16 septembre 2006

DERNIER SOIR A LONDRES

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Air chaud sur Kensal Rise. Je reste assis sur le banc public au bras de mon aimée, ma rose à la main à fumer sa clope roulée. Les bus rouges filent devant nous, mon regard se perd sur la Kensal Post Office et sur le pub de droite.

Plus tôt dans la journée, la vieille voisine jamaïcaine s’inquiète de mon absence de plusieurs semaines. Elle me demande mon nom et m’invite à la rejoindre à la messe de dimanche matin. En fin de soirée, je vais chercher une dernière bouteille de Coke Light au Londis de quartier, le pakistanais me reconnaît, je reprends ma monnaie. Je ne reverrais jamais Hi Bro pas plus que les gens de mon ancien quartier. Notre chambre est vide, nous y attendent une facture de gaz et d’électricité, une autre fictive pour un compte énergétique que nous n’avons jamais ouvert, une relance de paiement pour mon permis de stationner et deux avertissements d’huissiers pour des factures qui ne nous concernent pas. Je suis assez satisfait de quitter Londres.

10 septembre 2006

VIA BAR LE DUC

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Dans l’indolent train, un jeune militaire regarde de travers la couverture du Marianne que je feuillette, deux jeunes montent à Bar-Le-Duc et parlent à tout va de torpille comme je parlais de fracasse dix ans plus tôt. En face d’eux, assise une mignonnette à la vingtaine. Sa jupe courte à poids dissimule si mal les seins rebondis de la petite machine à hormones. A cet âge là, des seins comme les siens ont une vie propre et dictent leur loi au reste du corps. Ses dents portent encore la trace de bagues de rééducation, il y a si peu c’était encore une enfant, c’est cet après-midi moite une maladroite bombe sexuelle restant à désamorcer.
A Nancy, un rebelle de Lorraine descend sur le quai, il porte un tee-shirt : I FUCK BUSH. J’admire ce courage vestimentaire bien français consistant à tirer sur les ambulances à dix mille kilomètres de distance. Un FUCK SARKOZY serait plus senti. Bizarre, personne n’a encore pensé ici à tricoter cette brave étoffe. Deux jeunes américaines en pantalons multicolores montent à la même station, l’une d’elles gesticule et écarte ses jambes contre la banquette de devant, pile dans mon axe de vue. Ce voyage français est long, morne, vite sombre.

4 septembre 2006

EN CAMPAGNE

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J’assiste médusé au lancement des hostilités. Cette campagne présidentielle s’annonce désastreuse et joviale. Nous assisterons à un festival de chausse-trappe, de petites médiocrités, un florilège de bassesse à varier, de coup bas et messes basses vites oubliées. Malgré les efforts déployés par les médias complaisants pour mettre sur orbite les deux candidats auto-désignés comme sérieux, je persiste et signe : ni Ségolène Royal la bourgeoise de gauche, ni Nicolas Sarkozy l’apprenti facho aux idées courtes, ne seront président. Une telle affirmation au 4 septembre est la garantie d’une mise au ban des médias pour l’année en cours. C’est à croire que, pour ces défenseurs de la liberté d’information, le 21 avril 2002, pas plus que le résultat négatif du référendum sur la constitution européenne de l’année dernière n’ont existé. Les roboches n’ont tiré aucune leçon de leur suffisance. Non, ils vont être battus à plate couture par encore plus médiocres qu’eux : l’ami Lionel-adieu-je-reste-Jospin et la ribambelle des seconds couteaux, pas loin d’une trentaine cette année, qui, à eux tous, constituent la majorité des voix. Belle démocratie française qui s’apprête encore à élire sont président à 12% des suffrages exprimés. Glorieuse chute de l’empire romain sur fond de tout-va-bien.

3 septembre 2006

RETOUR EN FRANCE

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Je m’habitue avec une étrange difficulté à la langue française. Etranger partout, je sais désormais ce que ressentent les immigrés sans papiers dans ce pays et, je saisis dans toute sa splendeur la bêtise des hommes politiques sur ce sujet.

Chasser le haut du panier - seuls les plus forts et les plus malins d’entre eux sont arrivés jusqu’à nous – de peuples affamés et ambitieux, qui n’ont rien coûté à la société française - ni éducation, ni frais de santé -, pour satisfaire la xénophobie latente de la classe moyenne française* dans une optique purement électorale est à la fois barbare – mais ça cela devient du détail – et stupide économiquement. La France est loin d’être au niveau d’étranglement de L’Angleterre et pourrait profiter d’un apport de sang neuf dans le débat d’idée. Et puis, quelle hypocrisie ! Ces sans papiers, reconduits à la frontière ou pas, a coups de tapages médiatiques ou non, ces immigrés là sont déjà pris en compte dans le calcul des salaires nationaux. Ils ont, comme en Angleterre, un rôle stratégique : contribuer à la pression vers le bas des rémunérations déjà basses.

* répétons-le jusqu’à ce que mort s’en suive : ce que l’humanité a produit de pire.

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