11 janvier 2023

, , ,

Retraite ? Non, travail !

Ah ! Voilà de quoi célébrer à l'apéritif du World Economic Forum de Davos qui commence dans 5 jours

Comme prévu, des bras cassés démocratiquement élus qui, pour la plupart ne travaillent pas et ont pourtant une retraite assurée, viennent de décider d'allonger le temps de travail et l'âge de départ à la retraite de dizaines de millions de Français. L'affaire est entendue et, grâce à une poignée de députes paillassons des Républicains, la régression sociale collective devrait être votée sans trop de soucis.

La nouvelle réforme des retraites, made in MacronLand et annoncée par Borne, prévoit de repousser l'âge du départ à 64 ans et la durée de cotisation pour une retraite à taux plein à 43 ans dès 2027, me niquant de deux ans dans le process (la tuile, je ne vais pas pouvoir toucher mes 300 balles de retraites avant 2036). Evidemment, le machin tape en priorité les travailleurs déjà les plus précaires et, pour "plus de justice", ceux qui travaillent le plus (ayant commencé les plus jeunes), en puisant au passage dans les caisses prévues pour les accidents du travail (allez on va pas s'emmerder : de toutes les façons les pauvres il faut qu'ils meurent au boulot, mais après avoir fini de payer leurs crédits). On aurait pu imaginer que nos experts de la démocratie du capital et du travail pour tous même les plus vieux, mettent un peu plus de hargne à récupérer les 100 de Millards de fraude fiscale annuels ou puisent dans une partie des dividendes records versés aux actionnaires cette année (80 Milliards pour le Cac 40 en 2022), mais ce sont là des fariboles de gauchistes. 

On peut retourner le truc dans tous les sens, lui chercher un semblant de justice ou même de crédibilité arithmétique, la philosophie de la réforme (avant la prochaine) est simple : TRAVAILLEZ BANDE DE FEIGNASSES ! Elle contredit à peu près tout de la simple observation du monde du travail actuel où, avant trente ans et passé cinquante, tes chances 1 / de trouver un boulot 2 / trouver un boulot correctement rémunéré, sont faibles.  

Ce n'est pas les retraites qu'il faut réformer mais le travail : 1 / en le rémunérant décemment 2 / en se préparant intellectuellement, et matériellement, à s'en passer. Car, scoop, vous allez pour la plupart perdre vos boulots dans les quinze ans à venir. Mais là on entre dans le domaine des propos outranciers qui seront bientôt condamnées par la loi. 

La réforme des retraites s'imposait, et notre conseiller clientèle se devait d'agir et donner des gages de bonne volonté aux marchés financiers. Macron le pion poursuit l'agenda dans la droite ligne de ses prédécesseurs. Cette destruction du régime de retraites dépasse sa seule personne, elle se déroule sur plusieurs quinquennats mais ne vise qu'un objectif : le désengagement de l'Etat en tout domaine et l'assurance pour le privé de récupérer les secteurs les uns après les autres, tout en pouvant tabler sur la docilité de travailleurs paupérisés et soumis aux aides d'Etat. 

Pour le moment, journalistes et chaînes d'info-feuilleton se pourlèchent les babines de la montée du mécontentement à l'approche de la journée de contestation syndicale unitaire du 19 janvier. Dès que ça se rapprochera trop des centres de décision et des rédactions, ils changeront de cap et culpabiliseront les empêcheurs de réformer en rond. Pareil, guettons l'ombre du premier gilet jaune ou de la première vitrine cassée pour diaboliser la colère des Français (82% sont contre cette retraite. Bon les sondages, ça vaut ce que ça vaut : ils étaient un sur deux à déclarer ne pas vouloir se faire vacciner début 2020).

J'espère sincèrement que la colère du peuple empêchera le passage de ce machin, pas tant pour moi, l'affaire est entendue depuis longtemps (j'ai plus de chance de toucher le loto dans l'ordre), mais parce qu'il faut mettre un terme à ce foutage de gueule continu aux valeurs renversées où ceux qui te parlent d'entreprendre coûte que coûte en t'agitant de la valeur travail à chaque phrase n'ont pas un échantillon sur eux et n'ont pas entrepris grand-chose d'autre que des campagnes démagogiques pour se faire réélire. 


Asymptomatique, le livre de Seb Musset disponible en  

version papier (324 p.) ou numérique (epub) 




 

Top Ad 728x90