30 avril 2009

Vos enfants c'est de la merde

par

Youpi, c’est la pandémie ! J’anticipe les ordres du gouvernement : Je reste chez moi à regarder M6.
Superbe plateau prêt-à-gerber Mercredi soir. Un 66 Minutes spécial votre enfant est une raclure.

Au programme de cette émission bien représentative de la charge émotionnelle et de la confiance que porte le spectateur d’M6 pour sa progéniture, 4 sujets aussi non-anxiogènes et variés que :
- Ces ados bagarreurs.
- Ces ados obèses.
- Ces ados drogués.
- Ces ados incultes et barbares.

Bref, si tu as un môme à peu prés poli, qui a la moyenne en classe sans tabasser son prof et qui ne te parle pas comme à un chien en faisant une faute de français à chaque syllabe, passe ton chemin et va sur Arte : Ici on fait dans le cas social et l’enfant gâté par une éducation Nintendo-télé. Sans discriminer : Fils de Bidochon et fils de notable.

Premier sujet sur les ravages de la cocaïne dans les soirées adolescentes parisiennes :
Nous retrouvons Lola des beaux quartiers, 17 ans, dans une soirée d’étudiants de type que de la sape qui bat son plein dans la chambre de l’un d’eux, louée une fortune par papa. Ils sont 36 dans 15m2 serrés autour d’un bol de pistaches lui-même perdu au milieu de deux douzaines de bouteilles de vodka, un classique. Avec un petit plus : Tonight, c’est soirée Coco !
Ne pas comprendre, qu'ici on va braver l'Hadopi pour se faire une vidéo projection sur la porte du frigo du dernier Gad Elmaleh.

Non, non, comme le reste de l'année, du petit-déjeuner à la 11.6 au pousse-café à la fiole de Baccardi : On va se torcher.
Un clubber à domicile définit le concept de la soirée : " - Ici il y a des riches et les riches se droguent." Espérons pour lui que le DRH d'M6 soit à l'écoute : Ce jeune homme au visage flouté a toute sa place dans le cellule "programmes et stratégie" de la chaîne.
Dring, dring. "- C'est ici qu'on se défonce ?" Plus qu’une rapide que Domino’s Pizza, un dealer à peine sorti du berceau fournit nos amis en poudreuse, à base de 60 euros le G.

Tout le monde ici semble issu de milieu aisé mais l'idéologie dominante est tenace : Eux aussi veulent faire encore plus riches (donc plus heureux) qu'ils ne le sont. Alors pour se la jouer Miami Vice-Puff Daddy, on roule les billets de 50 euros en paille (un des convives explosés nous assure que c’est mieux que les billets de 10 pour sniffer) et on s’enfile les traces dans le tarin en écoutant du 'Ore haine Bê. Il ne manque que la diffusion du Scarface de DePalma sur un plasma pour que l'iconographie caille-ra soit complète.

Tentée de baigner à nouveau dans l'euphorie des étudiants encocaïnés (certains parlent même de faire leurs devoirs, c’est dire les effets) Lola se ronge les ongles : " - Oh non putain je veux pas retomber."
C’est que Lola a un passé. De son propre aveu, elle a tout essayé.

Le reporter l’interroge :


"- Comment as-tu fait pour payer ?
"

"- Bah…les parents
." Répond en haussant les épaules la Christiane F. sapée en Baby-Prada collection Mini-pute, printemps-été 2009.


Nous sommes ici dans le triangle d'or à l'ouest de Paris, dans ces quartiers pourtant hautement video-surveillés, proches du berceau de la civilisation Bling-Bling. 400 euros qui disparaissent dans le larfeuil ont moins d’importance pour sa bourgeoise de propriétaire que la disparition de votre carte Simply Market au fond du cabas à roulettes.

Ah les parents ! Parlons-en justement. La voix-off compatissante nous apprend que le papa est un haut cadre plutôt absent (d'ailleurs pas filmé) mais que la mère est au foyer.
Au sujet de la déchéance de sa gamine longue de deux ans, elle déclare floutée et flouée :" - Je n’ai rien vu."

Bon certes, y a bien eu cette petite tentative de suicide avec ses Lexomyl. Mais cela a bien tourné puisque la mère a pu sauver sa boite verte aux précieuses pilules qui lui permettent, en complément de la 'tise, d'effacer souvenirs et responsabilités.

Au terme de deux années de combat et de cinq années de psychanalyse à 120 euros la séance, la mère conclut : "- Finalement, c’est une crise d’adolescence tout ce qu’il y a de plus normale."

Triste époque : Même dans le domaine du fiasco de l’éducation parentale, la lutte des classes persiste. Tandis que le fils de pauvre se défonce à la colle devant La Roue de la Fortune et amène ses bouteilles de dissolvant au New Clapton's (RN 12 première à gauche après le Chaussland) parce que le whisky y est vendu trop cher, le rejeton de riche, lui, se crame la gueule à 50 sacs la demi-journée directement puisés dans le Vuitton de la daronne.

Mais bon tout cela c’est du passé. La mère envoie Lola s'oxygéner « au vert ». Dans le square en bas de la rue ? Chez papy dans le Cantal ? Non, non au Japon, bien connu pour ses grands espaces et son air frais. Deux secondes après s’être plaint des mensonges à répétition de sa fille, la mère au foyer qui n’a rien vu du drame de sa fille alors que celle-ci perdait un quart de son poids en quelques semaines sous son nez, l’envoie les yeux fermés, tout frais payés, à 12 heures d’avion pour qu’elle arrête la dope !

Ne juge pas trop vite lecteur, il faut comprendre la psychologie de ces milieux où l’apparence fait substance. Cela fait mieux de dire : "- Ma fille est à Osaka pour se récupérer de son année éreintante et préparer son futur cursus." que "- Ma connasse de fille qui va tripler sa seconde est internée de force au centre des tox' d'Avicennes parce qu’en plus de me piquer dans mon budget medoc' et bibine, elle vend son cul pour payer sa schnouf".

Retour aux protagonistes de la soirée. On présente à l’un des trépanés aux pailles dans le nez l’analyse chimique de la cocaïne consommée plus tôt :

40 % de dopants provoquant le cancer du rein et 60% de sucre en poudre.

Rire gras et monolithique de la tête à claques, à peu près le même que celui consécutif à la vision d’une bonne cascade dans Jackass.


M6 fait chou blanc. Décidément cette coke ne semble pas gêner grand monde chez les bien nés. De guerre lasse et fidèle aux maronniers, le journaliste conclut son sujet en province chez des gens du terroir qui ne simulent pas les drames, eux. Ils ont perdu leur fils de 21 ans, Johnny, emporté par la méthadone.


Après quelques photos de famille et l’évocation d’un fils dévoué victime de mauvaises fréquentations, le père regarde le crépuscule du haut de son univers rural et aussi nuancé que Charles Bronson dans le justicier braque les dealers, conclut le documentaire en puisant dans le manuel aphorismes et castration chimique de Frédéric Lefebvre (à sortir aux editions du Pit) :

" - C’est triste à dire mais la meilleure solution pour eux
[les enfants], c’est la prison."(sic)

Une fois de plus, à base d'exemples représentatifs d'un microcosme servant des conclusions expéditives et dédouanantes, M6 est au diapason analytique de son auditoire :
Un jeune ça se lève tôt pour travailler plus même sans être payé, le soir ça regarde la télé-réalité. Sinon, c'est gros, c'est laid, c'est drogué et ça doit être maté.

Pas une fois, dans ces trente minutes de reportage, qu'il s'agisse des riches ou du fauché, n’auront été évoquées les responsabilités des parents. Encore moins celles des médias.

Pour les autres reportages, je vous laisse le soin de les découvrir sur M6replay. Pour moi, à la fin du premier, c'était déjà l'overdose.

28 avril 2009

L'épidémie tranquille

par
Certaines nouvelles catastrophiques et exotiques en éradiquent d'autres de proximité, intimes et souvent immédiatement désastreuses. 63.400 nouveaux chômeurs officielement recensés en mars. Avec une solide assise dans le secteur de l'optimisme, Christine Lagarde relativise : Ce n'est pas la catastrophe redoutée.

La ministre se base sur les chiffres. Soit. Pour un total de 44640 minutes en mars, cela nous fait 1 nouveau cas déclaré toutes les 45 secondes. (A noter que chaque nouveau cas est un foyer infectieux s'étendant à toute la cellule familiale provoquant baisse de la consommation, baisse des soins, baisse de l'estime de soi, malnutrition et déficit chronique en vitamines bancaires.)

Fort de son succès sur le chantier de l'emploi, à quelques miasmes d'une épidémie de grippe que l'on nous prédit mortelle, le gouvernement s'attaque désormais, avec certitude et bonne humeur aux hôpitaux : Hécatombe assurée.

Peu importe nos fléaux et nos intempéries, ce pouvoir continue à chanter.

Pour les gueux d'en-dessous, deux options désormais : Préparer nos mouchoirs ou se lancer à corps perdu dans la bagarre. Ne pas attendre que vienne d'en haut un changement ou même une reconnaissance. Ici bas, nous de sommes que de la chair à voter.

27 avril 2009

Get a grippe

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Deux semaines que je maudissais la terre entière de ne pas endurer avec moi ce collant virus qui s’agrippe, me tord les tripes, me coupe le souffle, m’enfièvre ou me fait grelotter. Deux semaines passées à me ménager, à rester stoïque face aux saillies télévisées de Frédéric Lefebvre, à ne publier aucun billet de soutien aux salariés violentés par des patrons séquestrant leur futur. Deux semaines à n'oser que de brèves sorties la nuit tombée dans les bars du quartier où j'offrais, royal et anonyme derrière mon masque FFP 3, ma tournée de tisanes au thym à quelques pochards ébaubis.

Jusqu'à ce mois d'avril 2009, je paradais vaillant et indestructible, allant jusqu'à me gausser périodiquement de ces rites sociaux qui, l'hiver approchant, font le soulagement des animateurs de JT et la fortune des marchands de médecine, je veux parler de cette bonne vieille grippe qui, moi, n'osait jamais me provoquer.

J'ai d'abord expliqué mon excès de faiblesse physique par l'extrême lassitude mentale provoquée au terme de mes deux premières années en Sarkozie. J’ai ensuite songé à un détour initié par mon corps pour me signifier un "Malheureux, tu serais mieux au soleil entrain de glander". Mais je suis en trop bon terme avec mon organisme pour qu'il me manipule de la sorte.

J’ai alors accusé la môme : "
- Petite ingrate depuis que tu es née, j’ai perdu le fil de mon seul principe de vie : Le sommeil quand je voulais avec le réveil quand ça me plaisait !"

Toute à mordiller sa girafe, elle s'est fendue d'un sourire.

Enfin, depuis les infos de Vendredi, tout s’explique :
A Pâques dernier, La daronne est revenue du Mexique avec la gorge irritée (à cause de la 'clim dans l'Airbus qu'elle m'a dit) mais tonique comme jamais. Avec ses cartes postales du Teotihuacan*, elle m'a postillonné à la face, de son nez pris, son euphorie de jeune senior à revenus garantis :

-
(renifle) " Ch'est bortel le Métchique !" (renifle)

Pas la peine d'être faussement non-alarmiste : Si ma mère s'en est mêlée, cette histoire va mal finir. Elle est l'armée des 12 singes a elle toute seule.

Le virus mutant élimine ceux entre 20 et 40 ans. Les seniors, eux, seraient plutôt épargnés. A force d'arpenter à coup de charters les panoramas les plus pittoresques du tiers-monde grâce aux prix malins d’Opodo pour rentrer cracher photos et glaires à la gueule des crève-la-dalle de chez eux
, ils ont développé une immunité aux catastrophes des autres et à la misère humaine en particulier leur permettant de traverser sans faiblir crises et pandémies, des fois même avec des animaux de compagnie.

Ressaisissons-nous ! Dégraissage occidental des troupes ou pas, d'ici dix jours nous serons fixés. Sans illusion, j'ai fait le plein de kleenex et de Vitascorbol. La daronne, elle, a déjà négocié ses billets pour Bangkok. Départ en juillet.


* L'allée des morts.

24 avril 2009

Des cd

par

Ici la peur d'Hadopi ne paye pas : Terminée la musique d’ambiance, les rayons sont sans clients, les caisses sans files, les vendeurs furtifs. Signe le plus révélateur de la chute du chiffre d’affaires : Les vigiles à la sortie sont passés de trois à un (à mi-temps).

Chez ce gros disquaire indépendant du Boulevard St-Michel, comme dans beaucoup de commerces de ce pays, flotte l'air pesant de l’imminente de la cessation d’activité. Chez le disquaire pourtant, la politique des prix ne laisse pas transparaitre une quelconque crise.

En règle générale, ce disquaire est souvent un peu moins cher que ses gros concurrents parisiens. Ces derniers, supermarchés de la culture, en accord avec quelques majors, font des coups et baissent depuis peu leur prix sur certaines nouveautés et fonds de catalogue flirtant exceptionnellement avec les 10 euros. Encore un peu trop élevé pour ma maigre cagnotte. Car oui,je l'avoue, je n'ai pas les moyens de ma musicomanie et je ne peux me contenter d'acheter mon cd mensuel comme dicté par les médias (Avril c'est Olivia Ruiz.)

Malgré le désordre ambiant et la quasi impossibilité jusqu'à ces derniers mois de s’y mouvoir sans heurter un client tous les 50 centimètres, j’affectionne le disquaire du Boulevard pour ses offres d’occasion. On peut parfois y dénicher des perles à 2 ou 4 euros. C’est ainsi que, cd après cd, je comptais y reconstituer tout ou partie de ma discographie piratée, non pour la beauté des pochettes au plastique lourd et embarrassant mais en raison de la pérennité du support et de mon intolérance grandissante aux chiffonnage des aigus de l’encodage mp3, le hard-discount du son.

Avantage premier du piratage : Je dois à Napster, plus tard à Direct Connect, Kazaa et Mininova de m’avoir ouvert des perspectives musicales passées et alternatives qu'à défaut de finances et d’une programmation radiophonique descente, il ne m’avait été donné d’aborder ces obscures années pré-internetiques.

J’ai piraté de la musique parce que je n’avais pas d’argent. Grâce à un système de valeurs dont la conséquence principale est de dépouiller avec constance ma génération de décennie en décennie, je n’en ai guère plus aujourd’hui. D’où la stupidité d’une loi répressive type Hadopi qui ne contribue qu’à dégoûter encore plus les pauvres dans mon genre de la rapacité des majors.


Inconvénient du piratage : Mes premiers albums téléchargés sur Napster, 9 ans déjà, gravés sur galette premier prix sont aujourd’hui inécoutables pour la plupart.
C’est toujours dans les limites de mon maigre budget que, depuis mon arrivée dans le quartier, je convoite certains des albums exposés chez le gros disquaire.

Prenons le Hotter Than July de Stevie Wonder enregistré en 1975. Précurseur de l'essentiel Songs in the key of life sorti l'année suivante et contenant la matrice des 30 années de Funk, de Rap et d'Ore haine 'bi qui suivront. L'album est présenté dans un exemplaire importé des Etats-Unis avec l’étiquette "Nice Price". Il était proposé à 6.80 euros à cette époque révolue d’espoir et de dynamisme économique effréné où le marchand du Boulevard était abondamment fréquenté, fin 2007. Je me disais alors bien naïvement : "- Je vais attendre pour acheter l’album que son prix descende à 4.50 euros, offre que je juge honnête pour un album largement amorti depuis des années". Le même cd (je veux dire le même exemplaire : Votre rédacteur lui a laissé un signe distinctif) est, dans une étrange logique de gestion des stocks,
étiqueté aujourd’hui à 10.10 euros. L’industrie et le distributeur pourront m’objecter, à raison, que 8 ou 10 euros c’est moins cher que le 25 ou 30 euros auquel ce cd d’importation pouvait être encore proposé il y a dix ans quand le piratage n'existait pas. Reste un problème de taille : Comment s’acquitter de cette somme quand...

1 / Cela représente une part non-négligeable de ses revenus.

2 /
Cela représente une part négligeable des revenus de l'artiste. (Pour en finir avec les polémiques : A quand l'étiquette du prix de CD avec la répartition précise des marges et des benefices et ce que touche l'artiste, spécialement sur un CD vendu d'occasion et sorti il y a un quart de siècle.)

Le temps que les majors et les distributeurs tentent de répondre à ces questions dont seul le dépôt de bilan de l’un des deux ou des deux tranchera, le client, moi, l’ancien dindon de la grande distribution, s'habitue à maîtriser l’offre musicale, à développer sa curiosité et diversifier ses goûts, juguler sa demande et à rendre anonyme ses fichiers .torrent. Désormais, il les encode en .flac pour un rendu musical plus proche du cd et les échange avec IP anonyme sur des forums sécurisés.


Le disquaire du boulevard, lui, se vide peu à peu de ses clients, avec une poussée brusque depuis un mois. De l’aveu d’un vendeur : Ici, la vente des cd, c'est peut-être la dernière année.

Anyway, j'avais cramé mon budget musique pour le mois : 25 euros dans un billet de concert pour Raphael Saadiq. Alors je suis reparti dans le chaudron urbain au goudron bouillant, soulagé de n'avoir rien acheté, l'heil-pod en bandouillière aux merveilles de Wonder.




22 avril 2009

Conversation avec Seb Musset > 17.04.08

par
Quelques babioles filmées qui me passaient par la tête cette nuit là après la diffusion du Club de l'économie d'un Jean-Marc Sylvestre ayant renoué avec l'euphorie des grands jours. Ses invités nous y pronostiquaient une fin de crise pour dimanche en huit.

Dans la vidéo, il sera question de ce fossé entre l'ouvrier et le grand patron rempli d'intermédiaires se cantonnant à obéir et ordonner (éventuellement se tirer dans les pattes ou se séquestrer). Ils ont ceci en commun d'être thuno-centrés et donc, de présentement se gaver de "super affaires" (en attendant la vague de licenciement suivante).

Seront également abordés : Le refus pathologique de notre classe dirigeante d'envisager d'en finir avec les injustices salariales ainsi que son insistance à effacer au Destop progressiste tout résidu de lutte des classes. Nous nous interrogerons également sur la positive attitude des médias.


21 avril 2009

L'insécurité c'est bien, en abuser ça craint.

par
Qu'écrire ? Comme souvent, l'échéancier média est efficace.

Au lendemain d’un
publi-redactionnel complément d’enquête sur France 2 consacré aux policiers en première ligne à base de clichés spéciale racaille, de courageux flics aux visages floutés (leurs voix parfois reconstituées par des acteurs), le tout nappé d’un discours pour le moins policé souvent véhiculé par des femmes (les banques aussi l'ont compris, la femme adoucit l'image de l"organisme qui au même moment vous brise les deux bras) et quelques heures après une battue aux clandestins rondement menée dans les faubourgs de Calais, notre omni-président se dressait contre le nouvel ordre de la racaille nationale, ce mardi à Nice.

Pendant une heure il aura distribué
en mode cette fois ça va défourailler du "je veux, je vais, je ne veux pas, je ne laisserai pas faire" au sujet de la tenace insécurité.

C'est avec le vieux baratin que l'on fait les meilleurs scrutins. A défaut d’être performant en économie, de comprendre le mécontentement de ces petites gens gagnant moins de 30.000 / mois, de respecter les promesses évaporées, l’oldie but goodie de l’insécurité semble la seule carte a jouer pour mobiliser l’électorat de droite avant le scrutin des européennes (et lui faire oublier sa feuille d'imposition reçue ce jour).

En substance, La France a peur mais ne se laissera pas faire par la racaille musulmane et cagoulée. Un peu court comme analyse mais appelons que c’est avec ce type de programme, à peine édulcoré, que notre homme a solidifié son assise électorale allant jusqu'à siphonner l’électorat du Front National avec la contribution duquel il remportait le joujou républicain en mai 2007.
Notons, en fin de soirée sur la chaîne Public Senat, le discours du motard repenti, Christian Estrosi, Maire de Nice dans les petits papiers du président pour revenir au gouvernement*, nous expliquant un peu comment il compte s'y prendre en matière d'insécurité...

CHRISTIAN ESTROSI bouffi d'orgueil :"- En décembre, Nice sera la première ville française en terme de video-protection. Avec 500 cameras qui traqueront les voyous."

[Définition de la "Video-Protection" dans le lexique Estrosi : Camera capable de courrir le 100 mètres en moins de 20 secondes, de maitriser et menotter (sans insulte c'est Complément d'enquête qui me l'a dit) le voyou agressant le retraité frontiste.]

Encore une fois pour les durs d'oreille : Pour sa pérennité, la politique sécuritaire a un fondamental besoin d’insécurité. En d’autres termes, en raison de son impuissance à opérer sur d'autres leviers, s'il veut compter sur cette bonne vieille peur de l'insécurité pour retrouver la popularité, notre omni-président a, dans le domaine, le constant besoin d’échouer.
On peut souvent élargir ce raisonnement à ses autres discours volontaristes.
Se faisant, comme souvent en Sarkozie, que l'on soit voyou, policier ou retraité frontiste : Tant pis pour chacun et que le malheur soit pour les autres.



* Christian Estrosi a déjà fait parti du gouvernement. Il l’a quitté au lendemain des municipales pour se consacrer à sa mairie. Un retour au gouvernement serait la marque d'un homme ayant de la suite dans les idées et restant fidèle à ses engagements.

18 avril 2009

Reprise ou prison

par
La crise est un concept de crise. A manier avec précaution par le gouvernement. D'un côté, tant qu'il maitrise l'agenda des polémiques, c'est un alibi comme un autre (Europe, socialistes, héritage de 68, fonctionnaires...) pour justifier son irresponsabilité ou, au contraire, faire oublier ses responsabilités. D'un autre côté, et il le sait, quand ça s'impatiente à la base, que celle-ci est aspergée de plans sociaux hautement inflammables avec rab' de combustible sous la forme de 100.000 nouveaux chômeurs mensuel, il suffirait d'un fait divers social pour cristalliser la rage ambiante. Certes, il faudrait encore que le JT feuilletonne sur autre chose que le Bo d'Obama ou le bou-bou de Ségo, car du drame individuel, type Plus cruelle la vie, actuellement on en trouve à la pelle.

D'où l'importance de faire avec les effets socialement indésirables de la crise (on appelle ça des gens malheureux) comme avec les autres données, personnes, jeunesses, opinions ou situations qui lui sont obscures donc menaçantes : Des coupables.

On en est pas encore là, d'autant que l'opinion est du côté des maltraités, mais la décision de justice concernant la levée du blocage des locaux de Caterpillar par les salariés grévistes, avec astreinte de 200 euros par infraction constatée, va dans ce sens.

Faire des salariés jetés, poussés dans leurs derniers retranchements, des délinquants : Voilà la solution (de droite) pour enrayer la crise !

Une décision de justice survenant au terme d'une semaine d'un blitzkrieg média des sbires de l'UMP sur le caractère intolérable des actions radicales
des salariés (mini-campings sauvages dans les locaux et séquestrations Betancouriennes de 5 heures des saints patrons)

Un verdict allant dans le sens du vent dominant de la com' des puissants : Un petit G20, trois jours d'éclaircie boursière, une poignée de statistiques moins pourries que la semaine dernière et hop, retour à la case des porcs.

Désarroi des damnés ? Occupations désespérées des usines ? C'est dépassé :


C'est vrai quoi, soyons positifs, on va quand même pas se laisser emmerder par les mises à la porte, les crédits, la mal-bouffe, les expropriations, la sous-vie, la misère et la mort !

Prochaine étape : Le délit d'appartenance à la bande des pauvres.

17 avril 2009

A qui profite le délit motion ?

par
TGI de Paris : La plate-forme vidéo Daily Motion a été condamnée Mercredi à payer un total de 80.000 euros à des auteurs et producteurs pour avoir diffusé sans autorisation deux documentaires. Vu ici.

Deux ou trois réflexions à chaud sur cette décision :

Pour commencer et ça commence mal, Daily Motion a revendiqué son Anti-Hadopisme.

Pour continuer, Daily Motion, open-media à l'image de ses spectateurs, fait écho à l'anti-sarkozysme ambiant par le biais de l'humour, de l'impertinence, de la grasse gaudriole mais aussi de l'analyse et de l'information.
J'ai ainsi découvert le site de partage de vidéos en 2006 par sa diffusion d'un documentaire (non piraté à la tv celui-là) traitant d'une manipulation du Ministère de l'intérieur. Ce dernier engageait en 2003, via une agence de com' (déjà), des intermittents du spectacle pour acclamer son patron (un certain futur président).

Depuis le réceptacle Daily Motion recompose, façon puzzle, cette case du documentaire sur sujets sensibles restée vide depuis le départ d'Envoyé Spécial vers les territoires risqués de l'investigation undercover que sont la tradition du cassoulet ou la culture de l'orchidée chez Elie Semoun.

Souvenons-nous aussi des
apports propagés par DM qui, n'en déplaise à la vieille école, ont contribué à faire progresser au quotidien le débat sur la crédibilité de notre mentor mentor. Citons les plus célèbres : Le sophistiqué et visionnaire Vrai Sarkozy (2.5 millions de spectateurs tout de même), le godarien Casse-toi pauv'-con, le sympathique Vodka avec Poutine (qu'on croirait extrait d'un bon Pécas), le documenté compil de ses mensonges ou bien la version uncut de Sarko Off sur France 3 (bonus behind-the-scenes qui a traumatisé notre champion de la détente au point que, depuis, il ne quitte plus son palais pour les directs radio-tv).


Sur Daily Motion, les chaînes des ministres comme Luc Chatel ou Rachida Dati (entre autres), malgré les moyens gouvernementaux mis en œuvre (fond bleu, jingle djeun'z, marque déposée "République Française") et les rafales de vidéos publiées, font si peu de connexions que les intéressés, après un début en fanfare, s'en sont discrètement retirés. Bad vibes pour la reconquête de l'internet prévue d'ici 2012 par l'UMP.


Daily Motion, c'est l'anti-télé. Oui la télé, ce vieux meuble à poussiéres diffusant des images en sens unique, qui a fait la gloire de notre glorieux chef de crise et tient encore à bout de bras fatigués sa moderne vacuité grâce à des émissions cire-pompes aux ricanements compulsifs, à des animatrices d'information à la diction gériatrique et à des sondages biaisés (pléonasme). Sarko premier président télé et alors ? C'est d'internet dont il ne supporte plus d'être la star !

Via un de ses sbires, Nadine M., femme blessée, notre vénéré tente de destabiliser le média 2.0. La réaction des assidus de Daily Motion ne se fait pas attendre.
C'est cela aussi Daily Motion, le mise à poil du discours en quasi direct. Tel est ainsi niqué celui qui croit dominer la communication télé. Face à cette épidémie de vitalité citoyenne, en toute légitimité notre super héros de la Ve doit penser : - Saloperie de communication vidéo sur internet venue du peuple se propageant comme la vérole de blog en blog en un simple coup de code (ce que je ne sais pas faire parce que j'y comprends rien à ces trucs de pauvres) pour rendre caduques les boîtes de media-training !


DM doit payer.

Point faible. Daily Motion connait une explosion de ses coûts liés à la bande-passante. Sur ce, la jeune compagnie française, dynamique et successful comme notre président devrait les célébrer, doit procéder à une nouvelle levée de fonds. On imagine la démarche contrariée avec ce type de jurisprudence basée sur la défense d'un obscur documentaire ouvrant la voie à une bardée d'autres procédures coûteuses. Et on voudrait me faire croire à moi, petit artisan de la réalisation auto-financée (et par ailleurs diffuseur de vidéos d'information alternative, donc souvent anti-sarko, sur Daily Motion) constamment bloqué pour distribuer mes productions par une législation favorisant les gros que, pour une fois, le pot de terre gagnerait contre le pot de fer ?

Quant au plaignant : Vue la rémunération à la minute de diffusion d'un documentaire sur une chaine officielle soi-disant dédiée à la découverte (environ 30 euros la minute payés le 37 du mois), y a de quoi sérieusement donner envie aux auteurs d'être piratés sur Daily Motion.

A ce sujet, en cette période de tentatives (répétées) de flicage la racaille surfeuse : Que l'on m'apporte la tête du responsable de l'upload criminel. On pourrait avoir des avoir des surprises.

Dernier point :
A ma connaissance, Daily Motion ne fait pas de procès aux chaînes (dominantes ou TNT, ce sont les mêmes) qui, pour faire jeune et créatif mais surtout parce que cela ne leur coûte rien, n'hésitent pas à parsemer leurs primes et autres best-of, souvent même leurs journaux d'information, de perles du net qu'elles pompent allègrement sur cette plate-forme sans même la citer.



"- Faut que les français le sachent : Est-ce que c'est ma faute à moi, si la crise américaine est sans pitié avec nos entreprises ? Même celles qui marchent."
Nicolas S. in "Éloge funèbre de Daily Motion au journal de 20h". (A paraître)

16 avril 2009

Une victime de plus de la crise du disque

par

Ça devait m'arriver, j'ai craqué. 7 jours sans billet et sans prévenir !

Serais-je passé à droite comme me le suggère Gilles par courriel ?
Certes, début avril, entre le G20, l'Hadopi et l'Otan j'ai eu, comme chaque semaine depuis quelques années, une phase de blues, une sorte d'A-quoi-bonisme jamais très loin chez moi du putain-faut-tout-péter, me disant que j'attendrai vraiment la bonne raison d'être révolté pour publier un billet bon à déglinguer.

LCI m'aurait-elle approchée pour que je prenne au pied levé la relève de Revel, sous condition d'exclusivité, et que je donne un petit coup de neutralité à ligne éditoriale du site d'information de droite ?

Alain Bauer aurait-il discrètement soufflé mon nom à quelque ami pour que l'on me retire de la circulation préventivement en attendant un non-lieu pour terrorisme littéraire ?

Aurais-je, au bout de 14 mois non-stop d'écriture, précipité une escapade prolongée à l'autre bout du globe ?

Rien de tout cela : La raison de la baisse du volume de billets est bien plus triviale :

J'en ai plein le dos.

Et malgré ce monde d'injustices, je ne le dois qu'à moi. J'ai fais une grosse erreur, la bêtise des bêtises. Moi qui n'aime ni le football ni les enfants : J'ai joué au foot avec des mômes.


Heureusement, l'honneur est sauf. Grâce à quelques tacles offensifs et avec le concours d'un arbitre sponsorisé à base d'œufs de Pâques, j'ai torché les morveux 18 à 2.

Mais douloureux à été le réveil le lendemain. Constat affligeant : Sciatique carabinée.
La faute aux disques, usés parait-il. Tantôt très douloureuse tantôt totalement paralysante, l'ignoble m'empêche de marcher et même de m'assoir, ce qui reste la position préférée du Kamasutra des rédacteurs. Les spécialistes qui se sont précipités à mon chevet sont unanimes. Citons entre autres Fred à la Kro de Béziers : "- Tu travailles trop, t'as besoin de repos !"

Le site européen de la colonne vertébrale m'invite lui à avoir une vie normale.

Mes vacances forcées sont donc studieuses. Moi qui voulait changer d'air, je fais un blind-test accéléré de la vieillesse
ultime : Un véritable plaidoyer pour l'euthanasie. J'évolue allongé à la journée dans un univers de 2 mètres carrés entre les rediffusions de France Culture et les dessins animés de Gulli à regarder le ciel bleu à travers les persiennes.

Alors vous comprenez votre blog à la c...!

Constatons qu'aujourd'hui il pleut enfin et que je vais un peu mieux, et que l'économie la bourse aussi. Pourquoi diable m'énerverais-je alors que je reviens à la vie en position assise ?

9 avril 2009

Le chiendent nécessaire à la chienlit

par
Mercredi 8 avril, 14h00 : Boulevard St-Michel, remontent jusqu'à mes oreilles intéressées les échos d'un attroupement improvisé.

Des policiers repoussent une centaine d’étudiants ayant monté des barricades à l’arrache depuis La Rue des Écoles vers le Boulevard. Au loin, sur les quais, j'aperçois les gyrophares encadrant la fin d'une autre manifestation contre "le délit de solidarité".

C’est ainsi à Paris depuis que nous sommes en Sarkozie : Une manifestation s’achève, une autre s'éveille.



Une étudiante hurle : "Tous à Port-Royal !" Ses compagnons remontent le boulevard au milieu de la voie bloquant la circulation. La collective des égoïsmes des conducteurs, à base de demi-tours précipités sur vocabulaire haineux, provoque l'immobilisation des boites à excédés. Heureusement surpris par la spontanéité et la détermination de l'embardée estudiantine : Barricade, blocage du trafic et gestion maladroite par des policiers à deux doigts du débordement, je les piste aux sons des tambours et retrouve étudiants, lycéens et enseignants à Denfert-Rochereau.

Le rassemblement d’environ trois mille personnes contre la loi LRU descend vers le Boulevard Montparnasse, direction le Ministère de l’éducation. Cliché du bitume, une vieille acariâtre hurle sur les feignants qui font encore grève.


Selon les médias, le mouvement des universités s’essouffle. Personne ici, ne me semble essoufflé. A l’angle d’un boulevard Raspail anormalement sous quadrillé par les policiers (Est-ce une nouvelle méthode du ministère de l’intérieur depuis les émeutes de Strasbourg : Contrôler de loin et laisser survenir la casse pour faire de l’image au 20h et ainsi réaffirmer la nécessité d’un dispositif encore plus sécurisé ?), des sécessionnistes appellent les troupes à s’engouffrer dans les petites rues direction Assas : Itinéraire bis non conseillé et straight-to-boboland. Hésitation de la foule, organisme mou et hautement mimétique. L’encadrement syndical se démène pour garder uni le cortège et menace de problèmes les insurgés. Avec succès. Débarrassé de ses casseurs, le cortège poursuit sa route dans le tam-tam des bidons sur un parcours sciemment étudié par les autorités pour longer des boulevards inhabités à l’écart de toute activité commerciale.

Les slogans :
Un million, deux millions, trois millions de pauvres cons. Sarko, Fillon, Darcos : Démission ! On veut étudier pour ne pas finir policier !

J’observe le manège habituel de la police infiltrée. Toujours la même de défilé en défilé, blousons de cuir et camescope au poing, fichant chaque profil.

En contraste avec leur relatif abandon des petites rues, un cordon de CRS bloque La Rue de Rennes et ses commerces (commerces dont un sur deux a déjà fermé pour cause de crise). Je devance les manifestants et remonte le boulevard des Invalides vidé de sa circulation. Une mère, le pas pressé, explique à ses deux enfants pourquoi tant de fureur.

LA MERE
C’est un bon moyen pour eux de faire pression sur le gouvernement !

J’aimerai que le journal télévisé fasse ce devoir d’information.

Pas loin du Ministère, dans la souricière finale, je retrouve le quadrillage classique et oppressant des CRS casqués tandis que les serveurs du bistrot à l'angle, en prévision de l’ouragan, s’affairent au rangement des tables et chaises avant de baisser le rideau. Un septuagénaire à la voix gentille m’entretient de la manifestation de ce matin à St-Michel.

LE VIEIL HOMME
Moi je suis Canadien. Je suis arrivé en France en 58, on m’a donné mes papiers presque sans que je les demande en 62. Ca ne faisait pas tant d’histoire en ce temps-là !

Grondements au loin.

LE VIEIL HOMME
J’ai vu 68, c’était violent. Il y avait de la casse mais beaucoup de bonne humeur. Ils hurlaient pour obtenir mieux. Aujourd’hui ils sont désespérés, ils hurlent dans le vide pour éviter le pire.

La lame de fond est à quelques mètres.

LE VIEIL HOMME
Bon je vous laisse. J’ai beau avoir des papiers, je suis pas naturalisé. En tant que Canadien j’ai pas le droit de manifester en France. On risque de me renvoyer chez moi. Même si je n’y a pas foutu les pieds depuis 50 ans.

Fin de la manifestation. Rangement de banderoles. Il n’y aura pas d’incidents. Ils auraient été inutiles : Peu de journalistes pour les filmer. Je remonte vers Odéon. Les nombreux cars de CRS et de policiers stationnés saturent les ruelles. A partir de la Rue du Cherche-Midi jusqu’à la Place St-Sulpice en passant par La Rue de Rennes et Montparnasse, le quartier n’est qu’un vaste embouteillage qui mettra une bonne heure à se déliter.

Police partout circulation nulle part.

16h00 : Remontant amusé vers mon quartier général, je ressasse mes observations de l'après-midi : Multiplication des foyers de mécontentement, embryons de manifestations sauvages et paradoxale paralysie policière pour cause de sur effectifs embourbés. Avec un bon carnet de contacts twitter, pourraient être mises en places des manifestations bien plus vivaces et contraignantes pour l’activité de la cité que ces bons vieux défilés pépères sur itinéraires désaffectés où, du syndicaliste au policier en passant par votre rédacteur, on croise toujours les mêmes abonnés.


8 avril 2009

Victime(s) de guerre

par


Il ne fallait pas attendre les conclusions du G20 pour se prononcer sur la tournure des mois à venir. Le G20 lui-même en était la plus instructive bande-annonce : Sa localisation en pleine plaque tournante pour taxos-trafiquants, son encadrement répressif meurtrier, sa médiatisation people et l'arrogance capitaliste dans toute sa splendeur, flashée dans sa dernière ligne droite.Avec l'aide d'une rock star en tournée européenne, ce sommet des impuissants, articulé en deux temps (grand espoir et satisfaction d'une avancée transcendantale), fut un effort concerté des services de communication des politiques internes pour fasciner leurs populations. Pas de Coupe du monde cette année : Il s'agit de faire oublier pour quelques semaines aux audiences concernées, classes moyennes désœuvrées, leur aller simple vers la paupérisation, seconde classe fond de cabine.

Coup de bol supplémentaire, un tremblement de terre salvateur aura définitivement effacé de tous ses trémolos, le devoir d'analyse. Au passage quelques bénéfices boursiers ont été engrangés et la popularité de nos chefs d'état remonte. A court terme certes, mais c'est leur monde.

Dans ce monde, leurs échéances sont plus enivrantes que les nôtres. Dans ce monde, nous ne sommes que des Ian Tomlinson.

3 avril 2009

Je n'aime plus ces artistes

par
La Loi Hadopi, autorisant la suspension de votre abonnement internet en cas de dénonciation de votre adresse IP par le lobby des galettes en plastique sur facturées, a donc été votée en catimini par une poignée de députés.

Barnum répressif débile pensé par les adorateurs du Minitel où tout internaute est potentiellement coupable, cette porte du flicage d’internet franchie le jour de la publication d’un rapport d’Amnesty international sur la police française sobrement intitulé des policiers au-dessus des lois, nous assure de bons gros dérapages.

Ne nous laissons pas abattre. Premièrement, détendons-nous en musique et commençons par pirater (et éventuellement l'enregistrer*) le lecteur exportable à l'exportation auto-censurée de Deezer :



Deuxièmement, soyons réalistes : L’industrie du support musical, c'est terminé. Les majors, qui ne sont pas remises de ce hold-up qu'elles ont initié au milieu des années 80 avec la généralisation du cd, s’évertuent à ne pas le comprendre depuis quinze ans. Tant pis pour elles. Quinze ans, c'est bien assez pour prendre de nouvelles habitudes musicales. Surtout quand le mélomane a lui-même quinze ans.

Voyons là aussi un conflit de générations. Les dinosaures disparaîtront de leur sale mort à coups de best-of bradés pour leur dernier cœur de cible : Les seniors (qui sont encore) friqués. Au mieux, ils écouleront pour les plus jeunes, via des accords avec les épiciers généraux, quelques intégrales offertes pour tout achat d’une clé USB 2 Terra octets qui fera téléphone, télé HD et console de mixage.

Le plus écœurant dans cette calamiteuse histoire, c’est la collaboration active d'artistes à la promotion d'une loi, en feignant l'inconscience des dérives technologiques qu'elle permet.

En ces heures sombres de police du réseau, de listes, de suspensions arbitraires, à nous de fliquer ces collaborateurs, de les mettre sur liste noire, de les boycotter de l'achat à la scène en passant par leur non-téléchargement (je retire ce que j'ai dit sur Luc Besson, pas la peine de gaspiller de la bande passante).


Les nouveaux mythes musicaux, eux, n'ont pas attendu de loi pour s'adapter. Ils se construisent de façon plus intime sur des sites d'où ils gèrent eux-mêmes leur distribution, dans les salles des cafés, les festivals et sur les plates-formes gratuites de partage vidéo depuis déjà des années. A eux de se servir des majors et non l'inverse.

La force de la musique : Quelques notes qui offrent une infinité de combinaisons et de nouvelles émotions.

Création (n.f) :
action de créer. Inverse de la rente.

* création française de Sébastien Migniot.

2 avril 2009

1er avril dans les médias, un jour comme un autre en Sarkozie

par
8h00 : Interview radiophonique du Roi en son palais, par son laquais favori, Jean-Pierre. Le fossoyeur précoce des stars est envoyé spécial à L'Élysée, à 300 mètres de son studio (voir schéma) pourtant acquis à la raison d’état. Au micro, le monarque promet aux salariés de Caterpillar la même protection que celle promise l’année dernière aux salariés d’Arcelor-Mittal dont l’usine a définitivement été liquidée hier. Puis, le Roi reprend la thématique bande-annoncée hier à la sauvette à Châtellerault devant une caméra d’ITV, à l’abri des quelques milliers de mécontents (taux résiduel minimum désormais constaté au moindre de ses déplacements) : Si le G2O de Londres ne se passe pas comme je veux, je claque la porte du sommet !

Après le nombre de CRS, l'important c'est le buzz.

Schéma 1 : L'odyssée d'Europe 1, 330 mètres.

12h00 : Sortent enfin de leur interrogatoire de police, les journalistes de Rue 89 et France3, chaîne provisoirement gérée par Patrick vivant mal sa réorientation monarchique. Les journalistes étaient entendus dans le cadre d’une plainte venue de haut sur la fuite sur internet d’images Off du Roi où on le découvre dans toute sa magnificence, s’énervant contre un technicien qui refuse de le saluer avant son interview. Histoire de les intimider, furent présentées aux journalistes des captures d’écran de vidéo surveillance des locaux de la chaîne où ils officient. Qui a fourni les images ? Qui a fayoté ? La police a du mal à se prononcer.

13h00 : Reprise du feuilleton du Roi en tête des journaux radios et télés : Le Roi claquera t-il la porte du G20 ? La thématique en gommerait presque la nature du sommet et son évidente conclusion : En haut rien de nouveau.

13h10 : Je m’isole de toute transmission radiophonique ou télévisée pour quelques heures. Fin du monde ou pas, ce type de temps début avril : Faut en profiter.

17h30 : Ballade au jardin du Luxembourg. Sur l’Heil-pod, j'entends Laurent Ruquier qui, quand il n’est pas l’hôte d’une émission sur une chaîne publique de son pion Patrick, remet les pendules à l’heure dans son émission sur la radio privée de l'ami Jean-Pierre. Les médias nous manipulent ! lance l’animateur de divertissements. Il reprend ce sondage d’hier publié dans Libération et accuse le journal d’avoir présenté Dominique Strauss-Khan comme meilleur candidat pour la gauche aux prochaines présidentielles en focalisant sur les réponses de l’ensemble des Français, électeurs de droite compris, alors qu’il est fait peu de cas du fait que Ségolène Royal arrive toujours en tête auprès des sympathisants socialistes (seuls à trancher dans les primaires).

Une chroniqueuse euphorique rajoute : Ah, ce serait pas mal si c’était le candidat opposé qui choisissait son adversaire ! Rires de l’assemblée.

20h10 : Le journal de France 2 couvre le dîner d’avant G20 en direct de Londres. Gros suspens : Va t-il claquer la porte ? L'avenir du monde ? Comme le Roi, pour l'instant il se fait attendre. Gros plan sur le tapis rouge, Michael Darmon, envoyé spécial pour la chaîne de Patrick, est en costard. Festival de Venise ? Festival de Cannes ? On ne sait pas, les comédiens se font désirer. Caprices de stars.

Sans transition. Sujet : Aujourd'hui, en marge du G20 à La City c'était la guerre, des milliers de manifestants déchainés, mieux valait ne pas être banquier. Sans transition. Sujet : De l’influence des éoliennes entraînant un ralentissement de la rotation de la terre. Un technicien du CNRS témoigne : "il faut rapprocher les éoliennes du sol sinon d’ici vingt ans, la journée durera 25 heures". Sans transition. Sujet : Une loi va bientôt être déposée pour pénaliser le non-respect à l’hymne national. Sanction : Un an de prison pour sifflement de chant révolutionnaire. Sans transition. Météo : Demain sera encore plus beau. Sans Transition. J’ai bien l’impression que quelque par il y a eu un poisson d’avril. Pour la première fois de l’année j’attends la fin du journal pour que l’animateur de l’information m’avertisse du moment où il a roulé son audience.

Générique. Pujadas n'a rien précisé.

Aveu par omission d’un grand professionnel : Sous ce règne, l'information est une gigantesque bouffonnerie.

22h00 : Le Roi nomme un nouvel éxécutant à la direction de Radio-France.

* * *

En exclu, l'adaptation britannique de l'émission de Yann Arthus-Bertrand, La terre vue du ciel tournée avec des caméras de surveillance (restriction de budget, c'est la crise). 1er épisode, Londres :




1 avril 2009

ça ne fera pas la farce

par
Relevé sur le site de France 2 en cette veille de G20 :


L'insoluble équation du G20 :
La seule analyse du politique est de renouer avec la croissance de ces dernières années. Celle-ci est conditionnée aux comportements ahurissants qui nous ont conduit là où nous en sommes. Il faudrait donc retourner à la normale des coupables tout en faisant croire le contraire aux victimes (NDLR : elles sont plus nombreuses à voter). Problème : Les victimes sont de moins en moins consentantes (NDLR : et votent de moins en moins).

Dans ce monde du court terme et sans imagination, où pour perpétuer l'enfer on promet le paradis, l'absurde se nomme pragmatisme, les baltringues s'appellent économistes et le futur sent la cendre.

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