Pour le compagnon qui ne connaît pas la contrainte, se délectant dans la vacance quotidienne, la période de congés payés du conjoint est un moment redouté. Réveil, départ, glacière à remplir, gens à rencontrer et horaires à respecter, l’insoumis sera l’objet de pressions inédites et d’obligations comportementales. Ce que les salariés appellent vacances, je l’appelle corvée.
Néanmoins, ce fut une semaine riche en rencontres provinciales. En vrac quelques images :
Une maison dans la foret à quelques pas de la mer, un papet multi-vitaminé qui me raconte en boucle ses souvenirs de 1936, un architecte anglais qui décide de bâtir un hôtel design au milieu de nulle part, un couple de la classe moyenne qui termine son pavillon avec piscine au milieu des champs et vise déjà sa prochaine acquisition, le souffle dans les arbres, la sieste sur un banc graffité à l’opinel des romances adolescentes locales, un gamin qui me vise au loin avec un pistolet que j'espère être un jouet, des granges éventrées et à l'abandon dans un village préservé de la spéculation foncière par la seule volonté de ses habitants, une infructueuse jeune prospectrice en CDD qui fait une à une les boutiques du bourg pour trouver un emploi de vendeuse à l'approche de la haute saison, de plus en plus de SDF même au bord de la mer, les prix des légumes aussi élevés dans ces régions "pauvres" qu'à la supérette maxi-privilège de la Rue de Buci, des plages désertes qui s'enfoncent peu à peu dans la mer, la constatation qu'il y a de plus en plus d'homosexuels dans l'arrière-pays, une montée de l'angoisse populaire malgré la beauté de l'endroit, des âmes rongés par les espoirs déçus, beaucoup d'inscriptions xénophobes sur les murs, ma quasi indépendance alimentaire par récolte dans le petit potager, le silence, l'envie malgré tout de quelques jours de rester là.
Il y a un livre à finir. Je repense à Paul Léautaud dont je relis chaque soir par manque de concentration, les mêmes premières pages du Petit Ami :
Une maison dans la foret à quelques pas de la mer, un papet multi-vitaminé qui me raconte en boucle ses souvenirs de 1936, un architecte anglais qui décide de bâtir un hôtel design au milieu de nulle part, un couple de la classe moyenne qui termine son pavillon avec piscine au milieu des champs et vise déjà sa prochaine acquisition, le souffle dans les arbres, la sieste sur un banc graffité à l’opinel des romances adolescentes locales, un gamin qui me vise au loin avec un pistolet que j'espère être un jouet, des granges éventrées et à l'abandon dans un village préservé de la spéculation foncière par la seule volonté de ses habitants, une infructueuse jeune prospectrice en CDD qui fait une à une les boutiques du bourg pour trouver un emploi de vendeuse à l'approche de la haute saison, de plus en plus de SDF même au bord de la mer, les prix des légumes aussi élevés dans ces régions "pauvres" qu'à la supérette maxi-privilège de la Rue de Buci, des plages désertes qui s'enfoncent peu à peu dans la mer, la constatation qu'il y a de plus en plus d'homosexuels dans l'arrière-pays, une montée de l'angoisse populaire malgré la beauté de l'endroit, des âmes rongés par les espoirs déçus, beaucoup d'inscriptions xénophobes sur les murs, ma quasi indépendance alimentaire par récolte dans le petit potager, le silence, l'envie malgré tout de quelques jours de rester là.
Il y a un livre à finir. Je repense à Paul Léautaud dont je relis chaque soir par manque de concentration, les mêmes premières pages du Petit Ami :
"En attendant le travail, je commençais par la paresse."
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