19 mars 2021

#confinement3 : le gouvernement des ratés

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444e jour de l’an de merde 2020 en zone ecarlate-rouge-rouge de la république du Baltringuistan. Nous sommes officiellement en année 2 de la guerre contre une pandémie, mais c'en est déjà plus une, c'est  seulement un fiasco national sans fin. 

Sur le fond, ce psychodrame du COVID qui rend littéralement les Français fous durera tant que nous ne sommes pas en capacité d’accepter que vivre vieux tue et que, non, mourir après 80 ans n’est pas une anomalie. 

Sur la forme, l'exécutif nous offre désormais un remake quotidien de Videogag. Pris en étau entre une  pénurie - chronique - de lits de réanimation, une désapprobation populaire ultra-majoritaire au sujet d'un reconfinement strict (toutes tendances politiques confondues), un pays qui devient dingo, la moitié des Français qui n'ont plus peur du virus et une échéance électorale encore jouable pour lui, le conseiller clientèle en chef devait montrer qu'il agit mais sans trop en faire, et vice versa. Au terme d'un suspense d'info-feuilleton de vingt-quatre heures, il laisse donc le Grocastex accoucher en conférence de presse d'un salmigondis technocratico-existentiel-newage qu'il ne comprend pas lui-même, enrobant les contours d'une nouvelle usine à gaz de restrictions variables où la taille et la longueur de nos chaînes paraissent allégées (et le sont pour une bonne moitié des Français). 

Tandis que l'heure de couvre-feu est repoussée à 19h sur tout le territoire, nous allons subir en Ile de France et dans les Hauts-de-France  un troisième confinement inutile de 20 millions de français pour, - 0 surprise - une carence de lits de réanimation dans les hôpitaux. Zut alors. J’ai déjà entendu ça quelque part... Ah oui, il y a un an tout juste lorsque le conseiller clientèle en chef nous annonçait avec toute la pompe qu'on lui connaît  que « quoi qu’il en coute » nous combattrons cette pandémie, et que moi-même j’y ai naïvement cru. Je vous la refais : on bloque tout le monde, on continue de piétiner les générations, des pans entiers de l’économie et surtout la santé mentale d’un pays parce qu’il manque quelques lits de réanimation. Attention chaud devant, nous sommes dans des chiffres vertigineux : la grande république de France est à genoux quelques centaines de lits ! Le seul vrai problème est là. Le seul scandale aussi. C’était le même l’an passé, c’est totalement impardonnable 365 putains de jours plus tard. 

"Si la situation le nécessite, 12.000 lits de réanimation pourront être disponibles" déclarait le 27 aout 2020 en conférence de presse le ministre de la Santé le 27 aout 2020. A ce jour nous tournons toujours au mieux à la moitié de ce chiffre. Je vous invite à consulter ce tableau officiel, vous y verrez noir sur blanc la preuve des mensonges de nos dirigeants et du désengagement continu de l’Etat dans ce domaine depuis plusieurs années. Les taux d’occupation des lits de réanimation sont proches de 100% depuis des années et RIEN n’a été fait. Les élus bougent les dégâts restent. Ce pays a perdu 68172 lits d'hôpitaux en 15 ans. 

Même cause qu’en mars 2020, mêmes effets. Cette « crise du COVID » n’est pas la notre, c’est la leur. Le peuple a fait son boulot depuis un an, pas eux. Ils sont responsables. Le seul problème c'est leur incompétence et leurs mensonges, leur seule variable d'ajustement : nos libertés. Depuis un an ces DRH à la petite semaine n'ont pas ouvert le moindre lit d'hôpital, ont continué à en supprimer et tentent de camoufler leur carnage en se raccrochent aveuglement à une vaccination salvatrice qui tient toujours à ce jour du domaine du flou scientifique et de la croyance collective à base de "Oh super je vais pouvoir enfin partir en vacances".

Le #confinement3 est un aménagement cosmétique du #confinement2 en cours sous un autre nom depuis cinq mois, une farce à laquelle nous contribuons quotidiennement en continuant à nous faire tester pour un oui ou un non. Quand on comment à ne même plus pouvoir conter clairement les jours de privation de liberté, ni même numéroter précisément les périodes de confinement, alors qu'on peut vous sortir en temps réel les stats les plus détaillées sur le nombre quotidien de tests positifs, c'est que le pays a un putain de problème de management et que ses citoyens ont largement dépassé le stade du burn-out. Le débat est donc plié comme l'est cette offensive merdeuse surmediatisée - énième démonstration dans le fond et la forme de la nullité crasse de nos gouvernants. Plus personne n’y croit pas même nos gouvernants et encore moins notre conseiller clientèle en chef, bonimenteur de compétition qui reconnaissons-le à la faculté de ne pas connaître la honte, un atout non négligeable en politique. 

Macron sauve donc la face provisoirement et tente de garder le beau rôle en déléguant les annonces aux sous-fifres. Un confinement strict n'aurait pas été respecté et il le sait. La version proposée n'a  sanitairement ni queue ni tête (autorisant les voyages dans un sens et dans l'autre, laissant ouvertes les écoles et toujours sans aucune obligation de télé-travail) et n'aura même pas lieu d'être. Il n’y a bien que les teubés déjà en état de mort cérébrale se gavant de BFM en intra-veineuse pour encore y croire. Même les confinistes qu'on croyait requinqués sont désabusés. 

Macron fait donc le service minimum pour montrer qu’il agit en tentant de trouver un équilibre entre les deux raisons de le détester depuis un an et qui peuvent lui couter son poste en 2022 : 

A sa gauche : ceux qui le détesteront pour ne pas avoir confiner plus tôt et radicalement. 

A sa droite : ceux qui le détesteront pour avoir gentiment installé une "dictature sanitaire", le terme est abusif mais l'idée est bien là. 

Au milieu ceux qui, comme moi, le détesteront pour ne pas avoir fait le boulot en temps voulu en nous prenant pour des demeurés qui plus est. Merci les gars de nous autoriser à respirer pour vivre, nous n'y aurions pas pensé tout seul. Allez plutôt nettoyer la merde causée par vos réformes, vos serrages budgétaires à la con, vos décisions pleine de morgue contre le peuple. Vous ne méritez que nos mépris et un licenciement sec pour faute grave et répétée. 



2 mars 2021

En 30 après Gainsbourg

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Il y a 30 ans ce jour (en vrai c’était le 3 mars), les bras chargés de mes « nouveaux » enregistrements pirate de Prince, en rentrant d'une matinée à l’espace Wagram où se tenait une convention du disque  j’apprenais à la radio la mort de Serge Gainsbourg. L'annonce me surprenait peu. Aussi loin que le tout juste majeur que j’étais pouvait s’en souvenir, j’avais vu trainer dans un triste état - plus ou moins alcoolisé - d’un plateau télé à l’autre celui qui se complaisait dans le rôle du poète dandy et maudit. Je n’aurais finalement connu « de son vivant musical » que très peu de temps Gainsbourg. Cinq ou six ans grand maximum du collège au lycée et je ne connaissais à l’époque que son versant « contemporain », le Gainsbarre de "Love and the Beat" ou "You’re under arrest", pourtant par son attitude (l'engueulade avec Catherine Ringer chez Denisot, son passage à Droit de Réponse avec le professeur Choron, son happening du billet de banque brulé dans l'émission 7 sur 7...) et sa décontraction à envoyer se faire foutre tout le monde avec la plus belle mauvaise foi du monde, il m’aura profondément marqué. 

J’ai mis du temps à découvrir d’abord sa musique (et le génie de ses productions des années 70, foncez écouter "Melody Nelson", "L'homme à la tête de chou" et ses BO de l'époque) mais aussi les raisons de son apparente insouciance face à la mort qui apparaissant alors comme une envie de destruction. Il le dit lui-même dans plusieurs interviews, c’est un rescapé. Il aurait dû mourir pendant la guerre à plusieurs reprises et son succès à été relativement tardif (la trentaine bien passée), presque contre son gré. Il est le WTF incarné. Les hommages dans les médias sont assez discrets ce jour. Et pour cause, à peu près tout ce qu’est le Gainsbourg que j’ai connu dans les années 80 serait aujourd’hui interdit d’antenne. Les paroles équivoques sur l’inceste, le sexe, la cigarette à tout bout de champ, les provocations jubilatoires, les blagues douteuses. Gainsbarre ne pourrait tout simplement pas faire carrière aujourd’hui ou alors dans les rubriques faits-divers et juridiques. A la place on a Vianney. C’est bien Vianney. 

Ci-dessous son passage dans l'émission "Sex Machine" en 1984. C'était sur le service public le samedi soir oui messieurs dames : 

 

1 mars 2021

2022 : Que cache la peur du barrage qui casse ?

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Pour ceux qui en doutaient Macron est en campagne. 

D'un côté notre conseiller clientèle en chef tente de séduire les jeunes à travers les "influenceurs" des réseaux sociaux (ou tout au moins fait croire aux vieux qu'il séduit les jeunes et tout ça hors frais de camapane), de l'autre il réveille les plus âgés à travers les débats des chaines d’info-feuilleton en faisant branler par ses sous-fifres les terreurs secrètes de l’électorat de droite affirmée ou qui s’ignore, à savoir d'une semaine l'autre : « l’islamogauchisme » ou les « khmers verts ». L'initiative a le mérite de prendre un temps d’antenne considérable et d’étouffer toute autre forme d’actualité. Mécanique vieille comme Sarkozy mais qui marche toujours. D'autant que la gauche ,qui tombe dans son ensemble dans la piège de l’indignation sans sortir du carcan sémantique ni dévier le débat,  en renforce la dynamique. 

Il y aura des imprévus (comme d'habitude) mais Macron est pour le moment bien parti pour trianguler à sec tous les électorats sur fond d’atonie générale. Ça peut marcher pour la principale raison que cela a déjà fonctionné en 2017. Certes, Macron a de sévères casseroles sociales, économiques et sanitaires au cul mais il a conscience des enjeux de communication, il s'active tôt (la campagne a commencé depuis plus de six mois avec le message Tik Tok envoyé aux lycéens qui passaient le bac). Et, ça me fait un peu mal au derche de l’avouer, mais je ne vois personne à ce jour aussi intuitif et surtout aussi volontaire en face. Et dans ce domaine la prime va toujours au plus motivé. Oui, le Covid marquera son quinquennat et il probable qu'une grande partie de l'élection se joue sur  la gestion de l'épidémie mais force est de constater que l'opposition n'a pas brillé par son opposition aux mesures liberticides qui s'accumulent depuis un an, voire même se cantonne à demander encore plus de confinement à l'instar de l'inénarrable Hidalgo. On trouve désormais les confinistes les plus radicalisés à gauche du spectre politique. Ils ne savent même plus pourquoi mais ils sont en boucle : il faut confiner encore et toujours plus. On atteint ce paradoxe de la vie politique : le meilleur défenseur du non-confinement est aujourd'hui Macron lui-même. Avec une France sous couvre-feu mais pas totalement confinée qui repose sur une présence continue des enfants à l'école depuis septembre, frère Emmanuel   fait un quitte ou double. L'opposition mise sur son échec pour cause de laxisme. Plutôt mince comme programme. 

Depuis ce week-end la gauche bourgeoise (que nous appelons par souci de lisibilité : la droiche, droite auto-persuadée d'être de gauche) fait part de son inquiétude à travers son organe de presse, Libération, que sa mécanique traditionnelle du « barrage » contre Le Pen ne fonctionne plus aussi bien qu'en 2002 et 2017. Voyons ici le début d'une stratégie pour imposer dans l’opinion un autre candidat - ou plutôt candidate - à même de mieux souder les gogos face à Le Pen. Et préparez-vous d'ici quelques semaines à voir surgir dans Nouvel Obs et consort des portraits dithyrambiques d’Anne Hidalgo, le point commun aux trois derniers scrutins présidentiels étant la volonté de la presse de définir à l'avance le cadre du match et de ses participants. 

Il est donc entendu pour la droiche que :

- Le Pen est inéluctable au second tour. Soit, c'est toujours pratique, et ça évite de parler des questions économiques et sociales qui fâchent, mieux vaut s'étriper sur l'écriture inclusive et la PMA pour les unijambistes albinos transgenres que sur le libre-échange, le droit du travail ou l'accès au logement pour tous. D'où ce besoin de maintenir les Le Pen (père puis fille et nièce) à la surface médiatique mieux qu'ils ne le font eux-même. 

- L’électorat de gauche dans toutes ses composantes ne sert plus qu’à une chose depuis le début du siècle : être convoqué tous les 5 ans pour faire barrage à l’extreme-droite et élire le plus démocratiquement du monde le pire candidat néo-libéral de service qu'il soit étiqueté "socialiste", "de droite" ou "ni gauche ni droite', tout cela revenant désormais strictement au même au bout de trois semaines d'exercice du pouvoir. 

- Qu'on doit pouvoir encore embrouiller la gôche avec un faux-nez socialiste. Et je pense malheureusement que oui c'est encore possible malgré - ou à cause de - ce qu'écrit Libération

Il s'en passera d'ici 2022 et notamment je l'espère le surgissement en tête de gondole de thématiques sur la souveraineté économique, le renforcement de nos politiques sociales et de santé, la définition de nos priorités en tant que nation (c'est ma part de naïveté). J'espère également que ni Macron ni Le Pen ne seront au second tour, malgré nos défauts nous méritons quand même mieux que ce pitoyable remake entre l'héritière de Saint-Cloud qui se la joue prolo et le golden-boy du Touquet qui préside les Français comme un stock-manager gère une palette de PQ. En revanche, si par malheur cela devait encore arriver, il va de soit, comme en 2017, que je ne voterai ni pour l'un ni contre l'autre et inversement,  je ne voterai pas non plus pour un (ou une) candidate de droiche qui ne fera que poursuivre l'action de Macron.





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