Sous la pression de "la droite sociale" (mouarf) elle-même talonnée par l'extrême droite sociale (double mouarf), Le Monarque, après l'avoir consciencieusement piétinée, revient sur la thématique du "pouvoir d'achat" en promettant de s'attaquer à l'un des plus grands scandales de ces trente dernières années : la chute de 9,3 % de la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut français entre 1983 et 2006 (source : commission européenne). Durant la même période, la part des dividendes dans la valeur ajoutée passait de 3,2 % à 8,5 %. Soit plus de 100 milliards d’euros par an passés de la poche des salariés à celle des actionnaires.[1]
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Le Monarque nous jurait donc la semaine dernière le vote prochain d'une loi (dont l'application tomberait entre les deux tours de 2012) imposant aux entreprises versant des bénéfices à leurs actionnaires de redistribuer une prime de 1000 euros aux employés. La somme fait rêver, spécialement ceux qui sont à 15 euros près à la fin du mois. Le projet sonne comme une volonté d'apaiser à bon prix la colère des bas salaires dans les grands groupes à gros bénéfices. Pour le pouvoir, des mobilisations comme celle des caissières de Carrefour sont à éviter à tout prix, car hautement symboliques et à fort potentiel de cristallisation : les hypermarchés, malgré ou à cause de leur abondante fréquentation, réussissant à peu près tous à faire l'unanimité contre eux.
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D'ici 2012, on devrait en entendre encore s'accumuler d'autres soudaines mesures "sociales" du gouvernement (triple mouarf) : de la plus marketing à la plus ridicule (panier malin bidon ou revalorisation "supposée" de 2% du SMIC soit le prix d'un demi-menu MacDaube). Entre deux bouc-emissairisations, les sbires les mâtineront d'éléments de langage au registre "la crise est passée par là", histoire de dédouaner Le Monarque d'une quelconque responsabilité dans la dégringolade, sous son règne, de millions de français tandis qu'au sommet on se goinfre comme jamais.
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Nous évoquions dans un article qu'un levier de sa réélection serait d'ouvertement user de son pouvoir pour tenter d'acheter quelques centaines de milliers d'électeurs. Mais zut, dans le cas présent, le sac à carottes craque par déjà par toutes les coutures. Déjà le MEDEF s'inquiète de distiller le démon de la cupidité actionnariale chez les salariés. Va savoir, ils pourraient en venir à vouloir s'auto-virer pour faire plus de profits. De plus, selon l'INSEE, le projet ne concernerait que 16.4% des PME. Il profiterait d'abord à des salariés bénéficiant pour la plupart déjà de mécanismes d’intéressement et ne concernerait évidemment pas les fonctionnaires. Il en reste du monde à augmenter sur des bases un peu plus solides, collectives et pérennes que de la prime opportune.
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A ce sujet, la ministre des comptes de fée Christine Lagarde, chargée des finitions à la crème du soufflé à l'arnaque, nous apprend qu'il pourrait être d'un montant moindre et financé par... un mécanisme d'exonération de "charges" (tu sais, ces intolérables ponctions patronales qui financent santé et retraites dont on ne cesse de te répéter que les caisses craignent et qu'il faudra bien que tu compenses de ta poche par un surplus de taxes... de la TVA "sociale" par exemple).
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Comme quoi, le gouvernement retombe sur ces pattes, c'est à dire sur ta face. Garde à l'esprit qu'il y a fort risque de bonneteau, de carambouille ou d'un bon gros foutage de gueule quand, dans la même phrase, sont associés des mots aussi incompatibles que "droite" et "social".
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[1] cf Fakir hors-série "le hold-up tranquille"
Illustration : Cashback de S. Ellis (2007)
3 comments:
En fait, faudrait imposer de 1000 euros par salarié les entreprises qui versent du dividende, pour rigoler.
Les médias n'ont pas fait beaucoup de bruit autour l'affaire Carrefour. Peut-être parce que l'un des actionnaires de Carrefour, Bernard Arnault (Mr LVMH), est un gros annonceur pote du Monarque et qu'il ne faut pas fâcher ?
Bien vu Pullo!
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