme, sont lourdement sanctionnées par la loi que ce genre d'évènements surviennent régulièrement. Je n'ai jamais vu de calicots haineux dans une retransmission de football américain alors que les néonazis sont totalement tolérés aux États-Unis. Cette mayonnaise montée en épingle médiatique contre une banderole à la con me choque encore plus que la banderole elle-même.

Attention, je n'exonère en rien la bêtise de l'acte mais on peut le considérer comme l'expression sur papier d'une opinion - rance, c'est vrai - mais qui n'en reste pas moins une opinion, apparemment partagée par pas mal de monde. Banderole ou pas, condamnation ou pas, l'opinion restera. J'ai la naïveté de penser qu'il vaut mieux combattre les mots cons avec des mots intelligents au lieu de se retrancher, effrayé comme un jeune scout à sa première vodka-party, derrière une loi qui impose ce qu'il est correcte de penser ou pas.

Supprimer l'expression de l'opinion, même raciste, c'est à terme supprimer le débat. D'ailleurs, et cela va peiner Dany Boon, d'un point de vue légal la banderole me paraît difficilement condamnable puisque non explicitement raciste. Pas plus en tous les cas qu'une caricature du prophète dans les colonnes de Charlie-Hebdo. Où commence l'injure où s'arrête l'humour ? Long débat. Ne nous laissons pas aveugler par l'émotion. Si d'aventure il devait y a voir des sanctions pour « banderole injurieuse » contre des auteurs supposés qu'on aurait retrouvé grâce à leurs traces d'ADN laissées dans un stade de 80000 places un soir de match, ce serait fâcheux pour la démocratie. A qui le tour après d'être attaqué pour « expression graphique de pensée déviante » ? Les syndicalistes ? L'opposition ? Les (brillants) caricaturistes du Post ? Tout ce qui n'est pas pro-Carla ? Tout ceux qui ne s'appellent pas Nicolas ? Attention à ce genre de bulles émotionnelles propices à faire voter des lois liberticides dont on mettra des décennies à se débarrasser. Les médias et les politiques en raffolent, on comprends aisément pourquoi.

Ne pas oublier que l'on doit ce barnum médiatique à notre monarque, offusqué qu'il est ce sensible par tant de connerie et de vulgarité.

C'est vrai que ce n'est pas son genre.

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