15 janvier 2023

Retour sur le film : La bonne année (Claude Lelouch, 1973)

À chaque fois que je retombe dessus, je me laisse avoir. La Bonne Année (Claude Lelouch, 1973) est une référence pour de nombreux cinéastes dont Stanley Kubrick (qui s'est inspiré de la séquence finale pour Eyes Wide Shut) et probablement le plus gros succès à l'international pour Lelouch après Un Homme et Une Femme, et dans mes films préférés du cinéaste avec La Belle Histoire, Le Voyou, Itinéraire d'un enfant gâté et L'Aventure c'est l'aventure. 

À la jonction, peut-être trop parfaite et trop libre pour certains, du cinéma d'auteur et du cinéma populaire, Lelouch est historiquement mal aimé de la critique et de la profession en France. Je n'ai pourtant pas l'exemple d'un seul autre cinéaste français comme lui encore en activité. 50 films en 60 ans, tous différents et pourtant tous identifiables. Il restera à l'abri des comparaisons. Vu l'abondance, il y a de moins bons ou de mauvais films, mais même dans ceux-là on peut affirmer en quelques images : "Tiens, ça c'est du Lelouch". Que l'on puisse identifier un réalisateur en quelques plans quel que soit son film, c'est la marque des grands. On lui a reproché tour à tour la démesure ou la simplicité de ses récits, son usage généreux de la musique, comme si c'était la des domaines qui devaient être réservés au cinéma américain. C'est oublié qu'il est aussi doué pour les scènes intimistes (comme c'est le cas dans La Bonne Année) à l'épure de la mise en scène, dans un spectre large allant de la comédie au drame, en passant par la spiritualité (un axe souvent moqué de sa cinématographie).

En revoyant La Bonne Année cinquante ans après sa sortie, ce film de bandits "vieille France" qui tourne progressivement au portrait d'une femme émancipée, vivant sa vie "comme un homme", je redécouvre un film finalement très moderne dans son propos. Au passage, dans une scène de repas (l'examen technique pour départager les bons des mauvais cinéastes) Claude Lelouch règle ses comptes avec la critique culturelle de l'époque.

- Comment choisissez-vous vos films ? 
- Comme je choisis les femmes : en prenant des risques.



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