Une traductrice grecque interviewée hier sur France Inter résumait ainsi la situation :
« il y a les riches qui ont tout, et les pauvres à qui l’on demande tout."
Du côté d'Athènes, on doit se sentir réconforté ce matin de faire partie de cette union européenne née et agonisant sous le signe unique du pognon :
- Hausse de la TVA à 23%.
- Hausse de 10% des taxes sur l'alcool, les cigarettes et de l'essence.
- Deux mois de salaires en moins pour les fonctionnaires et l'ensemble des retraités.
- Allongement de la durée de cotisations à 40 annuités contre 37 d'ici 2015
- Instauration d'un âge minimum de départ à la retraite, à 60 ans
- Recul de cinq ans, à 65 ans, de l'âge légal de départ en retraite pour les femmes, d'ici 2013
- Réduction des investissements publics
- Réduction des dépenses de fonctionnement de l'état.
Le plan prévoit également des mesures pour renforcer la flexibilité du marché du travail, faciliter les licenciements et ouvrir à la concurrence une série de professions protégées.
Pour commencer...
Le premier ministre Papandréou se réservant le droit [suivant ce qu'en pensent les agences de notation] de resserrer prochainement les conditions de "l'austérité".
Voici la moissonneuse batteuse enclenchée dimanche par les états européens et le FMI pour labourer le peuple grec au nom de la réduction, pour 2014, du déficit sous la sacrosainte barre des 3% de PIB (barre que tout le monde a allégrement défoncée pour sauver les banques en 2008, banques au sujet desquelles il avait été annoncé avec force trémolos que "plus jamais ça !").
L'aide aux banques à la Grèce de 110 milliards d'euros sur trois ans marque le début des vraies emmerdes pour les Grecs et une vérification écœurante de ce processus d'essorage populaire devant lequel l'Europe déroule le tapis rouge.
Pas la peine de s'appesantir : Il s'agit ici, comme toujours, de taper sur la partie la moins aisée du peuple grec pour rembourser ceux qui prêtent à 18% alors qu'ils empruntent à la BCE à 1% [1] le tout pour nettoyer les comptes d'un état où l'évasion fiscale est le sport favori des gros revenus.
Notre Eric Woerth local se réjouit de sortir un bon bénéfice dans l'opération. Il est d'autant plus ravi, le bougre, que ce "sauvetage" par la massue tombe médiatiquement à pic au moment où il nous est demandé d'être "responsable" sur nos retraites.
L'immonde est bien fait tout de même.
Bon sinon... Une petite remarque : J'attends que cette Europe "solidaire" [2] m'explique comment elle compte combattre la récession hellénique (l'échéancier tablant sur un retour à un croissance de 2.1% d'ici 2013) en appauvrissant les citoyens ?
On s'en fout... on organisera un autre transfert de fonds.
Dimanche soir, on apprenait l'explosion d'une succursale de la HSBC à Athènes...
[1]
- Bah tiens pourquoi que la Grèce n'emprunte pas directement à la BCE ?
- Bah parce que c'est interdit par ce super traité européen contre lequel les peuples se sont prononcés mais qui a été appliqué quand même.
- Bah la vache, c'est l'arnaque.
- Bah oui.
[2] sous botte allemande.
Illustration : Plaque funéraire grecque -520 av JC
6 comments:
C'est la magouille la plus dégueulasse qu'on ait jamais vu depuis des années non? Voir du siècle? La mise au pas d'un pays Européen entier par les banques.
A vomir...
J'espère que les Grecs vont brûler leur parlement et faire sécession face à l'Europe. Ça serait bien la moindre des choses.
Ce plan de sauvetage sonne le début de la fin de l'Europe. 3 de ces pays sont dans le collimateur des agences de notation et des spéculateurs. 2 viennent d'être dégradés à cause de leurs dettes. Et que font-ils, faut de pouvoir se sauver eux même? Ils empruntent encore plus aux banques pour sauver la Grèce, en espérant gagner quelques millions dans 15 ans ou jamais. OUAHH, trop fort nos élites européennes.
L'Allemagne devrait prêter à la Grèce 22 milliards 336 millions d'euros.
La France devrait prêter à la Grèce 16 milliards 776 millions d'euros. Vous avez bien lu: la France devrait prêter à la Grèce 16 milliards 776 millions d'euros.
L'Italie devrait prêter 1 soit 14 milliards 736 millions d'euros.
L'Espagne devrait prêter 9 milliards 792 millions d'euros.
finalement, l'aparté résume tout !
Pour preuve de l’efficacité du plan de sauvetage de la Grèce, qui devait éviter l’effet domino, voici ce que titrent les marchés financiers au lendemain de l’accord :
« Chute des Bourses européennes et de l'euro, de peur que l'Espagne ne plonge ». (1)
Et comme, tout a été prévu et que la France ne risque plus rien, le Monde nous rassure en concluant dans un article « pour éviter de mauvaises surprises, l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP) et l'Autorité des marchés financiers (AMF) viennent d'écrire à toutes les banques françaises, afin d'obtenir, dans des délais rapides, le montant de leur exposition aux dettes de la Grèce, du Portugal, de l'Espagne et de l'Irlande. ». (2)
Nos élites répondent aux dérives libérales, par encore plus de libéralisme. La Grèce est agitée comme un épouvantail, et on voit sortir des sentiers battus le rapport de Jaque Attali et ses bonnes vieilles recettes d’austérité (euh pardon réforme !). (3)
Selon le Figaro « la crise étant passée par là, la commission est décidée à proposer des mesures chocs et immédiatement applicables. ».
(1)http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=37af191a34bbb49b5bd9b329d0186bbd
(2)http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/05/04/incertitudes-sur-la-contribution-et-l-exposition-des-banques-a-la-dette-grecque_1346233_3234.html
(3)http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/05/03/04016-20100503ARTFIG00791-attali-reclame-des-decisions-fortes-contre-les-deficits-.php
Bonjour Seb
Merci pour cette compilation qui ne fait que remettre en valeur la sempiternelle stratégie du chaos.
A quand un réveil des citoyens ?*
La vie est belle ne la gâchons pas
Seul bemol a cet article : les moissonneuses batteuses ne servent pas a labourer mais a moissonner...
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