20 juillet 2022

Chaudes larmes

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Accablante chaleur sur la région. Des dizaines de milliers d’hectares de forêt brulent dans le sud de la France. Même des fumées à l’horizon des Yvelines, ça crame aussi ici. C’est le sud au nord. Un si bel été, chaud à en crever. Chacun crie à l’apocalypse, "regardez on vous l’avait bien dit : c’est la fin de la planète". 

C'est la poursuite chaude, et un peu plus spectaculaire de l’agonie de l’humanité, immédiatement recyclée en spectacle de foire à la terreur sur les chaines d’info-feuilleton. Robinet fermé, tri sélectif ou sobriété sur commande (ce qu’on appelle chez les pauvres la précarité) : rien ne changera dans le domaine du vivant tant que le capitalisme sera le dogme. A la fin, il détruit tout, le dernier des hommes avec. 

La planète ? Ne t’inquiètes pas elle en a vu d’autres, elle nous digèrera et nos siècles d'histoire ne seront qu’un rôt à l’échelle de la sienne. La forêt a aussi besoin de feu pour se régénérer, une vie humaine n’a pas le temps d’attendre 50 ans, pas même 50 minutes. Il lui faut pleurer dans l’instant la nature décimée et reconstruire une zone pavillonnaire à la place la seconde d’après. Ça fait bien longtemps que l’homme a causé plus de dégâts aux forêts que les incendies de l’été, c’est vrai partout et surtout en France, un pays entièrement vert il y a encore 1000 ans. 

Sont-ce d’ailleurs encore des forêts ? Des usines à bois à espèces de moins en moins variées, des commodes Ikea en attente, plantées en rangées pour un meilleur rendement et faciliter la découpe. 

Pleurons ce que nous avons déjà détruit, pleurons sur ce système de prédation dont nous sommes dépendants, pleurons de notre nature d’homme se vivant supérieur et maître des éléments 99,9% du temps.  

Les drames surviennent. Nous les oublierons, comme à chaque fois.



15 juillet 2022

Vive l'apocalypse de Vulcain !

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Si seulement on pouvait extraire du courant des pathétiques moulinets dans le vide de ce gouvernement et de son cyborg en chef, nous serions totalement indépendants énergiquement. 

Nos winners qui nous ont servi du « Nous allons étouffer l’économie russe » au printemps, constatant sans l’avouer la victoire de Poutine sur le terrain Ukrainien, nous sortent en catastrophe à l’été un discours tout  de rigueur et de « sobriété » gonflé. En décodé les gueux : pour réparer les rodomontades de vos leaders vous allez mettre deux pulls cet hiver et vous chauffer au brasier de votre solidarité avec l’Ukraine.


Devant son lustre 75 ampoules allumées en plein après-midi d’un 14 juillet caniculaire, Macron annonce au bas peuple qu’il va falloir être responsable face à la hausse des prix des prix de l’énergie d’ici six mois (estimation Lemaire : 50%). Triste cyborg en bug système. Il n’a de cesse d’appeler depuis des années à la productivité et au toujours plus, le voilà à deux doigts de prononcer le mot tabou de « décroissance ». Vaguement conscient de la contradiction de son système d'exploitation habituel avec ses propos du jour, il en revient aux fondamentaux : travaillez plus bande de cons !  

Il faut lui reconnaitre une certaine constance dans ce domaine. Le 14 juillet 2020 à la question sur la lutte  contre le chômage, il répondait qu’à choisir il préférait baisser les salaires (sauf qu’on ne lui avait pas demander de « choisir ». Deux après, dans le même palais, à une question légitime sur une hypothétique hausse des salaires pour répondre à une inflation probablement à deux chiffres d’ici la fin de l’année, Vulcain le monocouille n’a qu’une réponse : il faut moins de chômage. Avec en petit bonus : le maintien du cap de la retraite à 65 ans comme si cela avec un quelconque rapport avec la hausse des prix. On s’en fout Germaine, ça passe crème, après tout on a des journalistes français en face. 

Et les chroniqueurs du pouvoir de commenter en boucle sur l’inévitable « sobriété » entre deux pages de publicités. 

Rarement notre système occidental du toujours plus aura été aussi proche de l’erreur 404. Tout de notre modèle de développement depuis 50 ans débouche de plus en plus clairement sur une impasse. Consommer devient trop cher et le travail ne paye plus, va même mécaniquement payer de moins en moins au fil des mois. Petit rappel : avec 10% d’inflation en un an, si vous n’avez pas été augmenté de 10% en un an, vous travaillez plus pour gagner moins. La "sobriété" évidemment ne sera pas un choix pour les plus pauvres d’entre nous (la moitié des français ne part déjà pas en vacances). Les sermons culpabilisants des progressistes qui, entre deux vols pour l’autre bout de la planète, nous moralisent sur le tri des déchets et la fermeture du robinet, nous en « touche sans faire bouger l’autre » comme dit l’autre con. 

Nous entrons donc dans des temps à la fois dramatiques et profondément drôles, où nos « sachants » vont appliquer au forceps des recettes de sobriété auxquelles ils n’ont jamais cru pour sauvegarder un mode de fonctionnement basé sur la croissance, soit l’inverse de ce qu’ils nous demandent (et vous nous imposer). Un bel exemple de cette schizophrénie du monde moderne, cette publicité pour une Renault hybride (la Kaptur ou une autre merde) qui nous vend une "voiture écologique" et dans le même spot nous lance que " le plus écologique c’est encore de ne pas s’en servir". Bien vu gars, le plus écologique c’est surtout de ne pas l’acheter et donc de ne pas la construire. 

La sobriété ne se décrète pas, au pire cela s’impose et ça s’appelle la précarité, au mieux c’est une philosophie de vie qui inévitablement, dans ce pays tel qu’il est aujourd’hui, vous place tôt ou tard au ban de la société. 

Même "erreur système" pour cette obsession martelée du travail et de l’effort (qui n’a qu’une visée : vous occuper. Pendant que vous bossez vous ne coupez pas la tête de la bourgeoisie). Les hommes politiques des trente dernières années ont, avec constance, vidé le pays de son industrie (c’est la principale raison d’être de la mise en place de l’union européenne, son principal effet). A terme, hormis dans les services aux classes supérieures, il y aura peu d’emplois salariés dans ce pays. La sagesse serait d’anticiper cette  révolution (par le vide) du travail qui est loin d’être celle de la "startup nation", et de préparer les citoyens à être plus autonomes sur les questions d'énergie et d’alimentation. Pensez-vous. Des gens autonomes qui reprennent la main sur leur emploi du temps, leur énergie et leur assiette, et n’ont donc plus besoin de l’état, c’est la fin du royaume. 

Nous vivons une période pouvant déboucher sur le meilleur comme le pire. Même si nos journalistes de palais se focalisent sur la quarante-douzième vague du Covid ou l’été qui tombe, O surprise, au mois de juillet, ça craque de partout sur la planète pour à peu près les mêmes raisons, inflation, pénurie d'énergie de l'Angleterre au Sri Lanka en passant par l'Italie et les Pays-bas. 

Sale temps pour les dirigeants. Ce n’est pas la planète qui est en danger, c’est leur monde qui s’achève. Et Macron le sait.

D’où mon interrogation : 
Combien peut-on chauffer de foyers cet hiver en flambant le mobilier de l’Elysée ?



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