Mardi soir, j'ai assisté au joyeux pataquès de notre inénarrable classe politique pour accoucher dans la douleur à l’Assemblée d'une loi sur l’immigration avec la contribution surexposée des députés RN. Loi cosmétique qui sera rétorquée en deux-deux par le Conseil constitutionnel (à la demande même de Macron qui a commandé cette loi et voulait qu’elle passe avant noël).
La veille, je savais qu'on entrait dans le domaine du bon gros comique en entendant Elisabeth Borne s'émouvoir que cette loi (qu'elle a voulu donc) permette de supprimer les APL aux étrangers. Marrant, ça n'avait pas l'air de l'émouvoir quand son chef les a rabotées pour tout le monde à commencer par les Français.
Mercredi matin à la radio, au lendemain de cette nuit des seconds couteaux à l'Assemblée, chacun revendique une loi que personne n’assume d’avoir votée. Quant à la gauche, à l’image de Sandrine Rousseau partant en combustion spontanée dans les couloirs du Palais Bourbon à l’évocation du passage de la loi en éructant « extrême-droite ! extrême-droite ! » tous les deux mots, je bois du petit lait en regardant ces pantins déconnectés du souhait des français (qui sont, chez Elabe (pour BFM) 70% à être satisfaits de la loi et chez Ipsos (pour le JDD) 71% à réclamer un texte plus ferme que ce truc mal ficelé selon les juristes. Tout le monde comprend que ce n'est pas le "bouclier" annoncé par Macron dans son SAV télévisé pour les retraités. Cette loi est d'abord une annonce symbolique destinée à envoyer un signe d'action aux divers électorats (et n'en déplaise aux élus de gauche, même dans leur propre électorat la question du contrôle des flux et des frontières divise fortement).
À l’époque du Pass vaccinal (et sa création du jour au lendemain de millions de sous-citoyens de seconde classe) quand j’osais esquisser un rapprochement Pétain/Macron, je me prenais illico les leçons de morale d’une large partie de la gauche (par ailleurs globalement silencieuse, voire collaborationniste pour une partie, sur la question). Quel étonnement de constater depuis le vote de la loi immigration, l'apparition des messages Pétain = Macron sur les réseaux de la part de cette « gauche castor » ! Des clowns qui eux aussi se pensent sincèrement du bon côté de la morale et de la politique et qui, rappelons-le, ont pour l’immense majorité voté, au moins, deux fois pour Macron. Dire qu'il aurait juste fallu que Macron décide alors de réserver le Pass vaccinal uniquement aux étrangers pour que nos humanistes se réveillent à l’époque...
Car cette bataille pour voter un texte avec le RN en se défendant de le voter avec le RN aura au moins le mérite de recalibrer la gauche parlementaire sur son programme de base : « vous êtes tous des fascistes, les méchants-méchants ! » et de faire oublier leurs turpitudes sémantiques sur Israël et le Hamas. C’est toujours ça de rangé sous le tapis jusqu'au prochain attentat. Quant aux « macronistes » (il paraît qu'il en reste encore) qui s'estiment « trahis », je découvre qu’ils se pensaient de gauche. Ce qui en dit long sur leur distorsion de perception du réel.
Pour le reste, j'ai le sentiment que les Français se contrefoutent de ces absurdes bisbilles de politiciens déconnectés, le Medef ayant sonné le matin même la fin de la récré sur Radio Classique :"l'économie demande massivement de l'immigration"). Cette instrumentalisation politique de l'immigration (sans réelle volonté d'agir est un épouvantail à moindre coût (on le voit dans les sondages cités, la satisfaction est majoritaire) et permet de continuer tranquille à ne rien changer aux désordres économiques, à la casse du service public et à une totale soumission à Bruxelles. Les prix de l’alimentaire continuent à augmenter, comme les tarifs de l’électricité et celui des assurances habitation ou des mutuelles santé, les faillites d’entreprises explosent, comme les cambriolages et les attaques au couteau au moindre propos. Mais comprenez-vous l’important pour nos politiques, c’est de "ne pas mélanger nos voix avec le RN" que l'on soit aveuglement contre ou que l'on rédige un texte de loi avec eux !
Bref, notre glorieuse classe politique vous envoie à l'avance ses meilleurs voeux pour 2024. Et qu'il s'agisse du contrôle des frontières comme de celui des prix : ce sera comme en 2023, mais en pire.
Allez, bonnes fêtes les amis et amies ! Et attention aux excès de confiance.