L'éradication d’un média non aligné (l’affaire C8).
L’interdiction de fait d’un opposant politique qui, à force de tutoyer les sommets dans les intentions de vote et face à la confondante nullité du paysage actuel, pouvait cette fois-ci remporter la présidentielle de 2027.
Dans l’affaire des assistants parlementaires du RN, l’étonnant, c’est que l’on s’étonne de la condamnation par le tribunal de Paris de la représentante du premier parti d’opposition français à une peine de non-éligibilité de cinq ans, avec application immédiate.
Sur le détournements de fonds reproché, cette farce démocratique qu’est le Parlement européen a pour principal intérêt, pour tous ses élus, de leur offrir une gigantesque machine à cash afin de faire fonctionner leurs partis politiques au niveau national. L'impétrante est surtout coupable de naïveté et d'avoir pensé qu’elle pouvait s’affranchir, elle particulièrement, d’exemplarité.
La stupeur, suite au verdict, va de Marine Le Pen elle-même (comme quoi, ne pas censurer l’ectoplasme alzheimérisé Bayrou et ne pas s’opposer à la nomination d’un fidèle de Macron au Conseil constitutionnel n’était peut-être pas la plus judicieuse des stratégies pour le RN) jusqu’à Jean-Luc Mélenchon (il a compris qu’il pouvait être le prochain sur la liste des bannis), en passant par Jacques Attali, sans oublier le silence gêné d’une partie de la macronie. Ils ne peuvent ignorer l’effet indésirable que peut provoquer ce genre de sanction "à la carte" sur l’opinion publique, alors que s’accumulent au quotidien des faits divers sanglants, au sujet desquels on retrouve souvent, en amont et en aval, un laxisme judiciaire difficilement compréhensible.
Quant à « l’atteinte aux règles du jeu démocratique » évoquée par la juge dans son verdict contre Marine Le Pen, on laissera le lecteur juger du niveau réel d’atteinte à la démocratie que représente l’élimination préventive, dans un timing parfait, du candidat le mieux placé dans les sondages.
Derrière le pare-feu irréprochable de la justice indépendante et souveraine, et après avoir encore méprisé 13 millions d’électeurs, on attend avec impatience le prochain piétinement démocratique. Et dans ce domaine, il ne faut pas sous-estimer les efforts des apôtres dévoués de l’extrême-centre. Ils ne se cachent même plus, tant ils sont terrorisés à l’idée de perdre la partie. Thierry Breton l’avait d’ailleurs annoncé le 9 janvier 2025 sur RMC :
« Faisons appliquer nos lois en Europe lorsque celles-ci risquent d'être contournées et qu'elles peuvent conduire
à des interférences.
On l'a fait en Roumanie, il faudra évidemment le faire si c'est nécessaire en Allemagne. »
La décision du tribunal de Paris a au moins le mérite de clarifier les choses. La juge en question vient peut-être de réaliser un magistral "contre son camp", livrant, clé en main pour 2027, une dramaturgie, une martyre et la trame d’un feuilleton de reconquête passionnant. Ce sera notre version du « comeback de Trump » (la comparaison s’arrête là, les deux ayant peu de points communs, si ce n’est une diabolisation obsessionnelle par leurs adversaires). Si Marine Le Pen a peu de chances de revenir dans la course, rien ne l’empêche d’être un jour dans un futur gouvernement, ministre de la Justice qui sait ? Après tout, on a bien un ancien Garde des Sceaux qui fait aujourd'hui le comédien à 100 mètres de l'Élysée. On point de n'importe quoi où on en est rendu...