12 juillet 2008

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CHASSE A LA SORCIERE (must be the season of the witch)

Intéressons-nous toujours à l’inintéressant, là où dort l'essentiel.

Le récent lynchage médiatico-politique de Ségolène Royal va réussir à me faire aimer cette femme.
Constatons que le gouvernement, la droite dans son ensemble, son organe de presse propagandiste et les "roboches" affiliés se sont déchainés sur une Ségolène Royal presque oubliée.

Un pallier de la haine fut franchi cette semaine. Le Figaro, palme de l'indignation, titrait, de mémoire samedi dernier, quelque chose comme "l’ignoble attaque de Ségolène Royal sur Nicolas Sarkozy". Après le gonflage à outrance des propos de l’ex-candidate à la présidentielle au sujet de la récupération politique* par Nicolas Sarkozy de la libération d’Ingrid Betancourt, les snipers à costards Kiabi de L’UMP se lâchèrent. Après tout youpi, c’est l’été :

Frédéric Lefèvre : « Tenter de rompre l'unité nationale qui se fait autour de la libération d'Ingrid Betancourt, est tout simplement pitoyable. » > Où ça une émotion ? J’ai l’impression que la saison 2 de « Secret Story » suscite plus de passion.

Hervé Morin parla d’indécence, Luc Châtel** de « Bourtitude » > Non mais franchement les gars, vous vous êtes regardés ?

Mention hors-sujet à Claude Géuant :« Elle devrait assumer que Nicolas Sarkozy est président de la République. » > Quel rapport ? N’est-ce pas à la droite d’assumer qu’elle n’est plus candidate ?

Quelques jours après, Ségolène Royal évoquant la mise à sac de son appartement met nébuleusement en cause « Le clan Sarkozy », nommant à la télévision du plus vieux nombre ce qu’Internet dénonce entre gens bien énervés. Rebelote, le tout chapeauté par le premier ministre qui conclu brillamment sa saison politique par un : « Elle perd le contrôle d’elle-même ».

La où entre l'apparition de Sainte-Betancourt et la grande transhumance Bison futesque, sa petite agitation serait passée inaperçue, à cause du courroux des nervis de l’UMP qui accusent Ségolène de mythomanie, l’impression se propagera, indicible, qu’il n’y a pas de fumée sans feu. La Royale en sortira grandie. Elle est la première de cette stature, depuis François Bayrou (RIP), a évoquer en place publique la nature et les méthodes des Neuilly-boys à la tête du pays, un inquiétant mix entre Mickey Parade, Scarface et La bande du drugstore.

Au-delà de l’anecdote et du fait que tout ce boudin nerveux contribua à minimiser le traitement médiatique de la mise en kit simultanée des 35 heures***, la mentalité de droite est résumée dans la virulence de cet acharnement. Violence verbale contre-productive surtout lorsque son propre poulain s’enfonce dans la vase, que l’on osera bientôt plus sonder, du dégoût français.

Constatable à une tablée standard de CSP+, lors de la poire de fin de banquet, dès lors que l’on évoque le nom de l’ex-candidate, cette haine des gens de droite pour les représentants de la gauche même quand la gauche n’est pas au pouvoir, qu’elle ne risque pas de l’être avant un moment, quand elle est au plus bas dans les sondages et qu’elle n’est même pas de gauche, m’a toujours effrayé. Au fond, la "vista" de droite est condensable en un slogan :

Tout doit disparaître !

Être violemment « anti-Sarko » quand celui-ci concentre tous les pouvoir entre ses mains, ça s'appelle de l’opposition, au mieux de la résistance, en tous les cas la preuve d’un semblant de conscience. Etre violemment « anti-Ségo » quand on est de droite et que son « clan » dispose de tous les pouvoirs exécutifs et législatifs d’un pays, de la connivence des sphères économiques et audiovisuelles pour ne pas dire plus, c’est au minimum de la connerie au pire, un aller simple vers la dictature.

* récupération au final plus émotionnelle que politique. Quand, à court d’arguments, l’homme politique se révèle impuissant, il exhorte les gens à prier.

** Un ministre qui sait faire ses courses.

*** ce dont Ségolène, invitée sur le plateau de France 2 deux heures après le vote de la loi par les députés, n'a pas parlé non plus.

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