Enième avatar de la dynastie des chevaliers des arts et lettres, la trentaine bien entamée, une fois ses doubles enfantements en orbite nourricière et l’ombre influente de son père estompée, c’est l’heure du retour marketing sous les feux de la rampe de propulsion jet-set de Charlotte Gainsbourg, fille de poète génial.
Entre deux blockbusters sans prétention* dont elle partage la double affiche avec l’ex-présentateur, néo-auteur-acteur-producteur-realisateur de films grand public et documentaires intimistes, Alain Chabat, lui-même descendant divin du saint-esprit canalplusien, la fille de, bien décidée à faire oublier son patronyme, débute en fanfare - mais en toute humilité - une carrière de chanteuse sur les traces sans voix de sa mère Jane Birkin. Pour sa première performance en public, elle est l’invitée principale d’une émission de télévision à audience millionnaire garantie.
En coulisses, Charlotte est anxieuse. La débutante devrait pourtant se sentir en confiance. Depuis deux mois, the song that we sing, son efficace single prétexte à un album bobo pleureur produit par Air, est matraqué sur toutes les ondes radiophoniques, des radios rock aux périphériques. Il est temps pour les cyniques de fructifier l’investissement et de passer à la vitesse supérieure. A l’image de la promotion au marteau des blockbusters cinématographiques, la débutante est donc l’invitée obligée des plateaux prime-time des plus grandes chaînes de télévision.
Backstage, tandis que ses musiciens confirmés répètent le morceau, Charlotte se ronge les ongles. Son mari, Yvan Attal, acteur-réalisateur bankable, ami d’Alain Chabat et de Johnny Depp, la supporte en régie et dans la vie en général. Tout se passe dans la simplicité de ces artistes à haut débit. Que se passe t-il dans la tête de Charlotte au moment où elle entre en scène en habit du peuple, jeans et chemise délavée ? Elle entame d’une voix fluette le couplet de 5.55, morceau moribond qui donne le ton de l’album. Derrière les moniteurs, la petite cour ne dit rien. Ils ont beau tous être millionnaires ou rentiers, ils n’en restent pas moins des gens avec un sens auditif standard voir une sensibilité. Tout ce foutoir discordant sur lequel dégouline une voix chuchotée doit les accabler. C’est médiocre. Et dire qu’au même moment dans le château de la Star Academy, une multinationale fait faire des pompes à des apprentis chanteurs en leur inculquant qu’il faut y voir la condition obligatoire pour accéder à ces mêmes plateaux télés. Ces aspirants vedettes ont surement bien plus talent que Charlotte mais eux n’ont pas - encore - la la carte du parti aristocratique. C’est pour cela qu’ils ont droit au bizutage sous caméra de surveillance sur le canal payant de l’émission de real tv.
Dans ce monde, pour que l’individu accède à la reconnaissance sociale, seuls comptent sa lignée et / ou son aptitude à se soumettre. Pour Charlotte, fille de noble, pas de pompes à sept heures du matin, pas de plans lubriques en caméra infra-rouges au pied de son lit alors qu’elle vient d’être réveillée par la sirène tonitruante de Big Brother : ce serait trop dégradant. Pour l’aristocratie jet-set - les people - ces émissions de real-tv où le peuple, s’il survit aux éliminations et aux humiliations, peut accéder à une notoriété égale ou supérieure à la sienne, sont le summum de l’abjection du monde contemporain. La nouvelle aristocratie ne s’arrête même pas à ces considérations. Comme l’implique sa définition, elle voit tout cela de haut. Il faudrait de temps à autre qu’un journaliste - si ce mot à encore une signification - lui rappelle que, heureusement pour cette aristocratie, il y a régulièrement des wagons de star-academiciens sur le dos desquels un cartel de multinationales des télécommunications vends ses émissions de flux et de plateaux, ses numéros surtaxés et ses palettes de cd en supermarché, pour que gens du marais puissent s’offrir le privilège de pousser la chansonnette en boucle sur la quasi-totalité des ondes nationales.
Une fois de plus, que faire ? Du spectateur qui se soumet de bonne grâce au lobby qui impose de bonnes crasses : tous y trouvent leur compte.
Entre deux blockbusters sans prétention* dont elle partage la double affiche avec l’ex-présentateur, néo-auteur-acteur-producteur-realisateur de films grand public et documentaires intimistes, Alain Chabat, lui-même descendant divin du saint-esprit canalplusien, la fille de, bien décidée à faire oublier son patronyme, débute en fanfare - mais en toute humilité - une carrière de chanteuse sur les traces sans voix de sa mère Jane Birkin. Pour sa première performance en public, elle est l’invitée principale d’une émission de télévision à audience millionnaire garantie.
En coulisses, Charlotte est anxieuse. La débutante devrait pourtant se sentir en confiance. Depuis deux mois, the song that we sing, son efficace single prétexte à un album bobo pleureur produit par Air, est matraqué sur toutes les ondes radiophoniques, des radios rock aux périphériques. Il est temps pour les cyniques de fructifier l’investissement et de passer à la vitesse supérieure. A l’image de la promotion au marteau des blockbusters cinématographiques, la débutante est donc l’invitée obligée des plateaux prime-time des plus grandes chaînes de télévision.
Backstage, tandis que ses musiciens confirmés répètent le morceau, Charlotte se ronge les ongles. Son mari, Yvan Attal, acteur-réalisateur bankable, ami d’Alain Chabat et de Johnny Depp, la supporte en régie et dans la vie en général. Tout se passe dans la simplicité de ces artistes à haut débit. Que se passe t-il dans la tête de Charlotte au moment où elle entre en scène en habit du peuple, jeans et chemise délavée ? Elle entame d’une voix fluette le couplet de 5.55, morceau moribond qui donne le ton de l’album. Derrière les moniteurs, la petite cour ne dit rien. Ils ont beau tous être millionnaires ou rentiers, ils n’en restent pas moins des gens avec un sens auditif standard voir une sensibilité. Tout ce foutoir discordant sur lequel dégouline une voix chuchotée doit les accabler. C’est médiocre. Et dire qu’au même moment dans le château de la Star Academy, une multinationale fait faire des pompes à des apprentis chanteurs en leur inculquant qu’il faut y voir la condition obligatoire pour accéder à ces mêmes plateaux télés. Ces aspirants vedettes ont surement bien plus talent que Charlotte mais eux n’ont pas - encore - la la carte du parti aristocratique. C’est pour cela qu’ils ont droit au bizutage sous caméra de surveillance sur le canal payant de l’émission de real tv.
Dans ce monde, pour que l’individu accède à la reconnaissance sociale, seuls comptent sa lignée et / ou son aptitude à se soumettre. Pour Charlotte, fille de noble, pas de pompes à sept heures du matin, pas de plans lubriques en caméra infra-rouges au pied de son lit alors qu’elle vient d’être réveillée par la sirène tonitruante de Big Brother : ce serait trop dégradant. Pour l’aristocratie jet-set - les people - ces émissions de real-tv où le peuple, s’il survit aux éliminations et aux humiliations, peut accéder à une notoriété égale ou supérieure à la sienne, sont le summum de l’abjection du monde contemporain. La nouvelle aristocratie ne s’arrête même pas à ces considérations. Comme l’implique sa définition, elle voit tout cela de haut. Il faudrait de temps à autre qu’un journaliste - si ce mot à encore une signification - lui rappelle que, heureusement pour cette aristocratie, il y a régulièrement des wagons de star-academiciens sur le dos desquels un cartel de multinationales des télécommunications vends ses émissions de flux et de plateaux, ses numéros surtaxés et ses palettes de cd en supermarché, pour que gens du marais puissent s’offrir le privilège de pousser la chansonnette en boucle sur la quasi-totalité des ondes nationales.
Une fois de plus, que faire ? Du spectateur qui se soumet de bonne grâce au lobby qui impose de bonnes crasses : tous y trouvent leur compte.
Jeudi prochain, à quelques mois du chaos, à l’heure crépusculaire où la haine des sept millions de travailleurs pauvres, des minorités bafouées en ghettos et des jeunes sacrifiés sur l’autel du profit de leurs aînés moralisateurs, est palpable jusque dans les rues les plus bourgeoises, envoyé spécial, émission phare d’investigation proposée par la première chaîne du service public, offre à son audience, supposée conquise et docile, une grande enquête polémique : de la difficulté d’être un fils de.
Je dois être fou de ne pas vouloir me joindre à la grande partouze du bonheur consommable.
* La science des rêves de Michel Gondry (2006) et Prête moi ta main d’Eric Lartigau (2006)
* La science des rêves de Michel Gondry (2006) et Prête moi ta main d’Eric Lartigau (2006)
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