1 février 2023

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Retraites : Des nouilles encore !

« - Pour les actionnaires c’est des couilles en or, pour les  salariés et les retraités c’est des nouilles encore » 

C’est lorsque j’ai entendu la journaliste de BFM, dans la lumière ouatée du plateau d’info-feuilleton, conclure avec ce slogan son compte-rendu des pancartes lues dans les cortèges du 31 janvier, juste avant la page de publicités, que j’ai compris que le petit diner de Macron avec les éditorialistes, afin de leur souffler les éléments de language pro-réforme affinés à Davos, n’avait pas encore eu l’effet escompté et que le point de retournement média contre les manifestants n’était pas encore atteint. 

Il faut bien constater cette réforme foireuse torchée dans la précipitation par la clique à Macron mobilise de plus en plus contre elle. 93% des actifs sont opposés à la réforme et le mécontentement est même devenu majoritaire chez les retraités : BFM ne peut pas non plus se fâcher avec la majorité de son audience. J’entends dire que même la Manif pour Tous est contre cette réforme en raison du traitement qui est réservé aux mères de famille.  

Le 31 janvier était donc une nouvelle journée de manifestations réussie avec une mobilisation en hausse. Le SAV robotisé des causes perdues était au rendez-vous le soir même sur les ondes. Le plouc Véran chez Hanouna et Attal le gominé au 20h de TF1. « Si vous continuez à vous mobiliser, continuez à le faire en respectant les Français qui travaillent » déféqua-t-il aux syndicats avec la suffisance qu’on lui connaît. Avec plus de 2 millions de personnes dans la rue, c’est présomptueux de croire qu’il s’agit là seulement 1 / de syndiqués 2 / de gens qui ne travaillent pas. Excusons nos élites, il en va de la rue comme du travail, ils n’en connaissent que ce qu’en disent leurs fiches rédigées par MacKinsey. 

Dans les cortèges, et sans que nous nous soyions concertés, j'ai recroisé d'anciennes têtes des mobilisations de l'avant Macron, voire de l'avant Hollande. Pour le moment, ça ressemble à 2009/2010 mais en plus profond, car il n'est pas ici seulement question des retraites (beaucoup des gens croisés hier savent très bien qu'ils n'en auront pas ou très peu) et il y a aussi une plus grande variété dans les profils de manifestants (plus jeunes que dans les manifestations de 2009/2010 sur les retraites) avec une plus large montée dans les villes moyennes et dans les zones rurales par rapport aux zones plus "riches". À force de mépris et de déni, la macronie est-elle en train de se confectionner une bonne force d'opposition populaire, philosophique en plus d'être physique, étendue à tout le pays ? Cette tête de noeud aura au moins réussi un truc en 6 ans.  

Et donc ? critiquent les sceptiques. Et bien on remet ça avec deux journées la semaine prochaine, le mardi 7 et samedi 11 février pour la possibilité de diversifier un peu les foules, avec le risque aussi de la dispersion pour cause de vacances. 

« - Oui, la contestation ça va bien deux secondes mais hors des congés payés bordel ! »

La question du blocage va bien finir par devoir se regarder en face mais ces deux dates proches ont au moins le mérite de tester la motivation des troupes (et de permettre une rotation des mobilisés). Regardons ce qui se passe actuellement en Angleterre : la contestation dure depuis des mois. 

C'est un moment de vérité : ceux qui appellent à la grève continue ne vont plus pouvoir se cacher longtemps derrière l'inaction supposée des syndicats. Si l’on n’est déjà pas prêt à faire grève un ou deux jours en deux semaines, comment croire à un blocage suivi dans la longueur ? Macron fait aussi ce calcul : les payes sont ridicules et beaucoup de salariés sont endettés, la grève coûte. Pourtant, reculer maintenant, c’est signer non seulement l’application de la réforme mais la poursuite de ce rapport de force ultra violent entre une poignée de nuisibles (eux et l'infinitésimale clique qu’ils servent) et nous, les infiniment plus nombreux et bien trop gentils.

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