3 janvier 2023

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La bataille des retraites est-elle perdue avant même d'être menée ?

Privilège de l'âge, je viens de recevoir mon récapitulatif retraites et je dois le reconnaître : pour une fois, l’État a tout bien fait. 

Le récapitulatif est clair, pratique, compréhensible et ne m’amène qu’à une conclusion : si je veux toucher une retraite, si ce n’est décente au moins à taux plein, il faut que je travaille plus et plus longtemps …jusqu’à 77 ans en fait. (À condition bien entendu de ne connaitre aucune période de chômage d’ici là et que les règles ne changent pas dix fois avant 2049). 

Tout ça pour dire que le - nouveau - combat contre la réforme des retraites qui se profile n’est malheureusement plus ma priorité. Je me fais vieux, ou plus lucide. Question retraites j’en connais pourtant un rayon puisque, comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai passé ma vie professionnelle (salariée ou pas) à assurer les pensions des boomers (pas moi hein, les vrais nés avant 1970). Les mêmes qui ont eu les gros salaires, peu de chômage et ont gonflé la bulle immobilière comme jamais en 20 ans, provoquant des hausses de loyers indécentes dont les premières victimes ont été leurs enfants et petits-enfants qui peuvent ainsi cumuler salaires de merde et logements de merde. 

2023 sera « l’année de la réforme des retraites » a prévenu Macron. Recul de l'âge du départ, allongement de la durée de cotisation. 

Le problème pour les générations née après 1970, et plus encore celles des années 80 et 90, n’est pas tant l’échéance de l'ouverture des droits à la retraite que la juste rémunération de leur travail dès maintenant ! Avec un SMIC a quelques encablures du seuil de pauvreté qu’honnêtement espérer pour sa retraite ? Il est acquis depuis un moment pour les quadras et les quinquas qui ont connu des carrières grignotées par le chômage et avec des salaires toujours tirés vers le bas, qu'ils auront une retraite aux allures de minimum vieillesse. Si le machin existe encore d'ici là... Ne pas oublier que c'est la même équipe qui a géré le fiasco des masques, la destruction de la santé, bradé des autoroutes remboursés et flingué notre souveraineté énergétique pour vous la facturer dix fois le prix, qui est en charge de vos pensions futures. Rien que ça, cela devrait décourager toute personne rationnelle de cotiser. 

Et si l'on voulait y croire, c'est sans compter les injustices sociales, l'angle mort de tous les discours de la start-up nation. Un riche vit plus longtemps qu'un pauvre. Pour 25% d'entre eux, peu ou pas de retraite. Pas le temps de la prendre. À croire que ce système de retraites est historiquement pensé comme une carotte pour faire avancer l'âne et qu'il n'était aucunement adapté à un tel allongement de l'espérance de vie (enfin... de la vie des plus aisés... qui votent Macron). Une retraite est comme toute bonne assurance qui se respecte : pensée et optimisée pour ne jamais être perçue. À défaut d’aller taper dans les 100  Milliards annuel de fraude fiscale (des gens qui votent encore Macron), l’important c’est de continuer à faire cotiser le couillon de travailleur pour payer les retraités d’aujourd’hui (qui votent majoritairement Macron dès le premier tour). 

Les jeunes dans l’histoire ? C’est comme d’habitude le petit bois de notre « marché du travail ». Il s’agit de les décourager, les pousser à placer, à épargner même et surtout s’ils n’ont pas grand-chose, avec des complémentaires (dont les patrons devinez quoi ?... votent Macron). La retraite, comme la santé ou l’éducation, est un marché prometteur à fort potentiel. D’ailleurs, le système de financement des retraites n’est pas en déficit. En 2021, les caisses de retraites étaientt même excédentaires de près d’un Milliard d’Euros. Où se trouve donc l’urgence de réformer ailleurs que dans l'intention de faire quelques cadeaux aux copains du secteur ? 

On s'interroge aussi sur les raisons mathématiques qui poussent notre Leader à reculer l'âge du départ à la retraite à 64 ou 65 ans alors que passé la barre des 60, l’activité salariée s'effondre (38 % pour les 60-64). Ne serait-ce pas là une motivation purement idéologique ? Une facette de la fameuse « valeur travail » sur laquelle rentiers, actionnaires et autres feignants aiment à faire s'entredéchirer plus pauvres qu'eux de peur qu'ils ne viennent les embêter ? Je ne connais qu'une seule valeur travail, elle est simple et facilement quantifiable, on l'appelle « le salaire net à la fin du mois »

Et pour l'instant, après avoir été passablement piétinée pendant 30 ans, avec l'inflation cette valeur perd du 10% à l'année. 

Alors que faire ? Et bien commencer par ne pas voter deux fois de suite pour un banquier d'affaires qui n'a jamais travaillé de ses mains. Pour le reste, tout le monde n'est - déjà - pas et ne sera pas logé à la même enseign,e mais toute bataille contre ce régime et ses soutiens est bonne et juste à mener*. D'autant plus que cette réforme des retraites tient à coeur à notre Leader. Après l'anicroche de parcours de la connerie covidienne, il est plus que jamais décidé à en faire le marqueur de son règne, un recul social d'excellence qui sera célébré comme il se doit par la finance. Un abandon de Macron sur les retraites (et je ne parle de la concession d'une petite année de 65 à 64 ans) sera vécu comme un échec complet et d'un début de reprise en mains du rapport de force elite/peuple pour l'instant très défavorable à ce dernier.

Dans l'attention de vos salutations, massives et distinguées dans la rue, je ne saurais quand même trop vous conseiller d'apprendre à cultiver vos patates, à investir dans des outils et des produits utiles, à produire votre propre énergie et à vous soigner tout seul. 

On ne sait jamais.

oui je le concède : le titre de ce billet est un peu putassier.

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