23 mars 2020

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#confinement jour 10 : L'intime collectif

J’entends les critiques de Twitter (que sait faire Twitter à d’autre ?) sur les diaristes en herbe, ces privilégiés qui romancent l’épidémie en retrouvant la plume et leur héros préféré, eux-mêmes, "sans avoir à s’embarrasser des figurants" comme l’écrit très justement Pacôme Thielemans.

J’aime les journaux intimes, tous même les mauvais, leur lecture est quelque part rassurante, leur rédaction apaisante. Ecrire le quotidien est mon autre drogue avec la course en solitaire, si proche : rigueur quotidienne, maintien d’une pratique physique et intellectuelle, oxygénation. De ce côté la renaissance actuelle des blogs et des journaux de confinement sur les réseaux est un petit bonheur imprévu.

Ecrire, une façon de signifier pour un semblant d’éternité que tout d’une journée, l'esquisse d'un sourire, la couleur d'une fleur, la peur à l'intérieur, même et surtout l’ennui, est précieux.

Le journal a toujours ma préférence littéraire. Depuis le collège, les fictions m’emmerdent. J’aime Balzac pour ses portraits d'une époque à travers la description d'une poignée de porte et Proust pour sa faculté à tourner 3000 pages autour du pitch (le cul d'Albertine). L’histoire m’importe peu, traverser la rue vaut mille fresques en trois tomes.

Je traverse la rue et je retrouve mon seul vrai boulot : élever mes filles. Circuler avec des enfants devient de plus en plus mal vu. Comme je le présentais la semaine dernière, il faudra slalomer la semaine prochaine entre ceux qui se contrefoutent toujours du virus au supermarché et ceux qui sont prêts à te dénoncer parce qu’ils t’ont vu par la fenêtre. Courir sera probablement supprimé dans les heures qui viennent vu l’hystérie des experts médicaux à la parole divine sur les plateaux télés. Ils te veulent obèses devant la TV, manger 5 séries et JT par jour.

En attendant, on se remet au fitness, cette fois sur du Cure.

"I never thought tonight could ever be
This close to me"

C’est étrange de l’écrire mais, mettant de côté la non possibilité de sortir, nous passons un de ces dimanches de confort moderne classique : ratatouille bio, récupération des devoirs en retard, confection d’un flan, sessions de croquis et de portraits et visionnage d’un Disney en anglais.
Les échos d’un nouveau scandale médical impliquant Macron et sa garde rapprochée d’incompétents monte sur les réseaux. Ne nous énervons pas. Ils rendront des comptes en temps voulu.

Accrochons-nous à ces petites satisfactions quotidiennes, cette crise aura au moins deux effets positifs : L’UE, démontrant à grande échelle sa totale inutilité, s’autodétruit sous nous yeux et, pour l'instant, nous mangeons mieux.

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