4 février 2011

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Flat Tax, TVA sociale et sucettes pour tous


La dernière ressource du capitalisme, c'est de pomper les individus. Pour un pompage efficace, liquéfions préalablement les cerveaux. 

Le consentement et l'ardente défense par certains individus (humbles avec un raisonnement et tout) de dispositifs législatifs et fiscaux dont ils seraient inévitablement les premières victimes s'ils étaient un jour mis en place m'étonneront toujours.

Au palmarès des idées néolibérales pour niquer les blaireaux, remontent actuellement deux débats pas même défendus par un gouvernement qui n'en espère pas tant : 

La "flat tax" et la TVA sociale.

1 / La "flat tax"
C'est la réduction de tous les impôts à un seul, sur l'ensemble des revenus, à pourcentage unique pour tout le monde (15%). Là sur le papier, tu trouves ça chou et surtout d'une "moderne" simplicité sauf que 15% de 750 euros (ce que gagnent 25% des salariés de ce pays, le salaire moyen, lui, tournant dans les 1350 euros), ce n'est pas exactement pareil que 15% de 34.000.000 euros (rente mensuelle moyenne de Liliane B., Neuilly). Nous passons ici la question des loyers délirants et de l'inflation qui bouffent tout, voire plus que tout, pour une part croissante des Français. 

Nous pensons au contraire que, d'urgence, l’impôt doit être plus progressif et qu'au-delà d'un certain stade d'accumulation de pognon (et rien que pour que l'on arrête de nous rabâcher les oreilles avec cette p... de dette justifiant jusqu'à leur agonie le serrage de ceinture des petites gens), il n'y a aucun mal à prélever 90% des revenus des plus riches, Roosevelt style. Ne crois-tu pas que ce serait là une belle preuve d'attachement au pays de la part de ceux ne cessant de nous répéter avec une terreur communicative qu'il est menacé puisque NOUS ne sommes pas assez compétitifs ? Il faudrait en parler à ce gouvernement qui a supprimé l'impôt sur les successions et ambitionne d'en finir avec l’impôt sur la fortune (pour un coût annuel de 4 milliards).

"Il faudra explorer toutes les sources intelligentes, justes et attractives de substitution" déclarait à ce sujet Christine Lagarde en novembre dernier. Voilà qui m'amène à mon deuxième point. 

2 / La TVA sociale (ou l'oxymoron fait loi).  
Son seul nom devrait les renseigner sur l'hérésie de la chose, mais il se trouve encore des "pauvres" pour la défendre. (NB : j'utilise cette catégorisation générique et abusive qui horripile les classes moyennes visées  mais qui a la mérite de montrer à quel camp elles se rattachent in fine, en comparaison avec l'hyper classe qui les piétine tous). La TVA sociale, remise sur le tapis par un Jean-François Copé dont la devise jusqu'en 2017 sera "chaque mois, une idée de merde pour faire parler de moi", c'est le transfert de cotisations de la part salariale vers la TVA (appliquée à tout ce que tu consommes, du superficiel à l'essentiel c'est bien ça le problème), pour résorber le déficit de la sécurité sociale, le tout au bénéfice supposé de "l'emploi" et même, parait-il, du "pouvoir d'achat aux salariés" qui seront, bien sûr, cela va de soi, c'est certain, vous reprendrez bien un peu de piment rouge avec votre planche à clous dans le cul, augmentés. Quant à ceux qui ne sont pas salariés (quelle idée) bah, ils avaient qu'à être riches dès le départ,  non mais [1]. 

S'il y a des neuneus pour croire une seule seconde que ce cadeau de 12 milliards aux entreprises (chiffre avancé par Copé) générera un seul emploi, que les entreprises récompensées baisseront leurs prix (cf la TVA à 5.5% dans la restauration de Novelli, le pote à Copé. Coût  : 2.5 Milliards, emplois crées : entre 0 et pas grand-chose, avantage client : rien), je leur conseille de s'encarter UMP (où y en des comme eux qui deviennent régulièrement ministres). La pâle croissance française étant mollement traînée par la consommation des ménages, une augmentation de tous les prix, parallèlement à la hausse des matières premières, est vraiment LE truc à défendre... pour la faire baisser encore plus.  Et... léger problème pratique : étant donné qu'on ne pourra lutter à court-terme contre la délocalisation depuis un pays où l'on ne produit rien, je t'annonce déjà l'étape post-TVA sociale où les mêmes réfléchiront sérieusement sur le bien-fondé de la baisse du salaire minimum. 

Ces propositions ne seront pas reprises en fanfare par la droite à l'approche des élections cantonales où elle risque la dégelée. En revanche, arrêtons de mâcher le travail de la grande régression par une discussion sur le "ah tiens pourquoi pas ?" à la suite des ballons sondes "pour une compétitivité plus compétitive" jetés dans l'opinion par les seconds couteaux néocons et autres prétendants au trône suprême ne connaissant du travail, au mieux, que les honoraires à deux smics de l'heure perçus lorsqu'ils étaient avocats d'affaires. Les réactionnaires ont le vent en poupe. Ces deux axes sont dangereux, car propices à une simplicité marketing extrême (cf le travailler pour gagner plus) avec beau blister bleu et forfait tout compris.

* * *

[1] Et que l'on arrête de me sortir l'exemple allemand : la TVA y partait de 16% pour atteindre 19% (soit moins que la nôtre) et sa croissance repose moins sur la consommation intérieure puisqu'elle exporte énormément. Quant au Danemark, il n'a pas réduit le chômage grâce à l’augmentation de la TVA mais en élaguant ses stats.

Illustration : Ad times by D

12 comments:

Unknown a dit…

Des taxes, des taxes, toujours plus de taxes.
Ce sont des vampires, tout simplement.
Il parait même qu'ils pensent à instaurer une taxe pour les gens qui traversent la route avec des écouteurs ! C'est dingue, ils ne savent plus quoi inventer...

Tassin a dit…

Un bien beau démontage des arguments que certains sortent pour "faire moderne" dans les discussions politiques.
Dans l'idéal la TVA sur les produits de base devrait être supprimée, ou du moins diminuée à 5,5%, et compensée par l'impôt sur le revenu qui reste la source de recettes la plus juste.

vincent a dit…

Marrant, cette idée de TVA sociale, je l'ai vue ces derniers jours dans le film 'le revenu de base' (visible sur leur blog : http://le-revenu-de-base.blogspot.com/).

Au passage : je trouve l'idée de 'revenu de base' extrêmement subversive en soi (et pourtant si 'juste' - esprit des lumières): ça éveille des tas de questions tout à fait passionnantes à débattre.

Dans le film, cette TVA "sociale" , chiffrée pour l'exemple à 50% , se propose de se substituer à l'ensemble des autres prélèvements fiscaux (notamment l'impôt sur le revenu, décrit comme fondamentalement injuste),
Compensée par le revenu de base, la taux marginal de taxation deviendrait ainsi progressif sur les tranches basses...

Rien de tel ici, mais l'argument macro-économique : "transfèrons l'impot des charges sociales vers la TVA, ça mettra nos produits nationaux dans une situation de concurrence plus favorable"
ah... :-/

des pas perdus a dit…

S'agissant de la "tva sociale", des simulations ont été faites :

http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/36/99/79/PDF/Courtioux_EffetsRedistributifsTVASociale_PP_0707.pdf

Stan a dit…

La TVA sociale est une mauvaise idée si la mesure est prise isolément.

Mais comme le souligne Vincent, l'idée de la tva sociale serait très bien - en contrepartie d'un revenu de base et d'une réforme globale de la fiscalité.

Ca serait dommage de rentrer dans le lard sans préciser cela ;-)

Unknown a dit…

Bon sujet, peut-être à greffer sur le débat lancé "Révolution Fiscale" ?

Au fait c'est quoi un impôt Réellement progressif ?

La Loi fiscale NE RESPECTE PAS la constitution !

http://www.creationmonetaire.info/2011/02/revolution-fiscale-progressivite-et.html

nanou a dit…

ton illustration est vraiment horrible, je sais que l'image est symbolique mais... beurk lol

Anonyme a dit…

Une autre idee a la con.

La TVA reste l'impot le plus courant et le plus discret.
Et une surimposition fait raler les "riches".

Pourquoi pas une TVA progressive?
Plus quelque chose coute cher, et plus elle est taxee. Ainsi des produits de premiere necessité restent accessible, et les jet-set privé avec option piscine olympiques sont eux surtaxé a mort.

Je dirais, une taxe quasi-nulle pour des produits de base, et une augmentation:

* soit par l'accumulation de l'argent depensé a la caisse.

* Soit au cas par cas (ce qui me semble preferable), selon plusieurs branches:
1€ - 50€: 0.5%
50€ - 250€: 2%
...
500 000 - 2 000 000 : 66% (soyons fous, soyons reveurs!)

-->je propose ces pourcentages a titre de suggestion, ce n'est pas forcement ce que je preconiserait, ça sert juste d'exemple.

Romuel S.

Seb Musset a dit…

@anonyme > En gros, la TVA pourquoi pas mais il faut des salaires qui augmentent d'autant et une dynamique de croissance. En aucun cas, il ne faut commencer par augmenter la TVA en pensant que "la conso va s’améliorer puisque que les salaires suivront". C'est l'échec assuré.

kaos a dit…

Je comprends pas très bien pourquoi chercher un remplaçant à l'impôt progressif sur le revenu. Les riches, qu'ils consomment ou pas, payent pour les pauvres. Et point. C'est quoi cette histoire de TVA ? C'est pour responsabiliser le consommateur non-décroissant ?
Faut arrêter là... Soit on met en place des politiques publiques qui dirigent la production vers ce qu'on veut (et pas par l'incitation), soit on ne fait rien. La taxe sur les clopes, les éco-conneries, les produits pas équitables ou la taxe à la consommation pour la décourager, c'est de la merde en barre.
Soit on interdit, respectivement, la production de tabac/de saloperies polluantes/de produits de la surexploitation/de marchandise, soit on lâche l'affaire.
Mais les politiques fiscalo-foireuses d'incitation/découragement qui n'ont pas le courage de dire non au gros pognon industriel, on arrête. Sivouplé.

Anonyme a dit…

@Seb Musset: oui, je veux bien. Mais je prenais le "probleme" de l'impot isolement. Donc je ne sous-entendais pas de truc du genre "la conso va s'ameliorer [...] les salaires suivront", ceci concerne plutot la redistribution des richesses.

@ Kaos "les riches payent pour les pauvres": ça sa reste encore a prouver. La au moins on obliges ceux qui peuvent, à depenser plus pour ce qu'il souhaitent (apres c'est sur qu'ils peuvent acheter ailleurs ou la TVA est plus basse... - bref, l'argument de la "mondialisation")***
Par contre, je te trouve categorique pour ce qui est de ne rien faire en seconde solution.
La discrimination de la TVA s'opererait sur la valeur du produit (l'ordre par fourchette) et pas sur sa particularite (sur sa valeur marchande quoi, y a pas plus capitaliste!). Quant aux taxe clope, eco-lobby.. rien a voir. Puisque la il s'agit de taxer selon le produit lui meme et pas sur son prix.

En esperant avoir ete plus clair.

Romuel S.

*** Quoiqu'en fait je suis sur que si ça se faisait, y aurait emergence d'un paradis commercial de TVA zero.

Anonyme a dit…

Normand Baillargeon parle justement de la tentative d'introduire l'"impôt proportionnel" ( comme ils l'appellent au québec, en opposition à l'impôt progressif ), dans "les chiens ont soif". C'est grosso-modo le même texte qu'on trouve ici : http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/normand/impot.html . Un peu vieux mais il a des bons arguments de désenfumage toujours valables.

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