Chaque année l’université du Medef est ce moment magique où l’on peut voir batifoler dans son biotope, avec macarons sous tente, la fine fleur du fantasme libéral.
Et entre deux tirs sur fonctionnaire, la gueule pleine de petits fours, ça postillonne gras sur le travail trop cher tant qu’il n’est pas gratuit, la fin des 35 heures, la retraite à 102 ans et que le travail des enfants ça serait quand même sympa dans cet environnement concurrentiel mondialisé qui doit pousser ces feignants de français à prendre un peu sur eux. Et le patron repu (oui, le patron de PME est là pour la déco) pleurniche des larmes de champagne sur notre régime communiste tortionnaire n'ayant versé que quarante milliards de cadeaux fiscaux à ce martyr des temps modernes à qui, en plus, il a osé suggérer d'embaucher. (La présence où non d'un salaire assorti à cette embauche n'a heureusement pas été précisée lors de la signature sur un bout de nappe en papier à la fin d'un repas fortement alcoolisé).
Cette année Pierre Gattaz avait donc arboré son pin’s 1 million d’emploi (édition spéciale "dans ton cul, je l'ai fabriqué aux Etats-Unis"), seule contrepartie visible du pacte de responsabilité (subvention pure et simple, et sans retour, de l’entreprise financée sur le dos de la collectivité) concocté sur un plateau doré par notre gouvernement qui, décidément, a le sens du peuple et des mathématiques comme nul autre avant lui.
Fraîchement boosté par la valse de rentrée au gouvernement et l’arrivée du banquier beau gosse qui a gagné des millions Macron à Bercy, ce n’est donc pas un discours social-libéral, ni sociétal-libéral, mais bien libéral-libéral, tendance porno allemand, que le Premier Ministre a livré face à un parterre visiblement satisfait par cette fellation collective.
Le seul avantage de cette confirmation de tendance (au point où nous en sommes, nous reprocherons juste à François Hollande d'avoir mis autant de temps à trahir son programme), c’est qu’elle coince la droite dans les cordes. En effet, elle n’est jamais allée aussi loin (au pouvoir) dans la soumission aux dogmes libéraux. La droite va pouvoir désormais se consacrer à ce qu’elle sait faire le mieux : se palucher sur les pages de Valeurs Actuelles et défiler dans la rue avec des crucifix en appelant à bouter Satan hors de Gaule.
En attendant la merveille sociale et économique qui nous attend (à peine une journée en poste et le loup de Bercy peste déjà contre les 35 heures) nous nous divertirons en lisant les tweets effacés de Manuel Valls.
Illustrations : source, Wolf of Wall Street (M.Scorcese,2013)
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