28 avril 2008

,

ET VOUS CA VOUS RAPPELLE QUI ?

« La période hypermoderne s’accompagne d’une montée impressionnante des dépressions et du mal-être en général. Le taux de dépressifs en France a été multiplié par sept entre 1970 et 1996 ; 11% des français ont connu récemment un épisode dépressif et 12% d’entre eux déclarent avoir souffert d’anxiété généralisée au cours des six derniers mois. Mais, dans le même temps, environ 9 sur européens sur 10 déclarent être heureux ou très heureux, en dépit du chômage de masse et du sentiment d’insécurité grandissant. Je ferai deux remarques à ce sujet. La première est que la sinistrose contemporaine ne coïncide pas avec une déception abyssale et un découragement irrémédiable. Deuxième remarque : la société de déception est celle où les individus reconnaissent avec difficulté leur désappointement et leur insatisfaction. Car il s’agit d’un aveu devenu plus difficilement exprimable dans une culture où le malheur signifie un échec personnel et où l’on préfère susciter l’envie que la pitié. Et l’on aime pas se déprimer soi-même en s’avouant malheureux, d’autant que si l’on se compare aux mal-lotis, on a quelques raisons de ne pas se sentir le plus défavorisé des hommes. »

in La société de déception, Gilles Lipovetsky, éditions textuel, collection : conversations pour demain

Top Ad 728x90