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12 mai 2023

Le cinéma français, un zombie en bonne santé

par
L’actrice Adèle Haenel, qui n’a pas tourné au cinéma depuis trois ans suite à sa sortie anti Polanski aux Césars 2020, publie une lettre ouverte dans Télérama (accès payant) pour expliquer son départ du monde du cinéma et le fait qu’elle veuille politiser le dit départ. Tant mieux pour elle. La grandiloquence de sa missive contre le capitalisme et un milieu qui "collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde", tout en apportant son soutien aux "résistants", n’a d’égale que le profond mutisme dont elle et la quasi intégralité de la corporation qu’elle dénonce ont collectivement fait preuve au moment de la mise en place des Pass vaccinaux qui interdisaient l’accès aux salles de cinéma à ceux, et celles, qui ne collaboraient alors pas avec l'ordre sanitaire. 

Ceci étant posé, je cesse mes sarcasmes. Il se trouve que je suis d’accord avec elle sur un point central (et une partie de sa conclusion) : la totale absence du traitement de la déflagration #MeToo dans le cinéma français. C’est comme si ce mouvement de libération de la parole des femmes et de dénonciations des harcèlements, n’était jamais arrivé. Au seul visionnage ds films produits chez nous depuis six ans, un cinéphile du futur ne pourrait être informé de la montée de la thématique dans la société. 

À titre de comparaison, je visionnais l’autre soir le film américain Scandale (Bombshell) de Jay Roach (le réalisateur d'Austin Powers). Le blockbuster produit par Charlize Théron avec Margot Robbie et Nicole Kidman est inspiré d’une histoire vraie survenue durant la campagne de Trump en 2016 (toile de fond du film) : la déflagration causée dans la rédaction de la chaine d’info Fox News par les révélations d’une journaliste sur les pressions et violences sexuelles exercées durant des années par le patron, Roger Ailes, sur ses employées. C’est la grosse affaire avant l'explosion du mouvement #MeToo en 2017. 

Le film date de 2020 et son traitement, sans rien enlever des standards de productions américaines de ce type, appuie sur le côté enquête interne, façon Les hommes du Président. Le film relate des faits alors juste vieux de trois ans et les acteurs interprètent d'authentiques personnages (parfois encore en poste) dans un environnement qui insiste sur sa véracité (ce n’est pas une rédaction imaginaire, mais bien Fox News et son logo). Imaginons trois actrices françaises connues produisant un film sur le comportement de PPDA à la rédaction de TF1 durant la campagne de Macron (c'est pas exactement ça, mais vous voyez l'intention). On n’imagine même pas une telle audace : aucun producteur, aucune chaine de télé et aucun acteur et actrice chez nous pour participer ou financer ça. Double danger pour le cinéma français : dénonciation d’un sexisme (toujours en cours dans ses rangs) sur fond de contemporanéité politique. Pour l’exemple, les deux fois où Sarkozy a été « traité » au cinéma, c’est au travers de comédies qui prenaient bien soin de souligner leur angle de fable : La Conquête de Xavier Durringer et Présidents d’Anne Fontaine. 

Au-delà de la question des violences sexistes, Adèle Haenel expose le point mort de la création française : son absence totale de prise en considération du monde contemporain et son mépris de la société réelle. Ça ne date pas d’hier. S'il subsistait un cinéma français populaire dans les années 70 s’attaquant encore à des sujets sulfureux (avec des cinéastes comme Yves Boisset ou Jean-Pierre Mocky*), depuis une bonne trentaine d’années les films politiques, les polars d’investigation économique ou n’importe quelle oeuvre vaguement subversive pour les pouvoirs en place n’existent tout simplement plus dans le divertissement populaire cinématographique national. Si le cinéma américain mainstream (de plus en plus rarement c’est vrai) s’attaque encore au lobby du tabac avec The Insider de Michael Mann ou aux scandales de la pollution des sols par une grande multinationale avec Dark Waters de Todd Haynes, au mieux chez nous on cantonne ce genre de dénonciations à la forme documentaire, et avec moult pincettes. On peut même attribuer une partie du succès de la plateforme Netflix à sa volonté d'exposer, même mal, ce type de sujets. 

Si son activité subsiste à grands coups de subvention, le cinéma français est d'un point de vue politique totalement mort, il a renoncé à parler de la vie (et dans le même temps, se donne rarement l’ambition de faire rêver le spectateur). Alors qu’il suffit de regarder deux secondes autour de nous. En s’y attaquant via la fiction et en y mettant les moyens, entre les milliardaires fraudeurs, les politiques corrompus, la concentration des médias, les scandales financiers, les pollutions diverses, la gestion du Covid, des centrales nucléaires, les gilets jaunes et la destruction des services publics : il y aurait de quoi faire vingt chefs d’oeuvres cinématographiques par an en France. Et pourtant, rien. Une ribambelle de comédies pas drôles et, pour le côté "France profonde" une utilisation purement décorative (et fiscale) des territoires de France par un monde du cinéma qui reste profondément parisien où qu’il pose sa caméra. À part quelques séries un peu frileuses, un ou deux films de Cédric Jimenez ou l'Enquête sur un scandale d'Etat de Thierry De Peretti, je ne vois pas grand chose de bien provoquant dans le cinéma français des dernières années. Je mets de côté les films traitants des migrants, c’est presque devenu une sous catégorie du cinéma français qui concentre visiblement la seule indignation validée par ce petit monde. Dommage, nous avons des actrices et acteurs et des techniciens de talent (formellement on a fait des progrès de géant en deux décennies) et des sujets en or à cueillir tout autour de nous.

* Le premier a été écarté du cinéma français depuis 1990, le second s'est résolu à l'indépendance et est presque un sujet de moqueries médiatiques vers la fin de sa vie. 


21 avril 2023

L'apaisement dans ta gueule

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C’est parti. Le tour de l'apaisement selon Macron a commencé sur les chapeaux de roues « au contact des Français » comme l’enrobent de leur voix mielleuses les journalistes de palais. Macron veut « renouer le dialogue » avec les gueux, moins d’un mois après avoir enjambé la représentation nationale à l’Assemblée à coup de 49-3, ça pose son ambiance. 

En Alsace, dans une région plutôt légitimiste et acquise à la droite, le déconnecté s'est fait immédiatement rattraper par la réalité de la haine qu'il suscite. A Sélestat, s'amusant à jouer au leader populaire et consensuel devant une petite assemblée (pourtant préalablement expurgée de syndicalistes et autres gaulois réfractaires), notre ordure s'est fait copieusement hué devant les caméras de l'info feuilleton, avant de se faire qualifier en frontal de « trou du cul » par un Sélestadien. C’est un peu excessif Monsieur. Sans trou du cul, la vie serait compliquée pour ne pas dire impossible alors que sans Macron on aurait deux ans de vie à la retraite en plus. Je sais pour lequel des deux j'ai le plus de respect.

Prostré dans la mairie de la Sélestat, faisant fi du lointain tumulte des batteries de cuisine, notre brave leader aura ces grands mots « Ce ne sont pas des casseroles qui font avancer la France » avant de  préciser qu’il est pour le dialogue, mais seulement avec les gens de son avis. A t-on vu le Général de Gaulle trembler devant une casserole ? C’est la marque des légendes. 

C’est ainsi que pour le jour 2 de son tour de l’apaisement dans l’Hérault, le port de casserole sera subtilement interdit dans les rues de Ganges par décret préfectorral. Pas de dispositif sonore portatif pendant la visite du Président. On n’a pas peur des casseroles, mais un peu quand même. 

Sous les explications de texte de sa garde rapprochée qui peine à convaincre que « tout ceci est bon pour son image », pour sa deuxième journée du tour de l’apaisement, l'escroc de l'Elysée s’est tenu à l’écart des 2000 manifestants à Ganges (sur 4000 habitants) pour se rendre, entouré de 600 CRS, dans un collège de 600 élèves (même si nous n’en verrons finalement qu’une poignée tout au long de la journée) Point commun avec Sélestat : Macron est resté cloitré 3 heures dans l’enceinte de l’établissement scolaire - dont l’électricité avait été préalablement coupée par la CGT) Ses annonces sur la revalorisation salariale des enseignants sont confuses (pas même décryptables par les premiers intéressés). On notera tout de même que cet arrosage soudain de pognon pour calmer la colère contre sa réforme, contredit les principes de rigueur budgétaire utilisé pour justifier la dite réforme. 

On s’étonnera, mais si peu, des commentaires élogieux de la caste journalistique de plateau qui saluait pour ce deuxième jour « le courage du président » avec force usage de l’expression « il faut tourner la page ". A croire que; dans la nuit, quelques coups de fil furent passés pour réaffirmer la notion de « séquence close » voulue par l’Elysée. Pour eux, la colère n'est qu'un cirque, une séquence un peu longue coincée entre les vacances à Courchevel et Roland Garros, alors qu’il en va de la vie dégradée de millions de salariés. J’ai même entendu le patron du JDD miser en plateau sur la lassitude des Français avec leurs casseroles, comme il le faisait au soir de la première manifestation contre les retraites en Janvier. 100 jours et 12 mobilisations plus tard, les mecs tablent encore sur l’essoufflement alors que tout, jusqu’à la bande son des casseroles frappées prouvent le contraire. Le déni n'est pas une stratégie viable. Ajoutons que persister à imposer une réforme inutile et injuste à l'écrasante majorité des travailleurs qui l'ont très bien compris et qui n'en veulent pas, ce n'est pas du « courage ». Le champ lexical de la connerie est plus approprié.

Le ton est donné, l'intervilles de l'impopularité peut commencer. Si toi aussi tu vois un Président de merde ou un médiocre ministre débarquer dans ta région pour se refaire la cerise au 20h en chiant sur ta colère et t'instrumentaliser au passage, n'oublie pas ton dispositif sonore portatif.

Leur pourrir la vie. Partout tout le temps. Jusqu'au retrait.




18 avril 2023

Sa majesté des casseroles

par
Prosternez-vous les gueux, l’ordure présidentielle s’exprimait hier à 20h. Non pas pour annoncer quoi que ce soit ou s'excuser auprès d'un pays qu’il a contribué plus que ses récents prédécesseurs réunis à ravager. Non: il s’agissait juste d'un vieux réflexe : communiquer pour communiquer, occuper l’espace médiatique et donner le ton pour susciter de la réaction et focaliser les attentions. En un sens, Macron a réussi. Les chaines d’info n’ont parlé que de son allocution toute la journée la précédant avec un compte à rebours en haut de l’écran : "Macron peut-il reprendre la main ?" (dans la gueule oui) et autres "quel coup d’après pour Macron ?" (carabine, pelle ?). Même la contre offensive organisée par ATTAC à base de tapage de casseroles sur les places publiques à l’heure de l'allocution télévisée du cornichon libéral-fasciste s’appuie toute entière sur la détestation qu’inspire désormais cette ordure à la population. Si sa police n’était pas aussi violente (qui en est désormais à shooter au LBD dans la rue sur les porteurs de casseroles), on pourrait rire de la déconfiture sans fin de celui qui se voyait comme la réincarnation de Steve Jobs et John Kennedy réunis et qui n'est qu'un proto-dictateur au bilan social et économique nul, à peine réélu sans avoir fait campagne et déjà défait. 

Il sera bientôt le seul à ne pas encore réaliser qu’il ne vaut plus un centime d’euro au marché de la confiance. Je n’ai bien évidemment rien écouté de la lisse prestation de ce sinistre con et j’ai tapé de la casserole comme les autres devant la mairie de mon quartier. C'est un quartier d’habitude paisible et bien rangé, pas le plus punk quoi, et nous étions une petite centaine à 20h pour cette improvisation aux percussions de cuisine, avec tant d’autres aux fenêtres propageant en une onde chaleureuse d’immeuble en immeuble les tam-tam à l’Inox. 

Nous maintiendrons le cap : le retrait de la réforme des retraites. D’ici là, la vie publique de l’ordure (et de ses sbires) est terminée. À l'image d'une Borne débordée par le malaise (en termes techniques : la réalité du terrain) face à quatre manifestants dans un superette d'Eure-et-Loire, lui et ses ministres ne pourront plus se pointer dans aucun coin de son pays sans l’intégralité des forces de l’ordre de la région autour d'eux. Macron radicalise contre lui même les plus modérés. Et c’est au fond sa plus grade qualité : en trois mois le pseudo génie (qui n'a aucun putain de sens politique, c'en est à pleurer) a régénéré la lutte des classes et décrédibilisé la Cinquième République. Il était déjà déconnecté, on va le confiner à l’Elysée pour ce qui lui reste d'un quinquennat Potemkine. À moins, sait-on jamais, un mauvais coup de casserole est si vite arrivé, qu’il doive tout quitter précipitamment.


12 avril 2023

Réforme humiliante + inflation en torche = la tempête parfaite

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Il parait que le peuple des travailleurs doit se tenir suspendu à la décision du Conseil Constitutionnel le 14 avril au sujet de la réforme des retraites. « Les sages siffleront la fin de partie », ai-je entendu sur quelques ondes bienveillantes. 

J’aimerais être surpris, mais ne nous berçons pas d’illusion. Deux des « sages » du conclave gériatrique (dont un dont la voix compte double, et dont le fils officie pour MacKinsey) devraient être inéligibles à vie. Que ces mecs soient pépouses à siéger (à 13 697,49 euros bruts/mensuel) sur la bonne tenue des lois concernant nos années de travail devrait scandaliser toute rédaction de journalistes digne de ce nom. Le machin des cacochymes de droite devrait valider le machin ou mieux, le redéfinir en pire virant les deux trois bricoles décrochées par les LR, en tuant au passage dans l’oeuf la voie référendaire. 

Quoi qu’il en soit, ce ne serait bien sur vendredi soir pas la fin de partie tant espérée par les Macronards. Ces derniers n’ont pas capté depuis leurs hauteurs qu’ils ne pourront, pour leur sécurité personnelle, jamais plus redescendre sur terre sans se faire lyncher tant la détestation de ce qu’ils sont et de ce qu’ils représentent coagule chez les Français. On se remettait à peine de trois années de pandémie, de confinement et d’humiliations : nous rajouter deux ans plus de boulot pour nous piquer deux ans de retraite, sur fond d’inflation annuelle à 20%, était la dernière des conneries à faire au pire des moments. N’importe quel dictateur déchu vous le confirmera : Il n’y a pas pire danger que des gens qui attendent d’avoir le frigo vide pour faire la révolution, ça ne se passe jamais gentiment. Et vu les chiffres qui tombent les uns après les autres, le frigo se vide plus vite que prévu. 

Près d'un 1 français sur 2 qui gagnent 1500 euros ou moins par mois sautent désormais un repas par jour.

On peut lire dans le rapport de l'Institut La Boétie que selon l’indice des prix à la consommation harmonisée (IPCH) […] l’inflation affiche une hausse de 7,3 % sur un an, un taux inédit depuis le début des années 1980. La hausse des prix est tirée par la hausse des profits, notamment dans les secteurs liés à l’énergie, au fret international et dans l’industrie agroalimentaire[…] L’inflation sur les prix alimentaires grimpe à 15,8 % en mars. On notera au passage que le taux de marge des entreprises est en hausse : 32,4 % au quatrième trimestre 2022

Toujours dans le même rapport : Selon les données publiées par la Direction de l’animation de la recherche et des études statistiques (Dares), le salaire mensuel de base moyen a augmenté de 3,9 %, contre une hausse des prix (IPCH) sur un an de 6,7 % en décembre 2022.

Les salaires augmentent deux fois moins vite que les prix. En valeur relative, les salaires ont  baissé en 2022 et continueront sur cette pente en 2023. 

Dans le cadre de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires était un levier bien plus efficace pour vite abonder les caisses, que l’allongement d’une durée d’un travail mal payé (voire de pas de travail du tout, étant posé que 6 personnes sur 10 sont sans activité passés 60 ans). Cette réforme n'est pas mathématique mais idéologique. C’est un combat symbolique voulu par Macron, la vendetta personnelle de l’ordure présidentielle contre le peuple des abrutis. 

Dans ce combat pour renforcer la soumission des salariés, l’inflation est l’alliée de Macron. Tandis que l’état pompe comme jamais de la TVA (l’impôt le plus injuste qui soit), pour les salariés faire grève n’a jamais coûté aussi cher. D’un cynisme consommé, Macron table donc sur l’appauvrissement des masses pour étouffer la contestation (largement majoritaire dans l’opinion) contre sa réforme personnelle des retraites. 

Au-delà des trois derniers mois et du formidable élan de la contestation (j’aurais pas misé non plus dessus il y encore un an), Macron fait un très mauvais calcul à moyen et long terme (mais que peut-on attendre d’autre de ce type dont le sens politique et la fibre sociale se résume à quelques simulations sur tableur Excel ?). 

Tous les ingrédients de la tempête parfaite sont réunis. 

Macron a joué la carte du symbole et il se retourne contre lui. Il nous a livré clé en main, un booster de cette lutte des classes qu’il voulait taire. Après deux ans d’infantilisation covidienne, la marque de l’humiliation (par cette réforme imposée dans le mépris et son SAV de l’indécence par Macron) est profonde dans ce pays. Au lieu de jouer, même pour de faux, la carte de l’autocritique ou de l’apaisement, il abuse de la violence verbale et physique. Comment croire un seul instant que cette voie ait une issue heureuse, même pour lui ? Le type ne sortira pas vainqueur d’une situation de déclin où un peuple a de moins en moins à perdre. Les gesticulations de Bruno Lemaire ne font, comme prévu, pas effet. L’inflation se poursuit à vitesse grand V, les salaires baissent de fait dans la plus grande des passivités gouvernementale et la seule perspective économique nationale cohérente est celle d’une sévère récession. En vérité, je n’aimerais pas être à la place de ce type que tout le monde hait. Notre vie va être compliquée, la sienne n’en sera plus une. Il ne pourra poser le pied dans son pays sans risque de prendre une grosse claque ou pire. 

On le qualifie déjà de "hors-sol", il va le devenir littéralement. 



7 avril 2023

49 mois en enfer pour Jupiter

par
3 mois de contestation contre la réforme des retraites made in Macron. Nous en sommes à ce stade flou du mouvement où chaque pronostic exprimé sur l'avenir de celui-ci indique avant tout le désir de celui qui l'exprime. 

L'état a choisi la carte graphique de la violence et le champ lexical du terrorisme pour discréditer toute opposition. Grossier, pataud peu crédible mais c'est de bonne guerre. 

Ne nous laissons pas distraire. J'ai un cap, il n'a pas évolué depuis début janvier : le retrait de cette putain de réforme de merde qui vole leurs deux meilleures années de retraite aux Français pour leur rajouter deux années de travail (ou de chômage) les pires. 

Retour aux Invalides pour la 11e journée de manifestation contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril.  La manifestation syndicale début 2023, c'est The Place To Be. Du son, de la musique, de l'espoir, de la colère et des casquettes à paillettes. Il s’en est passé des choses depuis la dernière mobilisation du 28 mars. Côté peuple, ça bloque un peu partout dans le pays de façon sporadique mais constante, ça ne décolère pas et ça mobilise. Chez les "élites", ça contre-attaque sévère : déguisée en poule multicolore, une secrétaire d’Etat s’est exprimée sur l'émancipation féminine dans Playboy, le président quant à lui a reprécisé son axe stratégique de reconquête de l'opinion dans les colonnes de Pif Gadget

Pendant ce temps, peu à peu s’installe dans le pays entre bonne humeur et grenade désencerclante, dans la prolongation du coup d'Etat démocratique du Président, un climat de guerre contre les Français avec les images de casse qui tournent jusqu'à l'écoeurement sur les chaines d’info feuilleton pour bien dissuader les 70% de mécontents d’aller manifester aux côtés de la racaille syndicale. Sans succès jusqu'à présent. Certes, il y a un peu moins de monde dans les rues en France ce 6 avril, mais on flirte toujours aves les 2 millions au niveau national... au bout de 3 mois et de 11 manifestations et sans aucun effritement du soutien populaire. C'est du jamais vu dans la Ve République. 


Donc oui, nous reviendrons et reviendrons encore jusqu’à faire tomber cette réforme. Tant que ce ne sera pas le cas, le quotidien de Macron sera un enfer pour les 4 ans qui lui restent à nous subir. 

Quant à la casse qui entoure quelques cortèges, je ne la condamne même plus. Je me désole qu'elle ne soit pas orientée vers les vrais éléments perturbateurs de peuple : Macron et sa clique. L’état (sous sa forme présidentielle et institutionnelle) est le premier à exercer la violence. Je suis même étonné que face au déni démocratique, à ce mépris envers les Français chié depuis des années au sommet de l’état, "les foules" ne soient pas plus expéditives que ça. 

La plupart des manifestants défilent aussi pacifiquement qu'ils sont déterminés. Ils ont bien compris que la violence contre la police n’est pas une solution, les mecs ne font que leur boulot. Certains moins intelligemment que d’autres, certes. Je ne désespère pas qu’un jour ou l’autre les policiers à 2000 balles / mois seront lassés de frapper et de se faire frapper par des salariés à 2000 balles / mois, tout cela pour le compte d’un type qui n’a jamais bossé et veut laisser son nom dans l’histoire à la rubrique « réforme à la con ». Ce jour où casques et matraques seront posés, l’ordure du Touquet pourra vite se carapater. Pour le moment, comme à chaque bruissement de révolution, le brave haineux prend l’avion. Cette fois, il est parti sauver le monde en Chine, et laisse derrière lui Dardmalin gérer la casse, ou la provoquer tant on ne sait plus ce qui arrange ce puant opportuniste dans son plan de com’ visant à le faire devenir vizir à la place du vizir.

Tout le monde média et politique veut voir une impasse dans la situation figée et tendue du moment, au contraire j'y vois le début d'un changement de monde. Le peuple reprend en main son destin. C'est encore maladroit, timide et un peu effrayant pour les premiers concernés mais pour une fois le slogan qui devenait une routine tournant à vide prend enfin tout son sens : "C'est dans la rue que ça se passe !". 



29 mars 2023

Retraites : coup de jeune sur la contestation

par
Pendant que le têtu s'autoconfine de trouille à l’Elysée, partageons ici quelques impressions sur cette dixième journée de mobilisation contre sa réforme des retraites et pour son retrait. En légère baisse au niveau national, du point de vue parisien, malgré toutes les annonces de pluie de météorites, de dixième vague de Covid et de fin du monde sur les chaines d'info-feuilleton, il y avait beaucoup de monde. Avec un niveau proche de celui de la dernière mobilisation record et vu la nette baisse de la mobilisation syndicale cela indique que, de nouveau, il y a un renouvellement des manifestants. 

Cette semaine dans Tous contre la réforme, les jeunes prennent la relève.

Dans ce qui ressemble de plus en plus à un carnaval anti-Macron, un 1er mai sponsorisé par Red Bull ou une Gay Pride, la moyenne d’âge a encore baissé de quelques années par rapport à la dernière édition. C’est même spectaculaire lorsqu’on se rappelle de ceux qui manifestaient au début du mouvement en janvier, 30 ans de plus. C’est cocasse d’entendre scander des adolescents « La retraite à 60 ans on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! » mais ils sont toujours mieux ici à brandir des fausses têtes coupées de Macron au bout d'une pique qu’à se mettre en ligne au garde à vous pour le SNU avant d’aller pointer pour les vingt prochaines années dans des bullshit jobs à ras le SMIC. La colère dépasse la question des retraites, il est ici question de démocratie plus horizontale, de libertés et d’un ras-le-bol après les deux années de sacrifice pour le covidodélire. Le mouvement contre la réforme est une plage de revendications particulièrement bien calée entre deux sessions de vacances à l’orée du printemps. 

Du côté des anciens de la colère (2 mois quand même), pour avoir discuté avec quelques connaissances recroisées, (la manif parisienne est désormais le lieu tendance de socialisation) la lassitude s’invite. Dix putains journées de mobilisation étalées depuis le début de l'année, on commence réellement à fatiguer, sans parler des ponctions financières. C’est d’autant plus rageant qu’il suffisait de grouper ces journées  sur deux semaines avec un blocage massif pour tuer cette réforme (et que nous le savions dès le départ). À la place : beaucoup d’efforts dilués, de slogans assourdissants et de fumigènes dans la gueule avec, tout le long, et malgré les apparences d’unité, la sensation d’un délitement syndical. Alors oui, c’est plus festif mais on ne fera pas tomber la réforme à coups de chorégraphies collectives en cortège. 

De sympathiques déambulations teintées d'amertume. 

Depuis le départ les syndicats semblent presque étonnés de mobilisations records dont ils ne savent au fond pas quoi faire tant ils ne sont plus habitués 
1/ à ce type de score et de soutien populaire sur la durée (Si on m'avait dit un jour que la CGT serait en tendance sur Tik Tok),
2 / à n’avoir aucun interlocuteur institutionnel en face. 
La stupidité et l’arrogance de Macron auront plus redynamisé les troupes que les discours du front syndical. Ce front a le mérite d’exister, il fournit le cadre légal et des arguments, mais avance à vide : d’un point à un autre une fois par semaine (hors vacances scolaires, faut pas déconner), comme embarrassé d’une popularité qu’il ne comprend pas, d’une violence ambiante qu’il condamne et par un vocabulaire insurrectionnel qu’il a éradiqué de son champ d’action depuis des décennies. 

Prochaine étape officielle : une manifestation dans 9 jours. La dernière avant les vacances, c'est déjà vendu comme ça...(soupirs). À ce rythme là, Laurent Fabius et Alain Juppé, les gogo dancers du Conseil Constitutionnel qui planchent actuellement sur la légalité de la réforme, vont dépasser de vitesse les syndicats dans le combat pour la cause. 



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