8 mars 2023

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"Trimestre anti-inflation" : Promo flash sur le foutage de gueule

Ça y est enfin ! Au bout de 18 mois d'inflation avec du +120% sur la paella congelée et le couscous en boîte, l'Etat prend les choses en main et agit fermement. Bruno Lemaire s'est enfermé avec la cellule 'com de crise de Bercy et a pondu ce que les Français espéraient du plus profond de leur détresse économique : 

Un numéro vert ? 

Non, mieux.

Un logo.

Il s'appelle "le trimestre anti-inflation". De sa pureté graphique tricolore, il symbolise l'union de la grande distribution pour baisser (ou plutôt de cesser de faire augmenter) les tarifs sur un ensemble de produits... non définis puisque que c'est au bon vouloir des enseignes concernées. Bizarrement ceux qui affirmaient encore la semaine dernière ne pas pouvoir rogner plus sur leur marge trouvent soudain des possibilités de les réduire. On part donc sur une bonne base de confiance là. 

Quel est le principe du trimestre anti-inflation ? 

C'est de l'aumône éphémère sur une grille tarifaire floue ("les prix les plus bas possibles" (SIC), ça s'appelle un slogan publicitaire pas un tarif réglementé) concernant des produits aléatoires (dont rien n'assure que ce ne soit pas de la merde ou, plutôt, tout le laisse supposer). Mais surtout : l'important est sauvegardé : on n'augmente pas les salaires. Purée, on a eu chaud. On a failli avoir plus de pouvoir d'achat.

Passons les gesticulations argumentaire de l'inénarrable Bruno Lemaire qui croit réellement avoir livré une bataille héroïque sur le front de la méchante inflation (son personnel de maison affirme l'avoir vu faire des courses en 1982), voyons ici ce qu'il faut d'abord voir : un joli coup de pub gratuit de la grande distribution, opération complaisamment relayée sur les chaines d'infos (par ailleurs, par hasard, également les premières à leur louer de copieux espaces publicitaires entre deux pages de "news"). 

Avouons que la grande distribution est déstabilisée par le bouleversement qui gronde hors de ses murs. Après avoir empoché des milliards d'aides d'Etat à redistribuer aux actionnaires, la grande distribution s'inquiète des répercussions de l'inflation sur son chiffre d'affaires. Pire angoisse face aux spectaculaires hausses des prix : et si jamais les clients hameçonnés à la carte de fidélité commençaient à s'aventurer sur d'autres territoires de consommation ? Il parait qu'il y en aurait même qui arrêteraient déjà d'acheter des sodas sucrés et des Pastabox pour recommencer à cuisiner et faire des économies en mangeant sain. Non mais on va où là ? C'est notre mode de vie qui est attaqué. 

Il fallait effectivement agir et remettre le consommateur dans le droit chemin : celui de l'achat de merdes à bouffer. 

Merci Bruno. Tu n'as rien fait, mais c'est déjà beaucoup.



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