Pluie drue sur Paris.
Nous nous engouffrons dans ce bijou de technologie rétrograde. Il avait disparu depuis soixante dix ans, des affiches quatre sur trois placardées dans la capitale annoncent son retour : Il est là ! Tout en klaxon, le tramway des maréchaux glisse sur le Boulevard Brune. Un petit vieux m’annonce les yeux brillants que c’est de l’histoire ! Le maire l’a pris ce matin, pour la première et dernière fois de sa vie. Pour l’occasion les abords du quartier sont nettoyés de leurs sans-papiers et autres sans domiciles - spéculatifs - fixes. Même si celui-ci longe la fosse sceptique, pas de mauvaise odeur dans la train du progrès.
Cinq ans de travaux, toujours en cours, de discours intolérant d’écologistes jusqu’au-boutistes, des trottoirs larges comme des avenues et des avenues fines comme des sentiers. Les précaires sont contents, ils vont désormais avoir toute la place des villes pour planter leurs tantes d’exclus.
Les badauds émerveillés s’entassent dans le wagon à bestiaux. Ils ne verront rien des œuvres d’art contemporain disséminées à grand frais sur le trajet : trop de buée sur les carreaux par leur seul présence de cons.
14h00 : Conforama de la porte de Châtillon. Comme la masse bêlante à cours d’argent, nous traînons notre amertume dans les rayons de l’abondance. Oh ! Le beau canapé imaginaire et son meuble en simili bois qui ferait bien sous l’écran plasma de nos rêves ! Direction la sortie les mains dans les poches, je prends tout de même un de ces articles peu chers, disposés non loin des caisses, à l’attention des âmes faciles qui, trois canapés sous le bras, ne sont plus à cette petite dépense prés.
Le porte manteaux à dix euros est cette cerise sur le gâteau du week-end à crédit. Plusieurs modèles sont disposés de neuf à cent euros. Les prix ne sont pas directement étiquetés sur les boites, les modèles d’exposition se referant à un numéro lui-même renvoyant aux boites. Pourquoi donc ne pas étiqueter le prix à même le produit ? Je ne comprends la finalité de l’alambiqué stratagème qu’à mon arrivée en caisse où, à l’issue d’une file d’attente de quinze minutes, la préposée lymphatique me somme de m’acquitter de dix sept euros quatre vingt dix. Soit une brute augmentation de 70 % de l’article susmentionné.
Vous devez faire erreur me défends-je en lui montrant la référence, l’article et le prix auquel il se réfère, la rangée de ses semblables étant visible depuis le théâtre des opérations. La caissière ne veut rien entendre, elle réitère son prix de sa voix d’androïde et n’émet aucune espèce de réaction quand je lui laisse le porte manteaux là, sur sa caisse.
Que l’enseigne tente cette manœuvre - une erreur d’étiquetage en défaveur du client sur des articles inoffensifs supposés figurer la touche finale d’une série d’achats coûteux - est somme toute bien légitime ! Il s’agit ici d’une arnaque de base du commerce qui, si elle est renouvelée ce week-end sur tous les Conforama de France, doit quand même chiffrer dans les centaines de milliers d’euros. Ce qui n’a pas finit de m’étonner, c’est la constance dans la lâcheté des petites fourmis de cette chaîne de soumission, des magasiniers agissant sous on ne sait quel ordre en passant par les caissières, complices par apathie, jusqu’aux consommateurs qui, même s’ils se rendent compte de la tentative de vol, s’acquitteront sans broncher de cette TVA imprévue, une taxe des voleurs ajoutée. Ces marchands sont plus philosophes qu’on ne le croit. Ils ont bien compris que ces consommateurs combattent le vide par la dépense, croyant reculer le néant en le meublant.
21h00 : nous nous décidons enfin à marcher jusqu’au boulevard Montparnasse afin de nous calfeutrer dans le confort relatif d’une salle de cinéma. Arrivée aux abords du multiplexe, brusque montée d’angoisse. Le contenu de cinq tramways et toute la clientèle du Conforama se sont donnés rendez-vous au même moment au même endroit, dans mon cinéma. J’avance, tente de me frayer un chemin au sein des paquetages d’humain assemblés au gré des affinités culturelles dictées par la logorrhée parisienne des talk-shows de prime time. Le dégoût me submerge lorsque je constate que les caissières de ce multiplexe ultra bénéficiaire composé d’une vingtaine de salles, ont été remplacées par des machines ! Ce pays du tout loisir est formidable. Il faudra bien, un jour sombre, que quelques-uns payent. Ce n’est pas de réformes dont ce pays a besoin mais d’une révolution.
Nous rentrons à pied chez nos hôtes.
Nous nous engouffrons dans ce bijou de technologie rétrograde. Il avait disparu depuis soixante dix ans, des affiches quatre sur trois placardées dans la capitale annoncent son retour : Il est là ! Tout en klaxon, le tramway des maréchaux glisse sur le Boulevard Brune. Un petit vieux m’annonce les yeux brillants que c’est de l’histoire ! Le maire l’a pris ce matin, pour la première et dernière fois de sa vie. Pour l’occasion les abords du quartier sont nettoyés de leurs sans-papiers et autres sans domiciles - spéculatifs - fixes. Même si celui-ci longe la fosse sceptique, pas de mauvaise odeur dans la train du progrès.
Cinq ans de travaux, toujours en cours, de discours intolérant d’écologistes jusqu’au-boutistes, des trottoirs larges comme des avenues et des avenues fines comme des sentiers. Les précaires sont contents, ils vont désormais avoir toute la place des villes pour planter leurs tantes d’exclus.
Les badauds émerveillés s’entassent dans le wagon à bestiaux. Ils ne verront rien des œuvres d’art contemporain disséminées à grand frais sur le trajet : trop de buée sur les carreaux par leur seul présence de cons.
14h00 : Conforama de la porte de Châtillon. Comme la masse bêlante à cours d’argent, nous traînons notre amertume dans les rayons de l’abondance. Oh ! Le beau canapé imaginaire et son meuble en simili bois qui ferait bien sous l’écran plasma de nos rêves ! Direction la sortie les mains dans les poches, je prends tout de même un de ces articles peu chers, disposés non loin des caisses, à l’attention des âmes faciles qui, trois canapés sous le bras, ne sont plus à cette petite dépense prés.
Le porte manteaux à dix euros est cette cerise sur le gâteau du week-end à crédit. Plusieurs modèles sont disposés de neuf à cent euros. Les prix ne sont pas directement étiquetés sur les boites, les modèles d’exposition se referant à un numéro lui-même renvoyant aux boites. Pourquoi donc ne pas étiqueter le prix à même le produit ? Je ne comprends la finalité de l’alambiqué stratagème qu’à mon arrivée en caisse où, à l’issue d’une file d’attente de quinze minutes, la préposée lymphatique me somme de m’acquitter de dix sept euros quatre vingt dix. Soit une brute augmentation de 70 % de l’article susmentionné.
Vous devez faire erreur me défends-je en lui montrant la référence, l’article et le prix auquel il se réfère, la rangée de ses semblables étant visible depuis le théâtre des opérations. La caissière ne veut rien entendre, elle réitère son prix de sa voix d’androïde et n’émet aucune espèce de réaction quand je lui laisse le porte manteaux là, sur sa caisse.
Que l’enseigne tente cette manœuvre - une erreur d’étiquetage en défaveur du client sur des articles inoffensifs supposés figurer la touche finale d’une série d’achats coûteux - est somme toute bien légitime ! Il s’agit ici d’une arnaque de base du commerce qui, si elle est renouvelée ce week-end sur tous les Conforama de France, doit quand même chiffrer dans les centaines de milliers d’euros. Ce qui n’a pas finit de m’étonner, c’est la constance dans la lâcheté des petites fourmis de cette chaîne de soumission, des magasiniers agissant sous on ne sait quel ordre en passant par les caissières, complices par apathie, jusqu’aux consommateurs qui, même s’ils se rendent compte de la tentative de vol, s’acquitteront sans broncher de cette TVA imprévue, une taxe des voleurs ajoutée. Ces marchands sont plus philosophes qu’on ne le croit. Ils ont bien compris que ces consommateurs combattent le vide par la dépense, croyant reculer le néant en le meublant.
21h00 : nous nous décidons enfin à marcher jusqu’au boulevard Montparnasse afin de nous calfeutrer dans le confort relatif d’une salle de cinéma. Arrivée aux abords du multiplexe, brusque montée d’angoisse. Le contenu de cinq tramways et toute la clientèle du Conforama se sont donnés rendez-vous au même moment au même endroit, dans mon cinéma. J’avance, tente de me frayer un chemin au sein des paquetages d’humain assemblés au gré des affinités culturelles dictées par la logorrhée parisienne des talk-shows de prime time. Le dégoût me submerge lorsque je constate que les caissières de ce multiplexe ultra bénéficiaire composé d’une vingtaine de salles, ont été remplacées par des machines ! Ce pays du tout loisir est formidable. Il faudra bien, un jour sombre, que quelques-uns payent. Ce n’est pas de réformes dont ce pays a besoin mais d’une révolution.
Nous rentrons à pied chez nos hôtes.
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