15 avril 2020

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#confinement jour 32 : une question de temps

Je n’écoute pas de musique à la campagne, le son de la campagne me suffit. C’est un peu ainsi que je pourrais définir ce dernier mois à Paris, épicentre apaisé de la maladie. Que retiendrais-je de ce début de printemps et de mon confinement de bourgeois ? Le silence, le soleil et les oiseaux. Un autre rythme, paradoxalement toujours quelque chose à faire pour tromper non pas l’ennui mais l’absence d’issue. Pas vraiment de date de délivrance, pas de méthode parce que pas de masques, pas de tests, pas de vaccin, pas de recette magique libérale. On enferme les bien portants depuis un mois tandis que les malades peuvent continuer d’aller bosser. Il n’y pas de solution autre que le sparadrap sanitaire de notre soumission et il se décolle tranquillement.

Le silence de la campagne à Paris ? Il s’estompe chaque jour un peu plus. Les voitures sont progressivement de retour et, pour la première fois depuis un mois,  j’ai dû attendre à un passage que la fin du flux de bagnoles pour traverser la rue. Le jogger reconnait l'odeur de cette pollution-là.

On a fait nos classes au service sanitaire. Il nous reste les « gestes barrières », la distance et désormais la menace de l’autre et les regards inquisiteurs si l'on devient trop intime en public.

Je pense à la quille, à ce moment où j’embrasserai L. en pleine rue, j'entends aussi les messes basses sur l'autre trottoir, les signalements sur appli et les appels planqués au 17.

Qui aurait pu l’imaginer il y encore deux mois ? Tu peux désormais te balader en burqa ou en black bloc dans la rue, c’est même conseillé. La décontraction est encore mal vue. Ne pas trop crier sur les toits que tu prends le soleil dans la rue ou que tu vas régulièrement marcher dans le quartier. Non, il faut culpabiliser d’être en vie et en bonne santé. Il est vrai que ce n'est qu'un état temporaire qui ne présage rien de bon, on l'avait oublié.

Grace à la maire de la capitale de plus grand-chose je cours désormais chaque matin à la même heure sur le même trajet et peux donc compter et comparer le nombre de voitures en circulation. Sans surprise, il ne fait que croitre depuis une semaine, passant sur mon axe de 17 à 300 en 6 jours. Idem pour les immeubles bourgeois dans les appartements sont soudain éclairés le soir après un mois de blackout. Certains ont se seront lassés du confinement campagnard ou de l’internet bas débit pour revenir ici. C’est ainsi, ce n’est ni mal ni bien, c'est humain. Qu’on arrête les procès moraux, la schizophrénie d'info et d'état : le déconfinement a déjà débuté.




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