4 mai 2010

Banksters à la petite semaine

Faucheman abhorre les banques et leurs brigands. C’est également un être complexe et contradictoire et, surtout, un peu brouillon. Au long d'une vie sentimentale et professionnelle agitée, Faucheman se traîne plusieurs comptes en banque, tout aussi secs les uns que les autres.

Malgré l'irrégularité de ses rentrées de pognon, Faucheman prend un vicieux plaisir à ne jamais laisser s'accumuler trop d'argent sur ses comptes sans jamais les laisser sombrer dans le négatif. Petit bonheur du cabot sans thune : il jubile lorsqu'il affiche à tel ami, proprio endetté sur 30 ans, un relevé de banque présentant un solde positif de 0.50 centimes d'euro en ajoutant avec une pointe de cynisme : "Un peu de respect s'il te plait, je suis plus riche que toi !"

Aussi variées furent ces situations financières, soumises à toutes les évaluations possibles des agences de notation, Faucheman n’a donc jamais été "à découvert". Ceci expliquant peut-être cela : Il n’a jamais contracté de sa vie le moindre crédit.

Ces dix dernières années, Faucheman est devenu le pire client de banque, appliquant une règle d'or : Jamais positif très longtemps mais jamais négatif.

Parce qu'il n'a jamais vraiment coupé le cordon de l'adolescence, Faucheman conserve son premier compte à la AChiéBchié, désormais exclusivement consacré au règlement de ses abonnements, au nombre de deux, Internet et téléphone, soit 60 euros mensuels. Faucheman est un précaire 2.0.

La gestion de ce compte fut gratuite de 1990 à 2001. Depuis cette date, qui correspond étrangement à la chute de la balance du compte, l'établissement lui prélève 6 euros par mois de frais de gestion. Lorsque que ce compte affichait +30000 euros, la gestion était gratuite. A +150 euros, elle lui coute 6 euros (selon le même ratio, elle aurait dû lui couter 1200 euros lorsqu'il était un "Rich-Man"). Rappelons que, dans les deux cas, l'individu donne SON argent à la banque et qu'en toute logique libérale la banque devrait rémunérer le client pour son geste de confiance. Mais non, le bon con paye pour donner son argent aux riches [1]. Et moins il détient, plus ces enfonceurs de maman lui prennent.

Avril 2010. Constatant que le compte AChiéBchié risque d'enfoncer la ligne de flottaison des 3 euros et avant qu'il ne s'autorise une pause dans l’arrière-pays tourangeau où il serait coupé du monde sans téléphone, ni internet [2] , l'anté-Kerviel transfert 200 euros depuis son compte Crotte Générale (facturé 1 euro pour rembourser les octets) en ruminant sans pousser trop loin la réflexion : « C'est quand même bizarre, il se vide vite pour un compte sans mouvement. ».

Puis, Faucheman s’en va serein et rassuré tel un trader de Goldman Sachs sortant d'une audience de parlementaires américains sous les injures d'expropriés.

Seulement voilà. Tandis qu'il consacrait ses journées en basse-cour à l'observation (prémonitoire) d'infructueuses tentatives d'agressions sexuelles d'un sanglier sur une chèvre, la luciférienne machination s’ourdissait sur son compte. On en voulait à son trésor.

Au retour, il décachète un avis de rejet de paiement de 29.99 euros, assorti d’une menace douce mais ferme d’interdit bancaire de 5 ans si la situation n'est pas régularisée sous 7 jours. Le tout est accompagné de 20 euros de frais, gonflant encore un peu plus l'abyssal découvert de 30 euros incriminé par un établissement financier n'ayant fait, crise oblige, que 5 milliards de bénéfice en 2009.

Faucheman, pourtant certain d’avoir exfiltré à temps ses colossaux fonds d'une niche fiscale à l'autre, se rend sur le site de la banque et constate que le transfert n’est pas passé. Étonnante déconvenue, il fait ce genre de virements depuis dix ans et jamais un accident de la sorte n’est survenu. Faucheman sauve donc, in extremis, son destin bancaire et double la mise, avec un généreux versement à lui-même de 400 euros.

Au passage, il constate qu’en sus du rejet à 20 euros et des 6 euros mensuels, 15 euros de frais d’ « arrêté de compte » lui sont prélevés et que, bref, avec 41 euros de prélèvements ce mois ci, le premier débiteur de son compte a été... sa propre banque.

Faucheman scrute à rebours ses relevés : Les frais s’accumulent pour atteindre la somme de 165 euros sur les douze derniers mois. Pas mal pour un compte qui dépasse rarement cette somme. Bref calcul : la banque le taxe à 9% l'an et se trouve être "responsable" du découvert qu'elle lui facture et au sujet duquel elle le menace de dénonciation au FMI (fichier monétaire des indésirables).

Faucheman a joué avec le feu. Un poil honteux alors qu'il ne devrait pas, garde cette anecdote pour lui.

Deux jours après, il découvre au hasard d’une conversation sur ma terrasse qu'une histoire similaire est survenue la même semaine (des vacances) à son ami Galère-Boy. 650 euros remis en liquide au guichet (enfin dans ce truc automatisé et sans salaire qui sert d’interface) de la Banque Nationale des Pourris ne furent pas crédités à temps, entrainant là aussi des frais de 20 euros et le même courrier type (avec signature manuscrite) menaçant l'impétrant, d'interdit bancaire en un salmigondis littéraire mi naphtaline mi barbelés.

Merde sociale montante, les banques s'adaptent. Faucheman et Galère-Boy pensaient jusqu'à présent échapper aux catégorisations bancaires. Ils s'aperçoivent qu'ils sont "calculés" rubrique "récalcitrant vicelard qui ne veut pas cracher mais qu'on va quand même faire payer en lui créant des dépenses internes."

Faucheman et Galèreboy sont deux types pas méchants pour un euro. Ces malhonnêtes mésaventures répondant à leur malice sur fond d'intermittences qui durent les amusent et les confortent dans leur opinion sur, je cite, ces "raclures de banquiers" .

En revanche, ils alertent la profession, et leurs nombreux "collaborateurs" sur le terrain des potentialités de bastonnade à règlement liquide ou d'explosion de tête au fusil à pompe en une fois sans frais que peuvent entrainer de telles pratiques fleurant bon l'escroquerie de bas étage pratiquées sur des gens financièrement et physiquement poussés à bout.

A bon débiteur.

* * *

[1] 1968, il est décrété que les salaires doivent être versés sur un compte, l'argent des français déboule en banque.

[2] juste avec le dernier numéro de Fakir d'avril « Ce que nos Papis ont construit, ce que notre élite démolit » (3 euros en kiosque, franchement vu le contenu si j’étais toi je m’abonnerais direct, enfin s'il te reste assez d'argent en banque.

7 comments:

Anonyme a dit…

Ouep, pas tout lu, dur à l'écran.

Mais ce qui est sûr c'est que souvent ceux qui critiquent le règne du pognon, sont soit ceux qui en on pas autant, soit ceux qui en ont et on la trouille d'être déclassés par plus forts qu'eux... Alors commence un sentimentalisme de caniveau auquel je ne crois pas.

Moi, je le dis, si j'étais riche, j'en aurais rien à foutre de la critique, et surtout bourgeois (argent et capital culturel et social).

www.rougelerenard.com

Anonyme a dit…

@ Rougelerenard
"Moi, je le dis, si j'étais riche, j'en aurais rien à foutre de la critique, et surtout bourgeois (argent et capital culturel et social)."

Tu confirmes donc que l'argent rend con.

Anonyme a dit…

@ Tassin,

la pauvreté aussi rend con, et apparemment c'est une maladie incurable de l'humanité depuis l'aube des temps.

alors, tant qu'à faire, vaut mieux être aisé et con que pauvre et con.

Anonyme a dit…

@ Rougelerenard :

La pauvreté abrutie, l'argent rend con.
C'est totalement différent. Et réversible dans le premier cas.

NeufCalicot a dit…

tassin, dans l'mille !

l'abrutissement :

Il faut être riche de temps (et d'argent) pour avoir une vie intellectuelle: la culture n'est pas à la portée des démunis de la société.
Hélène Ouvrard

combattre la connerie :

Si, au lieu de gagner beaucoup d'argent pour vivre, nous
tâchions de vivre avec peu d'argent ?
(ca parlera a Seb)
Jules Renard

BNP et SocGen, bons exemples, Seb, ce sont les pires rapiats.
Bon, la banque postale, c'est un peu "mieux", mais a peine (héritage du passé, mais pour combien de temps...)

connaissez-vous des banques "éthiques" (le mot est lancé : très a la mode), c'est-a-dire non pas investissant sur des produits financiers éthiques qui n'en ont que l'éthiqu -ette (nicole Notat et vigeo, la reine des syndicats reconvertie en business woman avec les multinationales, a mourir de rire, nous vivons dans une société de clowns cupides... ici --> http://www.dailymotion.com/video/k9kaWC5LmmPrp6xD4h?start=0), mais des banques coupées des marchés financiers ?
...

Quand même vraiment la loose pour fauche-man et galère boy, je n'en suis pas a ce point la, mais j'en prends la pente...

Pour des bougres comme nous trois, il faut quitter les bad banks et se tourner vers des banques coopératives d'économie sociale
(http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9d%C3%A9ration_europ%C3%A9enne_des_banques_%C3%A9thiques_et_alternatives)
, a regarder de plus près...
Existent-elles vraiment ? gros doute. (a quel groupe appartiennent-elles ? ne boursicotent-elles pas un tout petit peu ? ...) A creuser...

Ah si j'étais vraiment (un petit peu) riche, j'exploserai mon conseiller financier pour investir dans de la pierre (évidemment cash, sans crédit), quelle tronche il fera(i)t...

- Monsieur Gemevotozei'll, que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour, Monsieur Mechefolledesplacements, j'prends tout et j'me casse !
...
- Ah oui, et mon compte courant, pareil, je solde (pour une banque coopérative)
- suite : la suce a tous les étages pour retenir le petit bon client que j'étais.
NO WAY, mèche folle...
Allez, moi, je suis déjà au chômage, mais toi, tu vas garder ton boulot encore un petit moment, tout le monde ne va pas faire ca tout de suite...

Anonyme a dit…

Etre abruti n'est pas un moindre mal, c'en est un grand. Tu confirmes que tout se cumule puisque tu ajoutes la connerie générée par l'argent (soit-disant),

sauf que ce que tu oublies c'est que le pauvre est contraint de "rêver" de pognon pour vivre, ou survivre, ou s'affranchir de quelques merdes de vie.

Et alors pourquoi faire un blog comme celui de sebmusset pour critiquer les puissances de ce monde et du pays ?

puisque les pauvres sont de toutes manières inaptes à se cultiver ou à lutter.
C'est pour sa vanité, il a raison, moi aussi j'en ai ! Et plus encore car moi je travaille avec les prolos, teins ! La semaine dernière je balayais avec les autres gueux dans un entrepôt.
Et j'arrive à me cultiver à au point de te jongler avec toi Tassin ! Niveau culture. Vas voir mon article sur la grèce, tu vas voir ce que je pense de vos "réveiller" les gens !

Moi je tiens un blog, mais j'affiche je fais pas dans le cul-cul gnan-gnan gauche bobo.

tchuss

pépito a dit…

"Moi, je le dis, si j'étais riche, j'en aurais rien à foutre de la critique, et surtout bourgeois (argent et capital culturel et social)."

C'est parce que les riches pensent comme ça que tu ne le seras jamais (riche)...même qu'un peu.

Top Ad 728x90