3 juin 2009

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Le vol UMP vers le plein emploi ne répond plus.


Depuis le 30 mai les autorités médiatiques sont sans nouvelles du charter mensuel de salariés à destination du Pôle emploi, probablement disparu en haute mer du pathos, éclipsé par l' ouragan de pornogrinfos nommé AF 447.

A son bord,
60.000 personnes. Certaines faisant partie depuis 2007 de la classe (on va faire des) affaires "Ensemble tout devient possible". D'autres transitaient vers l'île isolé de Précaritas ou, lauréates du grand concours "Ouf, je suis né au bon moment mais mes mômes vont en chier !", se dirigeaient les poches de chèque emploi-service vers les rivages apaisants et vidéos-surveillés de Senior-land.
Deux jours déjà et une question n'agite pas les médias : S’agiterait-il encore d’un crash en vol des promesses gouvernementales dans le domaine de l'emploi, le douzième en douze mois ?

La période pré-électorale étant moins que toujours peu propice aux dérangeants débats de fond, les rares fois où ils sont interrogés, entre deux plans fixes de l’océan, les experts es-plateaux se perdent en explications sur les raisons de ce naufrage redouté. S'il a eu lieu, il sera survenu dans une zone agitée, crainte des meilleurs pilotes, une région de turbulences entre les cumulo-bankus subprimaux et les variations de pression suivant les saisons boursières et les promesses de croissance (dans le jargon, on appelle cette accélération d'optimisme annonçant la tempête : l'effet Lagarde).

La catastrophe serait
(tout cela reste au conditionnel bien sûr) d'autant plus étonnante que la saison n'est pas des plus dangereuses. Les météorologues s'alarment déjà des violents vents d'Est dits "de la pompe à crédit européenne" pouvant s'abattre sur notre vieux continent à partir de l'automne.

Pour les économistes accrédités, c'est la faute à pas de chance. On ne peut rien contre la foudre. La catastrophe du vol d'avril serait l'inévitable conséquence de cette dépression temporaire due à une chute brutale de la conjoncture mondiale. Pour eux, il s'agit de la combattre par une privatisation totale des équipements, des avions, de la tour de contrôle et par l’ouverture massive de nouvelles lignes transcontinentales compétitives.

D’autres qui alertèrent sur une possible succession de dérèglements climatico-économiques dès 2006, face aux désastreux résultats au sol de la libéralisation aveugle des plans de vol, prônent un renforcement du code de navigation, une délimitation plus stricte des couloirs aériens et une généralisation à toutes les compagnies des amortisseurs sociaux français.

Dans la stratosphère, prétextant qu'il vaut mieux sacrifier quelques passagers que de ruiner le fret, l'équipage et de faire plonger la direction, certains pilotes de l’école néolibérale opèrent déjà de massifs délestages pour arriver à destination, même si elle n'est pas clairement définie.

D'autres sont pour un reclassement à la baisse des personnels navigants. Ces derniers passeraient d'un coup de pression psychologique de la classe privilèges sociaux à celle de low-cost salarial, histoire que la compagnie vole plus léger face aux secousses spéculatives selon la check-list initiale établie par les actionnaires.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de la compagnie UMP victime de cette dramatique loi des séries, estime que les disparus du vol d'avril payent encore le tribu du sabotage des appareils par les socialistes au siècle dernier. Il valide par défaut que le drame a bien eu lieu.
Dans une énième déférence de presse, le président de la compagnie s'est toutefois montré rassurant : "
- La société de compétition reste le mode d'exploitation le moins risqué pour ceux qui ont le pognon et les institutions à leur pogne."

Alors que j'ai repéré quelques débris et leurs trainées de dettes aux alentours de la soupe populaire de mon quartier, malgré mes connexions dans le métier, je ne suis pas en mesure de me prononcer sur la mise en place
d'un dispositif médiatico-politique pour ceux que l'on appelle pudiquement "les victimes de la crise".

Pour eux, pas de rotation en 24 / 24 ni cellule psychologique. Pas de plans fixes devant le guichet du Pôle emploi, encore moins d'hommage œcuménique. Quant à la traque de leurs proches pour savoir si, oui ou non, leurs maris, fils ou parents, ont eu la malchance d'être à bord du charter mensuel, elle n'est pas à l'ordre du jour.


- "
Pas assez exceptionnel !" Dit-on dans les rédactions.

L’opinion fataliste, spectatrice de son propre massacre, s’habitue à la répétition de ces catastrophes intimes, les redoutant sans toutefois remettre en cause le fonctionnement du règlement intérieur, se rassurant entre deux bilans :

- "Heureusement, j'étais pas dedans !"


5 comments:

Jon's little waltz a dit…

Encore du trés bon !

Merci. Pierre-Yves.

Bernard27 a dit…

Magnifique article, quel talent !
à en être jaloux !
Félicitation au citoyen et à l'écrivain,
Bernard

Anonyme a dit…

La France ce sont beaucoup de gens qui sont venus des autres continents, même, pour travailler, pour donner leur labeur à la construction de ce pays...qui depuis des millénaires est un pays d'immigration et de métissage... Je trouve la situation extraordinaire... le pays de la liberté...et le pays qui a été un phare des connaissances pour l'humanité entière pendant trois siècles, même un siècle avant la révolution française...les connaissances et les philosophes du monde étaient nés en France et répartis de par le monde... et on se retrouve dans une situation ....où on ne reconnait plus la France ! Tout est interdit, et toutes les valeurs sont inversées!

Bearimprint a dit…

A Stephane,
Effectivement, avant, la culture Française rayonnait de par le monde sans aucun soutient ni loi façon Hadopi ou autre. Quand on est bon on est bon, point. Pas besoin de minima imposé ni de "Acheter Français" ou je ne sais quoi.

Le plus triste, ou le plus drole, selon le point de vue, c'est que lorsque la plupart des personnes parle de notre pays, on a l'impression que l'on parle toujours de la France des années 60.

Suffit de regarder autre chose que nos journaux télévisé et chercher un peu sur le net pour ce rendre compte que l'on est plus les premiers sur rien et encore moins sur l'essentiel, cad nos libertés.

J'ai beaucoup rit ce matin en regardant la matinale de C+ ou l'on nous a sortit des chiffres sur le Smic en Europe.
1500€ je ne sais plus ou, 1000 et des brouettes en France, et 92 pour je ne sais plus quel pays mais peu importe.
La France est le plus avec le plus de smicard en Europe (17%) mais bon, les autres pays comme l'Allemagne à 2% et l'Espagne à 1% ne sont pas forcement mieux (d'après ses journaliste) puisque il on surement beaucoup de gens qui gagnent moins et les autres sont payé aux noir (je grossis le trait mais la réflexion était de ce niveau).

Les chiffres et les moyennes c'est bien mais ca ne reflète rien, nada.
A quoi bon avoir un SMIC à 1000 € si cela ne suffit pas à te faire vivre aussi bien que tes voisins qui sont à 500€ ou 92 € ?

Depuis quand le "bien-être" se mesure au nombre de Smicards et au niveau de ce dernier ?

Quand est-ce que l'on arrêtera de croire que l'on a les meilleurs en ceci ou cela ?
Quand est-ce que la plupart de mes compatriotes arrêteront de ce prendre pour le haut du panier alors que l'on se rapproche de plus en plus de ce qui est le trou du cul du monde ?

Anonyme a dit…

Grandeur et decadence (la decade ou l'on danse).

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