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4 octobre 2023

Une bulle immo qui pète, et c'est un François qui pleure

par
Tiens dis donc ça fait un petit moment que je n’ai pas parlé logement sur le blog moi. 

Faut dire qu'il y a du neuf. Enfin, façon de parler. 

D'abord les faits. Un des rares effets jouissifs de l’inflation, c’est le dégonflage, encore modéré, de la bulle immobilière. Depuis une bonne vingtaine d'années, l'indécente bulle faisait le bonheur des boomers de ce pays et des apprentis spéculateurs de la pierre pensant s'enrichir à coups de taux d'intérêt gratuit, d'aides publiques et de plus values rapides. 

L'heure est grave. L'époque de la spéculation pépère avec du +15% à l’année, arrosée de perceptions de loyers à un SMIC, semble derrière nous. C'est la fin du modèle du modèle économique français de substitution par le foncier où la perte de PIB liée à la désindustrialisation massive de ce pays était compensée par une montée artificielle des prix des transactions immobilières, "jusqu'au ciel" disait-on à l'époque. Cette montée des prix ne générait au final aucune richesse pour la collectivité. Bien au contraire, le contrecoup concret de La France des propriétaires à tout prix a été de généraliser (dans un silence politique quasi complet) une France des précaires du logement. En premier lieu on y trouve les plus pauvres hors du circuit de la location ou victimes de marchands de sommeil. On y compte aussi les aspirants locataires, solvables mais obligés d'afficher moult cautions, fiches de paye et autres brimades pour accéder à un 9m2 sous les toits et, en bout de chaîne, ironie des ironies, certains propriétaires qui n'auraient jamais dû l'être, endettés au-delà de leur capacité et souvent prisonniers de leur logement après un divorce ou un licenciement. 

Avec ce gel des transactions et le recul général des prix en France, encore timides mais c'est du jamais vu en 20 ans de montée continue, les éditos catastrophés de la presse économique se multiplient depuis quelques semaines. Et je dois avouer que j’ai dégusté celui de l’inénarrable François Lenglet sur LCI. Il est sobrement intitulé « ils ont tué les locations » (1) et il mérite un petit verbatim comme à la grande époque.


"Francois Lenglet est en colère" annonce David Pujadas introduisant l’édito du Vin Diesel de l'analyse économique. François Lenglet, journaliste éco des plateaux télés, est ému, indigné même par tant de misère sociale ! Rendez-vous compte : "dans les grandes villes" dit-il, notre Abbé Pierre des temps modernes constate des "files d’attente des candidats à la location pour un appartement". "J’en ai vu l’autre jour dans le sud de Paris. Il y avait sans mentir 200 personnes qui attendaient pour un appartement !". Comme quoi il lui aura fallu 15 ans pour ouvrir les yeux. 200 personnes, c'était déjà la jauge moyenne en septembre 2008 pour toute visite de studette random à Paris. J'ai écrit des dizaines de papiers à l'époque sur le sujet. Mais bon passons, mieux vaux tard que jamais pour se réveiller. 

François balance les chiffres de ses potes en déroute : L'enquête FNAIM déclarant un stock de logements disponibles à la location en baisse de 34% en 2023. Pour Seloger.com, c'est du -18% en France, du -38% à Paris.

Il y aurait donc moins de logements à la location sur le marché (spoiler : c'est faux). Mais pourquoi donc ma brave dame ? François a un début de réponse : "parce que les taux ont augmenté et que les primos accédants (c'est-à-dire les jeunes couples) ne peuvent plus acheter". Quand les banques prêtaient les yeux fermés dans un contexte plus qu'aléatoire du marché du travail et que, à revenu égal, il était plus simple d'acheter que de louer et qu'un loyer pouvait rapporter plus au proprio qu'un salaire : ça ne lui posait aucun problème d'hygiène économique au père Lenglet. 

Mais là c'est la merde sociale, François va tout péter ! Dans ce fiasco du logement (note c'est drôle : quand ça baisse, les libéraux ne parlent plus d'"immobilier" mais de "logement"), François met en cause donc "le diagnostic de performance énergétique qui prévoit la sortie progressive des passoires thermiques" du marché de la location. Et l'interventionnisme dans le marché, il aime pas trop ça Lenglet. Surtout quand il n'est plus question d'exonération fiscales, de prêt à taux zéro ou de crédit d'impôts pour les propriétaires, là vraiment ç'est l'angoisse. 

Bref non seulement les gentilles banques sont devenues méchantes, mais c'est désormais aussi la faute aux réglementations écologiques à la con (à-dessus il n'a pas tout à fait tort, mais on peut l'étendre à toutes les lois foutraques et contreproductives que l'on vous tabasse dans la gueule sous prétexte de "sauver la planète" qui ne sont le plus souvent qu'une façon de créer de toutes pièces de nouveaux marchés et de vous faire sortir un pognon que vous n'auriez pas sorti autrement). Hanlala c’est vraiment trop injuste : des normes toujours des normes pour des proprios qui ne ne vont plus pouvoir leurs taudis tranquilles ! François est au bout du rouleau : si on peut plus s'enrichir sur le dos de plus pauvre que soit en lui laissant payer les factures d'électricité, où va notre ancien monde de l'enrichissement par la pierre  ? 

François incrimine aussi "la diminution de la rentabilité de la location par le plafonnement des loyers". Putain, trop c'est trop ! Si on peut plus faire du +10% à l’année en surfant sur la pénurie, ça c'est vraiment pas sympa, limite communiste. 

Bon évidemment, il y a un énorme angle mort dans l'analyse de notre justicier de la rente. François met en avant "la pénurie" tout en faisant l'impasse sur 15 ans d'AirBnBisation du territoire. Les annonces qui ne sont plus sur Seloger.com sont maintenant sur AirBnB et le Bon Coin. Ça ne touche pas que Paris, des villes moyennes entières sont désormais inaccessibles aux jeunes locaux à cause de la spéculation immobilière à des fins de location touristique. D'ailleurs François avait toutes les raisons de se réjouir alors puisque l'Etat n'a strictement rien fait pour enrayer ce phénomène, né à la fin des années 2000,  qui a contribué à gonfler les revenus des propriétaires (pourquoi s'emmerder à louer à l'année quand on peut louer trois fois plus cher, et à la journée, payable d'avance ?) et à dégager encore un peu plus d'un logement décent à proximité de leur travail, des millions de Français.  

Etonnement, je n'ai pas entendu François Lenglet et consorts se plaindre à l'époque que la AirBnBisation rampante "tuait les locations" pas plus que je ne les ai vus pleurer sur les files d'attente d'étudiants devant les studettes infâmes de l'époque. C'était il y a 15 ans, et Lenglet commençait tout juste sa carrière de chroniqueur éco télé. Ce qu'il appelle aujourd'hui "la crise du logement", comme les autres de son acabit il appelait cela hier encore "les opportunités immobilières". 

Et oui François ce temps-là est terminé. Je n'ai aucune crainte te concernant, en bon libéral apôtre de l'adaptation des plus forts à un nouvel environnement, tu vas t'adapter. 



27 septembre 2023

Retour sur le film : Betrayed, la main droite du diable (Costa-Gavras ,1988)

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Betrayed, La main droite du diable est le deuxième film américain de la carrière de Costa-Gavras, et celui qui est passé le plus inaperçu. C'est pourtant le meilleur des quatre (Les trois autres : Missing, Music Box et Mad City). 

Le pitch : Une agent du FBI (Debra Winger) infiltre un milieu de fermiers du midwest soupçonnés d'être des terroristes suprémacistes blancs. Evidemment, une romance va naître entre elle et le suspect principal et elle se prend d'affection pour les enfants du séduisant salopard en chef (Tom Berenger) qu’elle pense incapable de commettre les atrocités dont on le soupçonne… Sauf qu'elle va vite déchanter. Mais il est trop tard. Elle est coincée, autant instrumentalisée par les odieux (mais si sympathiques) rednecks (elle devient complice des attentats) que par les "gentils" du FBI (qui ont font leur jouet, son supérieur hiérarchique étant un ex éconduit), le tout dans un environnement 100% masculin totalement hermétique aux angoisses de l'héroïne (annonciatrice du personnage de Clarence Sterling dans "Le Silence des Agneux" trois ans plus tard). 

Moins manichéen dans le traitement que les autres films américains de Gavras, La main droite du diable évite le piège du film à discours politique trop appuyé pour glisser dans le descriptif du conflit intérieur, entre valeurs et sentiment, que vit le personnage double joué par Debra Winger, simultanément traitre et trahie. L’infiltration au sein de cette branche modernisée du Ku Klux Klan devient alors une toile de fond  de plus en plus normale, et c’est le tour de force du film : habituer au pire au point de le désamorcer avant de nous cueillir par surprise. Le point d’orgue dans ce principe est une scène glaçante, d’apparence anodine ,où des enfants lâchent des horreurs racistes avec toute la douceur et la bonne humeur du monde. C’est ce malaise constant, et jamais tranché, qui a probablement handicapé la carrière de ce film, et empêche aussi une diffusion plus large aujourd'hui (ça a beau être une fiction, la moitié des dialogues du film pourrait tomber sous le coup de la loi en France). Vendu comme un thriller aux Etats-Unis alors qu'il joue presque sur le terrain d'un documentaire, vendu en Europe comme un film à thèse sur des rednecks d'extrême-droite alors qu'il s'avère plus subtil que ça, 

Avec 35 ans de recul, on peut dire que le film visait juste sur la montée du "Make America Great Again". On y voit même déjà sous la forme embryonnaire la prise en main d'Internet, 20 ans avant tout le monde, par les groupes d'extrême-droite. 

Le scénario est signé Joe Eszterhas (qui écrira deux ans plus tard, un peu sur le même principe mais en inversant l'homme et la femme, Basic Instinct). Le travail photo par le français Patrick Blossier est superbe.






17 septembre 2023

Retour sur le livre : Les nouveaux inquisiteurs, Nora Bussigny (2023)

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Dans le but premier de me tenir à jour avec un lexique d'acronymes toujours plus alambiqués, j'ai lu d'une traite l'enquête de Nora Bussigny au sein de la nébuleuse woke. Les nouveaux inquisiteurs s'intéresse aux militants, c'est ce qui en fait tout l'intérêt. 

Pas de possibilité de procéder autrement. Etant un homme "cisgenre non racisé" de plis de 50 ans donc entité personnifiée du patriarcat et par conséquent un ennemi à abattre, je ne peux intégrer un microcosme qui veut ma destruction (on appelle ça de la "déconstruction"). 

Ce qui n'est pas le cas de la journaliste qui se construit le look et le personnage qui vont bien pour son infiltration. On la suit à la première personne durant un an, des facs de socio parisiennes aux centres villes provinciaux, de réunions non-mixtes en "cortèges racisés", de collages d'affiches et stages de défense intellectuelle, au fil de ses observations et de ses doutes.

Ça décoiffe. Si on cerne, à travers les comptes-rendus, la dimension quasi existentielle de la logique victimaire (qui est la carte joker pour tout) qui animent la plupart et discréditent plus qu'autre chose de louables combats, on est effrayé par le sectarisme inhérent, le vocabulaire employé, le totalitarisme en germes de groupuscules qui, au nom de la suprématie de la différence et de l'anti-fascisme fonctionnent sur le rejet de l'autre voire son annulation (première étape sémantique). 

Comme l'autrice, on s'étonnera de la cécité de la justice rapporté aux propos tenus (comparés à d'autres, me dois-je de préciser étant pour ma part défenseur d'une totale liberté d'expression), mais surtout face aux comportements discriminants théoriquement punis par la loi (et qui le seraient à grand bruit médiatique s'ils émanaient d'autres groupes). Puis, au fil des pages, étrangement, on rit presque tant les situations, les propos tenus sombrent dans la farce et l'absurde à la Ionesco dans un salmigondis syntaxique de haut vol. C'est flippant mais parfois drôle. Tout en espérant que ces gens n'accèdent jamais à des postes à (très hautes) responsabilités, je me dis qu'il y a de quoi ici adapter et réaliser une comédie cinéma (que personne n'osera produire, c'est le drame). Quant aux postes importants : si les impétrants suivent leur logique, ils se seront tous auto-exclus et annulés les uns les autres avant d'y arriver.

Les Nouveaux inquisiteurs, Nora Bussigny
Albin Michel 19.90 / 13.99 ebook




8 septembre 2023

Inflation : tout va bien, ça va mal finir

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J’aimerais débuter l’année scolaire sur une note plus optimiste mais après un été à travers La France, et à l’inverse d'un Bruno Lemaire sous MDMA (je ne vois pas d’autre explication à ses propos délirants sur la baisse de la hausse des prix), je suis au bout de mes réserves de pouet-pouet tralala. 

 Vous l’aurez constaté ces derniers mois entre deux averses : c'est la canicule des prix. 

- L’essence. Elle dépasse allègrement les 2 euros le litre et va tranquillement, de l’avis des industriels, vers les 3 euros d’ici juin 2024 (soit le double du prix qui a généré la colère des Gilets Jaunes en 2018). Qui dit hausse des prix dit profit record pour les pétroliers et hausse des recettes fiscales pour l’Etat. La promesse de non hausse d’impôt de Macron est largement déjà engloutie par cette fiscalité-là. Pour 22 millions de foyers fiscaux français (+ de 1 sur 2), il coute déjà plus cher de faire un seul plein d’essence que de s’acquitter de son impôt sur le revenu. 

 - La nourriture et les articles de première nécessité. Là on est sur du 13% d’augmentation à l’année, 23% sur deux ans. Dans la grande distribution, on a profité de « la crise » pour démultiplier les ingénieuses et subtiles initiatives pour bien te la mettre à sec en long en large et en travers, avec des petits oignons et un filet de citron vert : réduction des tailles d'emballage, disparition du prix au kilo, disparition des conditionnements, changements des ingrédients coupés à la pisse de synthèse… Les mecs vont bientôt te vendre les cacahuètes à l’unité et des patates en trompe l'oeil. Un indice ne trompe pas dans les supérettes parisiennes : on vire des caissiers pour les remplacer par des vigiles. C'est jamais bon signe. La grande distribution renvoie la responsabilité de ce foutage de gueule aux industriels qui en retour prétendent que non puisque c’est de la faute de la grande distribution. Dans les faits, les deux salopards génèrent toujours plus de pognon sur ton dos. 

Action Carrefour : +15% sur 5 ans
Action Nestlé : +30% sur 5 ans

Conséquence, la consommation de biens alimentaires s'écroule de 10% entre décembre 2021 et juin 2023. On est revenu au niveau de consommation de 2006 avec 6 millions d'habitants en plus. Les classes moyennes mangent moins ou mangent mal pour compenser. 35% des Français déclarent ne pas faire trois repas par jour, selon le baromètre annuel du Secours Populaire. Et bah voilà, on y est dans la décroissance. 

 - L’énergie. Terminé le bouclier de Wonder Lemaire. EDF annonce le voltage à venir : les factures vont prendre 75% en deux ans. Ce sera du fractionné, mais ce sera dans ta gueule quand même. Tout ça dans un pays jadis autonome énergiquement, merci l'Europe et son usine à gaz : vraiment c'est du travail d'orfèvre ! Comme beaucoup, j’ai reçu un prévisionnel de mensualisation au plus du double de celui de l'an passé. Alors que,jusqu’ici et malgré les hausses successives, j’arrivais à faire baisser régulièrement depuis dix ans ma consommation et mes factures. (Pas de chauffage, lumière au minimum, là je me tâte même pour vivre sans frigo. Récompense : facture X2. Ouais, c’est pour sauver la planète connard. 

Tentant de détourner l'attention au sujet de la dégringolade historique que vit la France, notre apprenti Omar Bongo (oui l’homme, n’étant au final qu’un bon à rien, veut désormais se faire réélire à vie) multiplie les annonces auquel plus personne ne croit (on va planter des arbres partout, reconstruire 40000 lycées et distribuer des uniformes à l'école) et se garde bien d’évoquer l'éléphant au milieu de la pièce : les salaires qui stagnent. 

Certains auront constaté que les allocations familiales augmentent alors que leur salaire non. Que le patronat ne vienne pas la ramener sur le manque de courage des Français... M'est avis que ce sera inaudible. Travailler ne payait déjà pas beaucoup. A très brève échéance, travailler va coûter. Je parlais de « Quiet Quitting » l’an passé, ça se généralise. Ajoutons à cela que notre Poutine d'opérette, nous a imposé (contre l’avis de tous) deux années de travail supplémentaires pour accéder à une retraite pas bien épaisse : qu’il ne vienne donc pas s’étonner s’il y a une pandémie de flemme et d'arrêts-maladies chez les salariés. Tant qu’il y en a. 

La prochaine étape de la dégringolade nationale sera la fermeture massive des commerces et TPE-PME. On y rentre avec un doublement des défauts sur un an. Mon petit périple estival dans les centres-villes fantômes de France fut instructif sur le sujet :  sur les volets de fer baissé "dépôt de bilan" est la phrase qui revient le plus souvent, pas loin derrière on trouve : "fermé pour cause de manque de personnel". 

Ajoutons un effondrement durable de l’immobilier. Jusqu’ici le PIB français se maintenait en partie grâce aux transactions à l'intérieur d'une bulle immobilière déconnectée des revenus du travail. Une partie de la population s'enrichissait sans rien produire, et le volume des ventes « compensait », dans les statistiques seulement, les effets délétères de trente ans de désindustrialisation. Avec les effets conjoints d’une baisse des capacités d’endettement et d’une offre abondante de biens remis sur le marché (les boomers ne sont pas éternels), cette époque d'enrichissement virtuel sans fin est terminée. C'est la fin des belles années pour les agences immobilières qui vont rejoindre la cohorte des rideaux de fer baissés. La chute des transactions, c'est aussi la fin d'une belle aubaine fiscale pour certaines villes et donc une hausse des impôts locaux. Le +62% de taxe foncière à Paris n'est qu'un apéritif. 

Pour en revenir au début, c’est à dire la fin : ça s’annonce mal. Le pays glisse sans frein vers la paupérisation. Les Restos du Coeur en sont réduits à accepter les pièces jaunes de Bernard Arnault. La France s'oriente à coups de 'com sur la rénovation clinquante de Notre-Dame et la magie des Jeux Olympiques de 2024 vers une économie (de miettes) du tourisme pour les plus chanceux et de la démerde pour tous les autres. Là on rentre dans le dur, sur un scénario pas loin de celui de la Grèce quinze ans avant. Le trou de caisse général, personnel et étatique. Mon petit doigt me dit qu'au point d'indécence et de déconnexion où en est la Macronie, une petite hausse de la TVA n'est pas à exclure. 

Macron peut gesticuler tant qu’il veut, bâillonner les oppositions et agiter des abayas, face aux dérèglements du monde libéral et son réchauffement des marges : les travailleurs et les retraités doivent être augmentés. Il en va de l'intérêt de tous. Les deux mondes, celui de la com d'en haut et celui de la réalité d'en bas, ne pourront pas coexister pacifiquement très longtemps à cette vitesse d'érosion du pouvoir d'achat.

Illustration : Vincent van Gogh, Les mangeurs de pommes de terre, 1885

7 septembre 2023

Coup de chaud

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Je ressors mon ventilateur pour la première fois de l'été. Un 7 septembre. 

Je devrais dire mon "vieux ventilo". De marque Airmate et de conception chinoise, j'ai acheté ce ventilateur au Bricorama de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) il y a pile 22 ans ...début septembre 2001. 

Il faut dire qu'après un été 2001 météorologiquement merdique, la France et la région parisienne furent le théâtre de températures caniculaires, du type de celles dont j'entends dire à la radio ce matin "qu'elles sont du jamais vu en cette saison". Des 30 et des 32 degrés sur Paris, un 7 septembre. Ignorants que nous étions à l'époque, sans chaine d'info pour nous le rabâcher en boucle, que la fin du monde se jouait sous nos yeux à travers ces températures diaboliques. 

Quelques jours plus tard, deux avions pilotés par des types armés de cutter percutaient des tours à New-York sous un soleil de plomb et au nom d'une cause qu'ils jugeaient indiscutable. Les images firent le tour du monde en direct. Et effectivement, l'espace de quelques heures nous avons crû à la fin du monde. A partir de là, nous n'avons jamais plus vraiment vécu sans chaine d'information en direct allumée quelque part dans un coin de notre vie pour nous ramener dans le droit chemin : celui d'un monde dangereux. 

Je commence à croire au pouvoir des objets. Sacré ventilateur.


30 août 2023

Abaya Forever

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Vous l’aurez noté depuis quelques jours sur les ondes, c’est la rentrée des nuls. L’inénarrable Bruno Lemaire ministre de l’économie parallèle et des renflements bruns nous jure que cette fois ça y’est l’inflation est terrassée, enfin presque (on est sur du +13% là quand même), mais ouh la la, entre deux livres, il va gronder les méchants industriels. Côté économie, ça caracole. La France explose les taux de faillites d'entreprise et, face à la stagnation des salaires, la consommation des ménages s'effondre en toute simplicité (it's the economy, stupid !). Face à un gros trou de caisse,  Elizabeth Borne garantit qu'il n'y aura pas de hausse des impôts, mais en coulisses le génie gouvernemental est tout entier dévouer à l'élaboration de nouvelles taxes (au nom de votre santé, du réchauffement climatique et de la protection des licornes multicolores).

Malheureusement, dans son souci de fiasco durable et transgénérationnel, l'équipage du Titanic-Macron n'a pas oublié le volet éducation. A la faveur de l’été, un type qui n’a jamais bossé de sa vie a remplacé un mauvais qui lui même prenait la place d’un incompétent. Avec un CV si vide pour un salaire à l'évidence, lui, trop élevé, Gabriel Attal, nouveau ministre de l'Education, se devait de frapper un grand coup. Que dire et que faire en cette rentrée aux classes surchargées où l’école peine à recruter tant les personnels y sont méprisés et les perspectives salariales piétinnées ? C’est simple : il a ouvert son manuel du petit Sarkoziste et lancé sur le plateau du 20h de TF1 :

"J'ai décidé qu'on ne pourrait plus porter l'abaya à l'école".

Le piège à cons fonctionne toujours : ça parle aux vieux (le coeur de cible de toutes les annonces gouvernementales, ne cherchez pas ils n’ont strictement rien à foutre des autres catégories de la population) et ça offre une tribune de rentrée inespérée à la woking-gauche, qui n'en demandait pas tant : la défense aveugle de tout ce qui touche de près ou de loin à l’islam étant devenu son créneau marketing. Car, note quand même que, ces derniers jours, les comptes/personnes qui te parlent des abayas pour te dire qu'on parle trop des abayas sont/viennent de... gauche.  

Nos indignés ne seraient pas là, l’interdiction d’Attal n’aurait pas fait tant de bruit…. pour la simple raison que le port de tout signe religieux extérieur est déjà interdit à l’école. 

Le vice étant dans l'interprétation de ce qu'est ou non un signe d'appartenance religieuse. 

Alors Seb Musset t’es pour ou contre les abayas à l’école ? Prétendre que le port d’une abaya n’est pas une volonté de démonstration d’appartenance à une communauté, groupe, religion, c’est se voiler la face mais ce n'est même pas le problème ici. On notera déjà que ça concerne encore une fois les tenues des femmes (j'attends que les hommes viennent en abaya à l'école pour une appréhension plus complète du litige vestimentaire). De plus, ces débats articulés sur des rodomontades communico-législatives qui contiennent en elle-même leur limite sémantique "- bah non monsieur j'vous jure c’est pas une abaya, c’est une robe"), c'est sans fin. Surtout au nom de jolis principe défoncés au quotidien : la "laïcité" dans un pays qui compte autant d’églises que de villes, où on pleure collectivement au 20h sur le destin de Notre-Dame, c'est honnêtement assez compliqué à défendre, parole d'athée). D'autant plus que sur le terrain, à l'école donc, il n’y a souvent pas les moyens humains pour faire appliquer, ou même seulement interpréter, la loi. En décodé : si t'es pas capable d'assurer la prestation "laïcité", la vends pas dans ton abonnement. 

Sinon j'ai une suggestion, certes rustique, qui nous économisera des années de polémique et des milliers d'euros d'achat de fringues de marques pour chaque foyer, en plus d'épargner à la collectivité les traumatisantes visions de claquettes chaussettes et autres maillots de foot immondes : l'uniforme à l’école. Ça c'est de l'égalitarisme, de la cohésion nationale et de la laïcité qui se respecte.  

Mais, parions qu’à gauche comme au gouvernement : ils seront contre. Ce serait dommage de tuer l'abaya aux oeufs d’or.



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