Jean-Michel Blanquer a "précisé" les contours de l'usine à gaz de la réouverture anticipée des établissements scolaires le 11 mai, date symbolique de "déconfinement qui n'est pas un déconfinement". Curieux sentiment avec ce gouvernement : plus il donne des précisions sur la reprise, plus celle-ci paraît floue. A l’évidence, le monsieur propre de l'Education ne voulait pas de cette reprise printanière. Comme nous, le ministre a dû apprendre devant son poste qu'il avait trois semaines pour préparer une rentrée des classes en "temps de guerre sanitaire". Quelle connerie la guerre. Ses hashtags étaient déjà calés jusqu’à septembre : #nationApprenante #WeekEndApprenant #GrandesVacancesApprenantes #ChomageDeMasseApprenant et, paf, le couillon en chef a plié sous les injonctions du Medef pour sortir de son chapeau cette reprise surprise, histoire que les enfants de pauvres puissent être gardés par des enseignants à sacrifier. Le confinement est un luxe de bourgeois. Si le virus n’avait atteint que les classes populaires, il n’y aurais JAMAIS eu de confinement. Il n’y a pas de justification autre qu'économique à cette reprise des cours aussi prématurée. D’ailleurs les universités ne reprendront pas avant des mois, et il se dessine clairement que les enfants des privilégiés qui peuvent télé-travailler (et disposent de plusieurs ordinateurs) seront dispensés d’aller physiquement en classe et pourront eux aussi étudier en télé-travail.
La reprise des cours dans des conditions sanitaires acceptables (je veux dire celle qu’on nous impose à longueur d'ondes dans des spots débilisants) est tout simplement impossible. Dimension des locaux, proximité continue, files d’attente interminables, évidemment les millions de masques quotidiens nécessaires que l’Etat ne sera jamais en mesure de fournir ne serait-ce que pour une seule journée, idem pour les tests. Je n'évoque même pas la question de la cantine, des couloirs et des transports scolaires… On peut s’interroger sur cette désinvolture au terme de sept semaines de privation de liberté. Depuis le départ, bien avant le confinement, ce pouvoir alterne sur une base quotidienne, dès fois même à l’intérieur d’une seule journée, entre le discours sur la dangerosité extrême du virus et celui du relativisme en se basant sur une parole scientifique qui, elle-même, se contredit puisqu’elle n’a pas tellement plus de recul sur ce virus que le commun des mortels. En cas d’échec à combattre ce que le pouvoir ne sait même plus définir, la parade est trouvée : c’est de la faute des Français qui ne seront responsables et n’auront pas complètement saisi l’enjeu.
On juge un pouvoir à la façon dont il traite ses prisonniers et à la façon dont il traite sa population en temps de crise. En temps de crise, ce pouvoir n’accomplit qu’une chose : faire de nous des prisonniers de nos maisons et de ses discours schizophrènes. Demain jour 40, toujours pas de masques, pas de tests. Nous n’aurons pas d’ici le 11 mai. La seule certitude que l'on peut avoir avec cette clique de médiocres, dont les deux seuls super pouvoirs restent à ce jour de distribuer des PV et de tordre la cohérence, est que le 11 mai il n’y aura pas de 11 mai.
Les jours d'avant :
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