26 avril 2022
25 avril 2022
19 avril 2022
Il est de retour.
Moins spontané et enthousiaste qu'en 2002, moins évident qu’en 2017, toujours aussi peu subtil et toujours plus moralisateur : le barrage contre le méchant fascisme de l'entre deux tours de l’élection présidentielle 2022 qui oppose encore Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Attention, il y a un piège. Alors que tout de ces cinq dernières années indique le contraire, c’est bien le premier qui endosse sans complexe le rôle du gentil président « bienveillant » et la seconde qui doit passer les deux tiers de son temps d'antenne à se justifier des atrocités d'un quinquennat qu'elle n'a pas encore accompli.
Depuis Paris, sur fond de mémoire de poisson rouge et avec une bonne dose d'hypocrisie, le barrage contre la droite radicale se dresse petit à petit, face à la menace du débordement.
Tout électeur (surtout de gauche) est sommé de synthétiser ses choix et ses convictions dans un joli vote Macron et se soumettre au bon ordre des sachants, des artistes, des footballers expatriés qui tournent à 100 smics la semaine, de BHL, de tous les ministres et présidents des vingt dernières années, de Joey Starr et Nabilla et de la ribambelle des opposants de pacotille perturbés dans leur biotope économico/culturel par cette agression électorale du bas peuple. La France des nulle part c'est bien pour y passer ses confinements, mais quand ça vote c'est caca.
Pire criminel encore dans cette parade du point Godwin permanent : l’abstentionniste. Ce dernier doit rentrer dans le rang et voter pour le cocaïné du Touquet toute affaire cessante sous peine de procès en nazisme. L’électeur de Le Pen ? Beurk. On le lui parle pas (comme d'habitude). Lui et ses 8 133 828 collègues du premier tour sont des affreux, des sales et des méchants, bien évidemment tous racistes en plus d'être pauvres. Des salopards de fils de pute consanguins à noyer dans les douves du château fort de la démocratie autorisée.
L’heure est grave : la guerre en Ukraine, la quatrième dose (aka "deuxième rappel"), l’essence à deux balles, l’inflation et les pénuries, même la domination du patriarcat, sont mis de côté : chacun y va de sa tribune larmoyante pour appeler le peuple à se donner sans négocier à Macron. Cette hystérie rappelle les beaux jours de la campagne médiatique des "élites parisiennes" pour le "Oui" avant le référendum de 2005 sur la constitution européenne.
Après avoir fait monter la sauce du combat face à Le Pen depuis des mois, la presse des oligarques français (à l'antenne on les appelle "capitaines d’industrie") change de braquet dans la dernière ligne droite et ressort sa batterie d'arguments niveau maternelle 1er section. Rendez-vous compte : si elle préside le pays, MLP aura l’arme atomique et la police va taper ! Sûr que ça va nous changer...
Ces postures, expurgées d'autocritique, étaient déjà caricaturales en 2002 quand il s'agissait du père (mais bon il s'agissait alors d'"un accident démocratique"). En 2022, après cinq ans de régime macroniste d'une violence physique et psychologique inédite en Ve république et deux ans de semi liberté avec ségrégation des français non vaccino-soumis, cette insistance à nous faire avaler la pilule de la démocratie correcte vire au burlesque. Car derrière les condamnations unanimes du peuple mal votant, on ne répond pas aux raisons de son vote.
Il n'y aucune faute de goût. Ce second tour confronte exactement les forces populaires qui doivent se confronter : le conservatisme face à la colère.
Derrière ce récit rediffusé du bien contre le mal, il faut prendre le combat Macron / MLP pour ce qu'il est d'abord et avant tout en 2022 : un combat de classes. Derrière ce fight arrangé entre deux variantes de droite qui sont en accord sur le principal, se cache en fait le combat de deux France, celle du confort et celle de la colère. Celle qui veut que rien ne change, qui empoche et fructifie, et celle qui suffoque, qui se prend la hausse des prix dans la gueule, n'a aucune marge de manœuvre, qui a de moins en moins, ou n'a déjà plus, accès aux soins, à une alimentation correcte, au chauffage.
Ça devrait alerter et faire débattre : A plus de 65 ans, ça vote très majoritairement Macron, chez les étudiants aussi (dans une moindre mesure). Toutes les autres catégories, ceux qui sont dans la vie active, votent majoritairement Marine Le Pen. Ceux qui n'y sont pas encore ou n'y sont plus, et/ou en profitent à plein, votent Macron le plus souvent. Les statistiques d'âge sont parlantes, celles des revenus encore plus. A 2500 euros mensuels, c’est la porte d'entrée pour un vote LREM les yeux fermés. En dessous de 1300, c'est un vote RN quasi assuré.
Le Pen fera du Macron. Macron fait déjà du Le Pen. L'une n'est pas au pouvoir, l’autre a montré de quoi il est capable et il mérite une sanction et non des encouragements à aller plus fort et plus loin. Macron se torche total des états d’âmes de castors apeurés et des « c'est la dernière fois que je cède » jurés à chaque échéance électorale. Ce qui compte, c'est de gagner. C'est la présidentielle pas l'école des Fans. Il ne peut en rester qu'un. C'en est même savoureux de voir notre homme continuer à se foutre de la gueule des Français comme un camelot itinérant de supermarché, dopés aux conseils surfacturés, vendant tout et son contraire à qui veut bien encore l'écouter. Le plus dingue c'est que personne n'y croit, ni lui, ni ceux qui votent en se pinçant le nez pour lui, pas même son électorat de base dont la seule ambition est que rien ne change puisque le monde de maintenant avec son équilibre pépère, basé sur le sacrifice de pauvres et de jeunes, le satisfait pleinement.
Par un concours de circonstances tout à fait prévisible, certains parmi les plus acharnés opposants de Macron depuis cinq ans appellent à réélire le leader soudainement merveilleux, dernier rempart de nos libertés. Hier est oublié, demain est un nouveau jour, aujourd'hui on ferme les yeux sur ces cinq années de cette présidence dégradée et méprisante, qui a renforcé les inégalités et fracturé le pays comme jamais, pour combattre un fascisme fantasmé qui est le cache-misère d'un conservatisme non assumé.
Pour ma part, comme je l'avais annoncé en juillet dernier, mon vote se résumera en deux mots :
"Pass Vaccinal".
Un dirigeant qui a pondu ça est capable de tout. Un peuple qui a accepté ça a d'ores et déjà signé pour pire. Et cela tombe bien : Quel que soit le résultat, elle ou lui, le pire c'est ce que nous aurons.