12 mai 2023

Le cinéma français, un zombie en bonne santé

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L’actrice Adèle Haenel, qui n’a pas tourné au cinéma depuis trois ans suite à sa sortie anti Polanski aux Césars 2020, publie une lettre ouverte dans Télérama (accès payant) pour expliquer son départ du monde du cinéma et le fait qu’elle veuille politiser le dit départ. Tant mieux pour elle. La grandiloquence de sa missive contre le capitalisme et un milieu qui "collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde", tout en apportant son soutien aux "résistants", n’a d’égale que le profond mutisme dont elle et la quasi intégralité de la corporation qu’elle dénonce ont collectivement fait preuve au moment de la mise en place des Pass vaccinaux qui interdisaient l’accès aux salles de cinéma à ceux, et celles, qui ne collaboraient alors pas avec l'ordre sanitaire. 

Ceci étant posé, je cesse mes sarcasmes. Il se trouve que je suis d’accord avec elle sur un point central (et une partie de sa conclusion) : la totale absence du traitement de la déflagration #MeToo dans le cinéma français. C’est comme si ce mouvement de libération de la parole des femmes et de dénonciations des harcèlements, n’était jamais arrivé. Au seul visionnage ds films produits chez nous depuis six ans, un cinéphile du futur ne pourrait être informé de la montée de la thématique dans la société. 

À titre de comparaison, je visionnais l’autre soir le film américain Scandale (Bombshell) de Jay Roach (le réalisateur d'Austin Powers). Le blockbuster produit par Charlize Théron avec Margot Robbie et Nicole Kidman est inspiré d’une histoire vraie survenue durant la campagne de Trump en 2016 (toile de fond du film) : la déflagration causée dans la rédaction de la chaine d’info Fox News par les révélations d’une journaliste sur les pressions et violences sexuelles exercées durant des années par le patron, Roger Ailes, sur ses employées. C’est la grosse affaire avant l'explosion du mouvement #MeToo en 2017. 

Le film date de 2020 et son traitement, sans rien enlever des standards de productions américaines de ce type, appuie sur le côté enquête interne, façon Les hommes du Président. Le film relate des faits alors juste vieux de trois ans et les acteurs interprètent d'authentiques personnages (parfois encore en poste) dans un environnement qui insiste sur sa véracité (ce n’est pas une rédaction imaginaire, mais bien Fox News et son logo). Imaginons trois actrices françaises connues produisant un film sur le comportement de PPDA à la rédaction de TF1 durant la campagne de Macron (c'est pas exactement ça, mais vous voyez l'intention). On n’imagine même pas une telle audace : aucun producteur, aucune chaine de télé et aucun acteur et actrice chez nous pour participer ou financer ça. Double danger pour le cinéma français : dénonciation d’un sexisme (toujours en cours dans ses rangs) sur fond de contemporanéité politique. Pour l’exemple, les deux fois où Sarkozy a été « traité » au cinéma, c’est au travers de comédies qui prenaient bien soin de souligner leur angle de fable : La Conquête de Xavier Durringer et Présidents d’Anne Fontaine. 

Au-delà de la question des violences sexistes, Adèle Haenel expose le point mort de la création française : son absence totale de prise en considération du monde contemporain et son mépris de la société réelle. Ça ne date pas d’hier. S'il subsistait un cinéma français populaire dans les années 70 s’attaquant encore à des sujets sulfureux (avec des cinéastes comme Yves Boisset ou Jean-Pierre Mocky*), depuis une bonne trentaine d’années les films politiques, les polars d’investigation économique ou n’importe quelle oeuvre vaguement subversive pour les pouvoirs en place n’existent tout simplement plus dans le divertissement populaire cinématographique national. Si le cinéma américain mainstream (de plus en plus rarement c’est vrai) s’attaque encore au lobby du tabac avec The Insider de Michael Mann ou aux scandales de la pollution des sols par une grande multinationale avec Dark Waters de Todd Haynes, au mieux chez nous on cantonne ce genre de dénonciations à la forme documentaire, et avec moult pincettes. On peut même attribuer une partie du succès de la plateforme Netflix à sa volonté d'exposer, même mal, ce type de sujets. 

Si son activité subsiste à grands coups de subvention, le cinéma français est d'un point de vue politique totalement mort, il a renoncé à parler de la vie (et dans le même temps, se donne rarement l’ambition de faire rêver le spectateur). Alors qu’il suffit de regarder deux secondes autour de nous. En s’y attaquant via la fiction et en y mettant les moyens, entre les milliardaires fraudeurs, les politiques corrompus, la concentration des médias, les scandales financiers, les pollutions diverses, la gestion du Covid, des centrales nucléaires, les gilets jaunes et la destruction des services publics : il y aurait de quoi faire vingt chefs d’oeuvres cinématographiques par an en France. Et pourtant, rien. Une ribambelle de comédies pas drôles et, pour le côté "France profonde" une utilisation purement décorative (et fiscale) des territoires de France par un monde du cinéma qui reste profondément parisien où qu’il pose sa caméra. À part quelques séries un peu frileuses, un ou deux films de Cédric Jimenez ou l'Enquête sur un scandale d'Etat de Thierry De Peretti, je ne vois pas grand chose de bien provoquant dans le cinéma français des dernières années. Je mets de côté les films traitants des migrants, c’est presque devenu une sous catégorie du cinéma français qui concentre visiblement la seule indignation validée par ce petit monde. Dommage, nous avons des actrices et acteurs et des techniciens de talent (formellement on a fait des progrès de géant en deux décennies) et des sujets en or à cueillir tout autour de nous.

* Le premier a été écarté du cinéma français depuis 1990, le second s'est résolu à l'indépendance et est presque un sujet de moqueries médiatiques vers la fin de sa vie. 


21 avril 2023

L'apaisement dans ta gueule

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C’est parti. Le tour de l'apaisement selon Macron a commencé sur les chapeaux de roues « au contact des Français » comme l’enrobent de leur voix mielleuses les journalistes de palais. Macron veut « renouer le dialogue » avec les gueux, moins d’un mois après avoir enjambé la représentation nationale à l’Assemblée à coup de 49-3, ça pose son ambiance. 

En Alsace, dans une région plutôt légitimiste et acquise à la droite, le déconnecté s'est fait immédiatement rattraper par la réalité de la haine qu'il suscite. A Sélestat, s'amusant à jouer au leader populaire et consensuel devant une petite assemblée (pourtant préalablement expurgée de syndicalistes et autres gaulois réfractaires), notre ordure s'est fait copieusement hué devant les caméras de l'info feuilleton, avant de se faire qualifier en frontal de « trou du cul » par un Sélestadien. C’est un peu excessif Monsieur. Sans trou du cul, la vie serait compliquée pour ne pas dire impossible alors que sans Macron on aurait deux ans de vie à la retraite en plus. Je sais pour lequel des deux j'ai le plus de respect.

Prostré dans la mairie de la Sélestat, faisant fi du lointain tumulte des batteries de cuisine, notre brave leader aura ces grands mots « Ce ne sont pas des casseroles qui font avancer la France » avant de  préciser qu’il est pour le dialogue, mais seulement avec les gens de son avis. A t-on vu le Général de Gaulle trembler devant une casserole ? C’est la marque des légendes. 

C’est ainsi que pour le jour 2 de son tour de l’apaisement dans l’Hérault, le port de casserole sera subtilement interdit dans les rues de Ganges par décret préfectorral. Pas de dispositif sonore portatif pendant la visite du Président. On n’a pas peur des casseroles, mais un peu quand même. 

Sous les explications de texte de sa garde rapprochée qui peine à convaincre que « tout ceci est bon pour son image », pour sa deuxième journée du tour de l’apaisement, l'escroc de l'Elysée s’est tenu à l’écart des 2000 manifestants à Ganges (sur 4000 habitants) pour se rendre, entouré de 600 CRS, dans un collège de 600 élèves (même si nous n’en verrons finalement qu’une poignée tout au long de la journée) Point commun avec Sélestat : Macron est resté cloitré 3 heures dans l’enceinte de l’établissement scolaire - dont l’électricité avait été préalablement coupée par la CGT) Ses annonces sur la revalorisation salariale des enseignants sont confuses (pas même décryptables par les premiers intéressés). On notera tout de même que cet arrosage soudain de pognon pour calmer la colère contre sa réforme, contredit les principes de rigueur budgétaire utilisé pour justifier la dite réforme. 

On s’étonnera, mais si peu, des commentaires élogieux de la caste journalistique de plateau qui saluait pour ce deuxième jour « le courage du président » avec force usage de l’expression « il faut tourner la page ". A croire que; dans la nuit, quelques coups de fil furent passés pour réaffirmer la notion de « séquence close » voulue par l’Elysée. Pour eux, la colère n'est qu'un cirque, une séquence un peu longue coincée entre les vacances à Courchevel et Roland Garros, alors qu’il en va de la vie dégradée de millions de salariés. J’ai même entendu le patron du JDD miser en plateau sur la lassitude des Français avec leurs casseroles, comme il le faisait au soir de la première manifestation contre les retraites en Janvier. 100 jours et 12 mobilisations plus tard, les mecs tablent encore sur l’essoufflement alors que tout, jusqu’à la bande son des casseroles frappées prouvent le contraire. Le déni n'est pas une stratégie viable. Ajoutons que persister à imposer une réforme inutile et injuste à l'écrasante majorité des travailleurs qui l'ont très bien compris et qui n'en veulent pas, ce n'est pas du « courage ». Le champ lexical de la connerie est plus approprié.

Le ton est donné, l'intervilles de l'impopularité peut commencer. Si toi aussi tu vois un Président de merde ou un médiocre ministre débarquer dans ta région pour se refaire la cerise au 20h en chiant sur ta colère et t'instrumentaliser au passage, n'oublie pas ton dispositif sonore portatif.

Leur pourrir la vie. Partout tout le temps. Jusqu'au retrait.




18 avril 2023

Sa majesté des casseroles

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Prosternez-vous les gueux, l’ordure présidentielle s’exprimait hier à 20h. Non pas pour annoncer quoi que ce soit ou s'excuser auprès d'un pays qu’il a contribué plus que ses récents prédécesseurs réunis à ravager. Non: il s’agissait juste d'un vieux réflexe : communiquer pour communiquer, occuper l’espace médiatique et donner le ton pour susciter de la réaction et focaliser les attentions. En un sens, Macron a réussi. Les chaines d’info n’ont parlé que de son allocution toute la journée la précédant avec un compte à rebours en haut de l’écran : "Macron peut-il reprendre la main ?" (dans la gueule oui) et autres "quel coup d’après pour Macron ?" (carabine, pelle ?). Même la contre offensive organisée par ATTAC à base de tapage de casseroles sur les places publiques à l’heure de l'allocution télévisée du cornichon libéral-fasciste s’appuie toute entière sur la détestation qu’inspire désormais cette ordure à la population. Si sa police n’était pas aussi violente (qui en est désormais à shooter au LBD dans la rue sur les porteurs de casseroles), on pourrait rire de la déconfiture sans fin de celui qui se voyait comme la réincarnation de Steve Jobs et John Kennedy réunis et qui n'est qu'un proto-dictateur au bilan social et économique nul, à peine réélu sans avoir fait campagne et déjà défait. 

Il sera bientôt le seul à ne pas encore réaliser qu’il ne vaut plus un centime d’euro au marché de la confiance. Je n’ai bien évidemment rien écouté de la lisse prestation de ce sinistre con et j’ai tapé de la casserole comme les autres devant la mairie de mon quartier. C'est un quartier d’habitude paisible et bien rangé, pas le plus punk quoi, et nous étions une petite centaine à 20h pour cette improvisation aux percussions de cuisine, avec tant d’autres aux fenêtres propageant en une onde chaleureuse d’immeuble en immeuble les tam-tam à l’Inox. 

Nous maintiendrons le cap : le retrait de la réforme des retraites. D’ici là, la vie publique de l’ordure (et de ses sbires) est terminée. À l'image d'une Borne débordée par le malaise (en termes techniques : la réalité du terrain) face à quatre manifestants dans un superette d'Eure-et-Loire, lui et ses ministres ne pourront plus se pointer dans aucun coin de son pays sans l’intégralité des forces de l’ordre de la région autour d'eux. Macron radicalise contre lui même les plus modérés. Et c’est au fond sa plus grade qualité : en trois mois le pseudo génie (qui n'a aucun putain de sens politique, c'en est à pleurer) a régénéré la lutte des classes et décrédibilisé la Cinquième République. Il était déjà déconnecté, on va le confiner à l’Elysée pour ce qui lui reste d'un quinquennat Potemkine. À moins, sait-on jamais, un mauvais coup de casserole est si vite arrivé, qu’il doive tout quitter précipitamment.


12 avril 2023

Réforme humiliante + inflation en torche = la tempête parfaite

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Il parait que le peuple des travailleurs doit se tenir suspendu à la décision du Conseil Constitutionnel le 14 avril au sujet de la réforme des retraites. « Les sages siffleront la fin de partie », ai-je entendu sur quelques ondes bienveillantes. 

J’aimerais être surpris, mais ne nous berçons pas d’illusion. Deux des « sages » du conclave gériatrique (dont un dont la voix compte double, et dont le fils officie pour MacKinsey) devraient être inéligibles à vie. Que ces mecs soient pépouses à siéger (à 13 697,49 euros bruts/mensuel) sur la bonne tenue des lois concernant nos années de travail devrait scandaliser toute rédaction de journalistes digne de ce nom. Le machin des cacochymes de droite devrait valider le machin ou mieux, le redéfinir en pire virant les deux trois bricoles décrochées par les LR, en tuant au passage dans l’oeuf la voie référendaire. 

Quoi qu’il en soit, ce ne serait bien sur vendredi soir pas la fin de partie tant espérée par les Macronards. Ces derniers n’ont pas capté depuis leurs hauteurs qu’ils ne pourront, pour leur sécurité personnelle, jamais plus redescendre sur terre sans se faire lyncher tant la détestation de ce qu’ils sont et de ce qu’ils représentent coagule chez les Français. On se remettait à peine de trois années de pandémie, de confinement et d’humiliations : nous rajouter deux ans plus de boulot pour nous piquer deux ans de retraite, sur fond d’inflation annuelle à 20%, était la dernière des conneries à faire au pire des moments. N’importe quel dictateur déchu vous le confirmera : Il n’y a pas pire danger que des gens qui attendent d’avoir le frigo vide pour faire la révolution, ça ne se passe jamais gentiment. Et vu les chiffres qui tombent les uns après les autres, le frigo se vide plus vite que prévu. 

Près d'un 1 français sur 2 qui gagnent 1500 euros ou moins par mois sautent désormais un repas par jour.

On peut lire dans le rapport de l'Institut La Boétie que selon l’indice des prix à la consommation harmonisée (IPCH) […] l’inflation affiche une hausse de 7,3 % sur un an, un taux inédit depuis le début des années 1980. La hausse des prix est tirée par la hausse des profits, notamment dans les secteurs liés à l’énergie, au fret international et dans l’industrie agroalimentaire[…] L’inflation sur les prix alimentaires grimpe à 15,8 % en mars. On notera au passage que le taux de marge des entreprises est en hausse : 32,4 % au quatrième trimestre 2022

Toujours dans le même rapport : Selon les données publiées par la Direction de l’animation de la recherche et des études statistiques (Dares), le salaire mensuel de base moyen a augmenté de 3,9 %, contre une hausse des prix (IPCH) sur un an de 6,7 % en décembre 2022.

Les salaires augmentent deux fois moins vite que les prix. En valeur relative, les salaires ont  baissé en 2022 et continueront sur cette pente en 2023. 

Dans le cadre de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires était un levier bien plus efficace pour vite abonder les caisses, que l’allongement d’une durée d’un travail mal payé (voire de pas de travail du tout, étant posé que 6 personnes sur 10 sont sans activité passés 60 ans). Cette réforme n'est pas mathématique mais idéologique. C’est un combat symbolique voulu par Macron, la vendetta personnelle de l’ordure présidentielle contre le peuple des abrutis. 

Dans ce combat pour renforcer la soumission des salariés, l’inflation est l’alliée de Macron. Tandis que l’état pompe comme jamais de la TVA (l’impôt le plus injuste qui soit), pour les salariés faire grève n’a jamais coûté aussi cher. D’un cynisme consommé, Macron table donc sur l’appauvrissement des masses pour étouffer la contestation (largement majoritaire dans l’opinion) contre sa réforme personnelle des retraites. 

Au-delà des trois derniers mois et du formidable élan de la contestation (j’aurais pas misé non plus dessus il y encore un an), Macron fait un très mauvais calcul à moyen et long terme (mais que peut-on attendre d’autre de ce type dont le sens politique et la fibre sociale se résume à quelques simulations sur tableur Excel ?). 

Tous les ingrédients de la tempête parfaite sont réunis. 

Macron a joué la carte du symbole et il se retourne contre lui. Il nous a livré clé en main, un booster de cette lutte des classes qu’il voulait taire. Après deux ans d’infantilisation covidienne, la marque de l’humiliation (par cette réforme imposée dans le mépris et son SAV de l’indécence par Macron) est profonde dans ce pays. Au lieu de jouer, même pour de faux, la carte de l’autocritique ou de l’apaisement, il abuse de la violence verbale et physique. Comment croire un seul instant que cette voie ait une issue heureuse, même pour lui ? Le type ne sortira pas vainqueur d’une situation de déclin où un peuple a de moins en moins à perdre. Les gesticulations de Bruno Lemaire ne font, comme prévu, pas effet. L’inflation se poursuit à vitesse grand V, les salaires baissent de fait dans la plus grande des passivités gouvernementale et la seule perspective économique nationale cohérente est celle d’une sévère récession. En vérité, je n’aimerais pas être à la place de ce type que tout le monde hait. Notre vie va être compliquée, la sienne n’en sera plus une. Il ne pourra poser le pied dans son pays sans risque de prendre une grosse claque ou pire. 

On le qualifie déjà de "hors-sol", il va le devenir littéralement. 



7 avril 2023

49 mois en enfer pour Jupiter

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3 mois de contestation contre la réforme des retraites made in Macron. Nous en sommes à ce stade flou du mouvement où chaque pronostic exprimé sur l'avenir de celui-ci indique avant tout le désir de celui qui l'exprime. 

L'état a choisi la carte graphique de la violence et le champ lexical du terrorisme pour discréditer toute opposition. Grossier, pataud peu crédible mais c'est de bonne guerre. 

Ne nous laissons pas distraire. J'ai un cap, il n'a pas évolué depuis début janvier : le retrait de cette putain de réforme de merde qui vole leurs deux meilleures années de retraite aux Français pour leur rajouter deux années de travail (ou de chômage) les pires. 

Retour aux Invalides pour la 11e journée de manifestation contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril.  La manifestation syndicale début 2023, c'est The Place To Be. Du son, de la musique, de l'espoir, de la colère et des casquettes à paillettes. Il s’en est passé des choses depuis la dernière mobilisation du 28 mars. Côté peuple, ça bloque un peu partout dans le pays de façon sporadique mais constante, ça ne décolère pas et ça mobilise. Chez les "élites", ça contre-attaque sévère : déguisée en poule multicolore, une secrétaire d’Etat s’est exprimée sur l'émancipation féminine dans Playboy, le président quant à lui a reprécisé son axe stratégique de reconquête de l'opinion dans les colonnes de Pif Gadget

Pendant ce temps, peu à peu s’installe dans le pays entre bonne humeur et grenade désencerclante, dans la prolongation du coup d'Etat démocratique du Président, un climat de guerre contre les Français avec les images de casse qui tournent jusqu'à l'écoeurement sur les chaines d’info feuilleton pour bien dissuader les 70% de mécontents d’aller manifester aux côtés de la racaille syndicale. Sans succès jusqu'à présent. Certes, il y a un peu moins de monde dans les rues en France ce 6 avril, mais on flirte toujours aves les 2 millions au niveau national... au bout de 3 mois et de 11 manifestations et sans aucun effritement du soutien populaire. C'est du jamais vu dans la Ve République. 


Donc oui, nous reviendrons et reviendrons encore jusqu’à faire tomber cette réforme. Tant que ce ne sera pas le cas, le quotidien de Macron sera un enfer pour les 4 ans qui lui restent à nous subir. 

Quant à la casse qui entoure quelques cortèges, je ne la condamne même plus. Je me désole qu'elle ne soit pas orientée vers les vrais éléments perturbateurs de peuple : Macron et sa clique. L’état (sous sa forme présidentielle et institutionnelle) est le premier à exercer la violence. Je suis même étonné que face au déni démocratique, à ce mépris envers les Français chié depuis des années au sommet de l’état, "les foules" ne soient pas plus expéditives que ça. 

La plupart des manifestants défilent aussi pacifiquement qu'ils sont déterminés. Ils ont bien compris que la violence contre la police n’est pas une solution, les mecs ne font que leur boulot. Certains moins intelligemment que d’autres, certes. Je ne désespère pas qu’un jour ou l’autre les policiers à 2000 balles / mois seront lassés de frapper et de se faire frapper par des salariés à 2000 balles / mois, tout cela pour le compte d’un type qui n’a jamais bossé et veut laisser son nom dans l’histoire à la rubrique « réforme à la con ». Ce jour où casques et matraques seront posés, l’ordure du Touquet pourra vite se carapater. Pour le moment, comme à chaque bruissement de révolution, le brave haineux prend l’avion. Cette fois, il est parti sauver le monde en Chine, et laisse derrière lui Dardmalin gérer la casse, ou la provoquer tant on ne sait plus ce qui arrange ce puant opportuniste dans son plan de com’ visant à le faire devenir vizir à la place du vizir.

Tout le monde média et politique veut voir une impasse dans la situation figée et tendue du moment, au contraire j'y vois le début d'un changement de monde. Le peuple reprend en main son destin. C'est encore maladroit, timide et un peu effrayant pour les premiers concernés mais pour une fois le slogan qui devenait une routine tournant à vide prend enfin tout son sens : "C'est dans la rue que ça se passe !". 



29 mars 2023

Retraites : coup de jeune sur la contestation

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Pendant que le têtu s'autoconfine de trouille à l’Elysée, partageons ici quelques impressions sur cette dixième journée de mobilisation contre sa réforme des retraites et pour son retrait. En légère baisse au niveau national, du point de vue parisien, malgré toutes les annonces de pluie de météorites, de dixième vague de Covid et de fin du monde sur les chaines d'info-feuilleton, il y avait beaucoup de monde. Avec un niveau proche de celui de la dernière mobilisation record et vu la nette baisse de la mobilisation syndicale cela indique que, de nouveau, il y a un renouvellement des manifestants. 

Cette semaine dans Tous contre la réforme, les jeunes prennent la relève.

Dans ce qui ressemble de plus en plus à un carnaval anti-Macron, un 1er mai sponsorisé par Red Bull ou une Gay Pride, la moyenne d’âge a encore baissé de quelques années par rapport à la dernière édition. C’est même spectaculaire lorsqu’on se rappelle de ceux qui manifestaient au début du mouvement en janvier, 30 ans de plus. C’est cocasse d’entendre scander des adolescents « La retraite à 60 ans on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! » mais ils sont toujours mieux ici à brandir des fausses têtes coupées de Macron au bout d'une pique qu’à se mettre en ligne au garde à vous pour le SNU avant d’aller pointer pour les vingt prochaines années dans des bullshit jobs à ras le SMIC. La colère dépasse la question des retraites, il est ici question de démocratie plus horizontale, de libertés et d’un ras-le-bol après les deux années de sacrifice pour le covidodélire. Le mouvement contre la réforme est une plage de revendications particulièrement bien calée entre deux sessions de vacances à l’orée du printemps. 

Du côté des anciens de la colère (2 mois quand même), pour avoir discuté avec quelques connaissances recroisées, (la manif parisienne est désormais le lieu tendance de socialisation) la lassitude s’invite. Dix putains journées de mobilisation étalées depuis le début de l'année, on commence réellement à fatiguer, sans parler des ponctions financières. C’est d’autant plus rageant qu’il suffisait de grouper ces journées  sur deux semaines avec un blocage massif pour tuer cette réforme (et que nous le savions dès le départ). À la place : beaucoup d’efforts dilués, de slogans assourdissants et de fumigènes dans la gueule avec, tout le long, et malgré les apparences d’unité, la sensation d’un délitement syndical. Alors oui, c’est plus festif mais on ne fera pas tomber la réforme à coups de chorégraphies collectives en cortège. 

De sympathiques déambulations teintées d'amertume. 

Depuis le départ les syndicats semblent presque étonnés de mobilisations records dont ils ne savent au fond pas quoi faire tant ils ne sont plus habitués 
1/ à ce type de score et de soutien populaire sur la durée (Si on m'avait dit un jour que la CGT serait en tendance sur Tik Tok),
2 / à n’avoir aucun interlocuteur institutionnel en face. 
La stupidité et l’arrogance de Macron auront plus redynamisé les troupes que les discours du front syndical. Ce front a le mérite d’exister, il fournit le cadre légal et des arguments, mais avance à vide : d’un point à un autre une fois par semaine (hors vacances scolaires, faut pas déconner), comme embarrassé d’une popularité qu’il ne comprend pas, d’une violence ambiante qu’il condamne et par un vocabulaire insurrectionnel qu’il a éradiqué de son champ d’action depuis des décennies. 

Prochaine étape officielle : une manifestation dans 9 jours. La dernière avant les vacances, c'est déjà vendu comme ça...(soupirs). À ce rythme là, Laurent Fabius et Alain Juppé, les gogo dancers du Conseil Constitutionnel qui planchent actuellement sur la légalité de la réforme, vont dépasser de vitesse les syndicats dans le combat pour la cause. 



25 mars 2023

Lui ou Nous

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On s’interrogeait sur l’essoufflement de la mobilisation contre la réforme des retraites, c’était sans compter sans Macron et son pari du pire. Macron est le meilleur allié des syndicats, il les a relancés presque à lui tout seul et, dans la foulée de son egotrip démocratique, il est en passe de torpiller la Ve république. Le mec traite les Français comme de la crotte sous ses mocassins puis enjambe l'assemblée en lui pétant dessus, et maintenant il fait crier au scandale démocratique par ses sbires pour trois vitres cassées. Car, après ces images en boucle de poubelles brulées en marge des défilés contre la réforme des retraites partout en France, vous aurez bien sûr compris : Il y la bonne violence et la mauvaise violence, la Black Rock et la Black bloc.

Le fameux projet de Macron est simple : faire souffrir. C’est ce qui me saute aux yeux à bientôt six ans de gouvernance alors que resurgissent via les algorithmes mes publications Facebook à son sujet d’il y a quatre ans, au moment de la violente répression contre les Gilets Jaunes (voir en bas). Il n’a pas évolué d’un millimètre depuis. Le type ne sait pas gouverner, ne sait pas dialoguer, ne sait même pas regarder. Sa seule émotion décelable : la peur. C’est le seul levier que nous ayons (nous les 75% de Français contre sa réforme).

Revenons donc sur cette neuvième journée historique de mobilisation jeudi dernier. 

La grande nouvelle du 23 mars, c'est le nombre des manifestants, pas les violences mises en avant à des fins publicitaires. A Paris c’était à mon sens le plus gros rassemblement depuis le départ du mouvement il y a deux mois. La titraille des chaines d'info-feuilleton était calée sur le baroud d'honneur et c'était la plus joyeuse manifestation, la plus déterminée aussi. J’étais bloqué, compacté, une heure sur le boulevard Beaumarchais avant même le démarrage, impossible de mettre les mains dans mes poches pour chercher mon portable. Tout autour de moi, un renouvellement complet des têtes, beaucoup plus de jeunes que précédemment et surtout dans une tranche plutôt absente jusque-là : les 25-35 ans. J’ai revu des familles, des enfants. La foule est entrain de devenir un peuple 

Place de la République vers 17h, on a commencé à avoir des échos de violences vers Opera. En survolant les chaines d’infos, on visionnait un tout autre spectacle que celui que nous expérimentions, et on a bien compris l’angle de la journée : les manifestants sont des méchants. CNews titrait Paris : un millier de casseurs, ce qui était à la fois un mensonge et une omission. On pouvait titrer bien d’autres choses comme : Paris : des centaines de milliers de Français pour dire "Non à la réforme" ou des charges sur la foule qui proteste

Mais ne nous plaignons pas trop : depuis quelques jours, la barrière du silence médiatique des violences policières auxquelles les manifestants sont parfois confrontés depuis sept bonnes années, contre toute logique et toute légalité, (ça a commencé sous l’ère Valls) est enfin dépassée. Faut dire, les BRAV-M commencent à tabasser aussi les journalistes, ça le fait moyen niveau RP. 

Les violences ne sont que la conséquence logique de la politique Macronienne basée sur l'exercice autiste du pouvoir et la maltraitance généralisée. Ce spectacle de la violence entre travailleurs dont Macron raffole à distance vise à dissuader le peuple d’être foule et que les chaines d'fnfo-feuilleton puissent enfin titrer tranquillement : Retraite à 64 ans : Les Français résignés. Il ne faut donc pas se laisser démonter, au propre et au figuré, et continuer. Je me permets de le repréciser : à ce rythme et volume de contestations, les policiers ne tiendront pas deux semaines. 

Alors la suite ? 

Simple, c’est le retrait de réforme. Les Français gagnent, Macron perd et c'est tout. Toute autre décision de sa part est suicidaire. La tâche demande du nombre et de la persistance, nous avons affaire à un pervers radicalisé qui ne fonctionne qu’au narcissisme et aux diktats des marchés. Pour garder la motivation, ne jamais oublier que si les marchés lui commandaient de bombarder les Français, il le ferait sans hésiter. A persister contre les Français, Macron s'isole inévitablement, même dans son camp. Il se bunkerise. S'il lui reste une once de bon sens, il lâche l'affaire. C'est dans son intérêt.

C'est quand même pas ce type qui n'a jamais bossé de sa vie, et dont on va payer les 40 confortables années de retraite après l'Elysée, qui va nous imposer de travailler jusqu'à la mort. 

On se retrouve de la rue. Sans lui. Il a trop peur de la traverser.

P.S : soutenez les caisses de grève !

(photo : Clément Foucard)





23 mars 2023

Le bordélisateur

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Sentez-vous le léger décalage ? Les petites phrases du Président et de sa première Ministre sont savamment distillées. « La foule n'a pas de légitimité » et autres « on peut employer le mot victoire » . Mercredi midi dans son inutile prestation télévisé, Macron n'a pas fait de mystère: Ceux qui ne sont pas pour sa réforme sont des factieux, la démocratie c’est une fois tous les cinq ans et vous avez voté pour moi (il n'a été étonnement pas ajouté « bande de cons »). 

On sent l’homme qui a pris de la hauteur et de la sagesse et déjà les mots ne sont plus les mêmes sur les bandeaux des chaînes d'info-feuilleton. Les attitudes sont moins détendues au sujet des manifestations contre la réforme des retraites made-in-Macron. On ne parle plus de « manifestations » mais de « manifestations sur fond de tension » avant même qu'elle aient lieu, ou encore de « manifestations sauvages » avec des « éléments perturbateurs ». On ne parle pas d’ailleurs pas de manifestants mais, par petites touches, d’« anti réformes » comme avant on parlait d’« antivax ». L'étiquette « conspirateurs antisémites » est proche. La révolution sera peut-être télévisée, mais doit être préalablement domestiquée. (Rappel : participer à manifestation non déclarée n'a pas être réprimé).

Certes, on ne peut pas y aller de front. Après tout deux tiers des Français restent opposés à cette réforme qui est surtout antisociale. Mais tout de même : par réflexes suce-boules certains chroniqueurs de palais essayent de passer l’idée qu’il serait bon pour tout le monde de se résigner. 

Détruire les retraites, ce rêve laïque qui a presque remplacé la notion de paradis, a été l'attaque de trop, et le 49-3 a été le crachat constitutionnel sur le gâteau des injustices. Le 49-3 est légal aiment à rappeler la secte des illuminés macronistes. La peine de mort aussi l'était, il n’y a pas si longtemps.

Le roi est en slip, à deux doigts de se faire lâcher aussi par le patronat excédé, se concentre donc sur le travail de sape. Sa seule préoccupation est de laisser pourrir, afin de désolidariser la contestation silencieuse de l’expression visible de cette contestation. Pour cela rien de tel que de lâcher la bride à une police sous tension. Les images de violences policières font partie du dispositif. Elles ne sont désormais plus seulement diffusées sur internet, mais bel et bien en direct au grand jour, ou au grand soir, sur les chaines d’info-feuilleton. On franchit un cap dans la dénonciation et l'exposition d'une horreur pseudosécuritaire qui court depuis près dix ans dans les manifestations, mais chacun y verra ce qu’il veut y voir : Les uns, l’illégitimité et la brutalité d’une police politique. Les autres, l’expression rassurante d’un retour à l’ordre nécéssaire. Je n’aime pas la casse, je n’aime pas les casseurs. Je hais donc ce président. Il est le seul bordélisateur à l’oeuvre dans cette entreprise de destruction de nos vies. 

Les violences policières, et les images produites, ont une portée publicitaire : dissuader l’expression sur le terrain de toute contestation de la réforme. Il ne faut pas se laisser impressionner, ne pas se laisser déposséder. Ces images sont exactement celles que Macron veut générer. Il faut les retourner contre lui. Il est la violence. Un pouvoir en échec ne peut compter que sur la violence. Il faut continuer à se dresser, à déambuler, à « être de l’eau », à se mettre en grève, à bloquer et, si tout cela n’est pas possible, à saboter son travail (Le sabotage n’est plus une option : nous n’avons plus le choix, on vient de nous voler 10% de salaire en un an, et Macron nous vole deux ans de vie (ou plutôt quatre), il faut donc opérer une ponction à la source). Quant aux manifestations sur le terrain, la Police ne peut pas être partout, elle ne peut rien face à des milliers de gens déterminés et bras dessus bras dessous. D’ailleurs, même dans les rangs de la Police ça commence à se fissurer. Ils ne tiendront pas un tel rythme bien longtemps. 

A tout à l'heure dans la rue, contre cette réforme et pour son retrait.


21 mars 2023

Derniers jours tranquilles pour le déni

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Ça y est. Contre bientôt l’intégralité du pays, le valet de pisse des marchés a réussi à imposer sa réforme des retraites à l’assemblée avec l’aide d’une poignée de députés paillassons. Dans la foulée du 49.3, coup d'état autorisé de jeudi dernier, la motion de censure transpartisane est rejetée… à 9 voix près. Cette victoire sur le fil aura surtout un goût d’échec pour - celui qu’il y a moins d’un an avançait avec vous dans son slogan de campagne. 

Macron est devenu l’ennemi populaire n°1

Après deux mois de mouvements sociaux et un long week-end de rassemblements spontanés de contestation à travers la France, même les députés Renaissance commencent à sentir le cramé. Même l'ancien patron des députes macronistes, appelle Macron à retirer sa réforme. Les deux tiers des députes Renaissance n’étaient d’ailleurs physiquement pas présents dans l’hémicycle au moment du vote de la motion. Ils commencent à intégrer que tout le monde déteste leur patron. 

La France est excédée. Macron a fait sortir la haine du tube. Des effigies du président, de ses ministres et de ses députés ont été brulées ces derniers jours sur les places de France. Pour l’occasion les chaines d’info-feuilleton ont ressorti de leur cryogénisation Franz Olivier Giesbert et Alain Duhamel (qui commentait déjà les émeutes de mai 1968) pour s’offusquer de ce début d’insurrection. Pourtant, eux aussi sont consternés par autant d'amateurisme : Macron a délibérément versé un jerrycan d’alcool à bruler sur le feu social qui montait depuis des mois. Quelques sbires macronistes continuent à ânonner que le recours au 49.3 était justifié par le manque de compréhension des masses. Ces maîtres du déni, profondément embarrassés par la démocratie, pensent toujours ne pas avoir assez fait de « pédagogie » auprès d'un peuple quand même très con. L’affirmation du clivage entre deux France a rarement été aussi net. Mais, celle de Macron, bien que disposant de l’argent et des réseaux, parait de plus isolée et apeurée. 

Macron et le mur de la réalité

Sur le fond de la réforme, Macron vole deux ans de vie aux travailleurs. Sur la forme, il piétine avec dédain et brutalité l'opinion. A croire qu'il n'a pas compris l'époque, le rapport au travail, le désir d'horizontalité dans les décisions. On ne refera pas le procès de cette réforme qui, après trois ans de pandémie et un an et demi d’inflation à deux chiffres, prend bien soin de ponctionner spécifiquement à ceux qui n’ont rien et de ne pas toucher à ceux qui se sont engraissés comme jamais durant ce laps de temps. Mais on se félicitera aussi : grâce à l’amateurisme d'un gouvernement de bras cassés, à la mobilisation intersyndicale, aux débats dans la vie civile (ces débats que le chef de l’état a tout fait pour limiter à l’assemblée) bref, grâce à nos efforts conjugués quels que soient nos âges et nos tendances politiques : chaque Français est désormais bien au courant que Macron lui crache à la gueule. Même pour le macronard modéré, il n’y a plus de mystère : le macronisme est avant tout une secte, qui évolue dans une réalité parallèle, dont l’essence est le mépris du peuple et qui usera de tous les outils démocratiques pour l’abuser. 

Le pays devient mature et réalise la fumisterie du stagiaire du monde de la finance qu’elle a élu par deux fois à la tête de l’Etat. J’aurais préféré que cette prise de conscience ait lieu plus tôt, au moment du Pass Sanitaire par exemple ou, mieux encore, en 2016. Mais bon, mieux vaut tard que jamais. On ne peut pas passer quatre ans de plus avec cet escroc comme seul décisionnaire. Le mec n’a aucun connaissance du terrain, des gens, du travail, pas même de la famille, il n’a jamais été élu hors présidence. J’attends donc à la faveur de la colère qu’il a généré pour cette réforme, et pour tant d’autres violences avant elle, qu’on lui fasse collectivement une vie d’enfer. Il faut un contrepouvoir à opposer à ce type. Si ce n'est pas possible à l'assemblée, c'est au peuple de s'en charger.

Et maintenant ? 

« - Oui mais attends la réforme doit être validée par le Conseil Constitutionnel ». 

Je n’attends pas grand-chose d’une institution de neuf fossiles de la République dont Alain Juppé et Laurent Fabius.

« - Oui mais attends, on va faire un référendum d’initiative partagée et tout le monde votera contre » 

Certes, ça bloquera neuf mois l’application de la loi mais le RIP a été parfaitement conçu pour ne jamais avoir à être utilisé. Quand bien même il le serait et s’il y avait effectivement un vote, on sait ce qui est advenu du précédent référendum en 2005. Il a été bafoué deux ans plus tard par le président de l’époque. C’est bien d’espérer avec la constitution telle qu'elle est, mais je n’ai aucune confiance en elle tant que ce genres de type est en poste (rappel : le 49.3 est constitutionnel). Ce type ne comprend qu’une chose, et n’a jamais compris rien d’autre : LA PEUR. 

Dans ce combat, on a de la chance : sous nos yeux, il est prouvé que c’est un lâche. 


16 mars 2023

49.3 nuances de démocratie piétinée

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Il a perdu le combat des idées. Il a perdu le combat de la rue. Il perd le combat démocratique, en voulant imposer sa réforme torchon des retraites -  amendée par le Sénat de droite - rejetée par 70% des Français et 94% des travailleurs avec le recours au, megasurprise, 49.3. 

Même là, il a été minable. 

On nous l’avait vendu comme un Mozart de la finance et plus encore un audacieux. On savait qu’il était médiocre dans le premier domaine, on sait désormais qu’il n’a même pas l’audace du joueur. 

Même si mon petit doigt me dit que la déchéance macronienne n’en est qu’à son début, c’est l’heure de dresser quelques bilans sur ces deux derniers mois de mobilisation plébiscitée par l'opinion avec des cortèges records qui n’ont donc servi à (presque) rien : 

1/ Je vous avais prévenus. Voter pour un fils de pute, malgré toutes les alibis moraux et les pinces à linge sur le nez du monde, ça reste voter pour un fils de pute. C’était dans l’isoloir qu’il fallait réfléchir pas dans la rue. Au « Je vote Macron, et je vais combattre ses idées », Macron fait répondre par sa première Ministre « je me torche avec vos idées et de toutes les façons il n’y aura pas de vote ». On notera au passage qu’il n’a fait que se cacher derrière Borne, ou à l'étranger, depuis le départ des mobilisations. 

2/ Pour les mêmes raisons, une motion de censure aura dû mal à passer : « Oh beurk on veut pas voter avec le RN ». J’espère me tromper mais La France Insoumise a toujours le chic pour défoncer les barrières de la navrance. Si on m’avait dit un jour que Charles de Courson avec sa motion centriste représenterait mon seul espoir, l’aurais-je cru ? 

3/ 3 mois de syndicalisme d'accompagnement à défiler d'un point A à un point B en chantant "à cause des garçons" à grand renfort de chorégraphies c'est peut-être bon pour le moral mais ça pèse peu face au mépris et à la violence de ce pouvoir. 

4/ On a compris que les manifestations à 10000 ou 2 millions, de personnes, c’est du pareil au même pour Macron et sa clique. Ces quelques individus hors-sol sont en guerre contre le peuple. Il faut donc être plus fermes et surtout efficaces de notre côté. Ils appelleront ça « se radicaliser », ce sera de la légitime défense face à une attaque antisociale de grande ampleur. 

5/ Bloquer les lieux de pouvoir et faire trembler physiquement la bourgeoisie et les ordures de palais, il n'y a que ça au final qui paye. 

6/ Macron n’est rien sans la soumission des premiers concernés par sa réforme : les salariés. On aura finalement plus parlé des éboueurs et de leur courageux mouvement que des 90% des autres salariés, pourtant mieux traités, qui n'ont rien dit, rien changé dans leur quotidien. Je sais c’est dur mais à un moment il va falloir se sortir les doigts du cul. 

7/ Les LR sont finis, mais ça avec ou sans 49.3 c’était acquis.

8/ L'autre bonne nouvelle, malgré tout ce que j'ai précisé, c'est que Macron vient de démontrer sa faiblesse. Il est seul, apeuré, aux abois. C'est donc le moment d'accélérer.

9/ La chasse est ouverte. 


14 mars 2023

Force aux éboueurs !

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En attendant les nouveaux développements législatifs sur la réforme des retraites. l'accumulation des ordures dans Paris, et dans d'autres villes, suite au mouvement de grève reconductible des éboueurs, met hors d'elle la droite qui se retrouve un alibi d'opposition (alors qu'elle s'apprête à faire passer la réforme des retraites de Macron, sans les voix LR la réforme ne passe pas à l'assemblée nationale). 

Fascinante droite qui trépigne en colère d'un plateau télé à l'autre sur l'accumulation des ordures dans Paris suite à la grève des éboueurs. On s'étonne qu'il ne vienne pas à l'esprit des collabos macronards, légendaires apôtres de la valeur travail, des gens qui ont fait du courage et de la responsabilité individuelle et collective une ligne d'action (allant jusqu'à plébisciter une réforme dont personne ne veut et condamnant les Français à deux ans de turbin supplémentaire), de s'activer aux-mêmes à la collecte des déchets ? 

Quant aux restaurateurs parisiens qui, après s'être gavés d'argent publique pendant la crise Covid, pleurnichent encore et encore d'une antenne à l'autre sur les montagnes de poubelles, on leur rappellera qu'ils squattent à l'année des trottoirs à des tarifs ultra concurrentiels entravant au quotidien la circulation des piétons et qu'ils sont parmi les premiers producteurs de déchets de la ville.  

Face à cette spontanée déferlante télévisée de nez pincés, on réitérera notre total soutien aux éboueurs. Nous ajouterons que les éboueurs sauvent l'honneur par rapport à d'autres corporations qui ont lâché l'affaire après s'être branlé la nouille insurrectionnelle sur une France à l'arrêt. "On lâche rien" ? Surtout pas le salaire visiblement. 

Que les éboueurs nous laissent nous auto submerger avec notre propre merde. C'est un peu notre lâcheté qui s'accumule en pyramides de sacs puants sous notre nez. Par là même les éboueurs nous offrent l'opportunité de mener le combat contre la réforme des retraites en faisant la seule chose que l'on sait faire et que l'on semble désirer : consommer. 

"- Mon dieu il y aura des rats dans la ville !" La belle affaire. Il y en a déjà et, quitte à choisir, je préfère les rats à Macron et sa clique. Rappelons-ici qu'il est le seul responsable de cette réforme et de l'empuantissement de notre avenir. 

Le seul ? 

Pas tout à fait, notre résignation est son indispensable allié.

À demain devant l'assemblée. 

(illustration : Illuminati Reptilien, sur Twitter)

12 mars 2023

Les poubelles de la colère

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Le dialogue social à la française prend de nouveaux arômes. Plus à une déconnade près pour justifier son silence face aux mobilisations historiques qui émaillent la France depuis deux mois contre sa réforme des retraites (je le rappelle ici rejetée par 9 actifs sur 10), notre Président (aka Mister 49.3) déclare vouloir respecter le travail démocratique en cours au Sénat et à l'Assemblée nationale. Il parait que notre homme, fier de son triomphe programmé, se place déjà dans "l'après". 

Pourtant ça coince lentement de partout. De blocages d'autoroutes en coupures d'électricité, le grippage de l'activité s'installe tranquillement. À Paris, les évènements prennent une tournure olfactive. La situation a vite dégénéré. Suite à la grève reconductible des éboueurs, en 5 jours la capitale est littéralement submergée de déchets. Bientôt 10000 tonnes. Comme chaque parisien, j'ai désormais devant chez moi une montagne de sacs poubelles de 2 mètres de haut sur 5 mètres de large en schlingorama. Au hasard des concentrations d'habitations face à l'exiguïté des trottoirs (sans compter l'omniprésence de chantiers dans toute la ville) les remparts de déchets peuvent prendre des proportions bien plus dantesques. Certains immeubles sont déjà difficilement accessibles ou à travers des labyrinthes de sacs renforcés de structures montées par quelques concierges bricoleurs.

Cette exposition parisienne à l'air libre de l'art de la poubelle, où les contenus sont offerts à la vue de tous, est l'occasion de déplorer la surconsommation de mes contemporains. 80% de ce que j'y vois ne devrait pas y être (ne pas avoir été jeté, ne pas avoir été acheté ou mieux encore : ne pas avoir été produit). Voyons toutefois cette surconsommation comme un opportun combustible insurrectionnel. La force de Paris est aussi sa faiblesse : tout y est concentré. Le raz-de-marée des détritus n'épargne personne et surtout pas les quartiers riches. 

Fidèles à eux-mêmes les parisiens jouent encore la partition de l'insensibilité au monde extérieur, traçant leur cap, fiers et avec une haute idée d'eux-mêmes au milieu du caca général. Mais on le sent bien (si si on le sent) : encore quelques jours à ce rythme et la ville des lumières sera la planète poubelle du dessin animé Wall-E. Encore quelques empilements de Tetris de sacs et les commerces de bouche devront tout simplement fermer, l'activité touristique sera réduite à zéro et, laissant la place à de nouveaux propriétaires, les rats, le parisien devra songer à l'exil vers de nouveaux edens incertains au-delà du périphérique : Melun ou Ris-Orangis. Il ne faut pas blâmer les éboueurs grévistes, ils ont prévenu et longtemps à l'avance en plus. Il n'y a qu'un responsable dans l'histoire : Macron. C'est lui qui gravite en électron libre dans l'hyper espace de ses fantasmes. Le seul travail qui compte à ses yeux c'est celui de son image dans les livres d'Histoire, le réel c'est votre problème, chacun sa merde. 

Au-delà de l'odeur, cette grève des poubelles est un moment de toute beauté, la matérialisation la plus concrète de la contestation contre une réforme de merde. À l'heure de l'inflation décomplexée et de la démocratie méprisée au plus haut sommet de l'état, ces montagnes de déchets (symboles de notre sur consommation) sont nos barricades au coeur de la Capitale. Peu à peu, elles se dressent, barrent la ville, congestionnent l'espace, pourrissent l'ambiance, étouffent les lieux de pouvoir. Avant le grand brasier qui sait ? Alors je me pince le nez et soutiens bien évidemment les éboueurs. À la différence d'un politique, quand un métier essentiel est en grève on le déplore tout de suite. Tout cela nous rappelle qu'on aura toujours bien plus besoin d'éboueurs que de députés LREM et que, mais c'est presque une règle d'or du capitalisme : plus un travail est utile à la collectivité, moins il est payé. 



9 mars 2023

Que la Bloque Party commence !

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« Alors vous voyez : La France n’est pas à l’arrêt ! » caquètent les macronards déconnectés après la journée de mobilisation du 7 mars. Vraiment ? Tandis que notre monarque dessaoule de ses bacchanales congolaises et que le Sénat se félicite de chier sur neuf actifs sur dix opposés à la réforme des retraites,  ce 9 mars, toutes les raffineries du pays sont bloquées et ça va vite se ressentir aux pompes, les transports publics sont très largement impactés, les ronds points se repeuplent, les barrages sauvages filtrent à travers les départements et les sacs poubelles s’accumulent en pyramide puantes sur les trottoirs des grandes villes tandis que les coupures ciblées d'électricité s'invitent dans la fête. 

Sur le terrain de la contestation de la réforme Macron, on ne se résout plus à défiler une fois par semaine, le mot d’ordre s’installe : il faut bloquer quoi qu’il en coûte, hors de question de se laisser imposer deux années de travail en plus. Et on peut y aller gaiement. Deux Français sur trois sont pour le blocage et, si chaos il doit y avoir, ils en tiendront rigueur au Président. La violence du VRP des marchés entrainera la violence sur le terrain. Cette violence sera légitime et surtout, indispensable. On ne change pas les choses en échangeant des anecdotes de vacances autour d’une tasse de camomille au coin du feu. Pensez au dégout que vous ressentez pour Macron et ses sbires et dites vous bien que vous n’êtes pas au centième du mépris que les France d'en bas leur inspire. Je me rappellerai toujours la phrase d’un conseiller proche d’un (ancien) pouvoir m’avait dit un jour : « c’est dingue ce que les Français sont gentils ». Avec ces gens-là, on ne peut espérer modifier la trajectoire des événements qu’en leur faisant physiquement ressentir la terreur. Avantage : comme leur courage  est inversement proportionnel à leur morgue, ils cèdent rapidement. On peut d'ailleurs observer cette fébrilité aux hurlements de poussins égorgés qu’ils poussent (grandes fortunes ou politiques) dès qu’on s’aventure à leur couper dix minutes l’électricité ou à leur froisser une chemise. On s’étonnera même que les syndicats cherchent encore à être reçus par Macron, un type qui n’a eu de cesse de les humilier depuis six ans. Après avoir grisé les troupes pendant trois mois, l’intersyndicale veut être reçue en urgence par Macron. Vraiment ? Mais pour quoi faire ? Parler déco ?

« Franchement, tant qu’on défilera d’un point A à un point B, il ne se passera rien ! Tant qu’on ne foutra pas le feu à l’Elysée, il ne se passera rien ! » ai-je entendu dans le défilé parisien, pourtant très policé du 7 mars dernier. Je ne peux qu’acquiescer. On peut au moins reconnaître à Macron d'avoir généré des avancées sociétales : en quelques mois il aura réussi comme personne à défoncer le rapport qu'ont les Français avec le travail. Il aura également rendu visible, plus qu'aucun de ses prédécesseurs avant lui pas même Sarkozy (un gauchiste proche du peuple en comparaison), le mépris de classe et l'impunité morale d'une clique qui prend bien moins de précaution que le reste des Français dès lors qu'il s'agit de défendre ses intérêts. 

On peut espérer que ça change... ou agir pour que ça change.







8 mars 2023

"Trimestre anti-inflation" : Promo flash sur le foutage de gueule

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Ça y est enfin ! Au bout de 18 mois d'inflation avec du +120% sur la paella congelée et le couscous en boîte, l'Etat prend les choses en main et agit fermement. Bruno Lemaire s'est enfermé avec la cellule 'com de crise de Bercy et a pondu ce que les Français espéraient du plus profond de leur détresse économique : 

Un numéro vert ? 

Non, mieux.

Un logo.

Il s'appelle "le trimestre anti-inflation". De sa pureté graphique tricolore, il symbolise l'union de la grande distribution pour baisser (ou plutôt de cesser de faire augmenter) les tarifs sur un ensemble de produits... non définis puisque que c'est au bon vouloir des enseignes concernées. Bizarrement ceux qui affirmaient encore la semaine dernière ne pas pouvoir rogner plus sur leur marge trouvent soudain des possibilités de les réduire. On part donc sur une bonne base de confiance là. 

Quel est le principe du trimestre anti-inflation ? 

C'est de l'aumône éphémère sur une grille tarifaire floue ("les prix les plus bas possibles" (SIC), ça s'appelle un slogan publicitaire pas un tarif réglementé) concernant des produits aléatoires (dont rien n'assure que ce ne soit pas de la merde ou, plutôt, tout le laisse supposer). Mais surtout : l'important est sauvegardé : on n'augmente pas les salaires. Purée, on a eu chaud. On a failli avoir plus de pouvoir d'achat.

Passons les gesticulations argumentaire de l'inénarrable Bruno Lemaire qui croit réellement avoir livré une bataille héroïque sur le front de la méchante inflation (son personnel de maison affirme l'avoir vu faire des courses en 1982), voyons ici ce qu'il faut d'abord voir : un joli coup de pub gratuit de la grande distribution, opération complaisamment relayée sur les chaines d'infos (par ailleurs, par hasard, également les premières à leur louer de copieux espaces publicitaires entre deux pages de "news"). 

Avouons que la grande distribution est déstabilisée par le bouleversement qui gronde hors de ses murs. Après avoir empoché des milliards d'aides d'Etat à redistribuer aux actionnaires, la grande distribution s'inquiète des répercussions de l'inflation sur son chiffre d'affaires. Pire angoisse face aux spectaculaires hausses des prix : et si jamais les clients hameçonnés à la carte de fidélité commençaient à s'aventurer sur d'autres territoires de consommation ? Il parait qu'il y en aurait même qui arrêteraient déjà d'acheter des sodas sucrés et des Pastabox pour recommencer à cuisiner et faire des économies en mangeant sain. Non mais on va où là ? C'est notre mode de vie qui est attaqué. 

Il fallait effectivement agir et remettre le consommateur dans le droit chemin : celui de l'achat de merdes à bouffer. 

Merci Bruno. Tu n'as rien fait, mais c'est déjà beaucoup.



4 mars 2023

Pourquoi l'inflation des prix de l'alimentation est une bonne nouvelle

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Il est peu de certitudes en ces temps troubles, au moins peut on se raccrocher au phare de la pensée économique occidentale, notre ministre référent dans le domaine : Bruno Lemaire. Il est à l’expertise économique, ce que Pierre Palmade est à la sécurité routière. 

Il y a un an, Nono nous pronostiquait le pliage en deux de l’économie russe dans les plus brefs délais. L’été suivant, constatant que la France était la cocotte en papier du dit pliage, notre karateka de l'éco concluait alors que nous étions au pic de l’inflation et qu'à partir de là tout n'irait que mieux. Pour noël, la grand cartésien concédait du bout des lèvres à un peuple aux abois que la France subissait quand même une rikiki inflation de 6% (quand chacun constatait qu’elle était au minimum du double). "La moins forte d'Europe" se vantait-il, sa tasse de thé à la main, les deux pieds dans la merde.

Cet hiver, alors que l’info-feuilleton annonce en boucle une hausse massive des prix de l’alimentaire au mois de mars se surajoutant aux précédentes hausses, le terrifiant "Mars Rouge", Nono tambourine de ses petits points fermés : Non non c’est faux, l’inflation ce sera fini pour l’été ! À la superette de mon quartier, on y croit dur comme fer. La preuve ? On a viré une caissière et embauché un second vigile à la place. Ça sent les grosses prévisions de croissance à la Lemaire. 

Mars Rouge hein ? L’inflation ayant débuté bien avant le pataquès ukrainien, nul doute que cette bande-annonce de la hausse sera suivie …d’une hausse. Faut dire que tout va mieux que jamais au paradis des actionnaires. Tandis que les grands groupes de l’énergie et des transports de marchandises alignent des bénéfices records (Total à 20,5 Milliards (en hausse de 28% sur l'année), CMA CGM monte à 25 Milliards, tout simplement le record historique, cocorico) et que l'on pourrait imaginer des ponctions fiscales plus conséquentes dans un soucis de redistribution, les prix de l’alimentation continuent eux aussi gaiement de monter dans les mêmes proportions sans, là non plus, aucune intervention de l'Etat. Allez Bim, 40% sur les nouilles ! Paf, la Pizza sous vide au double du prix ! 

- Quoi ? Comment ça les coûts de l’énergie repartent à la baisse ? Tss, tss c’est l’inflation on te dit et tant que t’achètes : nous on gagne encore plus !

Pendant ce temps, entre deux selfies au Gabon, et alors qu’on attend depuis un an son fameux "panier anti inflation" (étonnement il va plus vite pour généraliser les vaccinations diverses et variées), Macron met en cause les distributeurs. Les distributeurs, eux, accusent les producteurs, ces derniers déclarent à leur tour qu’ils ne peuvent pas ronger plus sur leurs marges. 

Pour ceux qui avaient des doutes, on est dans la ligne droite : le rinçage et l’essorage des classes moyennes (apeurée et fatiguée, on l'assomme dans le même temps avec la promesse de deux ans de turbin supplémentaire. On apprend d’ailleurs que Macron compte sur la faiblesse des salaires pour endiguer la grève reconductible contre la réforme des retraites). 

À défaut de pâté, chaque passage en supermarché est maintenant l’occasion d’une bonne tranche de rire : les prix augmentent plus vite que le réassort des étiquettes. Il n’est plus rare de se faire facturer quelques centimes supplémentaires en caisse sur des produits déjà augmentés les jours d’avant. Pas assez de personnel pour mettre à jour les hausses dans les rayons. Ça en devient comique. Jadis synonyme de bonnes affaires, la grande distribution devient la foire à l’arnaque. C’est la même merde qu’avant mais en plus cher. Non d’ailleurs ce n’est même pas totalement la même merde, elle est encore pire. On nous annonce gentiment via de discrètes étiquettes quasi illisibles que, à cause du méchant Poutine qui a envahi l'Ukraine, il n’est pas impossible que les composants ne soient plus les mêmes dans les produits préparés. Huile de vidange pour l’assaisonnement, insectes en poudre pour la ration de protéines et gélatine de porc dans la hallal, allez hop on va pas s’emmerder, c’est l'inflation hein.

L’annonce du "Mars rouge" par certains distributeurs prétendant combattre « la vie chère » est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. J’étais déjà en rage contre ces grands groupes et leurs franchisés, désormais je m’emploi à ne plus y foutre les pieds. Ce qui se passe actuellement n’est pas qu’économique : c’est une ségrégation alimentaire qui aura des conséquences catastrophiques sur la santé publique. 

Mais, cette hausse vertigineuse des prix alimentaires est paradoxalement une bonne nouvelle si on sait la saisir. La hausse concerne en priorité les produits transformés, les marques, les produits sous emballages. Soit les pires du marché en terme de santé.  Les mousquetaires du prix pas cher sont également les premiers à vous empoisonner. En bannissant les plats préparés, les marques, les surgelés, en se centrant au contraire sur les matières premières non transformées, le vrac et les produits bruts, de saison, dans les petits commerces et les épiceries locavores (qui sont compétitifs car nécessitant moins d'intermédiaires), on peut encore maintenir les effets de la hausse et manger plus sainement. S’ils veulent économiser et vivre un peu plus vieux, les Français vont devoir se remettre à cuisiner et délaisser en gros tous les produits sous emballage plastique. Et ça devrait se généraliser, budget oblige. Les grandes révolutions passent toujours par l'alimentation.

L’autre bonne nouvelle, c’est qu‘à persévérer dans ces hausses, pour la plupart justifiées au seul prétexte d'un « ah bah c’est l’inflation ma brave dame on l’a dit à la télé », les industriels et les grandes enseignes vont à moyen terme s’en mordre les doigts. Un client qui a jeté sa carte de fidélité pour revenir aux produits basiques et à appris à manger mieux pour moins cher : c’est un client perdu à jamais.

Heureusement, il leur restera Bruno Lemaire.


1 mars 2023

La valeur arrêt de travail

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N'allez pas croire que j'ai de la colère contre lui (j’ai en réalité plus de colère envers ceux qui ont voté pour lui). Non, j’ai presque pitié du pantin des banquiers qui gesticule du marché de Rungis au Salon de l’Agriculture pour faire la promo de sa camelote démodée et qui, plus à une contradiction près, peut dans la même minute appeler au dialogue puis faire vider un opposant par le service d’ordre. Il est là, à se tripoter les narines et à tourner en boucle sur sa « valeur travail » comme un vieux Windows du siècle dernier en manque de mise à jour. Tout le monde a compris l'escroquerie. Sa "valeur travail" c'est d’abord de la valeur du travail des autres. Pas son travail ni celui de sa caste. Répétons-le, au casino du capitalisme débridé, le travail est actuellement ce qui rapporte le moins et de très loin. Mais c’est comme la dette, il faut du travail pour tous, tout le temps, et surtout le faire croire, pour continuer à faire tourner en mode automatique la roue de la soumission. Faites le test chez vous, seule une personne sur dix qui utilise l’expression « la valeur travail » exerce effectivement une activité professionnelle. Cette expression est un vrai détecteur de connard.

Mais, malgré mon dégout du bonhomme, je ne l’enterre pas. Il est déterminé à poursuivre, à contretemps de l'époque et de son peuple, ce combat stupide pour une réforme au choix inutile ou contreproductive. Il veut gagner parce que c’est son jouet, na ! 

D’abord, il y a la fragilité de l’opposition et ce malgré un rejet massif de la réforme par l’opinion. A force d’avoir retardé l’échéance et fait monter la sauce d’une « France à l’arrêt » après les vacances d’hiver, le blocage se doit être copieux et, s'il le faut, de durer. Si le 9 mars il y a des failles dans l’union ou que certains corps de métier, pourtant souvent prompts à appeler à la grève générale, ne suivent pas les appels syndicaux et que l’on constate que le pays tourne encore pas trop mal, ce sera l’indice qu’on peut ranger les pancartes. Si d’aventure le blocage prend, il faudra alors avoir les reins solides pour tenir face à la déferlante médiatique et édictocratique qui s’abattra sur ces ennemis de l’intérieur : les travailleurs qui ne travaillent plus. Pour le moment les chaines d'info feuilleton sont globalement bienveillantes et la presse conciliante avec le mouvement syndical. S’il se durcit, ce ne sera plus le cas. On a vu le travail de sape au moment des gilets jaunes. Deux mois de bisous entre manifestants et envoyés spéciaux sur les ronds points et, une fois les gilets jaunes physiquement proches de l’Elysée, l’ensemble de la presse s’est retourné : les héros d’hier sont devenus en 48h de violents antisémites complotistes et radicalisés. 

Mais surtout, on notera que remontent dans les news depuis quelques jours par le gouvernement des sujets qui touchent les enfants et sont prompts à diviser l’opposition (à gauche et à droite) : les rumeurs de généralisation du service national universel sur temps scolaire ou encore l'annonce (à Jarnac, ça ne s'invente pas) d'une campagne de vaccination des adolescents contre le papillomavirus, dernière lubie du VRP des labos qui nous sert de président. Certains à gauche, pas à une contradiction près, tout en brandissant des drapeaux ukrainiens, s'insurgeront contre toute esquisse d’un service militaire même à minima (à croire que la guerre se fait à coup de concepts et de slogans), tandis que chez les sympathisants de droite tentés par l'insurrection syndicale on se rangera au pas cadencé derrière la proposition du chef des armées. La jeunesse devrait, elle, s'énerver un peu sur ce projet où elle est, encore une fois, le dindon sacrifié. Quant à la vaccination heureuse au collège, là il y a de quoi régénérer le bon climat d’hostilité, à peine tiédi, qui a éparpillé gauche et droite à l’époque du Pass Vaccinal. Soyons diplomate sur ce sujet, auquel nous coupons court sans plus argumenter (ce n’est pas l’objet ici) : armée au rabais ou piquouse sponsorisée, ce taré sans enfant ne touchera pas aux miens. Que celui qui nous a été vendu comme un "génie de l'économie" s'occupe plutôt de tordre la courbe de l'inflation que tout le monde prend dans la gueule, sauf lui visiblement. 

On sent donc les gros doigts de la manipulation et des tentatives de division à l’action. Après tout, cela a tellement bien marché précédemment qu'on peut s'inquiéter. Notre sauveur a néanmoins a néanmoins déjà fait une grosse erreur qui laissera des traces quelle que soit la suite des événements. En insistant à passer une réforme complètement pétée visant à nous voler à chacun des dizaines de milliers d'euros et deux ans de vie, réforme à laquelle il ne capte rien lui même, il a prouvé ces dernières semaines qu'il n'y connaissait rien non plus dans le domaine du travail. Pénible, mal payé, aux horaires défoncés... Pas son problème. Il a aura contribué plus que tous les autres présidents avant lui à casser le rapport des Français avec le travail. Au lendemain de la condamnation à deux ans supplémentaires de travaux forcés, ne pas espérer que les Français aillent au turbin en sifflotant Merci Patron

On sait donc ce qu'il reste à faire. Quinze jours de blocage dur et cette réforme ne sera plus qu'un souvenir. Quinze jours de salaire perdu pour gagner deux années de vie. Ça, au final, c'est très bien payé. 


27 février 2023

Retour sur les films : La Nuit du 12 (Dominik Moll, 2022) vs. BDE (Michael Youn, 2023)

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À ma gauche, La nuit du 12 de Dominik Moll (2022),thriller d'auteur issu du cinéma classique et vient d'être encensé par les César. À ma droite, BDE de Michael Youn (2023), une comédie potache en mode artillerie lourde direct-to-video produite et diffusée par Amazon, réalisée par une ancienne star de la TV et qui n'a rigoureusement aucune chance d'être nommée à la dite cérémonie. 

Ces deux-là ne boxent pas dans la même catégorie et n'ont sur le papier rien en commun si ce n'est que je les ai visionnés le même soir dans la foulée l'un de l’autre, vendredi soir, juste après la cérémonie des César 2023. Et j'en tire comme conclusion, à travers ce combo critique de l'extrême, que le plus caricatural des deux films n'est pas forcément celui qu'on croit. Mais c'est ça la beauté du cinéma. 

La nuit du 12 est un bon thriller, présenté d'entrée comme l'inverse d'un Faites Entrer l'accusé (c'est à dire qu'il n'y aura pas de coupable à la fin... enfin que tu crois). De très belle facture, c'est  admirablement mis en scène. Dominik Moll est un des rares cinéastes français à avoir un vrai sens de l'espace et l'art de sublimer les décors naturels sur chacun de ses films. L'interprétation est parfaite et contribue à l'envoutement que provoque la pourtant non-progression du récit. Mais, c'est justement sur le récit que ça pèche un peu. Malgré ses apparences cérébrales, le film bourrine sa démonstration comme pas permis alors que l'enquête sur le crime de la jeune Clara, qui sert de fil rouge, s'enlise. On comprend vite le vrai moteur du film : déglinguer les hommes. D'ailleurs le récit est un peu malhonnête dans son introduction puisque à l'inverse des enquêteurs, le spectateur sait avec certitude, lui, que le coupable est un homme. La démarche est compréhensible (et d'ailleurs énoncée dans le film « tous les hommes auraient pu tuer cette fille ») mais en devient mécanique et se cantonne à ça. Rétrospectivement, tous les personnages masculins apparaissent négatifs ou au moins suspects. Tous sont tarés, salauds, machos, minables, tabasseurs de femme, dans le meilleur des cas : incapables de communiquer. À l'inverse les, rares, personnages féminins irradient le récit : tenaces, fières, lumineuses, lucides, courageuses. Le seul personnage mâle un tant soit peu pardonné est celui de Bouli Lanners, mais sa rédemption passe par l'exil hors de la société (et, au passage, il est largué par sa femme). Si au bout de 1h50 de réquisitoire vous n'avez pas compris que les hommes c'est le mal et qu'il faut tous les isoler, c'est que vous êtes aveugle tant c'est fléché avec des grosses lettres au néon dans chaque scène. Le récit ne va pas au-delà, même pas de l'enquête (qui ne doit d'ailleurs son vague sursaut final qu'à une femme). La progression du personnage masculin principal est minime, il passe de la boucle en vélo sur circuit fermé des premières images du film, à la difficile ascension en solitaire d'une route de montagne au générique de fin. Le symbole que les hommes doivent encore faire beaucoup d'effort dans le domaine du respect des femmes (si jusque-là t'avais pas compris). Nonobstant ses réelles qualités artistiques, c'est d'abord un film-thèse (qui a parfaitement compris l'époque) qui a été récompensé, pour tenter de faire oublier le pataquès Polanski d'il y a trois ans. Etonnement, on ne fait peu le reproche à Moll d'être un homme et de ne mettre en scène quasiment que des hommes. J'ai lu cet argument utilisé à l'inverse contre Todd Field qui ne met presque en scène que des femmes dans Tar (que je conseille, toujours en salle). 

Aux antipodes teleramesques donc, le BDE de Youn est moins (euphémisme) dans l'art du cadre soigné   et bien malin celui qui trouvera un quelconque message caché sur ma masculinité toxique dans ce récit potache d'une nuit sous substance à Val Thorens (à part que ça tombe mal avec l'actualité récente des faits-divers). Mais bon, il y a une énergie là-dedans et un indéniable sens du rythme (dans la première partie au moins) qui font du bien par les temps qui courent. Tout ancien amateur de John Hughes (réalisateur qui au train où vont les choses sera bientôt lui aussi cancelé) ou des films d'Adam Sandler et Ben Stiller ne pourra qu'apprécier ce n'importe quoi puéril et festif qui ne fait pas honte à ses maîtres, soigne ses personnages secondaires (bien mieux que dans La nuit du 12 par exemple) et qui a même réussi à me faire rire (homme qui rit, doublement coupable en somme).


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