Blasé que j’étais. J’avais l’impression de me répéter. Après tout, en face agissaient-ils différemment ?
De gré ou de force, il fallait faire aimer à l’esclave des temps modernes sa servitude. Il fallait le contrôler au bureau, en voiture, dans les cafés, devant sa télé, lui choisir ses disques et comment il devait se les procurer, choisir sa santé, choisir comment il allait vivre, quand et comment il devait mourir.
Le peuple aurait du être réjouit, il avait sa rupture. Coup de massue, il était triste. On lui avait promis Kennedy et des caddies bien remplis, il avait un mini-mussolini et en plus il ne pouvait plus se payer les nouveaux jeux pour la « Wii » du petit.
Le peuple n’était plus composé d’individus mais de sujets que l’on occupait aux rebondissements quotidiens des feuilletons de la communication de crise, entrecoupées d’annonce qui les persuadaient depuis trois générations que la possession garantissait le bonheur et que ce système était non seulement le meilleur mais le seul.
Soudain, sans qu’il ne comprenne pourquoi, le peuple n’avait plus de « pouvoir d’achat ». C’était le moment idéal pour le « grand soir » des possédants et du gouvernement qui les représentait. Celui-ci allait pouvoir y aller franchement, libéraliser le "hard-discount" et contrôler les médias.
Le peuple serait ainsi immobilisé sous le poids d’une nourriture qui le rendrait gras, sa réflexion atrophiée par un gavage continu d’informations inutiles, de polémiques stériles qui le conduirait à la mort par malnutrition et intoxication crétine juste au sortir de sa vie productive.
Au quotidien, le combat permanent du « Club » était de taille : Annihiler chez les sujets toute trace de pensée autre que celle essentielle à la bonne continuité de cet état de fait.
Cela fonctionnait.
Ils s’égosillaient de haut en bas : "Pouvoir d’achat, pouvoir d’achat !" Cette chorale à toute heure de la journée, je n’en pouvais plus ! Elle sonnait à mes oreilles comme la preuve définitive de l’impasse dans laquelle s’était fourvoyé l’occident. C’était l’hymne transnational de la fin d’un monde, le dernier tube de l’eurovision.
Personne ne fait la révolution, les révolutions se font avec des hommes. Qui étais-je pour donner des conseils moi qui ne savais pas différencier le bleu, le blanc et le rouge ? De conseil, ce matin je n’en avais qu’un, préalable à tous les autres, point de départ de tout espoir, condition minimum de tout changement :
De gré ou de force, il fallait faire aimer à l’esclave des temps modernes sa servitude. Il fallait le contrôler au bureau, en voiture, dans les cafés, devant sa télé, lui choisir ses disques et comment il devait se les procurer, choisir sa santé, choisir comment il allait vivre, quand et comment il devait mourir.
Le peuple aurait du être réjouit, il avait sa rupture. Coup de massue, il était triste. On lui avait promis Kennedy et des caddies bien remplis, il avait un mini-mussolini et en plus il ne pouvait plus se payer les nouveaux jeux pour la « Wii » du petit.
Le peuple n’était plus composé d’individus mais de sujets que l’on occupait aux rebondissements quotidiens des feuilletons de la communication de crise, entrecoupées d’annonce qui les persuadaient depuis trois générations que la possession garantissait le bonheur et que ce système était non seulement le meilleur mais le seul.
Soudain, sans qu’il ne comprenne pourquoi, le peuple n’avait plus de « pouvoir d’achat ». C’était le moment idéal pour le « grand soir » des possédants et du gouvernement qui les représentait. Celui-ci allait pouvoir y aller franchement, libéraliser le "hard-discount" et contrôler les médias.
Le peuple serait ainsi immobilisé sous le poids d’une nourriture qui le rendrait gras, sa réflexion atrophiée par un gavage continu d’informations inutiles, de polémiques stériles qui le conduirait à la mort par malnutrition et intoxication crétine juste au sortir de sa vie productive.
Au quotidien, le combat permanent du « Club » était de taille : Annihiler chez les sujets toute trace de pensée autre que celle essentielle à la bonne continuité de cet état de fait.
Cela fonctionnait.
Ils s’égosillaient de haut en bas : "Pouvoir d’achat, pouvoir d’achat !" Cette chorale à toute heure de la journée, je n’en pouvais plus ! Elle sonnait à mes oreilles comme la preuve définitive de l’impasse dans laquelle s’était fourvoyé l’occident. C’était l’hymne transnational de la fin d’un monde, le dernier tube de l’eurovision.
Personne ne fait la révolution, les révolutions se font avec des hommes. Qui étais-je pour donner des conseils moi qui ne savais pas différencier le bleu, le blanc et le rouge ? De conseil, ce matin je n’en avais qu’un, préalable à tous les autres, point de départ de tout espoir, condition minimum de tout changement :