3 mai 2008

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ICI PARIS

Mieux que la grenouille de feu Albert Simon, il y a des sons qui ne trompent pas. Ainsi, l’écho long des sirènes des camionnettes de pompiers sillonnant la capitale à la recherche des premiers vieux cannés informera le parisien sensible que l’été s’invite au nord de La Seine.

A quoi reconnaît-on qu’une ville est socialement morte ? A ce saisissant contraste entre le taux d’émanation de gaz carbonique
relâché en fin de journée par les petites boites à crédit jouant au touche pare-chocs sur les grands boulevards et dans lesquels se propulsent à la vitesse du cloporte amputé des salariés en sueurs jusqu’à ces anonymes banlieues que Monsieur Nexity leur a idéalisé, et, l’assourdissant silence des mêmes grands axes passés 21 heures.

Une demi-heure aprés, quelque soit le quartier, du seizième bourgeois au dix-huitième censé être moins bourgeois, peu de voitures, encore moins de piétons et des rangées d’immeubles sans une seule lumière sur les façades qui contredisent tous les chiffres sur la soi-disant pénurie de logements dans la Capitale.

Où sont les Parisiens ? Y en a t-il encore ?

Je me balade dans mon quartier, je n’entends que parler Anglais, Espagnol ou, depuis peu portugais, enfin… brésilien. Reste quelques esclaves fauchés en chambres de bonne qui ont à peine le budget pour manger, alors sortir. De toutes les façons, on leur a interdit de fumer dans les troquets. Heureusement, il leur reste la carte UGC, le sésame culturel, qui leur permet d’aller se taper chaque soir quarante cinq minutes de pub sur grand écran suivi de bouses qu’ils ne regarderaient même pas si elles passaient à la télé.

Des couples, des familles à Paris ? Il en reste, quelques réminiscences bourgeoises, du fils de rentier et de la fin de race en pagaille. Autour de son noyau friqué qui crache son opulence aux cercles VIP des boîtes garanties sans pauvres, Paris tourne mal et s’ensuque dans la gériatrie mentale.

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