10 juin 2011

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UMP : User et abuser des pauvres

Eclipsés par le concombre soja tueur et la real-enquête du Sofitel, nos moralistes de droite contre-attaquent sur tous les fronts, malgré leurs casseroles[1] et leur totale absence de crédibilité. 

Le nouveau (euh...) stratagème de reconquête électorale de nos tatchéristes bleus maquillés en "justiciers sociaux" (en mode Charles Bronson vs. la racaille) est donc de matraquer les pauvres au gourdin moral ou sécuritaire tout en confortant les rentes pépères, épaisses ou indécentes, des plus hauts revenus (dont on ne précisera jamais assez que la plupart n'ont qu'une idée très vague de ce qu'est le travail).

On ne prend même plus de gants : Allègement de l'impôt sur la fortune et promesses d'en finir avec l'indolence fantasmée des allocataires RSA s'opèrent de concert. Sidérante opération étouffée par la juteuse traînée médiatique de l'affaire DSK. Comme on dit dans la droite publicitaire depuis 4 ans  : "plus c'est gros, plus ça passe" auquel on ajoute "ceux qui ne votent pas pour nous sont à piétiner, ceux qui ne votent pas du tout nous rendent plus fort". Ici, comme en 2007, est visé à 350%, l'électorat des  possédants âgés parfois décontenancés par les frasques monarchiques. Il faut les rassurer sur la continuation de leurs beaux jours de domination idéologique avec, en filigrane, la perspective que l'odieux assistanat des jeunes pauvres réponde, pour un tarif compétitif, à la noble dépendance des vieux riches.


Simultanément, l'armée de l'ombre réoccupe l'espace médiatique préparant les esprits à la vague d'ultradroite qui nous attend après 2012. La semaine dernière, une  discrète  éditorialiste du Figaro magazine (bible dominicale des adeptes du bouclier fiscal contrôlé par une équipe de croulants à l'endurance bionique) tapait à cerveau raccourci sur la génération "canapé" comprendre les "profiteurs" du RSA (deux jours avant la convention UMP sur le sujet). L'article est tellement caricatural, truffé d'erreurs et d'approximations, que nous avons d'abord cru à un canular (l'équipe de Brave Patrie, dépassée par la réalité, se sabordant dans un acte ultime : écrire directement pour les lecteurs de Dassault) avant de nous rabattre sur la seule explication possible : Sophie Roquelle s'adresse aux vieux à fortes liquidités financière et intellectuelle.

Quelques jours après, nous apprenons que Monsieur Sophie n'est autre que JF.Cirelli, vice-président de GDF-Suez, côté au CAC 40. On avait dit "pas les conjoints". Mais bon, Libération nous informe que Monsieur touche plus d'un an de RSA par jour et nous ne pouvons nous empêcher de croire que cela soit sans incidence sur le vomi à gros grumeaux de Madame. Nous n'en serions pas arrivés aux mêmes conclusions si, par exemple, la justicière de droite s'était insurgée avec la même hargne contre le nouveau refus, la même semaine, par Frédéric Lefebvre (autre célèbre super héros social), d'autoriser les class-actions en France. L'autorisation d'une telle procédure collective aurait permis aux légions des abusés et surfacturés par la compagnie de son mari (dont le médiateur de l’énergie rapporte qu'ils sont de plus en plus nombreux) d'attaquer en justice (efficacement et à moindres frais) la compagnie en question s'avérant un peu lâche sur la facturation des clients (ex-entreprise publique privatisée au nom d'une concurrence supposée faire baisser des tarifs ayant, O surprise, augmenté de 60% depuis).

Ayant vécu en Angleterre, cet autre pays du néolibéralisme émancipateur carburant à l'exploitation de pauvres culpabilisés que l'on vise sans relâche à rendre serviles ou honteux et dont notre belle contrée se rapproche à vitesse grand V, j'ai vu (et vécu) les mêmes pratiques il y a quelques années (cf Perverse Road). Des surfacturations aléatoires ciblant bizarrement les pauvres, sans moyens de se payer un avocat, abandonnés à des call-centers kafkaïens et surtaxés où ils se heurtent à d'autres travailleurs pauvres payés au rendement avant, un matin, de se retrouver avec l'huissier à la porte pour régler sous peine de saisie 500 pounds de facture de gaz... alors qu'ils ne sont parfois même pas raccordés !

Mais non, Sophie n'écrira pas sur ça. En néolibéralie, les pauvres (comprendre ceux qui refusent de devenir des auto-entrepreneurs ou complices) sont là pour turbiner gratuitement (enfin  presque), s'endetter, régler les surfacturations des compagnies protégées par le pouvoir, engraisser les classes supérieures et mourir avant la retraite d'un rhume qu'un "justicier social" de droite aura déclaré au nom de l'équité trop coûteux à soigner pour la collectivité (comprendre : "un manque à gagner pour le marché des assurances et des mutuelles santés privées des potes"). 

Pour canaliser la croissante rancœur du peuple (parce que quand même, malgré des heures de télé pour oublier, ça commence à faire un peu mal au fondement) tout en chouchoutant les richesles "justiciers sociaux" UMP lui sélectionnent de bons boucs-émissaires (menaçant de prendre la place du galérien qui "fait tout bien ce que la droite m'a dit de faire" dans la course aux jours meilleurs qui n'arrivent jamais) : les immigrés ou les encore plus galériens. Ainsi le système à casser du "pauvre con" s'auto entretient jusque la banqueroute suivante qui viendra gonfler de quelques millions supplémentaires les contingents de précaires. L'autre pan, essentiel, de la paix civile étant bien sûr de corrompre dès le plus jeune âge la classe moyenne aux valeurs de l'aristocratie bourgeoise avec force marketing, via l'endettement, même et surtout, déraisonnable.

Tout cela pour vous écrire combien il est crucial (même si je ne me fais aucune illusion sur l’après tant les mécanismes sont forts, la cupidité prégnante et les réflexes conditionnés) de se débarrasser dès le premier tour de la présidentielle 2012 d'une gouvernance antipeuple. Il s'agit ici si peu d'économie (l'incompétence de nos pantins dans le domaine n'est plus à démontrer, ils servent en toute simplicité un communisme des riches décomplexé) mais bien de femmes, d'hommes, d'enfants broyés. Nous entrons dans une nouvelle phase de destruction morale, idéologique voire physique des individus les plus faibles de la société, le "cancer" comme l'on ne se cache plus à droite pour les stigmatiser.

Ne jamais oublier que la "justice socialede l'UMP est définie selon les intérêts exclusifs d'une poignée de dominants, fidèlement suivie jusqu'au bout de l'immonde par les strates les plus aisées de la société, du gros rentier au petit actionnaire apeuré.

Les quatre dernières années ne furent qu'un apéro gustatif. Avec un deuxième quinquennat sans réélection visée derrière, le Monarque aura les coudées franches pour y aller plus à fond dans la guerre des classes, sans aucune frilosité, sans aucune pitié, sans humanité, avec tout l’arsenal législatif, idéologique et répressif à sa disposition.

Quand on a encore un peu de confort, on a vite tendance à se tromper d'ennemi, à oublier que toute guerre fait des morts.


[1] liste non-exhaustive de la semaine :

Chantal Brunel, députée tendance planche à clous et martifouette qui, "après tout", voulait remettre les naufragés tunisiens à la mer. Nous apprenons que son mari est mis en examen pour "blanchiment, abus de biens sociaux, faux et usage de faux" avec un petit détournement de 45.000 euros pour financer la campagne de sa compagne. 

- MAM ? Out ? Penses-tu. Un petit scandale, de la morgue et des mensonges, une démission et ça repart. Après un petit tour de chauffe, elle prend la tête d'une convention UMP  sur "la solitude et le repli sur soi". Destination ministère. 

- Luc FerryCaptain avenger des plateaux télés, lui, cumule et glande sur fonds publics comme un vulgaire "assisté", sauf qu'il empoche plus de 10 RSA par mois sans une heure de boulot en contrepartie. [update 11.06.2011 : et que Matignon - toi - va rembourser à l'université l'année de salaire de Ferry que tu as déjà payé une première fois.]

7 comments:

Toto a dit…

ouah! C'est bien c'est bien. (sérieux tu balances bien, et t'as bien raison)

Anonyme a dit…

Hey salut Seb,
Toujours aussi réaliste aucune raison démographique ou structurel que ça change c est donc generationel comme l explique bien Emmanuel todd, concernant l industrie la saignée va continuer cf Peugeot aulnay bientot déboulonne et transfèré dans un pays a coût de main d' œuvre compétitif, c est vraiment le plus inquiétant en France le cas de l industrie, y a plus d' envie d' innovation pour les jeunes ingenieur en France, cf Fabien tourre de polytechnique aka fabulous fab le trader de la Goldman sachs qui est le symbole de la désertion des secteurs scientifique et indutriel pour le commerce et la finance. Les entreprise française qui vont rester compétitive seront lie au Luxe et au tourisme. Tu te rends compte : en France nouvelle innovation majeure le premier macaron la durée au foie gras, jeeeeeeeezzzzz!!!!! bref on arrive plus a se projeter dans ce pays, trop react a tout les niveaux rien de nouveau, profit court termiste, précarité, individualisme, peur du défaut de paiement pour le crédit immobilier que tu as traité maintes fois ici. Je pense qu il va falloir faire avec malheureusement car le politique n y peut rien en réalité, la fuite en avant durera jusqu a la fin des papys boomers. Je crois que tu vas écrire longtemps sur ce blog peut être même jour sur une nana trentenaire qui raffole des macarons la durée au fois gras qui s est endette sur cinq ans pour avoir des coupons de réduction groupon qu une de ses amis lui aura recommandé sur Facebook. A plus!

Anonyme a dit…

allons enfants de la patrie,
le jour de gloire est arrivé,
...
contre nous de la tyrannie,
l'étendard sanglant est levé...
...
aux armes etc.

echo lointain?

lointain.

Anonyme a dit…

Comme le susurre la ritournelle, tout est à nous, rien n'est à eux, tout ce qu'ils ont, ils nous l'ont volé, donc quelques suggestions pratiques contenues dans les articles cités plus bas :

- pour frauder des minima qui sont bien trop minimini et pas du tout mimi, et même pour ouvrir droit à un demi RSA quand on est comme des centaines de milliers de d'jeuns interdit d'accès à ce pactole parce qu'on à moins de 25 ans
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5668

- pour qui a besoin de jongler et zapper le flicage de Pôlicemploi avant de se faire radier ou sucrer les allocs
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5630

- pour les Parisiens qui ne savent pas utiliser l'action sociale municipale, donc celle de la ville la plus riche où l'on compte portant des centaines de milliers de pauvres (ben oui, malgré la gentryfication, t'es pas tout seul ! )
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3250

BA a dit…

Le Conseil d'Analyse de la Société : un comité Théodule, composé exclusivement d'hommes et de femmes de droite.

Luc Ferry en est le président délégué !

http://www.cas.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=4

Anonyme a dit…

Plus je lis, plus j'aime.

Petit rappel :

Article 21. Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler.

[snip]

Article 35. Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

Au plaisir du prochain billet !

Engliche

BA a dit…

Affaire Tapie-Lagarde : enquête du parquet pour "abus de pouvoirs sociaux."

Le parquet de Paris a ouvert mi-juin une enquête préliminaire sur d'éventuels "abus de pouvoirs sociaux" dans l'affaire Tapie-Lagarde visant implicitement les décisions prises par des hauts fonctionnaires, a-t-on appris mercredi de source proche de l'enquête.

http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=bfc7a4b7249e8116333d29110689c9a9

Quoi ?

Des décisions prises par des hauts fonctionnaires ?

Mais les hauts fonctionnaires ne prennent pas les décisions. C'est le gouvernement qui prend les décisions. Ce sont les ministres qui prennent les décisions. Ce sont les ministres qui donnent les ordres aux hauts fonctionnaires.

Dans ce scandale, c'est Christine Lagarde qui a pris une décision. C'est Christine Lagarde qui a donné des ordres aux hauts fonctionnaires.

Alors, ne faisons pas payer les lampistes, qui n'ont fait qu'obéir.

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