16 octobre 2006

LES VIEUX CHENES

Je profite d’une éclaircie pour retourner courir dans la forêt de mon adolescence. Ce matin de semaine classique, j’y croise un couple de retraités anxieux, qu’on dirait forcé d’être là, carte IGN à la main le mari me demande son chemin.

LE JEUNE RETRAITE
Les étangs de Hollande c’est par où ?

AVATAR
Attendez que je me souvienne cela fait des années que je ne suis pas venu courir dans cette forêt. C’est par là au bout du chemin à cinq cents mètres ?

LA FEMME DU JEUNE RETRAITE soupirant
Ah bon…. Faut marcher ?

Pas un merci, pas un au revoir et cette génération gâtée qui a pollué les idéaux, ces enfants, cette terre et les religions, pas plus capable de décrypter une carte que d’avoir un but autre que de consommer toujours plus, veut que je sue au travail jusqu’à mes soixante dix ans pour payer des loisirs qu’elle n’a même pas la sagesse d’apprécier ?
Plus loin, sur le retour, je me range sur le bas côté pour laisser passer un troupeau d’une trentaine de cyclistes aux engins soignés et choyés. Ils sont tous appareillés des derniers accessoires à la mode et pas un a moins de cinquante cinq ans. Ils ont encore en moyenne quelques décennies à pédaler. Au fil de ma journée en Ile de France, je réalise que, à part Lou qui vient de refuser un emploi moins payé que ses allocations de chômage, je ne croise personne de mon âge.
Pour la première fois dans l’histoire de la société française, deux générations, celle des mes parents et de mes grands-parents, vont se côtoyer à la retraite dans de bons états physique et financier qui leur permettront de subsister ensembles une bonne vingtaine d’années tandis que leurs enfants paupérisés trimeront, dans le meilleur des cas, sans espoirs personnels autres que de conserver une activité professionnelle jusqu’à la fin de leurs jours.

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