Au petit bonheur le bulldozer. Tel est le rythme du gouvernement pour faire rentrer dans la tête du client à bulletin de vote que les jours heureux de la grosse glande socialo-bolchévique sont finis et qu'il n'y a pas d'autres options que de bosser bien au delà des 60 ans.
Christophe sur Peuples.net [1] dit 70. Veinard va. Allons plus loin. Au regard de la tronche du marché du travail depuis 30 années, avec nette décrépitude les trois dernières, au regard de ma petite expérience qui dure, n'ayant jamais cumulé plus de deux mois au même poste, de celle de mon entourage balloté de stages en piges obscures, je crains que l'échéance ne soit encore plus éloignée.[2]
Jour après jour, l'Union des Marteaux Pilon réitère ses assauts même désordonnés de sa rhétorique sans retour avec atomisation d’alternative par soupir incorporé, histoire de bien modeler entre deux épisodes des experts le fatalisme des "classes moyennes" de 30 à 55 ans (dont la docile soumission - voire l'active collaboration - est le véritable enjeu de l'histoire).
Le vrai débat à avoir n'est pas sur les retraites de demain mais sur le travail d'aujourd'hui : sa disparition, la dégradation de ses conditions internes, la précarisation devenant son corollaire. Mais notre gouvernement ne s'attarde pas dans un domaine où il est éminemment mauvais. Ce n'est pas avec des chômeurs, fussent-ils 5 millions, que l'on engraissera les caisses des assureurs privés et que l'on rassurera "lémarché".
"Le problème des retraites" n'est pas une question d'argent : "Il y en a".
- suppression de la dizaine de milliards d'exonération de cotisations sociales aux entreprises.
- rééquilibrage de la part des profits qui a glissé du salarié aux actionnaires (120 à 170 milliards par an)
- taxation des flux financiers, stock-options, retraites chapeau, l'intéressement. (on doit bien pouvoir sortir quelques milliards là non ?)
- fin des niches fiscales représentant 70 milliards de manque à gagner par an.
Nous en avons parlé ici et là. Dans l'esprit des néo-cons qui veulent "sauver les retraites", elles doivent disparaitre.
Simplement, on ne peut pas faire comme ça, il faut y aller par pallier. L'électorat gériatrique favorisé à retraites épaisses, nains de jardin et discours culpabilisant sur ceux qui ne travaillent pas assez s'affolerait.
Notre gouvernement a une mission, nom de code Retraites2010, consistant à persuader le client à bulletin de vote :
- qu'il y a un problème des retraites.
- que la solution c'est de prendre sur lui (on l'assomme de statistiques sur l'espérance de vie prévue en 2050, calculée sur des constations de 2000, conséquences de l'abaissement de l'âge de la retraite à 60 ans décidé en 1983.[3])
- que de toutes les façons, comme il est intrinsèquement feignant, même avec une réforme "courageuse et responsable" cela ne suffira pas.
...tout cela afin que le client songe [de lui-même parce qu'il a fait l'académie de l'imagination section Vu à la télé] à cotiser à une complémentaire privée qui va vite devenir principale. Vous savez de celles dont les publicités s'intercalent à chaque page des dossiers "réformes des retraites, ce qui va changer" qui pullulent ces jours-ci dans les magazines d'eco et de société.
Ici, valeurs actuelles de mars dernier, nous touchons au sublime : Pour assurer leur retraite (c'est le thème du dossier) ll est conseillé aux jeunes actifs d'investir dans le secteur du "vieux", c'est juteux.
Changements notables depuis deux mois :
- L'intensification des saillies verbales de l'état-major d'un monarque misant des masses sur "succès" de la réforme contre son peuple qu'il croit bon pour sa réélection jusqu'à la mise à mort d'hier par le fossoyeur en chef.
- L'austérité sur les lèvres de chaque européen. Rigueur effective ou anticipée qui, terrorise, et joue finalement pour le camp de ceux qui veulent nos biens.
- La contribution renforcée des médias à la propagande du bon sens près de vos sous [4]. Même que l'UMP "brise le tabou" de demander aux plus riches de participer (lesquels ? comment ? combien ? combien de temps ? Nul ne sait.)
Il s'agit de nous faire renoncer. C'est ainsi, pas autrement : La terre est plate, la poule fait l'œuf, la droite pond le progrès. Le reste n'est que broderie, soliloques pour saouler les loques avec minuteur calé sur les résultats des bleus à la world cup histoire que l'empapaoutage général des travailleurs isolés se dissipe dans la moiteur au Co2 des départs en congés payés.
- "Tiens d'ailleurs Grand-Papa, kikiles a décroché les congés payés ?"
- "Ta gueule Mafalda et remet le CD de Johnny de mon super auto-radio-gps-boiteàviagra-lecteur dvd payé cash avec les loyers perçus de la studette que j'loue au prix du caviar à du jeune précaire."
La fin des retraites n'est qu'une étape. Suivent santé, éducation... bref tout ce qui de près ou de loin une "charge" pour l'état, qui lui permet de mettre la main sur vos derniers sous en souvenir d'une "solidarité" dont il a racheté pas cher la concession collective sur fond d'individualisations de vos intérêts (à 4,2% sur trente ans, hors assurance). Les acquis du CNR (votés alors que La France était dans un état bien pire qu’aujourd’hui) entravent honteusement la bonne jouissance de ceux qui possèdent presque tout et qui veulent encore.
Tablant sur la peur et piétinant l'espoir, les traitres à leur service opèrent avec constance et réactivité, tournant la moindre déconvenue à leur avantage en accablant la crise, l'opposition ou la faute à pas de chance.
Naomi Klein en avait parlé. Dommage que le client à bulletin de vote lui préfère les jeux de télé réalité où il est question de sacrifice et d'humiliation pour gagner du blé.
Là-dessus, plus de dilemme, pas d'équivoque : la démocratie leur a servi de marchepied pour nous dépouiller.
* * *
[1] Je te conseille les articles de Christophe sur peuples.net qui n'a pas ménagé ses efforts pour décortiquer la prose éreintante du gouvernement (élu par et) visant à l’usure des cerveaux.
[2] A vrai dire, si je poursuis la dynamique professionnelle actuelle à orbite marginalo-stationnaire, je toucherai mon premier solde à l'orée de mes 147 printemps. Mais j'espère bien que d'ici là, la solidarité aura pris le pas sur le chacun pour soi. Comme disait, feu, J.Marseille injustement tombé avant la retraite : "que vive l'utopie ...sinon tant pis !"
[3] A ce sujet, je te renvoie à cette intervention filmée de Gérard Filoche sur la réforme des retraites.
[4] Un jour de la semaine dernière, flânant sur le boulevard en sifflotant du Nana Mouskouri, je tombais nez à nez sur la publicité pour l'édition quotidienne du Monde placardée contre un kiosque. Ne disposant d'aucun gadget de prise de vue portatif, je ne peux que t'en faire le descriptif : En haut de la page A4, c'était marqué Le Monde. Sur les trois quart restants, était inscrit en polices grasses un imposant "Réforme des retraites : TRAVAILLER PLUS". Le Monde progresse : ainsi synthétisés, ces editos gagnent en clarté.
...et le pearltree sur "la bataille des retraites 2010" :
illustration : Diego_3336 / flickr
9 comments:
Les guerres militaires d'antan ont été remplacé par des "guerres" économiques. Le potentiel de paupérisation des peuples reste le même tant la logique est inchangé.
Ce qui a changé par contre, malgré quelques exceptions, tel le "patriotisme économique" de Villepin, c'est que les petit soldats d'aujourd'hui sont tous des mercenaires (trader en anglais).
Il n'y a pas de hiérarchie, d'ordre. C'est un peu du chacun pour soi dans la finance.
Mais le peuples ne sont pas sans ressources non ? La logique consumériste les a divisé, rendu individualistes, mais aussi accro au confort contemporain. Et les junky ne se laissent pas désintoxiquer facilement.
Nos gouvernants suivent un peu cette logique. IL ne nous dit pas "y'en a plus", ce qui mettrait les gens en colère, il dit "y'en aura pas pour tout le monde" (les gens se préparent à ruer pour passer les premiers) et "c'est pas là" (Allez hop réforme et retraites privées).
Quand la bulle des retraites privées explosera, je suis sur qu'on sera toujours là...
Le secteur des vieux, c'est juteux. Foutre Dieu! Quelle formule fracassante.
Nous vivons une époque formidable !
Et tout çà avec la complicité cachée de la gauche: Internationalisme=mondialisme, immigration de travail, fonctionnariat pléthorique, Ministère de la Délinquance Nationale, donnant tous les arguments à la droite pour avoir les mains libres.
Il n'y a pas à dire, c'est bien ficelé (en l'occurrence, nous, comme des rôtis prêts à être digérés).
Un autre Séb
Une autre possibilité pour financer, qu'on n'ose plus dire tellement on est lavés du cerveau, c'est d'augmenter les salaires.
Le vieillissement de la population de représente que 10% du déficit des retraites (1 à 1,5 milliards).
Pour chaque 1% de la masse salariale en moins (chômage), c'est 650 millions en moins pour les retraites.
Combattons le chômage, des retraites suivront !
Comme par hasard, Guillaume Sarkozy dirige un groupe de prévoyance, qui va monter une filiale "retraite" avec la CNP et la Caisse des Dépôt... Mais ça n'a aucun rapport, bien sûr !
C'est stupéfiant l'impératif de résoudre maintenant "le problème des retraites". N'y-a-t-il que cela en ce moment? 5 Millions de sans emploi, des millions de mal logés, des crises écologiques et de l'énergie majeures qui se profilent. Bref un peu comme si quand le titanic coulait, on s'inquiétait des menus de la semaine suivante.
Bon, soit! Perso, ce qui me met en colère, c'est l'ignominie du mensonge. La vérité c'est que:
- 5 Millions de sans emploi =( au minimum) 90Millards de salaires bruts (charges patronales incluses) avec des cotisations retraites = 30% du salaire brut, cela fait 30Milliards dans les caisses,
- le chômage est un résultat direct du mode de fonctionnement libéral: les entreprises produisent toujours plus avec moins de personnel et, pour cela, ne recrute que la crème des CV. 5 millions de français traités comme des rebuts par ce système infâme.
- la cerise sur le gâteau: 75 milliards de défiscalisation,
La vérité, c'est que l'économie, les marchés financiers doivent payer pour les jeunes sans emploi, pour les vieux qu'ils licencient, pour le pétrole qu'ils balancent dans la mer. Le bénéfice, c'est ce qui restera quand ils auront d'abord assumé toutes leurs responsabilités.
Bien vu! mais ne confondons pas individualisme et egoisme!! rien à voir.La société actuelle a develloppé le chacun pour soit.mais l'individu ,sa personnalité ,son developpement personnel et épanouissement ,sa liberté,se trouvent noyés dans la sous culture de masse.
C'est contre cela que nous devons nous battre.L'individualisme ,avec le respect pour les autres est la vraie valeur a developper.Ne nous trompons pas dans les termes..comme le fait si bien Mme Aubry et sa soit disant lutte contre l'individualité!!
Mort à l'egoisme !! et oui à l'individualisme qui respecte la valeur de chacun , et qui laisse liberté de vivre sa vie non gouverné par un état totalitaire!!
Nik
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