31 décembre 2010

2011, au coin du feu


Bon, quel bilan tirer de cette année pourrie ?

2010 aura au moins le mérite d'avoir révélé avec de moins en moins de détours (à condition bien sûr de décoller le nez de son Koh-Lanti et de son Voissa) la vraie nature des puissants, l'inkarcherisable dévotion de leurs laquais et la déconnexion satisfaite des deux avec leurs sujets. 

Pour cacher les désastres de sa politique antisociale, ses millions de chômeurs inconnus et ne pas extirper de leurs certitudes ouatées les « golden retraités » pour qui ce pays est pensé[1]le pouvoir aura poussé loin le flirt avec le pire du genre humain, consacrant ses efforts à transformer nos craintes sociales en une peur de notre prochain. La télé, trop souvent fenêtre unique d'ouverture sur le monde et la rue d'à côté, aura enrobé de son onctueuse information à sens unique le spectacle du chaos, virant à la notice pour scouts sur certains canaux. Souhaitons pour 2011 que tu te débarrasses enfin de ton poste à images (moi, grâce à la hausse de TVA,  c'est ce que je vais faire).

Des raisons de se satisfaire de 2010 ? Une principale, fragile. Malgré un bruit de fond médiatique parasitant la raison par 1001 polémiques à la con, 2010 marque également le retour (timide) de la lutte des classes dans les conversations à la machine à café et la réapparition de ce clivage que l’on croyait à jamais disparu sous la couverture plombée du consensus résigné : gauche et droite. Souhaitons pour 2011 que certaines têtes de gauche en prennent conscience. 

Autour ? Sans généraliser tout en restant optimiste (mes deux principales qualités avec la modestie) : ça vire au boudin. L’Europe dérape, la rigueur décape et les peuples dérouillent. Ils se divisent entre trois : ceux qui croient toujours, ceux qui tremblent encore, ceux qui gueulent, mais pas assez forts. Souhaitons pour 2011, qu'ils s'entendent enfin.

Tandis que La Chine impose sa way of lie, l’Europe navigue à la godille à proximité du gouffre en se raccrochant aux apparences flamboyantes du lustre ancien. Et si l'on doit retenir une date de cette année qui s'annonce fracassante, le 1er janvier 2011 en est une excellente. Demain, entrera officiellement dans notre épanouissante zone, son nouveau pays le plus pauvre : l'Estonie (et son mirifique salaire minimum de 278 euros qui fait triquer). Souhaitons pour 2011, ne pas devoir nous aligner sur les autres "qui ont compris la nature des efforts à faire pour s'en sortir"TM.

D'ailleurs, tant que peux t'acheter des voitures en morceaux, de la maison en traites et que tes mômes ont leurs tablettes graphiques, conçues en Amérique et fabriquées en Asie, déposées en triple au pied du sapin, tout ira bien. Merveilleux esprit de noël autorisant les ménages sans argent, corrompus par l'abondance à débit différé, à s'ébattre sans discrétion dans les crédits sans fond au moment où le gouvernement leur rabâche qu'un tel endettement, au niveau de l'Etat, c'est étouffant. Souhaitons pour 2011 que les nouvelles baffes fiscales te poussent enfin à réfléchir sur cet insatiable désir de consommer.

Heureusement pour tous, le mot magique de "crise" est là pour ton efficiente mise au pas. La criseTM n'est pas la raison de "la rigueur" mais le nouveau système d'exploitation pour t'aider à mieux vivre ton malheur. Pour toi la criseTM est un traitement, pour eux c'est une belle vague à surfer. Souhaitons pour 2011 que tu te débarrasses de ce mot destructeur.

Si les éditocrates continuent de servir la soupe aux puissants ainsi qu'à la population tampon de la bourgeoisie intermédiaire qui, à la différence de toi, vote tout le temps et tout le temps pareil[2], quelque chose en 2010, un truc quoi, s'est, pour la première fois depuis longtemps, grippé dans la machine à soumission collective (la montée en puissance d'un conflit que tout le monde pensait réglé avant la première lutte, le succès des pamphlets et l'écho croissant des appels à la révolte....).  Souhaitons pour l'année qui vient, l'affirmation "décomplexée" (pour reprendre le cri conquérant des rétrogrades) de cette tendance. 

2011 ? Année de transition entre le moins bien et le pire pour un peuple dans la nuit, paralysé par les phares aveuglants du bolide sans freins qui lui fonce dessus ? Comme on dit chez les laquais (1,25 euro le SMS + surcoût éventuel opérateur) : a vous de juger. Comme on le répète souvent ici : à nous de prendre un autre chemin.


Bonus : 
On me signale la tonalité sombre de cet ultime billet de l'année. Réparons la lacune. Certes ces voeux datent de 1978 mais... remplace Desproges par Pujadas, Le Luron par Le Parfait, Zitrone par Alain Duhamel, Jean Lefebvre par Frédéric, Philipe Castelli par François Fillon, Jean Carmet par Copé, Denise Fabre par Christine Lagarde, Le décor par Rama Yade et Michel Drucker par Michel Drucker et ils se révéleront d'une stupéfiante modernité.





[1] le temps de leur faire les poches.

[2] souhaitons à ce propos pour les élections de 2011 que tu te sois inscrit sur les listes électorales avant le 1er janvier.

7 comments:

Xoth a dit…

Perso, je retiendrais de 2011 ton appel à la Révolution Intérieure, qui me semble être un billet majeur, pointant sur la clef de voûte de notre désastre : nous.

Seb Musset a dit…

@xoth > Je me suis penché sur les statistiques, ce que je fais un fois par an. J'ai découvert que les billets plus populaires sont ceux n'ayant que très peu, ou pas du tout, à voir avec la politique.

A méditer.

laetSgo a dit…

bah, Seb, ne sois pas pessimiste ! notre maitre du monde à nous, notre inestimable président, va tordre le cou à la crise en 2011, puisque la France sera encore à la tête du G20 jusqu'en novembre ! Et comme il a déjà fait disparaitre d'un coup de menton magique les paradis fiscaux, aie confiance... (ceci sur l'air du serpent enlaçant Mowgli de ses anneaux ds le livre de la Jungle)
Bonne année 2011 et merci pour tes écrits !

Le Yéti a dit…

"et son mirifique salaire minimum de 278 euros qui fait triquer"

Euh, le salaire minimum du miracle chinois est de 110 euros... (mais, miracle oblige, il sera augmenté de 20% au 1er janvier 2011... soit un orgasmique 133 euros mensuel !)

Unknown a dit…

Meilleurs Nœuds

A tous les envieux, je présente tous mes vœux, pour qu’ils soient enfin débarrassés de leur envie…
Voici, mon esprit, je vous le donne… mon corps, le voilà, je vous l’abandonne… mais mon cœur, je le garde pour chasser toutes les rancœurs.

http://www.tueursnet.com/2010/12/meilleurs-noeuds/

babelouest a dit…

Coucou, tiens bonjour LaetS !
J'en ai de la chance, de ne pas avoir la télé, cela me soulage de bien des maux, bien des têtes à ne pas voir, bien des inepties à ne pas entendre.

Quant à la crise, si l'on suit bien, je crains que ce ne soit que maintenant qu'elle commence vraiment. Le scandale des opérations sur l'immobilier, et des banques qui saisissent à tours de bras les logements acquis légalement aux States, va rejaillir ici avec force. Sera-ce l'action de trop des financiers ? Verrons-nous surgir fourches à pizzas, pelles à tartes et couteaux à huîtres aux mains des consommateurs en rébellion ?

2011, année de tous les dangers, est en marche. Il est temps de prendre les devants, et de déposer (sans précaution particulière) l'accidentel occupant de l'Élysée dans le plus proche réceptacle ad hoc.

Shadows a dit…

Personnellement j'ai vire ma tele il y a longtemps. J'y ai gagne en temps et en sérénité. J'y ai perdu en passivité, ce qui est loin d'être négatif. Aujourd'hui je ne subis pas l'information telle qu'on voudrait que je la crois, je vais la chercher. Mon cerveau n'est plus gave quotidiennement du leitmotiv qui sous tend nombre d'images télévisées , conduisant insidieusement certains a penser, a l'insu de leur plein gré, que bouffer de la merde, au sens propre comme au figuré, est le véritable privilège de la citoyenneté.
Bilan 2010: plus de liberté d'esprit. Et une économie de plus de 100euros vu que je ne paie plus la taxe audiovisuelle.
C'est déjà ça de gagné...

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