27 mars 2020

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#confinement jour 14

Seule sortie de la journée : le running matinal dans le quartier fantôme entre Tchernobyl, la planète des singes et le fils de l'homme. Le film de science-fiction que nous traversons depuis deux semaines jauni peu à peu, ça commence à ressembler à un documentaire façon frères Dardenne. C'est l'histoire de Seb Musset qui cherche un pack de lait demi-écrémé en tentant d'éviter les infectés. Va-t-il y arriver ? Si oui, ces coupons réductions pré-pandémie vont-ils encore fonctionner ? Alors que je longe la succession des panneaux électoraux du funeste premier tour des municipales, une sonnerie d'école déchire le silence. Les traces papiers du monde d’avant flétrissent et laissent place aux affichages sanitaires flambants neufs : restez chez vous, lavez-vous les mains, combattez l’ennemi invisible. Les boyaux d’un rat écrasé au milieu de la rue sont dépiautés par un couple de corbeaux. Un début de file d’attente se forme devant la boulangerie, un par un c'est marqué. Je lève la main pour saluer de loin un petit vieux de mes voisins, seul et non protégé. Je vois qu’il ne me reconnait pas derrière mon masque bricolé, d’autant qu’il a le soleil dans l’oeil, mais il me répond un joyeux « Bonjour Monsieur ! » qui résonne quelques secondes sur les façades aux stores baissés que transpercent des regards inquisiteurs.  J'appuie sur l'horodateur pour savoir où j’en suis : il me reste douze minutes de sortie dans la zone autorisée. Cette crise confirme sans détour ce que l’on sait déjà : nous sommes tous à la fois fliqués et abandonnés par l’état.

Les chiffres sont tombés grâce à l’ouverture des datas d'un opérateur téléphonique : un million de franciliens ont quitté le grand Paris en quelques jours. C’est une catastrophe pour certaines régions sous dimensionnées au niveau hospitalier et une "petite" bulle d'air dans le bocal de microbes parisien. Voilà peut-être la raison de ce début d’« air de vacances » qui flotte sur une capitale creuse mais qui reste sous tension larvée. Nous devinons l’issue provisoire de tout cela dans quelques semaines, en espérant que la propagation sera efficacement ralentie grâce à nos assignations à résidence. Il restera néanmoins, dans ce meilleur des cas, l’impératif de vigilance et la distance. 

Les vacances d'été vont avoir une drôle de gueule avec nos déambulations en slip de bain et masque intégral. Il en ira de même au turbin : tous au bal masqué pendant plusieurs semaines. 

C’en est fini pour longtemps de la bise et de la poignée de mains, c'était tellement XXe siècle. 





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