21 décembre 2023

Loi immigration : merci pour le spectacle !

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Mardi soir, j'ai assisté au joyeux pataquès de notre inénarrable classe politique pour accoucher dans la douleur à l’Assemblée d'une loi sur l’immigration avec la contribution surexposée des députés RN. Loi cosmétique qui sera rétorquée en deux-deux par le Conseil constitutionnel (à la demande même de Macron qui a commandé cette loi et voulait qu’elle passe avant noël). 

La veille, je savais qu'on entrait dans le domaine du bon gros comique en entendant Elisabeth Borne s'émouvoir que cette loi (qu'elle a voulu donc) permette de supprimer les APL aux étrangers. Marrant, ça n'avait pas l'air de l'émouvoir quand son chef les a rabotées pour tout le monde à commencer par les Français. 

Mercredi matin à la radio, au lendemain de cette nuit des seconds couteaux à l'Assemblée, chacun revendique une loi que personne n’assume d’avoir votée. Quant à la gauche, à l’image de Sandrine Rousseau partant en combustion spontanée dans les couloirs du Palais Bourbon à l’évocation du passage de la loi en éructant « extrême-droite ! extrême-droite ! » tous les deux mots, je bois du petit lait en regardant ces pantins déconnectés du souhait des français (qui sont, chez Elabe (pour BFM) 70% à  être satisfaits de la loi et chez Ipsos (pour le JDD) 71% à réclamer un texte plus ferme que ce truc mal ficelé selon les juristes. Tout le monde comprend que ce n'est pas le "bouclier" annoncé par Macron dans son SAV télévisé pour les retraités. Cette loi est d'abord une annonce symbolique destinée à envoyer un signe d'action aux divers électorats (et n'en déplaise aux élus de gauche, même dans leur propre électorat la question du contrôle des flux et des frontières divise fortement). 

À l’époque du Pass vaccinal (et sa création du jour au lendemain de millions de sous-citoyens de seconde classe) quand j’osais esquisser un rapprochement Pétain/Macron, je me prenais illico les leçons de morale  d’une large partie de la gauche (par ailleurs globalement silencieuse, voire collaborationniste pour une partie, sur la question). Quel étonnement de constater depuis le vote de la loi immigration, l'apparition des messages Pétain = Macron sur les réseaux de la part de cette « gauche castor » ! Des clowns qui eux aussi se pensent sincèrement du bon côté de la morale et de la politique et qui, rappelons-le, ont pour l’immense majorité voté, au moins, deux fois pour Macron. Dire qu'il aurait juste fallu que Macron décide alors de réserver le Pass vaccinal uniquement aux étrangers pour que nos humanistes se réveillent à l’époque... 

Car cette bataille pour voter un texte avec le RN en se défendant de le voter avec le RN aura au moins le mérite de recalibrer la gauche parlementaire sur son programme de base : « vous êtes tous des fascistes, les méchants-méchants ! » et de faire oublier leurs turpitudes sémantiques sur Israël et le Hamas. C’est toujours ça de rangé sous le tapis jusqu'au prochain attentat. Quant aux « macronistes » (il paraît qu'il en reste encore) qui s'estiment « trahis », je découvre qu’ils se pensaient de gauche. Ce qui en dit long sur leur distorsion de perception du réel. 

Pour le reste, j'ai le sentiment que les Français se contrefoutent de ces absurdes bisbilles de politiciens déconnectés, le Medef ayant sonné le matin même la fin de la récré sur Radio Classique :"l'économie demande massivement de l'immigration"). Cette instrumentalisation politique de l'immigration (sans réelle volonté d'agir est un épouvantail à moindre coût (on le voit dans les sondages cités, la satisfaction est majoritaire) et permet de continuer tranquille à ne rien changer aux désordres économiques, à la casse du service public et à une totale soumission à Bruxelles. Les prix de l’alimentaire continuent à augmenter, comme les tarifs de l’électricité et celui des assurances habitation ou des mutuelles santé, les faillites d’entreprises explosent, comme les cambriolages et les attaques au couteau au moindre propos. Mais comprenez-vous l’important pour nos politiques, c’est de "ne pas mélanger nos voix avec le RN" que l'on soit aveuglement contre ou que l'on rédige un texte de loi avec eux !

Bref, notre glorieuse classe politique vous envoie à l'avance ses meilleurs voeux pour 2024. Et qu'il s'agisse du contrôle des frontières comme de celui des prix : ce sera comme en 2023, mais en pire.

Allez, bonnes fêtes les amis et amies ! Et attention aux excès de confiance. 



13 décembre 2023

Deux ou trois choses sur la mise à mort de Depardieu

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Disclaimer (on ne sait jamais, vous êtes tellement sensibles) : Ce billet ne vise pas à défendre aveuglement Gérard Depardieu mais vise à dénoncer ces ayatollahs modernes qui, je le disais en déconnant il y a dix ans mais plus du tout maintenant, ont clairement l’intention de passer au sécateur tout porteur de couilles et de lessiver toute trace artistique de qu'ils auront défini comme déviant. 

Comme il est devenu l'homme à tuer du jour, je me suis donc tapé le visionnage du magazine Complément d’enquêtes titré la chute de l'ogre sur le comédien Gérard Depardieu. L'acteur fait l'objet de deux plaintes pour viol et agression sexuelle. Je ne me prononcerai pas sur les accusations, c’est à la justice de faire son boulot. Je vais être honnête, j’ai vu ce que j’appellerai un geste déplacé de l’acteur entre les prises sur un tournage (un gros tournage) il y a 30 ans de cela. Et quand je dis "déplacé", il l’était visiblement uniquement pour moi, puisque 1/ il ne s’en cachait pas 2 / la comédienne (en petite tenue) ne s’en plaignait pas et 3 / les 60 autres personnes présentes sur le plateau n’ont visiblement rien noté de gênant. Moi j’ai vite compris qu’il s’agissait là des us et coutumes du cinéma français qui avait une certaine légèreté de moeurs à l’époque. Pas seulement sur le sexe et ça dépassait le seul cas Depardieu. Et ça ne semblait ne perturber personne : ni le merveilleux monde de la profession, ni les chaines de télé, ni les journalistes. 

Alors oui, je pourrais dire moi aussi d’après ce que j’ai vu à cette époque :"Ah mais il n’y a pas de fumée sans feu et fatalement Depardieu un violeur". Sauf que… rien ne me le prouve pour le moment et surtout pas une émission de télé. Complément d’enquête part de témoignages poignants de comédiennes et fait des raccourcis en étayant son réquisitoire par des images volées d’un documentaire inédit de Yann Moix dont on ne sait au final pas grand-chose, ni de la réalisation ni des intentions. Depardieu y est dégueulasse, outrancier, sexualise une fillette… Oui. Est-ce écrit ? Est-ce lui ou est-ce un rôle, une improvisation ? On en sait strictement rien et le réalisateur de compléments d'enquête n’a même pas l’honnêteté de le préciser, nous prenant pour des cons juste bons à prendre ça pour argent comptant. Quant au terme "documentaire" si c'était synonyme de vérité ça se saurait. Si au début des années 90 les rushes volés de C’est arrivé près de chez vous avaient été diffusés selon le même principe dans un magazine d’information, Benoit Poelvoorde aurait d'abord eu une carrière judiciaire. Et quand bien même ces images montreraient "un Depardieu 100% dans sa vérité", si cela veut dire quelque chose, a-t-on le début d'une simple preuve avancée dans le cadre des plaintes déposées ? Non.

Mais bon, ce triste spectacle n’est pas bien grave comparé à ce qui se dessine depuis sur la même chaine. Suite à la diffusion de l'émission, France Télévision gèle toute diffusion de films avec Gérard Depardieu sur son antenne. Ah ouais quand même... Le type tourne comme un forcené dans tout et n’importe quoi depuis 50 ans, dans une filmographie qui va de Marguerite Duras à Kev Adams en passant par Ridley Scott et Claude Zidi et à lui seul il est devenu un des murs de porteurs de notre patrimoine culturel. Sur la base de témoignages et d’un procédé putassierplus proche de la presse people que du magazine d'investigation, puisqu’à ce jour rien n’est jugé et tout ça peut très bien finir en non-lieu, France TV s’octroie donc le droit de faire une croix sur les films dans lesquels Depardieu a joué. Au passage France TV, ayatollah révisionniste du jour ("partenaire cinéma privilégié" hier encore) chie sur le travail de milliers de comédiens, comédiennes et artisans du cinéma sans qui, selon la formule consacrée et tout autant que Depardieu : "ces films n’auraient pas été possibles"). 

Et si Depardieu est finalement reconnu coupable, devrait-on brûler tout ce à quoi il a participé ? 

Euh, c’est non. 

Si un jour on apprend du cousin du comptable de la belle soeur de De Vinci que le peintre était un peu cavalier avec les femmes, décrochera-t-on la Joconde des murs du Louvre ? Certes, je ne doute pas que l'on trouve des activistes pour tartiner la toile avec de la peinture et du sang en guise d'introduction au débat.

Le cas Depardieu est exemplaire de cette dérive d'épuration artistique car dans son cas « l’effacer » c’est littéralement détruire un demi-siècle de création. Mais si on suit cette pente-là (et malheureusement on la suit avec une pauvreté argumentaire hallucinante) dans très peu de temps, il n’y aura plus grand-chose à voir ni à lire au nom d’un monde meilleur où l'on va bien se faire chier.






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