10 juin 2012

Ces assistées les banques

"Ça n'a rien à voir avec un sauvetage" 
Luis de Guindos, Ministre espagnol de l'économie 11/06/2012

Megasurprise. On va nous la rejouer !

Mettons la rigueur de côté, le souci scrupuleux de la maîtrise des dépenses publiques, du "un euro est un euro". C'est le grand retour à nos portes du "il faut sauver les banques", aujourd'hui espagnoles

Attention c'est de la logique lourde. Les peuples vont donner 100 milliards (via le FESF et le MES) aux banques pour sauver l'argent que les peuples ont déposé dans ces mêmes banques qui se sont empressées de transformer le tout en produits toxiques. 

Mais attention, en Espagne on est à cheval sur les mots : il ne s'agit pas de "sauvetage". Le FMI, lui, précise que les banques n'ont besoin que de 37 milliards. Mais bon en en rajoutant 63, on "envoie un signe fort aux marchés", ces forces obscures seules à même d'assurer prospérité et bonheur pour le genre humain comme on le constate quotidiennement depuis 2008. Même si certains analystes, eux, estiment qu'il faut en fait 500 milliards pour sauver le bazar. De 37 à 500, tu vois la précision du machin et la qualification des lumières en charge de la bonne gestion des peuples. 

Bref, jetons encore 100 milliards par la fenêtre pour sauver les banquiers d'un pays avec 25% de chômeurs, ayant encouragé durant des années l'endettement immobilier démesuré avec la complicité des banques avant d'imposer un plan de rigueur (50 milliards cette année) permettant au gouvernement de chipoter sur quelques dizaines de millions qu'il ne pourrait pas se permettre de donner aux précaires ou aux mal logés parce que, tu comprends, cela grèverait "le bon équilibre des finances".

Rappel du principe vertueux par sknob :


Pour une fois, soyons libéraux et apôtres du TINA: Les banques qui échouent ne méritent pas de survivre. Et pour paraphraser un célèbre penseur de droite : "l'assistanat [bancaire] est le cancer de la société". Si les banquiers ne sont rien sans les hommes, les hommes peuvent survivre sans banques.  Ceux qui ont le plus à perdre dans leur chute sont par définition ceux qui ont le pognon.

Pour se prémunir un minimum de cette crise perpétuelle qui nous prendra jusqu'au dernier centime, il est plus qu'urgent de séparer par la loi dans les banques, l'argent des dépôts et les activités spéculatives. Pour que le métier de banquier redevienne une activité austère au service de l'intérêt général, et non la source d'une austérité générale au service des banquiers

Anecdote : L'autre jour au guichet de l'établissement dans lequel je suis client depuis 22 ans (période durant laquelle je n'ai pris aucun crédit), alors que j'avais oublié CB et ticket restaurant lors de la pause déjeuner, en présence de mon chéquier et de ma carte d'identité, la banque refusait de me donner 20 euros en cash comme elle le faisait jusqu'à présent. Les temps sont durs et scoop, ils se rapprochent de chez nous.

18 comments:

Stéphane Soumier a dit…

je ne vois pas ce que la "séparation" des dépots et des activités de spec vient faire là-dedans. La bulle immobilière espagnole ce sont des crédits aux particuliers, tt ce qu-il y a de plus banal, ce que ferait une banque privée de ses activités de marchés (comme, soit dit en passant, Lehman Brothers dans l'autre sens, elle aussi totalement "séparée"). Rien à redire en revanche sur la 1ere partie

omer a dit…

Et le plus extraordinaire c'est que l'on nous explique sans rire que la Grèce, à l'origine de la "crise", a fraudé, a truqué ses bilans et autres documents statistiques pour "rentrer dans l'Euro"...
Mézalor, à quoi servent les milliers de beaux messieurs diplômés des grandes écoles et des universités les plus prestigieuses, qui se pavanent dans les ministères des finances des pays de la zone Euro et dans les institutions européennes et qui perçoivent des traitements magnifiques ?
Pas un seul ne s'est dit "c'est quand même marrant, comment ce pays, qui n'exporte que quelques olives arrive à avoir de si beaux résultats financiers ? Faudrait voir ça de plus près, de beaucoup plus près"... C'est ce que se serait dit un banquier de sous-préfecture du bon vieux temps...

Toutatis a dit…

Tout à fait d'accord avec le premier commentaire. La faillite des banques espagnoles vient du fait que des millions d'acheteurs de biens immobiliers n'arrivent plus à payer leurs mensualités d'emprunts, et des promoteurs n'arrivent plus à vendre ce qu'ils ont construit. Elles se retrouvent propriétaires de centaines de milliers de logements vides qu'elles ne veulent pas revendre, par peur de voir s'effondrer encore plus les prix. Une bulle immobilière qui s'effondre ça fait des dégats. Notre tour arrive.

Anonyme a dit…

C'est dur, la vie de banquier...

Anonyme a dit…

Quelle explication a donné ta banque seb pour te refuser 20 euros cash ?

Seb Musset a dit…

@anonyme > Je cite : "On n'a plus d'argent dans les caisses"

omer a dit…

Cela me rappelle le film Bonnie and Clyde, lorsque les deux "héros" braquaient une petite banque locale, le banquier avec visière verte et manches de lustrine, avouait piteusement que sa banque était en faillite et qu'il n'avait plus un dollar...
C'était en 1929, c'était déjà la crise...

cdg a dit…

Je pense que tu te trompes Seb. Ce n est pas en separant les banques de epots et d affaire qu on reglera le probleme car comme l on fait remarquer certains commentaires avant moi, lehman brothers etait une banque d affaire et en espagne c est l immobilier qui a fait plonger les banques
Ce qu il faudrait, c est avoir des banques plus petites et des ratios prudentiels plus eleves. Dans ce cas si une banque coule, elle n entraine pas tout le systeme. donc on peut la laisser couler. aucune banque ne serait alors "too big to fail"

Pour en finir avec le cas espagnol, il faut aussi signaler que les banques qui ont des problemes actuellement sont celles qui se sont le plus engagees dans l immobilier, non seulement pour financer des habitations mais aussi des equipements somptuaires et surdimentionnes (comme le fameux aeroport sans avion). Ce ne sont pas toutes les banques espagnoles mais surtout les caisses d epargne, qui etaient souvent accoquinees avec le personnel politique local. une espece de credit lyonnais a part que la c etait pas le PS mais le PP (ie l UMP locale)

Seb Musset a dit…

@stephanesoumier @cdg > On ne se refait pas. C'est ma marotte des qu'on parle de banque. Bon sinon l'aide de 100 milliards avant même d'avoir quantifié les besoins réels, ça vous inspire quoi ?

Anonyme a dit…

Comment les Espagnols ont-ils pu se payer leur immobilier hors de prix ? Avec le concours des banques qui prêtaient à tout va faisant fi de toute prudence .

je crains qu'il n'y ait plus de banque de dépôt , d'affaire mais que désormais on n'ait plus qu'un magma informe dont l'activité consiste à faire du fric avec du fric , sans se soucier de la provenance , des conséquences sur les clients , pays , le système .

Toutatis a dit…

Cela prouve que nous ne sommes pas dans un système libéral. Un libéral, en cas de faillite d'une banque, serait pour qu'on la laisse couler, tant pis pour les actionnaires, ils n'avaient qu'à mieux s'occuper de ce que les banquiers magouillaient. En France je ne connais pas un seul parti politique, même groupusculaire, qui défend cela, mais peut-être que je ne les connais pas tous. A l'étranger je ne vois que les partisans de Ron Paul, candidat aux primaires républicaines, qui est très minoritaire.
Celui qui a le mieux décrit le système c'est Noam Chomsky : "socialisme pour les riches". A mon avis on peut aussi appeler cela "libéralisme pour les pauvres".

Guyb a dit…

L'aréoport espagnol et le complexe hotilier démusuré (et sans âme) de l'article que t'as cité m'ont imédiatement fait pensé à un voyage en Grêce fait quelques mois avant la crise.
J'ai pu appercevoir des centaines (voir milliers) de maisons à moitier construites totalement abandonnées sur le bord des routes. Explication de la guide : les parents grecs construisent une partie de la maison pour que leurs enfants puissent la finir quelques décénies plus tard (le crédit sur 2 générations très connu des espagnols). J'avais déjà senti un malaise étrange comme une impression de gigantesque cimetière de demi-maisons...
La crise grecque ne m'a donc pas étonné...
Les banques prennent les gens pour des ânes et ces mêmes gens foncent tête baissée ! C'est triste...

Anonyme a dit…

Heu...dans les mille milliards que la BCE a donné à 500 et quelques banques,il y a 6mois, y avait pas de banques espagnoles?
La BCE leur a mème écrit une belle lettre pour leur demander ce qu'elles en avaient fait.
J'dis çà,hein...

cdg a dit…

@seb
sur le fait qu on n a pas quantifie les besoins: ca ne m etonne pas car
- je suppose qu une banque ne veut pas dire ouvertement qu elle est completement lessivee
- les responsables des trous vont avoir tendance a cacher les pertes sous le tapis. c est pas spécifique aux banques, EADS avait eut le meme probleme avec l A380 ou l A400 M ou les reponsables minimisaient les problemes
- c est pas la premiere fois. en RFA, on a eut hypo Re qui a demande une rallaonge au gourvenrment allemand puis une semaine plus tard en a demande une seconde ..

Quant au fait de renflouer les banques, c est une erreur. il faut mieux les laisser couler et utiliser l argent pour permettre a l economie de redemarrer, par ex en creeant une autre banque qui preterait aux diverses entreprises.

quand on a la gangrene, il faut couper le membre pas essayer de le sauver

Anonyme a dit…

Il est vrai que l'assistanat dont bénéficient les banksters ne semble pas soulever de controverse. La solution ne serait-elle pas dans la nationalisation des banques dans ce cas ?

sivergues a dit…

Il n'y a qu'a suivre le procés en appel de l'affaire Kerviel pour mesurer l'autosatisfaction de ces banquiers (qui fait peine à voir) : ils sont purulents de vanité et tous cadavériques d'amour de soi.

Anonyme a dit…

J'ai tout de même du mal à comprendre en quoi la faillite des banques nationales devrait être le problème de l'Europe. Si ces banques ont fait faillite c'est leur entière responsabilité. Quand un individu est surendetté, on ne fait plus crédit et quand un être humain est au chômage on lui dit de se débrouiller. Ne serait-il pas juste que les responsables de ces multiples faillite soient livrés à leur sort ? Au fond, c'est un problème d'incompétence.

Anonyme a dit…

Je pense que l'article est faux sur le fond. Le problème ne sont pas les banques, mais les politiques d'endettement étatique qui ont données trop de pouvoir aux créanciers.
Ces politiques d'endettement sont elles mêmes issues d'un déséquilibre de notre balance commerciale. Pour ainsi dire, nous sommes face à une crise commerciale et non pas bancaire ou financière.

La solution à ce genre de problème est (partiellement) donnée par Nicolas Dupont Aignan ou le fn de Marine Lepen, qui pour le coup sont les seuls partis politiques à avoir une politique macro-économique un peu à gauche (ce qui faisait dire à Todd que le Fn est moins à droite que l'UMP, car ils partagent maintenant le même discours xénophobe).

En clair, pour être de gauche aujourd'hui, il faut sortir de l'euro (et vive le m'pep)

PS hors sujet : comme c'est mon premier message sur ton blog, je tiens à te remercier pour la qualité et la pertinence de tes analyses de manière générale, et sur l'immobilier en particulier.

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