Enfin ! Échoué en solitaire en ce jour de pont non-avoué à la
station en bas de chez moi, il trônait là, humble et vert anis,
sèchement rangé dans son rack comme un toast oublié dans son grille-pain
disjoncté.
En près d'un an d'interminables travaux, d'absence de service, et dysfonctionnements divers, j'ai perdu l'automatisme du geste. Mais le Velib c'est comme le vélo : ça ne s'oublie pas. Carte au poing, nourri du naïf espoir d'une mobilité urbaine à prix réduit, je m'élance aérien et majestueux, quoi qu'encore troublé des conséquences digestives d'un Mojito frauduleux trop vite avalé la veille, vers la station aride.
Tout s'annonce bien, je n'ai besoin d'appuyer qu'a trois reprises sur le bitoniau pour que l'écran m'indique une possibilité de prise de cycle. Je passe donc ma belle carte Metropole-Velib-Smovengo-HidalgoDemission sur l'écran LCD de type Gameboy-Tetris-1989 prévu à cet effet. Au terme des trente secondes de moulinage réglementaires, il m'affiche enfin un - Go ! - aussi inhabituel qu'encourageant. Prenant bien soin de ne pas être regardé et d'ainsi ne pas attiser les convoitises ("- Oh Putain l’enculé de sa mère, il a réussi a avoir un Velib : vite attrapez-le !"), je tire l'air de rien sur l'engin vélocipédique à indicateur de vitesse intégré et verrouillage électronique centralisé plus connu dans nos lointaines provinces par-delà la frontière interdite de la Porte d'Orléans sous le nom de "vélo". C'était trop beau, l'objet me résiste, j'insiste et je sens monter dans mes veines le vinaigre de cette colère qui pousse parfois les plus gauchos-metrosexuels d'entre nous à hurler la pire prose de réac en pleine rue et révéler ainsi à la ville blasée le timbre testostéroné de leur voix la plus masculine possible, quelque part entre Arnold et Willy :
En près d'un an d'interminables travaux, d'absence de service, et dysfonctionnements divers, j'ai perdu l'automatisme du geste. Mais le Velib c'est comme le vélo : ça ne s'oublie pas. Carte au poing, nourri du naïf espoir d'une mobilité urbaine à prix réduit, je m'élance aérien et majestueux, quoi qu'encore troublé des conséquences digestives d'un Mojito frauduleux trop vite avalé la veille, vers la station aride.
Tout s'annonce bien, je n'ai besoin d'appuyer qu'a trois reprises sur le bitoniau pour que l'écran m'indique une possibilité de prise de cycle. Je passe donc ma belle carte Metropole-Velib-Smovengo-HidalgoDemission sur l'écran LCD de type Gameboy-Tetris-1989 prévu à cet effet. Au terme des trente secondes de moulinage réglementaires, il m'affiche enfin un - Go ! - aussi inhabituel qu'encourageant. Prenant bien soin de ne pas être regardé et d'ainsi ne pas attiser les convoitises ("- Oh Putain l’enculé de sa mère, il a réussi a avoir un Velib : vite attrapez-le !"), je tire l'air de rien sur l'engin vélocipédique à indicateur de vitesse intégré et verrouillage électronique centralisé plus connu dans nos lointaines provinces par-delà la frontière interdite de la Porte d'Orléans sous le nom de "vélo". C'était trop beau, l'objet me résiste, j'insiste et je sens monter dans mes veines le vinaigre de cette colère qui pousse parfois les plus gauchos-metrosexuels d'entre nous à hurler la pire prose de réac en pleine rue et révéler ainsi à la ville blasée le timbre testostéroné de leur voix la plus masculine possible, quelque part entre Arnold et Willy :
"- PUTAIN DE BORDEL DE MERDE A LA CON DE VELIB DE MERDE QUI ROULE JAMAIS, CASSE LES COUILLES CHIER !"
La prise de position est suivie d'un petit coup de pied, discret mais
efficace, dans la roue arrière de la carcasse bloquée du truc cher et
inutile dont j'aperçois sur l’écran qu'il me décompte du temps d'utilisation. La morale de cette histoire qui me met en jambes
pour la journée sera : Velib,ce n'est pas parce que vous en voyez encore
qu'ils fonctionnent parfois.