29 décembre 2022

Quand La Poste invente l'email payant

par
À l'instar de la SNCF et de la RATP qui j'ai totalement éradiqués de mes modes de déplacement pour cause de non-fiabilité et de tarifs aussi opaques qu'exorbitants, j'essaye également de moins avoir possible affaire avec la Poste pour l'envoi de documents ou de choses de valeur. 

Là j'avoue qu'ils réussissent encore à m'étonner dans le domaine conjoint du foutage de gueule et de la destruction du service public à la française (deux domaines où nous sommes très compétitifs) : La suppression du timbre rouge, remplacé par un courrier électronique imprimé... plus cher que le timbre supprimé ! On peut lire les détails de la procédure dans l'article d'Ouest France, c'est hallucinant: 

« L’idée est… plutôt simple, grimace une employée de La Poste. Si vous voulez envoyer un courrier prioritaire à quelqu’un, vous devrez désormais le taper sur le site internet de l’entreprise, ou le numériser puis le joindre en PDF. »  (...)La lettre sera ensuite transmise à la Poste la plus proche du destinataire. « Là, un postier imprimera le courrier et le mettra sous plis. » 

La Poste à défaut d'accomplir ce pourquoi elle a été historiquement créée (livrer du courrier), invente l'email payant et garanti non-sécurisé. La Poste ne ressemblait déjà plus à rien, mais elle ne gèrera même plus le simple courrier (envoyant un gros doigt aux Français qui n'ont pas d'ordinateur et un scanner - comme si c'était là une obligation du citoyen inscrite dans la constitution pour se déplacer, être soigné et maintenant envoyer du courrier -). 

C'est le futur et c'est dans 3 jours... 

Que voulez-vous : this is capitalism. C'est la logique du profit de la rentabilité. Si un jour le commerce de la poupée gonflable est le plus rentable, La Poste ne fera plus que de la poupée gonflable et Fuck les lettres au Père Noël ou à la Sécurité Sociale. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle du service public, en tous les cas pas celui pour lequel j'ai envie de payer des impôts. Ça tombe bien, c'est le but du gouvernement : défoncer le machin pour le vendre à la découpe au secteur privé. 

En vérité je vous le dis : vivement une bonne panne générale et définitive d'électricité. Avec les baltringues en charge, ça va bien finir par arriver.

(ci-dessous, cliché de "The Postman" film d'anticipation de Kevin Costner (1998) se déroulant dans une Amérique ravagée par la guerre au début du XXIe siècle, où les habitants reprennent confiance en leur destinée collective grâce au travail... du dernier postier qui assure la livraison du courrier).



24 décembre 2022

La grande démission pour 2023 ?

par
Ça gueule beaucoup sur les ondes sur ces maudits contrôleurs de la SNCF qui « prennent en otage » les Français en faisant grève au moment du week-end de Noël. Etonnement, ça gueulait moins quand la SNCF contrôlait les Pass Sanitaire à Noël et interdisait l'accès de ses trains aux non-vaccinés. Il était alors nullement question de "prise d'otage" même pas de "discrimination". Mais bon, ne remuons pas la seringue dans la plaie. Pour ma part la question de la dépendance à la SNCF est réglée depuis Noël 2019, après avoir subi strictement la même mésaventure la veille du 24 décembre : j’ai pris la résolution de ne plus jamais avoir à dépendre de la SNCF pour mes déplacements personnels. 

Néanmoins, je soutiens les grévistes en question (comme en 2019) d’autant qu’ici c’est un mouvement né hors des syndicats. 

Se battre pour une augmentation de salaire fin 2022 devrait être la cause de tous les salariés. Avec l’inflation actuelle, un salarié lambda qui n’aura pas été augmenté de 10% au 1er janvier 2023 aura perdu 10% de salaire en 2022, 20% s’il consacre tout ou une grande partie de ses revenus à l’alimentaire et à l’énergie. Et encore, un combat victorieux pour 10% d’augmentation permet tout juste de rester au niveau, déjà trop bas, du salaire moyen français. 

Nos journalistes de plateau télé en roue libre pour dézinguer du gréviste devraient plutôt s’interroger sur le délitement du monde du travail, dont les grévistes de la SNCF ne sont que la pointe immergée de l’iceberg. Pour que des salariés de la SNCF, censés être les plus « protégés » en viennent à faire grève, à démissionner et qu’on peine à les remplacer, que d’autres salariés de plus en plus nombreux dans le secteur privé ne se motivent plus à faire « bien » leur travail, que d’autres encore préfèrent tout simplement ne plus travailler, se détournent même des propositions d’embauches, c’est qu’il y a une sévère couille dans le modèle émancipateur qu’on nous vend depuis un demi-siècle. 

Le travail ne payait déjà pas (en tous les cas bien moins que la bourse ou l’immobilier), c’est aujourd’hui la société du travail qui dysfonctionne. Elle avançait jusque-là tant bien que mal, dans l’intérêt premier des détenteurs du capital certes, mais chacun y trouvait une compensation, une rétribution financière, sur fond de conformisme social et de simplicité philosophique du concept : « tout travail mérite salaire ». Avec du 20% d’inflation à l’année, La France peut vite devenir un pays de travailleurs pauvres où le salaire du mois passé aura la valeur d’un tube de dentifrice au 1er du mois suivant. Chacun le sent bien en faisant ses courses (point de rupture avec une élite qui ne les fait jamais et continue à rabâcher que l’inflation est de 6%) : on passe du délirant à l’intolérable. On pourrait s’étonner qu’il n’y ait pas plus de remue-ménage dans les rues face à la pire dégradation sociale expérimentée par les Français en cinquante ans. Les principaux médias en restent en toute logique à l’accompagnement sanitaire transitionnel de la classe moyenne vers sa vie de misère avec du « c’est la faute à Poutine » comme socle analytique de tous leurs maux avec une bonne dose de "je réduis, je décale et je caille". 

C’est donc dans une relative docilité, digne d’une quatrième dose, que l’on se fait collectivement amputer de 10% de notre rémunération cette année en attendant le passage à la retraite à 65 ans. Les Français auraient intégré que toute révolte est désormais décimée sans sommation au LBD ? Les Gilets jaunes sont fatigués, ils ont donné : blessés, ostracisés, estropiés. D’ailleurs, crise ou pas, l’Etat investit plus que jamais dans le matériel de répression contre son propre peuple. 

Comme une amorce de sécession, la colère sociale semble prendre des chemins de traverse plus discrets mais diablement efficaces : la France s’effondre de l’intérieur, par sabotage. Au cynisme des dirigeants répond la colère silencieuse et désillusionnée des Français, la « grande démission » (le désengagement intellectuel "quiet quitters", puis physique, des salariés) n’est qu’une reprise en main indirecte de cette lutte des classes qu’à coup de crédit facile, de bulle immobilière et d’importations pas chères, élites et médias ont passé un demi-siècle à tenter de taire. L’effondrement se sentait déjà à travers la dégradation fulgurante des services publics (les transports transportent de plus en plus mal, la santé ne soigne plus, l’électricité menace de ne plus éclairer). Il s'étend désormais au secteur privé. L’effondrement est lent mais bien en cours, ce phénomène de désinvestissement des salariés déjà perceptible (tout déconne : les services de livraison, les chantiers, les restaurants, les chaînes d’approvisionnement), et l’explosion à venir des faillites d’entreprise pour cause d’énergie trop chère, sont les nouvelles étapes de notre Venezualisation rampante (c’est Mélenchon qui va être content). 

Ne comptez pas sur les baltringues en place(1), pour changer quoi que ce soit au programme. L’Etat, désengagé de tout depuis un bail, va continuer à brader ses derniers pré carrés au secteur dérégulé, pour se concentrer sur le règne de la peur. 

Pour une fois, instinctivement, le peuple semble le devancer dans ce suicide national. Il y a dix ans on regardait horrifiés la débâcle grecque en se disant qu’ils l’avaient peut être quand même un peu cherché en ayant élu des politiques stupides et corrompus… 
Dix ans après, c’est à notre tour. 
Et on a tout fait pour.

Sur ce, bonnes fêtes de fin d'année à toutes et tous. 

(1) en résumé : un pot-pourri de cyniques et d'incompétents flattés par des courtisans médiatiques et autres faux impertinents.



27 août 2022

La fin de l'abondance ? Si seulement...

par
« Je crois que ce que nous sommes en train de vivre est de l'ordre d'une grande bascule ou d'un grand bouleversement (...) Nous vivons la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance ».  La fin de l’abondance ? On doit reconnaître à Macron le sens de la formule et l’impulsion lapidaire donnée aux rédactions à l’issue du premier Conseil des Ministres de la rentrée. 

La phrase de Macron intervient après un été climatique particulièrement éprouvant, mais surtout au bout de six mois, presque jour pour jour, du début de l’offensive russe sur l’Ukraine et des sanctions économiques décidées par l’Union européenne (sous la présidence du dit Macron) envers le méchant Poutine. Sanctions unilatérales et non discutées dont nous savions à l’époque que les peuples d’Europe seraient les premières et principales victimes. Avec une inflation européenne à deux chiffres, une explosion des coûts de l’énergie et la peur de plus en plus visible sur la tête de nos dirigeants d’une révolte populaire (qui serait fort légitime), notre leader-cyborg dont le business model était jusqu’à la semaine dernière la croissance aveugle quitte à en faire crever la planète, après une baffe de Poutine, nous prépare à la vie humble, aux quotas électriques, énergétiques et aux limitations de circulation pour, bien évidemment vous l’avez deviné, le bien-être de la planète. Reste que la phrase, prononcée depuis le palais de L’Elysée alors que le cyborg descend de son jet-ski encore chaud, peut interpeller une bonne moitié des français (le revenu médian de ce pays est à 2000 euros / mois) qui n’a pas encore vu le début de cette abondance. Simple question de curseur, répondra Macron et il aura raison. L’abondance c’est aussi avoir de la lumière en appuyant sur un bouton et de l’eau potable qui coule a profusion en tournant un robinet dans sa maison. 


Ne pensez pas que Macron s’adresse aux pauvres qui se sont adaptés jusque-là et continueront à le faire. Il s’adresse à la seule catégorie à laquelle il s’adresse toujours : les boomers à bonne retraite. Il leur sort un discours de rationalité écologique pour préparer le terrain au carnage social et sociétal qui va s’abattre (un peu plus) sur les jeunes générations et plus directement leurs enfants, ces derniers survivants, à grands renforts de crédit et de salariat de merde, de la glorieuse classe moyenne, synonyme de progrès mais d’abord de confort et de sécurité, du siècle dernier. Que Véran, qui a menti tout au long du pataquès Covid promettant à un peuple terrorisé qu’il n’y aurait pas de pass vaccinal avant de l’imposer, soit aujourd’hui le porte-parole de l’Élysée si prompt à assurer qu’il n’y aura pas de pénurie énergétique cet hiver est l’indice le plus sûr de la mèche de 250 qu’on va prochainement nous enfiler de force. 

Ne parlons pas de « crise » pour le Covid ou l’Ukraine, une crise est par définition un évènement ponctuel. Dans les deux cas, nous avons à faire ici à des prétextes à un mode de gouvernance de longue traîne. Comme le pataquès Covid a été une formidable opportunité de policer et fliquer la population, le pataquès ukrainien sera une nouvelle ouverture pour réaliser ce vieux rêve que l’on trouve au fond de tout président démocratiquement élu : assigner une population docile et culpabilisée dans une zone restreinte. On peut prendre dans tous les sens, c’est exactement ce qui se trame. À ce rythme-là d’inflation, mais surtout de hausse du coût de l’énergie, ce n’est pas la fin de l’abondance mais très rapidement la fin tout court de ce que l'on a connu. Entre les voitures électriques que l’on va nous forcer à acheter et qui nous couteront une vie de salaire à recharger, ainsi que les quotas énergétiques qui vont inévitablement - avec la meilleure conscience du monde - faire de notre quotidien d’assistés technologiques un enfer, le futur va se dessiner pour la plupart sous étroite surveillance. 


Face à cette nouvelle donne, deux tendances peuvent très vite se dégager dans la population : 
 - D’un côté, ceux qui rentreront dans le rang, rendront des comptes en permanence et accepter le rationnement et les « pass » énergétiques (ça peut aller très vite, on a fait le plus gros du boulot) et donc de liberté d'action et de déplacement. Ne rêvez pas, si on cible médiatiquement les jets d’une poignée de milliardaires aujourd’hui, c’est pour mieux vous faire avaler des restrictions pour vous. 
 - de l’autre côté, ceux qui vont vivre « en dehors du progrès » (comme avant quoi). À terme, ils ne seront plus raccordés à aucun réseau officiel d’eau, d’électricité ou d’information. Ils seront stigmatisés, probablement diabolisés. Toute ressemblance avec un bouleversement social précédemment vécu n'est pas fortuite. 

La fin de l’abondance ? Mais mon couillon, je n’attends que ça. Mais seulement si elle s’articule à une perte totale de technologie et une réappropriation par l’individu de son existence et de celle de sa famille, avec une relégation de l’Etat en lointaine périphérie de nos vies. Faites vos jeux et des plantations, la partie ne fait que commencer. Soit chacun fait de tout cela une opportunité pour changer de vie et de société, soit chacun s'accroche aux ruines du monde d’hier qui n’en finit pas d’agoniser (ce que nous faisons depuis deux décennies) et ce ne sera que malheur et regrets. 

Les plus fidèles lecteurs se rappelleront que la précédente version du blog, il y a dix ans, s’appelait :  Après l’abondance.

Retour sur le film : Martin et Léa (Alain Cavalier, 1979)

par
"Martin et Lea" d’Alain Cavalier (1979) avec Xavier Saint-Macary et Isabelle Ho. En parallèle d’une vague intrigue policière qui l’intéresse peu, Cavalier filme le quotidien d’un couple d’un soir qui devient amoureux au fil des jours. Xavier et Isabelle sont ensembles dans la vie et cela se sent. La force du film réside dans la capture de ces moments de complicité, du brossage de dents aux scènes d’amour où seuls les visages sont filmés, les sons captés. Ces moments qui appartiennent à tous, communs à chacun, et finalement si peu représentés dans le cinéma. Le film se conclut sur le ventre rond d’Isabelle Ho qui attend leur enfant (dans le film comme dans la vie). 

On m’a souvent parlé de ce film, comme précurseur malgré lui de la "télé-réalité".  Il est vrai que c’est une oeuvres les plus attachantes filmées par Cavalier. De son aveu, il voulait filmer le bonheur. On y retrouve d'ailleurs le ton, sans l'esthétisme, du "Bonheur" d'Agnès Varda, tourné une décennie tôt. A la lumière du drame personnel qu’il a vécu quelques années plus tôt, "Martin et Léa"' a presque une dimension spirituelle et religieuse et préfigure la troisième période, introspective et plus intimiste, de la filmographie de Cavalier. Que Xavier Saint-Macary et sa compagne Isabelle soient morts quelques années quelques années plus tard, à moins de quarante ans chacun, rajoute au trouble éprouvé au fil des scènes de ce bonheur simple, à l'universalité de ce qui nous est montré. Le film n’a l’air de rien et il est tout. Il sera intact, vivant et non démodé, parfaitement émouvant dans deux siècles, quand tant d’autres oeuvres, aujourd'hui encensées et incontournables, seront oubliées.


20 juillet 2022

Chaudes larmes

par
Accablante chaleur sur la région. Des dizaines de milliers d’hectares de forêt brulent dans le sud de la France. Même des fumées à l’horizon des Yvelines, ça crame aussi ici. C’est le sud au nord. Un si bel été, chaud à en crever. Chacun crie à l’apocalypse, "regardez on vous l’avait bien dit : c’est la fin de la planète". 

C'est la poursuite chaude, et un peu plus spectaculaire de l’agonie de l’humanité, immédiatement recyclée en spectacle de foire à la terreur sur les chaines d’info-feuilleton. Robinet fermé, tri sélectif ou sobriété sur commande (ce qu’on appelle chez les pauvres la précarité) : rien ne changera dans le domaine du vivant tant que le capitalisme sera le dogme. A la fin, il détruit tout, le dernier des hommes avec. 

La planète ? Ne t’inquiètes pas elle en a vu d’autres, elle nous digèrera et nos siècles d'histoire ne seront qu’un rôt à l’échelle de la sienne. La forêt a aussi besoin de feu pour se régénérer, une vie humaine n’a pas le temps d’attendre 50 ans, pas même 50 minutes. Il lui faut pleurer dans l’instant la nature décimée et reconstruire une zone pavillonnaire à la place la seconde d’après. Ça fait bien longtemps que l’homme a causé plus de dégâts aux forêts que les incendies de l’été, c’est vrai partout et surtout en France, un pays entièrement vert il y a encore 1000 ans. 

Sont-ce d’ailleurs encore des forêts ? Des usines à bois à espèces de moins en moins variées, des commodes Ikea en attente, plantées en rangées pour un meilleur rendement et faciliter la découpe. 

Pleurons ce que nous avons déjà détruit, pleurons sur ce système de prédation dont nous sommes dépendants, pleurons de notre nature d’homme se vivant supérieur et maître des éléments 99,9% du temps.  

Les drames surviennent. Nous les oublierons, comme à chaque fois.



15 juillet 2022

Vive l'apocalypse de Vulcain !

par
Si seulement on pouvait extraire du courant des pathétiques moulinets dans le vide de ce gouvernement et de son cyborg en chef, nous serions totalement indépendants énergiquement. 

Nos winners qui nous ont servi du « Nous allons étouffer l’économie russe » au printemps, constatant sans l’avouer la victoire de Poutine sur le terrain Ukrainien, nous sortent en catastrophe à l’été un discours tout  de rigueur et de « sobriété » gonflé. En décodé les gueux : pour réparer les rodomontades de vos leaders vous allez mettre deux pulls cet hiver et vous chauffer au brasier de votre solidarité avec l’Ukraine.


Devant son lustre 75 ampoules allumées en plein après-midi d’un 14 juillet caniculaire, Macron annonce au bas peuple qu’il va falloir être responsable face à la hausse des prix des prix de l’énergie d’ici six mois (estimation Lemaire : 50%). Triste cyborg en bug système. Il n’a de cesse d’appeler depuis des années à la productivité et au toujours plus, le voilà à deux doigts de prononcer le mot tabou de « décroissance ». Vaguement conscient de la contradiction de son système d'exploitation habituel avec ses propos du jour, il en revient aux fondamentaux : travaillez plus bande de cons !  

Il faut lui reconnaitre une certaine constance dans ce domaine. Le 14 juillet 2020 à la question sur la lutte  contre le chômage, il répondait qu’à choisir il préférait baisser les salaires (sauf qu’on ne lui avait pas demander de « choisir ». Deux après, dans le même palais, à une question légitime sur une hypothétique hausse des salaires pour répondre à une inflation probablement à deux chiffres d’ici la fin de l’année, Vulcain le monocouille n’a qu’une réponse : il faut moins de chômage. Avec en petit bonus : le maintien du cap de la retraite à 65 ans comme si cela avec un quelconque rapport avec la hausse des prix. On s’en fout Germaine, ça passe crème, après tout on a des journalistes français en face. 

Et les chroniqueurs du pouvoir de commenter en boucle sur l’inévitable « sobriété » entre deux pages de publicités. 

Rarement notre système occidental du toujours plus aura été aussi proche de l’erreur 404. Tout de notre modèle de développement depuis 50 ans débouche de plus en plus clairement sur une impasse. Consommer devient trop cher et le travail ne paye plus, va même mécaniquement payer de moins en moins au fil des mois. Petit rappel : avec 10% d’inflation en un an, si vous n’avez pas été augmenté de 10% en un an, vous travaillez plus pour gagner moins. La "sobriété" évidemment ne sera pas un choix pour les plus pauvres d’entre nous (la moitié des français ne part déjà pas en vacances). Les sermons culpabilisants des progressistes qui, entre deux vols pour l’autre bout de la planète, nous moralisent sur le tri des déchets et la fermeture du robinet, nous en « touche sans faire bouger l’autre » comme dit l’autre con. 

Nous entrons donc dans des temps à la fois dramatiques et profondément drôles, où nos « sachants » vont appliquer au forceps des recettes de sobriété auxquelles ils n’ont jamais cru pour sauvegarder un mode de fonctionnement basé sur la croissance, soit l’inverse de ce qu’ils nous demandent (et vous nous imposer). Un bel exemple de cette schizophrénie du monde moderne, cette publicité pour une Renault hybride (la Kaptur ou une autre merde) qui nous vend une "voiture écologique" et dans le même spot nous lance que " le plus écologique c’est encore de ne pas s’en servir". Bien vu gars, le plus écologique c’est surtout de ne pas l’acheter et donc de ne pas la construire. 

La sobriété ne se décrète pas, au pire cela s’impose et ça s’appelle la précarité, au mieux c’est une philosophie de vie qui inévitablement, dans ce pays tel qu’il est aujourd’hui, vous place tôt ou tard au ban de la société. 

Même "erreur système" pour cette obsession martelée du travail et de l’effort (qui n’a qu’une visée : vous occuper. Pendant que vous bossez vous ne coupez pas la tête de la bourgeoisie). Les hommes politiques des trente dernières années ont, avec constance, vidé le pays de son industrie (c’est la principale raison d’être de la mise en place de l’union européenne, son principal effet). A terme, hormis dans les services aux classes supérieures, il y aura peu d’emplois salariés dans ce pays. La sagesse serait d’anticiper cette  révolution (par le vide) du travail qui est loin d’être celle de la "startup nation", et de préparer les citoyens à être plus autonomes sur les questions d'énergie et d’alimentation. Pensez-vous. Des gens autonomes qui reprennent la main sur leur emploi du temps, leur énergie et leur assiette, et n’ont donc plus besoin de l’état, c’est la fin du royaume. 

Nous vivons une période pouvant déboucher sur le meilleur comme le pire. Même si nos journalistes de palais se focalisent sur la quarante-douzième vague du Covid ou l’été qui tombe, O surprise, au mois de juillet, ça craque de partout sur la planète pour à peu près les mêmes raisons, inflation, pénurie d'énergie de l'Angleterre au Sri Lanka en passant par l'Italie et les Pays-bas. 

Sale temps pour les dirigeants. Ce n’est pas la planète qui est en danger, c’est leur monde qui s’achève. Et Macron le sait.

D’où mon interrogation : 
Combien peut-on chauffer de foyers cet hiver en flambant le mobilier de l’Elysée ?



29 juin 2022

L'arnaque électrique

par

Le 8 juin dernier, le Parlement européen a voté l’interdiction de la vente de voitures à moteur thermique à partir de 2035 en Europe. Les conducteurs européens seront obligés d’acheter de la voiture électrique d'ici 12 ans. Non ce n’est pas du commerce, mais préparez-les sous c’est pour « sauver la planète ». Dans la nuit du 28 juin au 29 juin, on apprend que tout se complique un peu. Chacun, à commencer par les fabricants de voitures de sport, y allant de sa demande d'exception. 


Derrière le greenwashing et le bullshit écologique que constitue 99,9% du temps d’antenne des marques et des politiques dès lors qu’ils collent leurs slogans sur le sujet, pour ce qui est de la voiture, je ne connais réellement que deux moyens d’être « écolo » :

Le premier, c’est de couper le problème à la source : ne pas utiliser de voiture, donc ne pas acheter donc  ne pas contribuer à la construction de la dite voiture. Radical et efficace mais, pour un ensemble de raisons (revenant à l’essentiel à un modèle économique et foncier occidental basé sur la mobilité et l’éloignement), pas faisable au-delà des grandes villes. 

La seconde hypothèse est de garder sa voiture toute sa vie et ainsi réduire la pollution (la construction de la bagnole, les efforts publicitaires pour vous la faire acheter, son acheminement étant des aspects non négligeables). Une voiture pour une vie, c'est théoriquement possible. Nous avons la technologie, les compétences humaines pour faire durer les véhicules très très longtemps. Enfin ça, c’était avant que les constructeurs inquiets que l'on puisse réparer nous-mêmes nos moteurs se mêlent de transformer nos bagnoles en extensions Windows pétées d’électronique, immobilisées au premier bug et littéralement désactivables en un upgrade par satellite. 

Avec le passage forcé à la voiture électrique nous éviterons fièrement les points 1 et 2 puisque nous aurons à la fois la surproduction et le renforcement de l’obsolescence programmée. Il faudra ré-équiper tout le monde en voiture, pensées et conçues depuis notre entrée dans la modernité pour faillir dans les trois ans. Avec l’électrique attendons-nous à la poursuite du festival du renouvellement et du leasing à gogo. 

La liste des désagréments de la voiture électrique est à ce jour chargée : autonomie merdique, absence de bornes, incompatibilité entre elles, recyclage impossible des batteries ultra-polluantes nécessitant l’extraction dans des conditions humaines terribles de ressources dont nous sommes tout aussi dépendants que le pétrole… C’est dans le domaine des voitures thermiques que les vrais progrès de réduction de la pollution ont été accompli ces dernières années, pas dans l’électrique. Ça marchait mal il y a dix ans, ça ne marche toujours pas bien. Rappelons qu’ici bas, en terme de technologie high-tech on tâtonne encore sur le scannage les tickets au stade de France, alors pour un Paris-Marseille non-stop en auto-tamponneuse c'est pas gagné. Comme le précise Jean-Baptiste Fressoz historien des sciences, des techniques et de l'environnement dans un passionnante interview (en bas d’article), la moitié des voitures électriques qui roulent actuellement dans le monde se trouvent en Chine, et 80% de leur énergie est tirée du charbon. Paye ton Co2 vert. On apprend même ces jours-ci que les dirigeants européens, fiers de leurs sanctions contre la Russie pénalisant en priorité leurs propres populations, s'apprêtent jeter à la poubelle les accords de Paris pour réouvrir leurs centrales à charbon. C'était bien la peine de trier nos pots de yaourt. 

La voiture électrique se substituerait donc au thermique ? La réalité c’est qu’on ne change pas comme ça. Si on peut refaire s’endetter les occidentaux en les culpabilisant et leur faire intégralement renouveler leur automobile, ce ne sera pas le cas dans le reste du monde. On n’imagine pas plus pour le moment qu'avions et porte-conteneurs (pour traverser les océans et amener chez nous les voitures soi-disant « non-polluantes ») fonctionnent à l’électrique. Les deux technologies se cumuleront encore longtemps. Il n’y aura donc pas de réduction mais continuation de l’augmentation de la pollution et très long passage de relais de l’une à l’autre avec d’autres conséquences toutes aussi désastreuses pour l’environnement. 

En l’état actuel de la technologie pour assurer vaguement la même fluidité de mouvement routier dans une version 100% électrique, il faudrait recouvrir le territoire de parkings et de station de rechargement et électrifier les routes (autre hypothèse) ce qui reviendrait à utiliser des milliards de tonnes de matériaux nocifs pour l’environnement et à achever nos sols déjà bien pourris par des décennies d’engrais chimiques et d’agriculture intensive. Ravager le sol pour protéger la terre, le genre de destructions créatrices que le capitalisme collectionne. La « transition énergétique » dans le domaine du déplacement routier est pour le moment une opération strictement commerciale. Le segment cadre supérieur urbain a été bien séduit, il faut faire payer les revenus "moyens". Et les pauvres ? Et bien ils se serreront en bus ou, mieux encore, ne bougeront pas. Notre soumission aux messages angoissants (alerte à la canicule spontanée au moindre pet de chaleur) étant le levier à actionner en cas de tensions à la pompe : Restez-vous, ne roulez pas, sauvez des vies. on connait la chanson. On notera d’ailleurs, dans une tribune ce week-end, que les trois principaux producteurs et distributeurs d’énergie nationaux appellent, dans d'émouvants sanglots, les Français à réduire drastiquement leur consommation, indice que cette transition s’annonce bien et s’appuie volontiers, entre deux pages de publicité, sur la  culpabilité schizophrène de consommer. 

Les effets dévastateurs de l’homme sur son environnement sont indéniables. Il est absurde de penser que l’on peut continuer de croître sur le même modèle occidental tout en minimisant son impact dans le même temps, d’autant que la moitié de la planète piaffe d’impatience de nous rejoindre. Non, rouler à l’électrique ne va pas sauver la planète (indice : elle vous survivra). Cela sauve juste votre conscience et vous vous allégerez de quelques milliers d’euros au passage. 

Vous voulez protéger votre environnement ? Marchez. La démarche « écologique » est dans la transition effective de nos comportements et de nos corps et non dans nos contributions financières à une idéologie marchande. Ce n’est pas d’une transition gérée par les services marketing d’un capitalisme qui ne veut sauver que lui même dont nous avons besoin, mais d’un ralentissement du capitalisme, voire de son arrêt. 

Et, comme on dit dans les bandes-annonces pour la prochaine saison du feuilleton : "vous n'êtes pas prêts".

23 juin 2022

chroniques du bazar à l'Assemblée - jour 3

par
Ces jours post-législatives sont intéressants. 

A gauche, ça persiste à croire que le résultat du second tour est un succès, alors qu'il est au mieux une survie politique fragile dans un paysage de droite (faudra revenir sur le pourquoi la France est de droite, même la gauche mais elle ne le sait pas, je me le garde pour un prochain billet). Il n'en reste pas moins que cette propension, chez certains à gauche, à accuser tout le monde (de Macron aux électeurs) pour le résultat du RN est confondante de débilité. Le jour où le RN sera à 60% ce sera quoi exactement leur discours ? Je suis toujours fasciné par l'esprit d'ouverture et de dialogue des gens qui qualifient de "fascistes" ceux qui ne votent pas pour eux. 

LR, malgré ses dires, est bien parti pour co-gérer ce pays. La seule question est : qui vont-ils réussir à faire tomber puis imposer au gouvernement ? 

Pour le RN, c'est jour de fête médiatique. On jugera sur la durée. Gardons en mémoire qu'ils ont toujours été passablement nuls à l'assemblée. De toutes les façons, on va bientôt pouvoir juger de qui est vraiment qui avec les votes relatifs à la prolongation du Pass sanitaire et autres ravissements liberticides et médico-douteux à prétexte sanitaire qui se repointeront à l'approche de nouvelles vagues de virus toujours plus disruptives.

J'en viens au plus drôle dans ce bazar. Macron. 

Le gars est passé de tout à rien en 8 semaines. Il a la gueule du pauvre type qui s'est mangé une caisse de briques sur la tête et n' a pas dormi depuis dimanche. Pensez-vous, il doit emmagasiner trois concepts en moins d'une semaine : peuple, démocratie, dialogue. A ce stade, Jupiter rétrogradé Pluton ne doit plus compter que sur un cataclysme ou l'arrivée des troupes russes à Charleville-Mézières pour fédérer le pays derrière lui.

Oui vraiment nous vivons des jours savoureux. A un internaute qui me demandait ce qu'on a à gagner dans cette histoire, j'ai répondu : rien. On est là pour payer.


20 juin 2022

L'étrange assemblée (et pourquoi c'est une bonne nouvelle)

par
Je m’attendais à quelques réjouissances pour ce second tour des élections législatives, mais pas à un tel feu d’artifices. 

Ensemble : 245 sièges  38,6 % 
NUPES : 131 sièges  31,6 % 
RN : 89 sièges  17,3 % 
LR : 61 sièges 7 %

Quelques réflexions au lendemain des festivités : 

L’abstention à près de 54% devrait tout simplement déligitimer ce résultat, mais en bon parisien je vais faire comme si les Français n’existaient pas et prendre au premier degré les résultats. 

Première réjouissance et pas des moindres, deux mois après l'avoir élu par défaut, les Français ont bien envie d'emmerder Macron. Le peuple a volé son jouet, la chambre d’enregistrement des prouts législatifs du cyborg constipé est fermée. c’est tellement bien fait pour sa gueule. Il lui fera désormais ruser et jouer des alliances pour passer ses saloperies. Le prince du "en même temps" va rechanger son fusil d’épaule et, après avoir dragouillé la gauche, fera des oeillades à la droite (ce qui ne devrait pas être top compliqué pou lui). 

Second joie : des cadors du gouvernement du cyborg et des figures symboliques de son règne (Ferrand, Castaner) sont dégagés comme des mal propres. C’est beau. 

Venons à la NUPES, comme redouté pour les raisons énoncées ici, si l’alliance et la belle campagne sont à saluer, le score final confirme qu'il y a un déficit structurel de voix à gauche dans ce pays. Comme à chaque scrutin, la gauche citadine découvre avec effarement que les Français sont de droite. L’alliance hétéroclite de la gauche radicale avec la droiche en perdition et les écolos bourgeois macron-compatibles apparait ce dimanche pour ce qu’elle est : non pas (encore) une force de conquête, mais une stratégie de survie politique. La Nupes est peut-être même morte née au-delà de cette campagne, vu les contradictions internes sur un nombre de points du nucléaire à la sécurité. 

Le résultat inattendu du RN avec 89 députés au terme d’une campagne (nationale) somme toute discrète renvoie au second plan le score des députés de gauche. Le RN réussissant la performance d’être à lui seul le premier parti d’opposition à l’assemblée. LFI, en tant que parti, est renvoyé derrière. Traiter près de la moitié des électeurs français de fascistes n’est pas une stratégie de prise de pouvoir viable. A écouter les prises des paroles des un-e-s et des autres hier soir sur les plateaux télés, il semble que ce dur code diplomatique ne soit pas encore totalement intégré à gauche. 

Non, le vrai gagnant ce dimanche c’est l'assemblée. Pour une fois, le machin est vaguement proportionnel et les courants du pays (relativement) bien représentés. Ça va débattre, ça va s’engueuler et ça va voter contre aussi. Ajoutons à cela l’arrivée de gens de la vie civile, de jeunes et de nouvelles têtes et le résultat du scrutin s’il n’est une garantie d'avancée pour le peuple (mais d'abord une garantie de revenus pour les élus), ouvre les portes et les fenêtres et brasse l'air sur une assemblée qui sentait le vieux bourgeois moisi. Il reste donc quelques traces de démocratie dans ce pays. Et ça, croyez-moi, ça doit foutre hors de lui notre cyborg suprême. 

La suite reste à écrire.

Quand est-ce que les socialistes vont trahir ? Qui chez LR vendra son cul le plus vite à Macron ? Et qui du PCF ira chez LR ? La NUPES votera-t-elle les mêmes textes que le RN sans s’auto-traiter de fasciste et si oui, se sabordera-t-elle ? D'i'ci là Macron dissoudra-t-il ? Deux 49-3 est-ce que ça fait 98-6 ? ... et bien d’autres questions encore dans les prochains épisodes de Bienvenue en Ingouvernabilie

On peut sortir le pop-corn et brancher le poste sur LCP-AN, ce sera mieux que Netflix. 







13 juin 2022

L'étrange victoire

par
C’est donc hier en fin de journée que je me suis rappelé que oui, tiens à propos, il y avait des élections législatives ce jour. Mon week-end à la campagne soudainement remis en cause, me voilà plongé dans un tumulte de perplexité. 

Pour qui voter ? 

Ceux qui ont plébiscité le Pass sanitaire ou ceux qui, au fond, n’ont rien trouvé à y redire et s’y sont faits ? Devant tant de perplexité, je restais comme 25 millions de Français sur ma chaise longue à profiter d’une belle journée ensoleillée de liberté. 

Avec 52% d'abstention, le premier enseignement de ce dimanche de premier tour des législatives c’est d’abord que plus personne ne vote. Dès lors crier victoire pour quel camp que ce soit est déplacé. A droite, c’est la continuation du coup d’état ouaté des retraités sur les salariés. A gauche, c’est la révolution du peuple sans le peuple. 

Néanmoins, je dois avouer que voir la NUPES, alliance de gauche hétéroclite certes mais tant espérée, arriver en tête en nombre de voixau premier tour comme une couille explosive dans la purée LREM est un spectacle savoureux.

Pourtant, c’est pas gagné. Très loin de là. 

1 / D’abord le mode de scrutin imbitable, dont le calendrier est pensé pour renforcer le côté monarchie de la Ve république, peut entraîner une victoire des perdants et rendre les premiers en score minoritaires à l'Assemblée. Quant au RN qui représente 20% des voix et qui est, rappelons-le, arrivé second tour des deux dernières présidentielles, il peut se retrouver avec une micro poignée de députés. 

2 / Tout porte à croire que l’union de gauche étant faite, et la NUPES étant à peu près la seule force à avoir fait campagne, elle aura fait le plein de voix au premier tour dans un pays qui reste très majoritairement de droite. Sept semaines après avoir appelé à « faire barrage » et avoir méprisé 42% des électeurs, se retrouver trop court de quelques voix pour le second des législatives, ce serait moche mais pas complètement immérité. 

3 / Il est à prévoir aussi que la bourgeoisie effrayée par le grand méchant rouge et les boomers de droite molle chauffés à blanc par la clique d’éditorialistes des chaines d’info se mobiliseront en masse au second tour. 

Sans opposition à la source des lois, ce quinquennat sera une agonie.

La liste de ce qui ne m'enchante pas dans cette NUPES est longue comme le bras, à commencer par la présence des socialistes dont l’ADN est la trahison, mais il y a une minime opportunité - totalement légale et gratuite - de sérieusement contrer la politique du cyborg pour les cinq prochaines années. Ce serait dommage de s’en priver. Macron a un destin à la Sarkozy qui l’attend désormais. Vu la configuration économique et la hausse des prix qui inexorablement s’amplifier, l’enfant star des inactifs et des rentiers finira détesté de tous, même de sa garde rapprochée et de son fan-club gériatrique. Mais cinq ans ça va être long, et surtout très violent, avec ce type en roue libre.  De droite ou de gauche, qu’on ne l’aime pas ou qu’on le déteste, il est essentiel de lui barrer la route le plus possible. Question de survie sociale. 


2 juin 2022

Prince et la révélation de Syracuse

par


Reconnaissons-le : depuis la mort de Prince, ses fans sont plutôt gâtés par l’équipe qui gère une oeuvre tentaculaire (dont probablement les deux tiers restent encore totalement inédits à ce jour). Presque tous les six mois s’enchainent les sorties discographiques princières, suscitant parfois l’amertume chez les plus exigeants des fans (ceux disposant du catalogue « non-officiel » de plusieurs centaines de CD). Des rééditions vinyles, des coffrets foisonnants, récemment un album dont nous n’avions même pas connaissance... Le tout à des prix abordables comparé à la « concurrence » des grands artistes pop qu’ils soient morts ou encore en activité.

La nouvelle livraison du "Prince Estate" pourrait pourtant décontenancer les drogués en manque de nouveaux enregistrements dont je fais modestement partie. Il s’agit d’un album et d’une vidéo tirés d’un concert que nous connaissons tous sur le bout des notes dans la communauté princière. Pourtant, ce choix n'est pas anodin. Ce concert donné le 30 mars 1985 à Syracuse, état de New-York, se situe vers la fin d'une tournée US qui a aligné près d’une centaine de dates de 1984 à 1985,. Sa diffusion télévisée à l'époque est pour beaucoup de fans le début des affaires sérieuses avec l’artiste, la vraie porte d’entrée vers une passion dévorante, une relation musicale qui durera trois décennies (et perdure malgré son décès en 2016). 

Rembobinons. 

Septembre 1984. J'ai 12 ans. J'achète la cassette audio de cet étrange type de 25 ans sorti de nulle part, vendu comme un surdoué musical et un redoutable showman, et qui connait un succès fulgurant aux Etats-Unis. Premiere curiosité, c’est par une émission de cinéma que j’en entends parler. Sur le sol américain cet été-là, le chanteur-musicien à veste à jabot trône simultanément aux box-office musical et cinématographique avec Purple Rain, un film semi autobiographique, à la prophétie auto-réalisatrice, sur son ascension et une bande-son que l’on s’arrache en magasin. Malgré ce triomphe de l’été, le film et l’album passent sous les radars en Europe. Le France est alors en pleine Jacksonmania. Ni le look androgyne du petit chanteur du Minnesota ni sa musique du diable ne font recette ici. Moi-même, je suis désarçonné par cet album éclectique, très organique à une époque de soupe-synthé, qui alterne les ballades, pop country ou sensuelles, aux paroles très crues, et des morceaux lorgnant sur le rock le plus brut. Prince y butine avec désinvolture de genre en genre tout en démontrant une totale maîtrise de chacun d'eux. Je sais que j'écoute quelque chose de différent, presque d'interdit, difficile à circonscrire dans un registre, l’adhésion n’est pas immédiate mais, je sais instantanément que des titres comme Beautiful Ones ou Darking Nikki survivront aux années et aux modes. Je n'affirme pas pour autant à l’époque que j'écoute du Prince comme j'aurais pu le faire avec du Téléphone ou du Cure, sentant  que ça ne fera pas l'unanimité autour de moi. 

Acte 2. Quelques mois plus tard, mai 1985. Alors que Purple Rain le film est distribué en catimini en France et bien que le single du même nom pointe timidement dans le Top 50 naissant, le magazine Rock n’folk annonce déjà la sortie d'un nouvel album de Prince… 8 mois après le précédent. Cette cadence ne baissera pratiquement jamais. Entre 1982 et 1987, soit les cinq années séparant les deux albums Thriller et Bad de Michael Jackson qui est le rival marketing que l’on oppose Prince, ce dernier sortira de son côté 5 albums et 3 films, produira une dizaine d’albums pour d’autres et accomplira des centaines de concerts. 

Pour la promotion du nouvel opus en 1985 Around The World in a Day, incrustés façon Jean-Christophe Averty dans la pochette psychédélique de l'album, Philippe Manœuvre et Jean-Pierre Dionnet, co-hôtes de la funky et sulfureuse émission Sex Machine le samedi soir tard sur le service public, introduisent la diffusion surprise du concert enregistré quelques semaines plus tôt. 


La lumière s’éteint, le show commence.


Hello Syracuse and the world. My name is Prince and I come to play with you. 

Cette nuit, télévisée, sera une révélation pour beaucoup. Durant deux heures, ce corps tressautant, bondissant, se tortillant, qu’il mime l’acte sexuel ou implore dieu au piano, nous a captivé. Garçon, fille, nous voulions tous être lui, tout en sachant pertinemment pour nous, comme pour ceux qui suivraient, que ce serait impossible, musicalement et physiquement. Un Michael Jackson pouvait s’imiter, le personnage contenait déjà sa part de caricature, un Prince personne ne s’y frottait : trop vif, trop alternatif, trop imprévisible. Le dernier tiers du concert constitué de deux jams étirés sur I Would Die 4U et Baby I’m a Star puis d’une version de 15 minutes de Purple Rain nous basculaient dans une autre dimension. Il y a la musique de Prince et il y a Prince fusionnant avec sa musique sur scène dans une transe électrique, une parade sans fin. 

L’acte 3 suivra quelques jours plus tard avec l’écoute perplexe du nouvel album, radicalement différent, et produisant le même effet : déstabilisation, envoutement, passion et la certitude que l'on est en présence d'un artiste vendu comme "mainstream", et de fait populaire à l'époque, mais totalement en rupture avec ce que l'on pourrait attendre de lui, atypique, aussi déroutant que doué. 

Le concert de Syracuse enregistré sur VHS puis passé par chacun des fans sur cassette audio, des années plus tard maintes fois édité en version pirate CD parfois même commercialisé dans des éditions non-officielles dans les FNAC et les supermarchés, fait parti des « classiques » de Prince. Pourtant, avec son image granuleuse et un son cotonneux, il n’a jamais fait l'objet d'une édition décente, à la hauteur de son contenu. 

37 ans après, c’est chose faite. Pour celui qui n’y connait rien sur Prince, qui a lu cet article jusqu'ici et se trouve donc être un peu curieux, voir ce concert est la meilleure manière d'entrer son oeuvre. 

Edition Double CD/BluRay et triple vinyl dans le commerce le 3 juin. 
Concert diffusé sur Arte en VOD à partir du 3 juin. 

En savoir + : 
- le livre encyclopédique (en anglais) de Duane Tudahl focalisé sur les deux seules années 84 et 85 dans la carrière de Prince (700 pages tout de même).
le podcast VIOLET, tout aussi encyclopédique mais en français, qui revient en détail sur chaque album de Prince et donc ceux mentionnés ici.

26 avril 2022

L'étrange défaite

par

Le premier acte de la comédie 2022 s'achève. 


Il est temps de faire les comptes. 

Le cyborg obtient 18 779 809 voix.
Marine Le Pen obtient 13 297 728 voix. 
Abstention : 13 656 109
Blancs ou nuls : environ 3 000 000 

Sur une corps électoral de près de 50 millions, ça ne fait pas des masses pour notre gourou banquier, mais à l'image de Bruno Lemaire qui a fait volte face sur la réforme des retraites passant du statut "discutable" au statut "on va vous la passer en 49-3 bande de connards" à la faveur du scrutin, la ligne est claire : la victoire du cyborg est avant tout une adhésion populaire. C'est deux derniers mots étant, chiffres à l'appui, mensongers. L'adhésion est plus que relative, est clairement loin d'être "populaire" au sens social du terme. Le bloc bourgeois lui est bien soudé, aidé en cela par le réflexe anti fasciste médiatiquement réactivé deux semaines tous les cinq ans. 

Le triomphe du cyborg, légitime,  est surtout très peu représentatif de la réalité "vive" du pays. En écartant, les votes des + de 65 ans, il est même probable qu'il n'accédait même pas au second tour.  J'avais déjà évoqué l'importance du "vote vieux" au moment de l'accession au pouvoir de Sarkozy, là c'est sans appel. C'est un constat, la France est un pays de vieux, mais ce n'est pas le plus gros problème : nous vivons dans un pays qui se ment à lui-même, via une doxa médiatique du "dynamisme" (le travail, l'effort) alors que la réalité est à l'opposée : le travail ne paye plus et la rente rapporte bien plus  que le labeur. D'où le délire de tout discours sur la retraite à 65 ans, tout bonnement inaccessible pour la majeure partie des jeunes d'aujourd'hui qui rentrent de plus en plus tard dans l'emploi stable. 

Nous vivons sur un mensonge. Même mensonge sur l'immobilier, angle mort de la campagne électorale tout candidat confondu. Nous vivons dans un pays où il est toujours plus rentable d'être multi-propriétaire que salarié. Le coût des dépenses de logement ne rentrent que pour 7% dans le "panier de l'Insee" pour calculer les dépenses de consommation des Français, alors dans les classes populaires, chez les salariés en bas de l'échelle, il peut représenter 30 à 50% des dépenses, voire plus. Ce décrochage ne date pas d'hier, cette bulle immobilière, ignorée des débats politiques de chaque présidentielle, a déjà vingt-cinq ans de bouteille et a déjà plombé deux générations. 

Intéressant également, la leader du RN est en tête chez les employés et les ouvriers. 


Vous me direz pourquoi donc Mélenchon, qui était un des seuls à avoir quelques propositions sur le logement, n'a pas fait plus au premier tour ? "Peut-être" que ses priorités de campagne dans la dernière ligne droite n'ont pas été celles-ci et qu'une partie de son électorat n'est pas si impactée que ça par les coûts du logement et l'inflation des tarifs énergétiques. C'est jute une hypothèse. Une partie non négligeable du vote Mélenchon est urbaine, et/ou proche des zones de richesses et de pouvoir. Une relative précarité y est apparement un peu plus supportable qu'à 80 kilomètres de son lieu de travail. Le vote de "colère" dans ces zones a été dissout au second tour entre une abstention pour les plus courageux et dans un vote Macron, garantie d'une non remise en cause de cette "richesse" par proximité. 

La progression du vote RN entre 2017 et 2022 est nette. En noir, les communes ou ça vote Marine, en jaune c'est Macron. On notera les bastions jaunes urbains au milieu de zones entièrement foncées. 


(infographie Ouest France)

Les moqueries qui suintent le bon gros mépris de classe envers cette France boueuse qu'on ne voit pas de Paris se sont multipliées sur les réseaux dès la victoire du Cyborg. L'exemple le plus frappant est cette séquence tournée à Hénin-Beaumont où l'on voit le désarroi de femmes apprenant la victoire du Cyborg. Mieux que tout test politique sur Facebook, ce que l'on ressent à la vision de cette séquence indique instantanément où l'on se situe sur l'échiquier de classe. Interrogée par la Voix du Nord, une des protagonistes déclare  : Je ne m’attendais pas à un tel écart. On vit vraiment dans un pays de riches et de vieux qui ne pensent pas à leurs enfants". C'est plus pertinent que l'ensemble des propos tenus par les journalistes et les politiques dans l'ensemble des soirées électorales de dimanche dernier. 

Venons-en à l'acte II de la comédie 2022 : les législatives en juin. 

J'espère me tromper, mais tout porte à croire que l'histoire se répètera et qu'au jeu des alliances et d'une élection conçue, dans son mode de calcul et son calendrier, pour renforcer le pouvoir du président élu celui-ci sera effectivement renforcé. La stratégie de Mélenchon après la premier tour est grandiloquente  mais périlleuse. Il a offert "ses" voix à Macron sans négociation dans l'heure qui a suivi l'annonce des résultats du premier tour, alors même que le barrage médiatique n'avait même pas encore osé se lancer. A vrai dire, il a lancé le coup de feu du départ. Je ne sais pas ce qu'il vaut au pouvoir, mais en termes de négociation, il est très mauvais. Après vingt ans d'un combat anti-FN qui n'a fait que le renforcer, cette persistance dans le déni est fascinante et le révélateur d'une déconnexion avec une partie du pays qu'il est pourtant censé représenter.

La réalité est la même en plus appuyée qu'en 2017. Sans une convergence des représentants du vote populaire de gauche à droite sur des thématiques concrètes et immédiates : logement, prix, salaires, relocalisation des emplois, il n'y aura jamais d'accession au pouvoir, ni au contre-pouvoir. Il est probable que ni LFI, ni même le RN, avec leurs millions de voix (majoritaires à eux deux) n'aient de représentation digne de ces chiffres à l'Assemblée ou juste quelques sièges, assurant une poignée de salaires de députés et la prolongation d'une couverture médiatique pour les impétrants.

A moins d'un entracte populaire surprise. 

***

Mon dernier livre Asymptomatique : disponible en ebook et version papier ici
(- 10% avec le code : IMAGINE10)

25 avril 2022

Un triomphe

par
Ça y est. La grande quinzaine de l’antifascisme est terminée. Grâce aux vieux, aux bourgeois et à la crème de la couillemolie qui cache son vote conformiste derrière un camouflage moral, le cyborg est réélu à 58% par le peuple poisson-rouge. C’est un non-évènement même si l’abstention historique et les records de vote dans les territoires d'Outremer enregistrés par Marine Le Pen dynamisent un peu la journée et relativisent toutes les analyses définitives que j'imagine vomies à l'instant même sur les ondes. 

Aucune effervescence à l’annonce des scores à 20h, Paris s’en fout. Paris est déjà en vacances. Pas un cri, ni de joie ni de colère, pas même un écran allumé dans un bar sur les résultats du soir. Rien. Je pensais le matin que nous replongerions dans l'humeur de l'élection au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal, mais à 20h01 avec ce début de bruine, nous sommes propulsés vingt ans en arrière, lors de la mortifère réélection de Chirac (face à Le Pen père, déjà) et du quinquennat pour rien qui s'annonçait. Ce second avènement du cyborg, c’est la victoire du vide, ou plutôt du monde figé. Surtout, surtout que rien ne change. Ce sera donc dur, méprisant et violent, puisqu'il ne sait rien faire d’autre. 

Nous découvrons le score final 58/42 au guichet du petit cinéma où nous prenons une place pour le premier film en trente ans d’André Bonzel (après C’est arrivé près de chez vous) : et j’aime à la fureur. Mauvais choix de titre pour un superbe montage de films amateurs collectionnées sur un siècle. Ce film, dont j’ai découvert l’existence hier à la radio dans un demi sommeil ne pouvait que me plaire tant il est au carrefour de mes passions : le passé, les apprentis cinéastes, la lignée et l’héritage émotionnel. C’est une oeuvre cinématographique unique, tout autant qu’un essai philosophique populaire sur le sens de notre passage sur terre et l'absolue nécessité d'en profiter. C’était le film parfait pour renouer avec le cinéma en salle, activité que j’ai abandonné pour cause de ségrégation d’état (un régime qui semble avoir littéralement été effacé de la mémoire collective nationale). En une heure trente, j’ai totalement oublié le cyborg et son monde. Ce soir, le beau a temporairement triomphé du laid. 




19 avril 2022

Le retour du fabuleux barrage magique, saison 3

par

Il est de retour.

Moins spontané et enthousiaste qu'en 2002, moins évident qu’en 2017, toujours aussi peu subtil et toujours plus moralisateur : le barrage contre le méchant fascisme de l'entre deux tours de l’élection présidentielle 2022 qui oppose encore Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Attention, il y a un piège. Alors que tout de ces cinq dernières années indique le contraire, c’est bien le premier qui endosse sans complexe le rôle du gentil président « bienveillant » et la seconde qui doit passer les deux tiers de son temps d'antenne à se justifier des atrocités d'un quinquennat qu'elle n'a pas encore accompli. 

Depuis Paris, sur fond de mémoire de poisson rouge et avec une bonne dose d'hypocrisie, le barrage contre la droite radicale se dresse petit à petit, face à la menace du débordement. 

Tout électeur (surtout de gauche) est sommé de synthétiser ses choix et ses convictions dans un joli vote Macron et se soumettre au bon ordre des sachants, des artistes, des footballers expatriés qui tournent à 100 smics la semaine, de BHL, de tous les ministres et présidents des vingt dernières années, de Joey Starr et Nabilla et de la ribambelle des opposants de pacotille perturbés dans leur biotope économico/culturel par cette agression électorale du bas peuple. La France des nulle part c'est bien pour y passer ses confinements, mais quand ça vote c'est caca. 

Pire criminel encore dans cette parade du point Godwin permanent : l’abstentionniste. Ce dernier doit rentrer dans le rang et voter pour le cocaïné du Touquet toute affaire cessante sous peine de procès en nazisme. L’électeur de Le Pen ? Beurk. On le lui parle pas (comme d'habitude). Lui et ses 8 133 828 collègues du premier tour sont des affreux, des sales et des méchants, bien évidemment tous racistes en plus d'être pauvres. Des salopards de fils de pute consanguins à noyer dans les douves du château fort de la démocratie autorisée. 

L’heure est grave : la guerre en Ukraine, la quatrième dose (aka "deuxième rappel"), l’essence à deux balles, l’inflation et les pénuries, même la domination du patriarcat, sont mis de côté : chacun y va de sa tribune larmoyante pour appeler le peuple à se donner sans négocier à Macron. Cette hystérie rappelle les beaux jours de la campagne médiatique des "élites parisiennes" pour le "Oui" avant le référendum de 2005 sur la constitution européenne. 

Après avoir fait monter la sauce du combat face à Le Pen depuis des mois, la presse des oligarques français (à l'antenne on les appelle "capitaines d’industrie") change de braquet dans la dernière ligne droite et ressort sa batterie d'arguments niveau maternelle 1er section. Rendez-vous compte : si elle préside le pays, MLP aura l’arme atomique et la police va taper ! Sûr que ça va nous changer... 

Ces postures, expurgées d'autocritique, étaient déjà caricaturales en 2002 quand il s'agissait du père (mais bon il s'agissait alors d'"un accident démocratique"). En 2022, après cinq ans de régime macroniste d'une violence physique et psychologique inédite en Ve république et deux ans de semi liberté avec ségrégation des français non vaccino-soumis, cette insistance à nous faire avaler la pilule de la démocratie correcte vire au burlesque.  Car derrière les condamnations unanimes du peuple mal votant, on ne répond pas aux raisons de son vote.

Il n'y aucune faute de goût. Ce second tour confronte exactement les forces populaires qui doivent se confronter : le conservatisme face à la colère. 

Derrière ce récit rediffusé du bien contre le mal, il faut prendre le combat Macron / MLP pour ce qu'il est d'abord et avant tout en 2022 : un combat de classes. Derrière ce fight arrangé entre deux variantes de droite qui sont en accord sur le principal, se cache en fait le combat de deux France, celle du confort et celle de la colère. Celle qui veut que rien ne change, qui empoche et fructifie, et celle qui suffoque, qui se prend la hausse des prix dans la gueule, n'a aucune marge de manœuvre, qui a de moins en moins, ou n'a déjà plus, accès aux soins, à une alimentation correcte, au chauffage.

Ça devrait alerter et faire débattre : A plus de 65 ans, ça vote très majoritairement Macron, chez les étudiants aussi (dans une moindre mesure). Toutes les autres catégories, ceux qui sont dans la vie active, votent majoritairement Marine Le Pen. Ceux qui n'y sont pas encore ou n'y sont plus, et/ou en profitent à plein, votent Macron le plus souvent. Les statistiques d'âge sont parlantes, celles des revenus encore plus. A 2500 euros mensuels, c’est la porte d'entrée pour un vote LREM les yeux fermés. En dessous de 1300, c'est un vote RN quasi assuré. 


Le Pen fera du Macron. Macron fait déjà du Le Pen. L'une n'est pas au pouvoir, l’autre a montré de quoi il est capable et il mérite une sanction et non des encouragements à aller plus fort et plus loin. Macron se torche total des états d’âmes de castors apeurés et des « c'est la dernière fois que je cède » jurés à chaque échéance électorale. Ce qui compte, c'est de gagner. C'est la présidentielle pas l'école des Fans. Il ne peut en rester qu'un. C'en est même savoureux de voir notre homme continuer à se foutre de la gueule des Français comme un camelot itinérant de supermarché, dopés aux conseils surfacturés, vendant tout et son contraire à qui veut bien encore l'écouter. Le plus dingue c'est que personne n'y croit, ni lui, ni ceux qui votent en se pinçant le nez pour lui, pas même son électorat de base dont la seule ambition est que rien ne change puisque le monde de maintenant avec son équilibre pépère, basé sur le sacrifice de pauvres et de jeunes, le satisfait pleinement. 

Par un concours de circonstances tout à fait prévisible, certains parmi les plus acharnés opposants de Macron depuis cinq ans appellent à réélire le leader soudainement merveilleux, dernier rempart de nos libertés. Hier est oublié, demain est un nouveau jour, aujourd'hui on ferme les yeux sur ces cinq années de cette présidence dégradée et méprisante, qui a renforcé les inégalités et fracturé le pays comme jamais, pour combattre un fascisme fantasmé qui est le cache-misère d'un conservatisme non assumé. 

Pour ma part, comme je l'avais annoncé en juillet dernier, mon vote se résumera en deux mots : 

"Pass Vaccinal". 

Un dirigeant qui a pondu ça est capable de tout. Un peuple qui a accepté ça a d'ores et déjà signé pour pire. Et cela tombe bien : Quel que soit le résultat, elle ou lui, le pire c'est ce que nous aurons. 

Top Ad 728x90