"On ne se projette pas là dans l'idée d'une mobilisation massive ou de l'impact de cette mobilisation".
Si ce bon à rien d'Olivier Véran* "ne se projette pas dans l'idée", c'est qu'on se dirige tout droit vers une très forte mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites le 19 janvier. Détail qui ne trompe pas : notre conseiller en clientèle Macron sera en déplacement à l’étranger ce jour-là (comme à la belle époque des samedi musclés de la Giletjaunemania sur les Champs-Elysées). Faut croire que le simulateur de retraite mis en place en catastrophe n'a pas donné les résultats escomptés par nos samaritains des marchés.
Vu le calendrier législatif serré, la déconnexion de ce pouvoir (qui peaufine déjà une nouvelle version du 49-3 pour accélérer la musique : le 47-1) et l'antipathie que suscite ce projet de réforme, il est du domaine du possible que s'installe assez rapidement une situation de blocage dans certains secteurs. Ça ne suffira pas à faire changer les choses si les syndicats restent seuls dans ce combat. L'inconnue est le taux de transformation sur le terrain de l'animosité envers la réforme chez les salariés du privé, notamment chez les plus âgés d'entre eux et ceux qui ont commencé à travailler tôt. Ce sont eux qui ont le plus à perdre et à qui l’on recule de deux ans la retraite alors qu’ils entamaient la dernière ligne droite (en leur ponctionnant au passage des milliers d’euros de cotisation). On passera sur l'absurdité économique de ce projet purement idéologique visant à ergoter sur quelques milliards alors qu'on en dilapide des centaines chaque année en aide aux grandes entreprises (remember le CICE), cette réforme n’est ni plus ni moins qu’une peine de mort au travail pour un français sur 4. Ce n’est ni de la justice ou de l’économie mais de la criminalité. Plus personne aujourd'hui ne veut se tuer au travail et c'est tant mieux. L'annonce de cette réforme aura au moins permis de remettre ce ras-le-bol sur la table (Ça, Macron ne l'avait pas prévu). On discute sur des trimestres en plus ou en moins pour pousser jusqu'à 64 ans et plus, alors que 60 ans devrait être la base du départ pour tous sauf celui qui VEUT continuer à travailler.
Autre inconnue de la contestation, les foyers spontanés : collectifs, mouvements et initiatives qui échappent aux radars institutionnels, à l'image du mouvement de noël des contrôleurs SNCF. C’est ce que le gouvernement redoute, ce que les syndicats espèrent (et craignent à la fois) et ce que les médias souhaitent (pour quelques épisodes du feuilleton). Le gouvernement ne pourra alors plus que tabler sur le pourrissement et l’exaspération d'une autre partie des Français (au hasard le fan-club Macron déjà à la retraite) et/ou la surexploitation en ouverture de JT de quelques vitrines cassées pour diaboliser toute contestation (on peut compter sur la collaboration pleine et entière des médias : si les Français sont majoritairement contre la réforme des retraites, 9 éditorialistes sur 10 de la presse restent pour).
La partie est serrée mais le moment est grisant. Qu'on en finisse vite, parce que le combat qui urge c'est celui de la bataille contre l'inflation. Avec du 25% par an sans augmentation de salaire, avoir ou ne pas avoir de retraite sera bientôt le cadet de nos soucis.
* médecin déchu, ex-porte-parole de Pfizer puis rétrogradé panneau d'affichage à l’Elysée.
(source)
0 comments:
Enregistrer un commentaire