Les derniers articles du blog

31 mars 2025

La nuit des juges vs. Marine Le Pen

par
En un trimestre, sur le front de la démocratie – un domaine dans lequel la France aime donner des leçons et se targuer d’être un modèle – nous aurons assisté à : 

L'éradication d’un média non aligné (l’affaire C8). 

L’interdiction de fait d’un opposant politique qui, à force de tutoyer les sommets dans les intentions de vote et face à la confondante nullité du paysage actuel, pouvait cette fois-ci remporter la présidentielle de 2027.

Dans l’affaire des assistants parlementaires du RN, l’étonnant, c’est que l’on s’étonne de la condamnation par le tribunal de Paris de la représentante du premier parti d’opposition français à une peine de non-éligibilité de cinq ans, avec application immédiate. 

Sur le détournements de fonds reproché, cette farce démocratique qu’est le Parlement européen a pour principal intérêt, pour tous ses  élus, de leur offrir une gigantesque machine à cash afin de faire fonctionner leurs partis politiques au niveau national. L'impétrante est surtout coupable de naïveté et d'avoir pensé qu’elle pouvait s’affranchir, elle particulièrement, d’exemplarité. 

La stupeur, suite au verdict, va de Marine Le Pen elle-même (comme quoi, ne pas censurer l’ectoplasme alzheimérisé Bayrou et ne pas s’opposer à la nomination d’un fidèle de Macron au Conseil constitutionnel n’était peut-être pas la plus judicieuse des stratégies pour le RN) jusqu’à Jean-Luc Mélenchon (il a compris qu’il pouvait être le prochain sur la liste des bannis), en passant par Jacques Attali, sans oublier le silence gêné d’une partie de la macronie. Ils ne peuvent ignorer l’effet indésirable que peut provoquer ce genre de sanction "à la carte" sur l’opinion publique, alors que s’accumulent au quotidien des faits divers sanglants, au sujet desquels on retrouve souvent, en amont et en aval, un laxisme judiciaire difficilement compréhensible. Quant à « l’atteinte aux règles du jeu démocratique » évoquée par la juge dans son verdict contre Marine Le Pen, on laissera le lecteur juger du niveau réel d’atteinte à la démocratie que représente l’élimination préventive, dans un timing parfait, du candidat le mieux placé dans les sondages. 

Derrière le pare-feu irréprochable de la justice indépendante et souveraine, et après avoir encore méprisé 13 millions d’électeurs, on attend avec impatience le prochain piétinement démocratique. Et dans ce domaine, il ne faut pas sous-estimer les efforts des apôtres dévoués de l’extrême-centre. Ils ne se cachent même plus, tant ils sont terrorisés à l’idée de perdre la partie. Thierry Breton l’avait d’ailleurs annoncé le 9 janvier 2025 sur RMC

« Faisons appliquer nos lois en Europe lorsque celles-ci risquent d'être contournées et qu'elles peuvent conduire
à des interférences. 
On l'a fait en Roumanie, il faudra évidemment le faire si c'est nécessaire en Allemagne. » 

La décision du tribunal de Paris a au moins le mérite de clarifier les choses. La juge en question vient peut-être de réaliser un magistral "contre son camp", livrant, clé en main pour 2027, une dramaturgie, une martyre et la trame d’un feuilleton de reconquête passionnant. Ce sera notre version du « comeback de Trump » (la comparaison s’arrête là, les deux ayant peu de points communs, si ce n’est une diabolisation obsessionnelle par leurs adversaires). Si Marine Le Pen a peu de chances de revenir dans la course, rien ne l’empêche d’être un jour dans un futur gouvernement, ministre de la Justice qui sait ? Après tout, on a bien un ancien Garde des Sceaux  qui fait aujourd'hui le comédien à 100 mètres de l'Élysée. On point de n'importe quoi où on en est rendu...

On manquait d’un récit pour la prochaine présidentielle. Les justiciers viennent d’en initier un de toute beauté.
illustration : Justice est faite, d'André Cayatte (1960)

Retour à Cantat

par
À l’occasion de la diffusion de la série documentaire de Netflix, nous avons droit à une nouvelle vague de réactions épidermiques au sujet de Bertrand Cantat, chanteur du groupe Noir Désir, idole absolue du rock français dans les années 1990, tombé en disgrâce après la mort, sous ses coups en 2003, de sa compagne, l’actrice Marie Trintignant. 

Cela reste toujours étrange pour moi de voir tous ces gens cracher sur Bertrand Cantat plus de vingt ans après des faits dont on (Ici, Netflix) parle encore puisque coupable et victime portent l’étiquette « people ». 

Avant la mort de Marie, le mec était aveuglément adulé par le public de gauche et la presse de gauche, ce qui, déjà à l’époque, avait tendance à m’exaspérer. Je trouvais Noir Désir, bien que sympathique sur scène, largement surestimé. Et je me rappelle des prises de position politiques de Bertrand Cantat, collectivement élevé au rang de penseur et porte-drapeau de la nouvelle génération, dignes du niveau « OK Podium / Jeune et Jolie » (en résumé : « À bas les méchants fascistes et Jean-Marie Messier ! » – l’ancien patron de Canal+, qui occupait alors dans l’imaginaire gaucho-LFIste la place qu’occupe aujourd’hui Bolloré, également patron de Canal). 

Puis, le drame : la mort de Marie une nuit d’été à Vilnius. Après un temps de stupeur (« Non, ce n’est pas possible, on nous ment, ce n’est pas lui »), Cantat est devenu, en 2015/2025, pour ces mêmes personnes, l’incarnation absolue du mal (ou du mâle, ce qui revient aujourd’hui à peu près au même). Le temps que la nouvelle génération ne connaisse Cantat que comme un meurtrier et que l’ancienne oublie à quel point elle l’avait déifié. 

Au-delà du drame pour lequel le chanteur a payé devant la justice (on peut considérer que ce n’est pas assez, comme tant d’autres jugements dans tant d’autres domaines) et continuera de payer jusqu’à la fin de ses jours, ce qui me fascine ici c’est l’opinion publique et les mouvements de croyance : du culte aveugle à la condamnation tout aussi aveugle. Cette persistance dans les jugements définitifs que l’on croit intimes et éclairés par notre grandeur d’âme, mais qui ne sont, au fond, que le prix d’entrée minimal à la grande pensée sectaire, sans nuance aucune, le plus souvent basée sur un fantasme rassurant. J’espère que le documentaire de Netflix en parle au moins un peu. Vous me raconterez. Je goute peu leurs pratiques en matière de documentaires en général.


10 mars 2025

La Troisième Guerre mondiale pour les nuls

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Le JDD a titré sur la seule synthèse raisonnable à tirer des récentes sorties de Macron quant à son  prolongement souhaité du conflit ukrainien : La surenchère de la peur

Sur X, j’apprends par un communiqué que La Présidence de la République dément avoir employé les termes "faire peur" qui lui sont prêtés dans l’édition du jour du JDD et qu’il ne s’agit ni de son expression ni de son intention

Rassurez-vous, la « menace existentielle de la Russie » et tout le vocabulaire de l’angoisse et de la dramatisation ne sont pas employés par le Président dans le cadre d’un énième chantage à la peur. On reconnaît bien là les méthodes perverses déjà à l’œuvre dans la gestion du Covid et de ses suites vaccinales. Il faut être sous substance pour ne pas percevoir que le grand barnum guerrier annoncé par Macron, n’a que peu avoir avec le bien être des Ukrainiens (qui tournent à 1000 morts par jours depuis trois ans), mais répond avant tout à une triple ambition : 

- La reconquête de légitimité intérieure pour un président détesté,
- La tentative de redorer le blason de l’Union européenne mal aimée, 
- La mise en place d’un gigantesque hold-up financier, sous couvert d’unité nationale. 

Macron, l’opportunité d’une guerre :

Macron est le quatrième président le plus détesté des démocraties développées. Il a beau être déconnecté de la réalité, ce chiffre-là, il l’a bien en tête. Comment se refaire une crédibilité sur un tel lit de haine ? Trouver plus détestable que lui à l’étranger.  Et ça tombe plutôt bien. Depuis des années, Poutine et Trump sont traités comme des parias par l’ensemble des médias français et leurs journalistes de palais (dont la circonférence des couilles s’accroit magiquement à mesure qu’ils s’éloignent de la rue du Faubourg St Honoré). 

Si chaque Français peut percevoir au quotidien les effets désastreux de la politique de Macron, ils seront bien peu nombreux à aller vérifier sur place, aux États-Unis ou en Russie, la réalité du quotidien de ces peuples et leur degré de soutien à leur dirigeant respectif. (SPOILER : Trump et Poutine ont été confortablement réélus et sont bien plus appréciés chez eux que Macron ne l'est chez lui) 

Ici, les journalistes enchaînent les tribunes, sans le moindre recul historique ou social, pour insulter des chefs d’État élus. Ils ont ainsi contribué à ancrer dans l’inconscient collectif une vision binaire du monde, où toute nuance est reléguée à une marginalité suspecte, taxée de complotisme ou, maintenant, d’« intelligence avec l’ennemi ». 

Dénigrer Trump et Poutine étant une rente médiatique, Macron peut rafler à court terme la mise sur l’opinion publique : la cause (irrationnelle) semblant supérieure à sa propre détestation. 

L’UE en quête d’un second souffle :

L’UE a été construite sur le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, avec la promesse d’empêcher tout nouveau conflit sur le continent. Aujourd’hui, ce conclave de technocrates non élus en vient à engager la remilitarisation de l’Allemagne, pour traverser la Pologne et aller combattre les Russes. 

Le prétexte ?
  « Trump, c’est Hitler, il faut sauver la démocratie ». Mesure-t-on le délire ? 

L’UE, ce service de livraison de populations aux marchés, générateur de décisions absurdes et déconnectées, est au bout du rouleau. Pays après pays, elle peine à s’imposer comme l’évidence qu’elle prétendait être. Elle n’a plus d’autre justification que la poursuite acharnée de ses propres échecs. Cette guerre est sa carte joker. 

Dans le même temps, ces mêmes élites annulent les résultats électoraux qui ne leur plaisent pas (comme en Roumanie ce week-end ou comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne en cas de victoire de l’AfD). Elles ignorent les référendums et les votes (comme en France en 2005 ou encore l’an dernier) et applaudissent carrément l’annulation d’élections (comme en Ukraine, tiens, justement). 


Le hold-up sur le dos des peuples :

Nonobstant les pertes humaines (une broutille), le premier effet d’une guerre c'est de relancer une économie. Mais ici, avec le « Tous anti-Poutine », on est carrément dans le détournement de fonds. 

- Détourner l’argent public vers des entreprises privées (chaque euro injecté dans l’effort de guerre se fait au détriment du bon fonctionnement interne des pays.)

- Détourner l’épargne des particuliers vers l’État, qui redistribuera ensuite cet argent… à des entreprises privées. 

Pillage ultime de nos économies et de nos derniers acquis qui, au passage, permet d'excuser des dépassements de seuil d’endettement en totale contradiction avec les discours sur la dette publique culpabilisant les citoyens depuis des années. 

Sur ces trois caps, le contrôle du cadre médiatique est primordial. Il est plus probable que jamais qu’au nom de la lutte "contre la désinformation", toute publication déviant du narratif officiel soit minimisée, raillée et plus simplement interdite ou criminalisée. Au nom de la liberté bien sûr, comme au moment du Covid. 

L’heure du dépôt de bilan approche 

Mais L'Histoire avance bien plus vite que Macron et que la vieille machinerie de l’UE. Tout cela sent l’heure du dépôt de bilan pour leurs vieux fantasmes. Il existe une science exacte qui remet toujours en place les discours pompeux, les fantasmes irrationnels et les postures excessives : La réalité. 

La classe médiatico-politique française en a perdu l’habitude. Régulièrement, cette réalité s’impose, et nos experts infatués, nos journalistes de cour et nos politiques médiocres viennent s’y écraser. Je donne  quelques mois pour que le soutien des Français à l’« effort de guerre », que nous vendent certains sondages, s’effondre. 

Pourquoi ? 

Parce qu’il n’y aura peut-être plus de guerre à mener.
 (Les affreux Hitler de Moscou et Washington ayant négocié la paix.) 

Parce que si guerre il y avait encore, vu l’état de nos armées, nous ne serions pas en mesure de la mener ni de la gagner avant… une bonne quinzaine d’années. 

Et que sera l’UE dans quinze ans ?

Un mauvais souvenir.




6 mars 2025

Quoi qu’il en coûte 2 : le retour de la peur qui tue

par
Vous vouliez des hôpitaux où l’on ne vous laisse pas mourir dans les couloirs, des écoles à proximité où vos gamins ne se font pas poignarder sous le regard d’auxiliaires de sécurité payés un demi-SMIC, ou plus simplement des augmentations de salaire ? Niet. Vous aurez la peur et la guerre. Il faut combattre le nouvel Hitler.  C’est, en substance, l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron hier, justifiant la version 2 du « quoi qu’il en coûte », sous-titrée : « cette fois, c’est la lutte finale contre l’Empire du Mal ». 

Pas besoin de regarder cette prise de parole exceptionnelle de notre chef de la résistance contre les moulins à vent pour comprendre que le guignolo nous refait le coup du Covid. Tel Colin Powell agitant sa fausse fiole d’anthrax devant le Conseil de sécurité de l’ONU en 2003 pour justifier l’intervention militaire américaine  en Irak, Macron fait trembler les boomers : 

« La Russie est devenue une menace pour la France et l’Europe, et son agressivité ne semble pas connaître de frontières (...) Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie  » 

Alors que, après son petit coup de calgon de vendredi dernier, Zelensky publie sa lettre d’excuses à Donald Trump pour négocier un deal à l’amiable qui permettrait la paix pour son pays (un détail sans importance), la coalition des autocrates européens en déliquescence trouve dans la figure du méchant Poutine l’opportunité de regagner quelques galons de légitimité. Rien de tel qu’une cause va-t-en-guerre pour étouffer, sous un patriotisme de pacotille, les bisbilles locales, qu’elles concernent l’économie, la précarité grandissante des peuples ou, plus vulgairement, quelques considérations démocratiques. Le tout est acclamé à l’unisson par la presse de Palais, qui déploie son génie de la propagande et du suce-boulisme contorsionniste dans ce genre d’épisodes de délire collectif. Un délire qui a le mérite d'insuffler à une nation, au moral et à l'économie à zéro, de nostalgiques réminiscences d’empire colonial planétaire. 

Sortons du fantasme. 

Avons-nous des problèmes à régler chez nous avant tout ? Oui. 
Que nous apporte la résolution ou pas de ce conflit ? Rien.

Avons-nous les moyens de nos ambitions ? Évidemment non. 

Trois bonnes raisons, donc, pour Macron de s’y engouffrer, la fleur au fusil. 
Juste au niveau français, on approche les 4 000 milliards de dettes, et déjà, on nous annonce 100 milliards d’euros supplémentaires par an pour notre « réarmement », destiné à compenser le désengagement américain en Ukraine. Pas grave : en puisant dans l’épargne des Français et en détruisant encore un peu plus le service public, on pourra acheter de nouvelles armes (américaines, c’est ça qui est rigolo) afin de soutenir un pays classé 104e sur 180 en matière de corruption. Le tout, bien sûr, en arrosant les intermédiaires les plus obscurs à coups de « fonds européens » et de rétro-commissions opaques (une spécialité bien française). Résultat : un appauvrissement supplémentaire pour les peuples d’Europe, au nom de la Grande Cause, tandis que les États-Unis et la Russie, déjà passés à autre chose, se partageront l’Ukraine et ses ressources. 

Pendant que nous financerons ce rêve d’Europe militaire par une dégradation sans précédent des conditions de vie des pays endettés et la séquestration de notre épargne, n’espérez pas que cet « effort de guerre » s’applique à nos menaces locales : islamistes, terroristes, ou encore le « simple » OQTF de proximité qui poignarde des enfants à l’école ou roule au camion sur des familles entières, désormais sur une base quasi quotidienne. Non ce n’est pas une priorité. D'ailleurs ça n'existe pas.

C’est toujours fascinant de constater à quel point le biais d’investissement (à savoir la détestation, à ce stade irrationnelle, de Trump et de Poutine), combiné à une propagande à l'enclume (comme pour le Covid : si les médias ne rabâchaient pas cette histoire ukrainienne H24, alors qu’elle a commencé bien avant 2022, on ne s'en apercevrait même pas), peut modeler l’opinion publique

Aujourd’hui, presque toutes les informations sont accessibles, les angles d'analyse aussi. Peut-on même seulement en vouloir aux dirigeants de manipuler les masses, ou faut-il plutôt questionner l’aptitude des masses à se faire manipuler à répétition ? Un seul ennemi, c'est plus simple. Poutine, c’est l'unique méchant, Volodymyr, c’est le seul résistant. Le vaccin, c’est la santé et Macron, la sécurité. Dormez bien et préparez le porte-monnaie.



2 mars 2025

Trump, Zelensky et les dindons

par
Zelensky, c’est le genre de mec à ne pas inviter en soirée. Il arrive en survêtement, te vide le frigo, reste trois ans, les rangers sur la table, et finit par te traiter de « sale fils de pute » parce que tu ne lui remontes pas ses courses et que tu ne l'appelles plus « mon amour ». 

Vendredi dernier, comme à son habitude, le pique-assiette de Kiev est venu quémander encore quelques milliards à la Maison Blanche. Mais cette fois, le taulier a demandé des comptes : un petit retour sur investissement pour les brouettes de thune déversées depuis trois ans. Le ton est monté, des noms d’oiseaux ont fusé et Zelensky est reparti en slip de camouflage, remis à sa place (c'est pas en position de négocier) sous les caméras du monde entier par Trump et son vice-président, JD Vance (sur qui, au passage, je mets un billet pour la future présidence US en 2029). 

L'humiliation ! titre-t-on en Europe. Aussitôt branle-bas de combat à la tête de nos irréprochables démocraties du vieux continent pour prendre la tête de la contre-attaque des résistants (de la part de mecs qui ont imposé le pass sanitaire, annulent les élections quand les résultats ne leur plaisent pas, réduisent une à une toutes les libertés fondamentales, ça ne manque pas de paprika). Bref, opération câlino-thérapie expresse pour Volodymyr, dès sa descente d’avion à Londres, par nos parodies de leaders européens. 
Et on repart en fanfare sur les ondes comme il y a trois ans, sous les clameurs des journalistes de palais, dans un de ces vortex de débilité dont notre Europe à l’agonie, et sa cour consanguine d'élites autoproclamées de la pensée éclairé, ont le secret. Une partie du peuple n’est pas en reste : alors que le moindre soupçon de patriotisme français vous catalogue immédiatement à la droite radicale de l'extrême-droite, voilà qu’on ressort sur Facebook les drapeaux ukrainiens et que l’on se félicite à la TV des milliardaires (mais les gentils milliardaires hein, pas Bolloré) que la guerre puisse continuer encore un peu. Purée, on l'a échappé belle, avec Trump on n'est passé pas loin du cessez-le-feu dis donc ! L'Europe assure qu’elle ne laissera pas tomber « mon amour » face au méchant Poutine… Peu importe que ça coute des centaines de milliards, ces larves ataviques, aussi appelées « peuple », sont là pour payer.  

Bref, aucune leçon tirée des trois dernières années. 

Je ne vais prétendre à aucune analyse géopolitique autre que celle du pragmatisme le plus élémentaire. Ma position sur le soutien à l'Ukraine est rigoureusement la même qu’en février 2022 : soit on a les moyens de faire la guerre, soit on ne les a pas. Et là c'est simple on ne les a pas. L’Europe n’a pas d’armée, la France est couverte de dettes et ni l’un pas plus que l’autre ne sont foutus de sécuriser leurs propres frontières. Pourquoi diable irions-nous nous mêler de celles de l’Ukraine ?  

N’importe qui d’un peu sensé devrait tenir, en gros ou en raffiné, ce discours. 

Seulement voilà, en Europe, on a depuis longtemps quitté le terrain du rationnel. En France, c'est même devenu un mode de gouvernance, et d'opposition. Comprenez bien : en France, on n’a pas de pognon, mais on a des « valeurs » – quitte à ce qu’elles occultent totalement la réalité ou les mathématiques. Ici, on assurait fièrement au plus haut sommet de l'Etat en mars 2002 qu'on ferait « plier l’économie russe » en deux mois, comme on était certain en octobre dernier que Trump, l’autre grand méchant (attention Guignol : un nazi!), ne serait jamais réélu – alors que tout l’annonçait pour celui qui se donnait juste la peine de sortir de ses fantasmes et ses phobies pour observer les faits et écouter les gens. L’Europe a eu faux sur toute la ligne dans son soutien inconditionnel à l'Ukraine, mais (comme pour le Covid), son biais d’investissement est tel qu’elle passera désormais tout son temps, pour prouver qu'elle n'a pas eu tort, à poursuivre sa chimère mortifère de guerre au lieu de résoudre un problème dont la solution est aujourd’hui, comme hier : ce n’est pas notre putain de problème ! 

Trump fait du business, l’Europe fait de la morale. Chacun son domaine de compétences. Maintenant que Trump a officialisé en live la rupture avec l’Ukraine, l’Europe va se retrouver seule en charge du boulet qui pille le frigo d'un côté et rempli les morgues de l'autre. Et un tel entêtement à désirer la guerre, sous les yeux de BRICS goguenards, ça peut vite tourner en grosse couillonnade, du genre de celles dont on met des décennies à se relever. On a déjà assez de problèmes chez nous : faillites d’entreprises, services publics à la ramasse, déserts médicaux, dette abyssale, sans parler des meurtres à chaque coin de rue … Quant à l’humanisme qu’on nous sommes d’avoir à grandes tartines de moraline : que nos politiques en pantoufles à 10K mensuels depuis la nuit des temps, et autres journalistes parisiens qui veulent cette guerre, la payent avec leurs petites économies. Qu’ils enfilent leurs treillis et, encore mieux : qu’ils envoient leurs enfants au front. 

On pourra commencer à parler de « nos valeurs ». 






20 janvier 2025

L'exode de la police de la pensée

par
C’est donc le jour de la fin du monde. À l’approche de l’accession au pouvoir du satanique Donald Trump et de son acolyte, le grand méchant Musk, la secte des éclairés du Boulevard Saint-Germain déclare, à grand renfort de tribunes, quitter X-Twitter pour s'embarquer dans un grand exode de la bien-pensance vers la Terre promise du grand capital "gentil", à savoir un autre réseau social américain (qui aura le privilège de publier leur prochain appel à voter Macron). 

Bien leur en fasse, je ne vais pas me plaindre de ne plus être inondé de posts de Sandrine Rousseau ou Marine Tondelier, geignant toutes les demi-heures qu’on bâillonne leur expression (alors que je ne suis même pas abonné à leurs comptes). Je noterai toutefois que le camp du bien a placé toutes ses forces dans cette bataille médiatique : des soldats de la droite aux humoristes de France Inter, ils ont bien occupé les plateaux télé (sans contradiction, ça leur plaît) pour cracher sur Trump (c’est moins risqué que sur Macron), Musk, et surtout son réseau X. 

Cette panique morale franco-française d’une large partie de la gauche (qui n’est en fait que la variation "culture et divertissement" d’une bourgeoisie réactionnaire, tout ce qu’il y a de plus classique) est révélatrice de sa terreur de se retrouver en minorité idéologique. Il ne faut pas leur dire (ils ne le supportent pas, visiblement), mais ils le sont déjà. Jusque-là, ils pouvaient maintenir l’illusion dans des médias verrouillés, à l’accès par cooptation, où toute contradiction est écartée, stigmatisée ou moquée. Ce qui n’est plus le cas sur la majeure partie des réseaux sociaux et particulièrement sur X (où, via l’entremise du shadowban et de fact-checkeurs rémunérés par les rédactions et des organisations opaques, la censure leur bénéficiait jusqu’en 2024). 

La campagne anti-X à laquelle nous avons eu droit dans les médias mainstream cette semaine est une préparation idéologique à la suppression totale de certains réseaux sociaux dans les plus brefs délais par nos défenseurs européens de la liberté d’expression et autres "nous sommes tous Charlie" locaux. (Insolite : la rédaction de Charlie Hebdo, toutes balles oubliées, fait partie de cette campagne de diabolisation). 

Intéressons-nous à un aspect de cette campagne médiatique : l'application HelloQuitteX, qui propose d’assurer la transition des abonnés de la plateforme X vers d’autres réseaux tout en conservant leurs contacts. HelloQuitteX est estampillée CNRS (donc financée par l’argent public). Mais le CNRS en question vient de démentir que cela venait de lui, alors que le service est bien hébergé par le CNRS et développé par certains de ses chercheurs. (Hmm… ça commence à puer).

Coup de com’ a priori inoffensif et autogéré, sous haut patronage de la LDH, l’application en question a bénéficié d’une couverture médiatique dithyrambique ces six derniers jours, représentant ce qui équivaudrait à plusieurs millions d'euros s’il avait fallu la payer sous forme de campagne publicitaire. (Aucune campagne de gauche sur la misère sociale ou le mal-logement n’a eu autant d’exposition en si peu de temps…) 

Plusieurs Xnautes ont remarqué que l’hébergeur de HelloQuitteX est proche de Mediapart, des Verts et de l’association de défense des libertés numériques La Quadrature du Net (dont j’apprends qu’à l’instar de multiples organes de presse, elle est subventionnée en partie par George Soros à hauteur de 130 000 $/an – soit deux salariés à temps plein). Bon, là ça pue clairement l’opération politique sous-traitée par la branche geek des black blocs, mais rien de tout cela n’est illégal. 

Là où ça se complique, c’est que l’application, dans un flou juridique total, aspire les données de tous les abonnés et abonnements des utilisateurs pour leur transfert d’une plateforme à l’autre… avec, au passage, les adresses email, voire les numéros de téléphone (coucou la CNIL). 

Décodons : c’est une arme marketing politique inespérée, un fichier clients de millions de personnes sensibilisées, un fichier totalement exploitable dans le cadre de campagnes de mailing ou d’appels à l’action pour les prochaines échéances électorales (les municipales de 2026, voire les présidentielles anticipées qui nous pendent au nez). Exploitable par qui ? Cela mériterait au minimum une enquête et une suspension temporaire du service, le temps d’y voir plus clair. 

Mais c’est "le camp du bien", alors ça va. 

Sinon, l’exil de X de Marine Tondelier n’aura duré qu’une nuit. Le 20 janvier à 10 h, elle était déjà revenue sur X pour "continuer le combat", écrit-elle. Lequel ? Celui des selfies et des OP de com’ véreuses pour maintenir son taux de clics ?



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