27 août 2022

Retour sur le film : Martin et Léa (Alain Cavalier, 1979)

"Martin et Lea" d’Alain Cavalier (1979) avec Xavier Saint-Macary et Isabelle Ho. En parallèle d’une vague intrigue policière qui l’intéresse peu, Cavalier filme le quotidien d’un couple d’un soir qui devient amoureux au fil des jours. Xavier et Isabelle sont ensembles dans la vie et cela se sent. La force du film réside dans la capture de ces moments de complicité, du brossage de dents aux scènes d’amour où seuls les visages sont filmés, les sons captés. Ces moments qui appartiennent à tous, communs à chacun, et finalement si peu représentés dans le cinéma. Le film se conclut sur le ventre rond d’Isabelle Ho qui attend leur enfant (dans le film comme dans la vie). 

On m’a souvent parlé de ce film, comme précurseur malgré lui de la "télé-réalité".  Il est vrai que c’est une oeuvres les plus attachantes filmées par Cavalier. De son aveu, il voulait filmer le bonheur. On y retrouve d'ailleurs le ton, sans l'esthétisme, du "Bonheur" d'Agnès Varda, tourné une décennie tôt. A la lumière du drame personnel qu’il a vécu quelques années plus tôt, "Martin et Léa"' a presque une dimension spirituelle et religieuse et préfigure la troisième période, introspective et plus intimiste, de la filmographie de Cavalier. Que Xavier Saint-Macary et sa compagne Isabelle soient morts quelques années quelques années plus tard, à moins de quarante ans chacun, rajoute au trouble éprouvé au fil des scènes de ce bonheur simple, à l'universalité de ce qui nous est montré. Le film n’a l’air de rien et il est tout. Il sera intact, vivant et non démodé, parfaitement émouvant dans deux siècles, quand tant d’autres oeuvres, aujourd'hui encensées et incontournables, seront oubliées.


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