12 mai 2020

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Le jour d'à peu près

Le journal du confinement c'est comme le confinement, on y prend goût et on a un petit peur du changement faut bien dire.

Pas de panique, nous allons nous désintoxiquer progressivement. 

Pour ma part pas d'excès. Je consommais peu avant le confinement je consommerai encore moins après et, grâce à Hidalgo (qui l'eut cru) je me suis habitué à courir à l'aube devant les grilles fermées des parcs publics. Y a pas à dire : on croise moins de monde. 

Inconscients, perplexes ou sceptiques devant le pari de la reprise du 11 mai, chacun déconfinera à sa vitesse.  Il ne fallait pas attendre lundi matin 9 heures pour comprendre que le déconfinement du 11 est un pari d'état aves ses morceaux d'improvisation et sa culpabilisation en thème de fond (je rappelle que pour la septième compagnie en charge de la gestion du troupeau : le peuple est un enfant sale).  Ça s’entasse copieusement dans un métro qui tourne au ralenti, le ministre de la santé et de l'horoscope des régions fait l'étonné à la radio : "c'est dommage" déplore-t-il le plus sérieusement du monde. A l'école rien n'est prêt. La colère des élus, des chefs d'établissements, des enseignants trahissent les discours du ministre de la Nation Apprenante qui, toute honte bue, au sortir de huit semaines de confinement déclare qu'il est moins risqué d'aller à l'école que de rester chez soi. 

Il y a une passion française évidente pour la file d'attente. Dans la rue, les files se sont transférées des supermarchés aux échoppes des coiffeurs ou aux pharmacies où l’on prend le risque désormais de se contaminer pour bénéficier, peut-être, du masque-torchon promis par la ville (au bout de cinq mois c’est toujours ça). C’est également le grand retour de l'autre fléau urbain qui ne manquait point, le type qui déambule le nez dans son smartphone sans regarder devant lui, généralement sans masque pour un plus grand confort de va te faire bien enculer

Majorité de gens masqués par chez moi. Cet anonymat généralisé est un plaisir qui doit s'apprécier à chaque seconde au pays de la vidéo surveillance et des décrets anti burqa. Des masques certes, mais des pas surs. J'en vois fumer au masque, d'autres l'enlever pour éternuer sans se protéger (au milieu des gens) pour remettre le masque et l'enlever de nouveau trente seconde après. Indifférence générale avec ou sans protection, le masque n’est qu’un code social. On le porte pour les mêmes raisons qu'on ne le portait pas avant : pour ne pas se faire remarquer. 

Question densité urbaine, je ne vois pas de grandes différences à Paris entre ce premier lundi de liberté (relative) et le dernier dimanche de confinement. Le vrai changement, ce sont les automobilistes qui sont revenus conquérants et en masse. Et ça grille du passage piéton, et ça occupe 80% de la largeur de la rue pour une personne, et ça force toutes les autres à s’entasser sur des trottoirs faméliques. Le problème de Paris a toujours été cette superposition sur un espace réduit des différents modes de circulation, un non-choix qui ne satisfait personne et mécontente tout le monde. Dans la nouvelle donne sanitaire ce non-choix devient criminel. Une voiture qui fonce dans la rue, c’est dix piétons qui finissent par se coller les uns aux autres. Et encore, on "profite" de l'absence provisoire  des terrasses de café qui s'étalent parfois jusqu'au caniveau.  Des rues doivent être réservées aux piétons, d’autres aux vélos et d’autres au voiture. Il est crétin de mélanger tout le monde au petit bonheur parisien, d’autant que l’expérience que c’est le plus motorisé qui fait sa loi, et que le piéton parisien à intériorisé qu’il devait prendre sur lui ou se faire écraser. 

Malgré l’éclaircie de 20h, moins de monde au balcon pour applaudir les héros. J’ai quand même bien envie que l'habitude perdure. Dans ce contexte autoritaire qui s'orwelise à vue d'oeil, il est bon de rappeler à qui de droit, par la persistance de cette simple coordination du bruit, que en bas nous sommes vaguement unis. Le pouvoir est comme nous, il ne bouge que quand il a peur. Ça tombe bien nous sommes tellement plus nombreux que lui. 




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