A l'issue de l'audience du 17 juillet, Xavier Mathieu avait encore visé juste : "C'est dégueulasse, il n'y a pas de justice dans ce pays. J'ai de la rancœur, on s'est battu dignement et le gouvernement a décidé de faire un exemple !" déclarait le délégué syndical avec ce chaleureux emportement qu'on lui connaît.
La justice n'est pas laborieuse avec la classe ouvrière : Le 1er septembre au tribunal de Compiègne, 4 mois après les faits, les peines sont tombées. [NDLR : J'aimerais que l'on carbure de la sorte dans le cas Karachigate.]
La condamnation : 3 à 5 mois de prison avec sursis.
Le crime : "Destruction en réunion de biens préjudiciable à l'état". (Pour les profanes : Destruction d'un ordi, de la machine à café, d'un taille-crayon et du calendrier à Janine avec les chatons.)
Les criminels : Six salariés de l’usine Continental agissant en bande improvisée et répondant au nom des « Conti ».
Le contexte : 21 avril 2009, après avoir appris la fermeture définitive de leur usine pour cause de délocalisation (entraînant le licenciement de 1120 salariés) et alors qu’ils avaient accepté un retour aux 40 heures un an plus tôt, les Conti laissèrent éclater leur rage dans les locaux de la sous-préfecture de Compiègne sous les objectifs des caméras.
Le happening sous-préfectoral des Conti s'inscrit dans une montée d'actions radicales (séquestrations, bouteilles de gaz) dans plusieurs entreprises (New Fabris, Molex...) menées par des salariés désœuvrés. Ces actions, génératrices d'images fortes, ont un point commun embarrassant pour le pouvoir : Il ne sait absolument pas comment y répondre (enfin, je veux dire, sans flash-ball). Dans une perspective monarchique, nous saisissons alors l'intérêt d'agir au plus vite via du glaive et de la balance, et de désherber dès la rentrée.
Pour les Conti, c'est le maximum possible juste avant la prison ferme. Avec de la taule à vrais barreaux nos terroristes du licenciement correct mettaient en péril le savoir-diriger libéral. Ils auraient titillé les rédactions (se tournant anxieusement les pouces dans l'attente des premiers morts de la pandémie promise) et en quelques reportages, seraient passés pour les martyrs de la catastrophe sociale dans laquelle est priée de s'embourber en silence une partie du pays.
Bien que ne satisfaisant pas encore totalement les plus fidèles partisans du régime, ce verdict s'adresse d'abord aux autres salariés qui seraient tentés de manifester leur ressentiment contre les abus ou foutages de gueule de leurs directions.
Face aux menaces, l’important c’est que les messages de prévention passent :
Contre la grippe, tu ne parles pas à ton voisin. Pour le travail, pas d'énervement collectif ou sinon zonzon.
envoyé par politistution
Laissons le mot de la fin à ceux qui pitchent l'air du temps comme personne :
21 comments:
IL est l'élu du patronat, celui qui ne les trahira pas. Il n'y aura plus de juges d'instruction, plus d'affaires politico-financières, plus de délit d'initié... Plus de mouvements sociaux ?
L’autodétermination du hamster dans sa roue
Marche ou crève. Voilà le monde dans lequel nous vivons. Voilà le monde dont on a hérité et probablement celui que nous allons léguer à nos enfants. Pas de quoi pavoiser.
Marche ou crève. Un pas en avant, dix coups dans ta gueule, tu encaisses le recul et tu recommences. Il faut un moral de vainqueur pour survivre dans un monde de perdants. Marche ou crève. Tu y crois, tu te bats, tu te défonces, d’ailleurs, même si tu n’y crois pas, tu fais au moins semblant, au moins la chaleur du troupeau que l’extrême solitude du sage. Bêlons en chœur, peut-être que le loup bouffera le mouton d’à côté, peut-être même qu’en fermant très fort les yeux, tout cela cessera d’exister et la porte du placard se refermera sur sa parade monstrueuse qui a envahi toute la chambre et qui déferle maintenant dans le couloir.
Marche ou crève. Ou faire dans l’originalité, choisir son rythme. Je trottine, je cours, je brasse et je pédale. Je pensais avoir changé d’univers physique et mental, je n’ai fait que m’adapter à la donne en restant dans le mouvement. Ma seule marge de manœuvre, c’est la vitesse que j’imprime à la roue que mes efforts colossaux font tourner mollement sur place.
Marche ou crève. Courir pour oublier qu’on ne va nulle part. Pédaler pour démultiplier le pas perdu. Nager pour ne pas sombrer corps et âme. Ni médaille, ni trophée, ni podium, ou alors tous bien serrés sur la dernière marche. Ni fleurs, ni couronne. Non plus. Rien que l’instant et l’écho de ton souffle court pendant que tu t’échines à avancer. Avancer. Comme des pantins. Les figurants d’un mauvais film qui emmerde tout le monde et dont personne ne veut connaître la fin.
Marche ou crève. K.O. debout, tu t’es encore vautré. Est-il humainement possible de se bouffer autant de portes sans jamais s’enkyster dans le bois du panneau ? Encore une couleuvre à avaler, ton gosier est plus souple et serpentaire qu’un alambic, tu ne peux même plus déglutir ta propre honte, ton ultime négation de toi. Envie de laisser tomber, de baisser les bras.
Et puis quoi ?
Crève dans le fossé, la gueule ouverte. Mais fais-le en silence, pour ne pas troubler la foulée intime et recueillie des autres coureurs de fond. Crève, mais crève donc ! le surnuméraire, l’échappé du dernier rang, le boulet de service, toi, le putain de concurrent. Pas de voiture-balai dans ce tour de force-là, pour ce tas de forçats las. Ce n’est même pas la loi de la jungle, les animaux n’ont jamais été aussi cons. Demain attend pourtant l’ultime ressource du faible de ce soir. C’est la leçon que nous ignorons, que nous méprisons sans cesse et c’est bien là notre perte.
Pas de consolation pour les perdants, ni repos, ni soulagement. On les finira à coups de saton dans le caniveau, ces crevures !
Alors, tu ravales ta peine, tes espoirs et tes colères, tu bandes ces muscles dérisoires que la permanence de la lutte t’a sculptés et tu repars vers le mirage suivant, sans le voir, sans y croire, mais parce que tu n’as, finalement, pas le choix.
Marche ou crève ( TRUST )
Je voulais faire le point de quatre ans d’existence
C’est assez difficile trop de moments intenses
Les amis qui te quittent et ceux qui te relancent
Qui te mangent dans la main quand tu touches les avances
Ceux qui te dévisagent t’es con t’as pas ton badge
Ceux qui t’encouragent si tu peux te planter
Tu connaîtras las dames santé et tiroirs-caisses
Les désirs des branchés ceux qui ont raté
Tu vas être appelé à donner ton avis
Même si cela te fait *****, même s’ils sont obligés
Ils viennent te snober France actualité
Ceux que tu piétine comme cela sans y penser
Marche ou crève la vie que je vis n’est pas un rêve
Marche ou crève c’est un combat il n’y a pas de trêve
Ce qu’il adviendra demain je ne sais pas
Je laisse les gras du bide se charger de tout ça
J’ai pas courbé l’échine ni retourné ma veste
On dérange pas mal je vous laisse les restes
J’ai débuté tout seul il n’y avait rien derrière
J’ai cru ouvrir ma gueule devant c’était l’enfer
On en dit des choses j’adore les gens qui causent
Et qui pensent posséder la musicalité
Et nous on regarde cela en cherchant le pourquoi
Y’a ceux qui nous sourient derrière nous assassinent
Je suis chanteur de Trust et crois-moi j’ai confiance
Dans la ténacité qui fait tout arriver
Marche ou crève la vie que je vis n’est pas un rêve
Marche ou crève c’est un combat il n’y a pas de trêve
Ca cherche, ça analyse, sont cons comme des valises
On m’appelle Bernie et c’est très bien ainsi
Ca ne sera pas facile de nous clouer le bec
Mais que tu veuilles ou non il faudra faire avec
Marche ou crève la vie que je vis n’est pas un rêve
Marche ou crève c’est un combat il n’y a pas de trêve
Speak white
il est si beau de vous entendre
parler de Paradise Lost
ou du profil gracieux et anonyme qui tremble
dans les sonnets de Shakespeare
nous sommes un peuple inculte et bègue
mais ne sommes pas sourds au génie d'une langue
parlez avec l'accent de Milton et Byron et Shelley et
Keats
speak white
et pardonnez-nous de n'avoir pour réponse
que les chants rauques de nos ancêtres
et le chagrin de Nelligan
speak white
parlez de chose et d'autres
parlez-nous de la Grande Charte
ou du monument de Lincoln
du charme gris de la Tamise
De l'eau rose du Potomac
parlez-nous de vos traditions
nous sommes un peuple peu brillant
mais fort capable d'apprécier
toute l'importance des crumpets
ou du Boston Tea Party
mais quand vous really speak white
quand vous get down to brass tacks
pour parler du gracious living
et parler du standard de vie
et de la Grande Société
un peu plus fort alors speak white
haussez vos voix de contremaîtres
nous sommes un peu dur d'oreille
nous vivons trop près des machines
et n'entendons que notre souffle au-dessus des outils
speak white and loud
qu'on vous entende
de Saint-Henri à Saint-Domingue
oui quelle admirable langue
pour embaucher
donner des ordres
fixer l'heure de la mort à l'ouvrage
et de la pause qui rafraîchit
et ravigote le dollar
speak white
tell us that God is a great big shot
and that we're paid to trust him
speak white
c'est une langue riche
pour acheter
mais pour se vendre
mais pour se vendre à perte d'âme
mais pour se vendre
ah! speak white
big deal
mais pour vous dire
l'éternité d'un jour de grève
pour raconter
une vie de peuple-concierge
mais pour rentrer chez-nous le soir
à l'heure où le soleil s'en vient crever au dessus des ruelles
mais pour vous dire oui que le soleil se couche oui
chaque jour de nos vies à l'est de vos empires
rien ne vaut une langue à jurons
notre parlure pas très propre
tachée de cambouis et d'huile
speak white
soyez à l'aise dans vos mots
nous sommes un peuple rancunier
mais ne reprochons à personne
d'avoir le monopole
de la correction de langage
dans la langue douce de Shakespeare
avec l'accent de Longfellow
parlez un français pur et atrocement blanc
comme au Viet-Nam au Congo
parlez un allemand impeccable
une étoile jaune entre les dents
parlez russe parlez rappel à l'ordre parlez répression
speak white
c'est une langue universelle
nous sommes nés pour la comprendre
avec ses mots lacrymogènes
avec ses mots matraques
speak white
tell us again about Freedom and Democracy
nous savons que liberté est un mot noir
comme la misère est nègre
et comme le sang se mêle à la poussière des rues d'Alger ou de Little Rock
speak white
de Westminster à Washington relayez-vous
speak white comme à Wall Street
white comme à Watts
be civilized
et comprenez notre parler de circonstance
quand vous nous demandez poliment
how do you do
et nous entendes vous répondre
we're doing all right
we're doing fine
We
are not alone
nous savons
que nous ne sommes pas seuls.
Michèle Lalonde
Speak white
http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=FuQc-yAZNUA
Houuuuu! Les patrons comme ils sont méchants! Le systeme comme il est pas gentil! Révolution avec Seb Musset! Tous ensemble, battons nous contre les symptomes de la maladie (qu'il ne faut pas dénoncer puisque ca c'est illégal).
Ca va te prendre combien de temps encore Seb avant d'avoir des couilles? (Si ca arrive un jour)
Parce qu'un métrosexuel ou assimilé qui pleure sur les conditions de travail, franchement, ca commence a faire daté.
Allez comme je suis clément je vais meme te donner un indice: Il y a un courant idéologique, depuis le monde ancien, qui porte et qui promeut le matérialisme, le mondialisme et l'élitisme. C'est facile de le reconnaitre: ses représentants sont a la tete de toutes les démocraties occidentales aujourd'hui.
Ce sont les memes qui mettent en place une "histoire officielle" et qui légiferent dans leur sens pour interdire la critique. Hé oui, c'est du gros gibier.
Alors effectivement, c'est moins risqué de se battre contre des symptomes, et d'exciter les gens contre Laurence Parisot, entre deux blabla avec Grand Francois.
A quand le courage, Seb?
En fait je sais meme pas pourquoi je me fais chier a te poser la question, on a tous compris que tu préférais le combat superficiel.
L'ennemi a déja gagné, et ton refus de t'y attaquer fait de toi un esclave, malgré tes prétentions a l'indépendence.
Bonne continuation dans la pleurnicherie complaisante.
de Herve_02
@Anonyme...
Je crois que tu te trompes de combat. Quelle importance est celle du niveau de combat ? On combat ou l'on peut agir, c'est à dire proche de chez soi.
Il serait stupide de combattre 'un courant idéologique' car, par définition, il est immatériél et à part les prières et les messes noires, que tchi. Il faut au contraire anihiler les effets proches de chez soi. Si le juge est _hué_ ou _conspué_ car autour de lui les gens trouveront cela abject, il arretera. Si les flics se font sortir de chez leurs amis car ils sont devenus une police politique, si les élus ne peuvent plus faire de bain de foule car on leur jette des tomates ou les conspue, on aura bien plus de résultat dans notre vie de tous les jours que de militer pour le changement de paradigme mondial. (avec quels moyens à par des billets dans des blogs que seuls ceux qui sont du même avis lisent?)
Maintenant l'un n'empèche pas l'autre, et c'est chacun qui agit à son échelle, à son niveau, suivant ses goûts et compétences.
Moi je l'aime bien le Seb et je trouve son combat bien courageux. En dénoncant le 'complot mondial' tu t'engages pas trop, il va pas venir te faire chier. Mais en dénoncant _le juge_, _le _préfêt_, ton voisin, tu risques bien plus qu'on vienne te faire chier [et en plus tu ne passes pas pour un allumé qui scande des grandes théorie mais tu montre des exemples proches et faciles à comprendre et vérifier.]
"En dénoncant le 'complot mondial' tu t'engages pas trop, il va pas venir te faire chier."
Va dire ca aux révisionistes et a ceux qui accusent le Mossad pour les attentats du 11 septembre. Va dire ca a ceux a qui on fait payer des amendes et qu'on envoie en prison pour délit d'opinion. Bien sur que quand tu mets le doigt sur un point qui menace l'élite, elle va venir te faire chier. Es-tu a ce point naif?
Au contraire, c'est en t'attaquant au local, aux éxécutants (éternellement remplacables, nb) que tu ne risques rien. C'est bien pour ca que Seb reste sur ce terrain la.
Cette idéologie n'est pas désincarnée. Il y a une caste qui la représente et la défend bec et ongles. Tant qu'on ne va pas a leur encontre (avec les moyens du bord évidemment) rien ne changera.
Etudie l'histoire de ce courant idéologique, et tu verras comment les peuples d'autrefois, du monde ancien a nos jours, ont pu s'en défaire. Ca n'a jamais été en s'attaquant aux éxécutants.
Pourquoi Soral a-t-il fait scandale avec sa petite sortie a "Complément d'Enquete"? Parce qu'il était bien trop proche de la vérité. On ne réprime ni les fous, ni les "vrais" racistes.
J'attend avec impatience la réponse de Seb qui va je n'en doute pas faire l'autruche qui n'a rien compris.
Hé oui, il faut bien continuer a plaire a son petit public. La vérité c'est secondaire, n'est-ce pas?
@Seb :
Entendu tout à l'heure sur Inter :
http://www.liberation.fr/economie/0101588373-taxe-carbone-parisot-veut-un-cheque-vert-pour-les-entreprises
Inutile de demander si les autos entr vont y avoir droit aussi...
Hahaha la vieille psychologie a 2 balles, stratégie du pouvoir vieille comme le monde. Si le peuple s'énerve, c'est juste qu'il est frustré et qu'il passe ses nerfs, qu'il cherche des boucs-émissaires, etc. C'est bien commode pour éviter d'avoir a se remettre en cause et continuer ses magouilles.
Je ne suis pas méprisant. Le mépris vient apres la colere. La je suis encore en colere, de voir que ceux qui ont la chance de comprendre le probleme, et ayant un déficit évident de courage, continuent a se donner un genre alors qu'ils savent tres bien qu'ils s'attaquent a du menu fretin et que le probleme n'est pas la.
Alors Seb, épargne nous tes coleres de bobo qui vient de découvrir le monde sur le patronat. Je ne suis pas dupe.
@ Anonyme 09:28
Euh, je crois que j'ai compris de travers tes msg précédents, en fait.
J'ai lu un peu vite et je crois que j'ai compris exactement LE CONTRAIRE de ce que tu disais. Mes excuses.
Que veux-tu dire, précisément ? Au-delà de tes attaques de personne, qui à mon avis sont quand même une colère détournée de sa vraie cible, non ?
Dans la jungle sans pitié du commerce mondialisé, les salariés seront toujours sacrifiés et exploités, c’est leur rôle. Parler de capitalisme à visage humain est insensé puisque le libéralisme tend à la négation de toute véritable humanité. Par l’action sociale, privée ou étatique, on peut à la rigueur entortiller quelques bandages sur les corps déchiquetés par la guerre économique permanente, mais ces rustines dérisoires n’empêchent pas les exploités de se vider de leur sang. Le méga-vampire économique les pompera jusqu’à l’os, avant de les jeter au chômage ou à la retraite quand ils ne vaudront plus rien sur le marché.
Il est parfaitement logique et « naturel » que les entreprises licencient, délocalisent, fusionnent, accumulent les plans « sociaux »…, c’est le contraire qui serait étonnant. Une entreprise florissante qui peut gagner encore plus d’argent si elle jette la moitié de son personnel n’hésitera pas une seconde. Seuls quelques patrons attardés, sentimentaux et de toute façon voués à la disparition, essayent de ménager leurs salariés.
Les travailleurs sont à la fois victimes et complices de ce système aberrant qui aboutit, à l’échelle planétaire, à la mort, à la misère et au gaspillage. Au lieu de se révolter et de chercher une autre voie que celle qu’on leur impose depuis la naissance, les gens se ruent sur la consommation et la compétition, et rampent pour obtenir un travail. Ils revendiquent le droit de se faire exploiter, et éventuellement d’être eux-mêmes de petits chefs.
Le salariat, c’est l’esclavage et la prostitution à grande échelle, les patrons sont des maquereaux et les Etats sont des hôtels de passe. Les multinationales ont pour unique objectif de transformer le sang des travailleurs, des animaux non-humains et de la Terre en argent bien juteux pour engraisser davantage les propriétaires du capital. La prétendue économie n’est qu’une variante de la guerre ou de la mafia, et ses soldats sont tous de la chair à profit.
Les putains louent leur sexe et les travailleurs leurs muscles et leurs cerveau. Le commerce sexuel est-il plus dégradant que le fait de s’abrutir pendant 30 ans sur une chaîne à répéter pratiquement toujours les mêmes gestes ? On peut se le demander, vu qu’à l’âge de la retraite, on a affaire à des épaves qui ont pareillement raté leurs vies. Mais l’hypocrisie sociale glorifie les manoeuvres obéissants et rabaisse les prostituées, alors que toutes les catégories de travailleurs-esclaves sont nécessaires au bon fonctionnement de cette société.
L’esclavage actuel est plus habile que celui des colonies puisqu’on donne un salaire à l’esclave et qu’on lui fait croire qu’il est libre. Alors qu’en fait, au sein (empoisonné !) de cette société, on est toujours prisonnier, avec au cou une corde plus ou moins longue. Les patrons misent donc sur le fait que les hommes sont prêts à abandonner leur liberté si on leur offre quelques joujoux en échange.
Les lois censées protéger les salariés, les syndicats, les grèves… ne changeront jamais rien aux inégalités sociales fondamentales. On peut même dire que les droits des travailleurs sont un leurre et une prison qui les enferment encore plus dans leur statut en leur donnant l’impression d’exister et d’avoir du poids. Quelles que soient les législations sociales, les lois du marché sont implacables, les plus riches s’enrichissent sur le dos des plus pauvres qui eux s’appauvrissent. C’est l’essence même de votre « société » qui veut ça. Le pire, c’est que des tas de sous-fifres ne rêvent que de grimper dans la hiérarchie, pour avoir plus, briller plus, se distinguer du troupeau en étant à sa tête….
Autrement dit avant de nous émanciper de l’emprise du capitalisme nous devons d’abord nous émanciper de nous mêmes, de forces obscures qui nous dictent cette impulsion servile. Comment et pourquoi cela est-il possible. that is the question pour les temps présents me semble-t-il…
toujours la même image récurrente du troupeau de moutons …
Surveillés par les chiens, eux-mêmes dirigés par les bergers …
Extrait du manifeste des chômeurs heureux.
ET QU' EST-CE QUE VOUS FAITES DANS LA VIE?
... Pour autant que l'on sache, il n'existe que deux modes de travail : le salariat et l'esclavage. Certes, il existe aussi des étudiants, des artistes et autres fanfa-rons qui ne peuvent écrire le moindre papier ou lapper la moindre écuelle sans prétendre se livrer là à un impor-tant "travail". Même les soi-disant "autonomes" ne peuvent organiser de "séminaires" anticapitalistes sans mener des "débats productifs" au sein de "groupes de travail". Misérables mots, misérables pensées.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que "travail" est un mot empreint de ma-lheur. "Arbeit" est probablement formé sur un verbe germanique disparu qui avait pour sens "être orphelin, être un enfant utilisé pour une tâche corporelle rude", verbe lui-même issu de l'Indo-Européen "Orbhos", orphelin. Jusqu'au Haut-Allemand moderne, "Arbeit" signi-fiait "peine, tourment, activité indigne" (dans ce sens, Chômeur-Heureux est donc un pléonasme). Dans les langues romanes, la chose est encore plus claire, puisque "travail", "trabajo" etc. vient du latin "tripalium" un instrument de torture à trois piques qui était utilisé contre les esclaves.
C'est Luther qui le premier a promu le mot "Arbeit" comme valeur spirituelle, prédestination de l'homme dans le monde. Citation :
"L'homme est né pour travailler comme l'oiseau pour voler"
On pourrait nous répondre que cette querelle de mots est sans impor-tance. Mais le fait de confondre "boisson" avec "coca-cola", "culture" avec "Bernard Henry Gluckskraut" ou "activité" avec "travail" ne saurait rester sans conséquences graves.
Dès qu'il est question de travail ou de chômage, on a affaire à des caté-gories morales. Et la tendance va en s'accentuant, il suffit d'ouvrir un journal pour s'en rendre compte :
"Une conception du monde l'a emporté sur une autre" déclare un expert de Washington. "Au lieu de considérer que la pauvreté a des causes économiques, la nouvelle école de pensée qui domine à présent voit dans la pauvreté le résultat d'un compor-tement moral mauvais"
Comme du temps où les curés voyaient leurs monopole sur les âmes en danger, la morale est ici une tentative de combler la fissure grandissante entre la réalité et son image idéologique. Qui dit au chômeur : "tu as péché" attend de celui-ci, ou bien qu'il fasse pénitence, ou bien qu'il se justifie de sa vertu. Dans les deux cas, il aura reconnu l'existence du péché. Les tentatives pleurnichardes de certains chômeurs pour provoquer la pitié de ce monde ne peuvent aboutir, au mieux, qu'à provoquer la pitié. Ce n'est que le rire sublime qui peut désarçonner la morale pour de bon.
...
... Il est clair que Paul Lafargue, l'auteur du Droit à la paresse, est un des inspirateurs historiques des Chômeurs Heureux :
"Les économistes s'en vont répéter aux ouvriers: travaillez, pour augmenter la richesse nationale! Et cependant un économiste, Destutt de Tracy, répond: 'les nations pauvres, c'est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c'est là où il est ordinairement pauvre'.
Mais assourdis et idiotisés par leurs propres hurlements, les économistes de répondre : 'Travaillez, travaillez toujours pour créer votre bien-être! (...) Travaillez pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d'être misérables"
Pourtant, nous ne faisons pas nôtre la revendication d'un droit à la paresse. La paresse n'est que le con-traire de l'assiduité. Là où le travail n'est pas reconnu, la paresse ne peut l'être non plus. Pas de vice sans vertu (et vice versa). Depuis l'époque de Lafargue, il est devenu clair que le soi-disant "temps libre" accordé aux travailleurs est la plupart du temps plus ennuyeux encore que le travail lui-même. Qui voudrait vivre de télé, de jeux inter-passifs et de Club Merd? La question n'est donc pas simplement, comme pouvait encore le croire Lafargue, de réduire le temps de travail pour aug-menter le "temps libre". Ceci dit, nous nous solidarisons totalement avec ces travailleurs espagnols à qui l'on avait voulu interdire la sieste sous prétexte d'adaptation au marché européen, et qui avaient répondu qu'au contraire, c'était à l'Union Européenne d'adopter "l'Euro-Sieste".
Que ceci soit clair: le Chômeur Heureux ne soutient pas les partisans du partage du temps de travail, pour lesquels tout serait pour le mieux si chacun travaillait, mais 5, 3 ou même 2 heures par jour. Qu'est-ce que c'est que ce saucissonnage? Est-ce que je regarde le temps que je mets à préparer un repas pour mes amis? Est-ce que je limite le temps que je passe à écrire ce putain de texte? Est-ce que l'on compte, quand on aime?
Mais le Chômage Heureux ne représente pas pour autant une nou-velle utopie. Utopie veut dire: "lieu qui n'existe pas". L'utopiste dresse au milli-mètre les plans d'une construction supposée idéale, et attend que le monde vienne se couler dans ce moule. Le Chômeur Heureux, lui, serait plutôt un "topiste", il bricole et expérimente à partir de lieux et d'objets qui sont à portée de main. Il ne construit pas de système, mais cherche toutes les occa-sions et possibilités d'améliorer son environnement.
Un honorable correspondant nous écrit:
"S'agit-il pour les Chômeurs Heu-reux de gagner une reconnaissance sociale avec le financement sans conditions qui va avec, ou bien est-il question de subvertir le système au moyen d'action illégales, comme ne pas payer l'électricité?1 Le lien entre ces deux stratégies ne parait pas vraiment logique. Je peux difficilement chercher à être accepté socialement et en même temps prôner l'illégalité:"
Bon. Le Chômeur Heureux n'est pas un fanatique de l'illégalité. Dans ses efforts pour faire le Bien, il est même prêt, s'il le faut, à recourir à des moyens légaux. D'ailleurs, les crimes de jadis sont les droits d'aujourd'hui (que l'on pense au droit de grève), et peuvent toujours redevenir des crimes. Mais surtout: nous cherchons la reconnaissance sociale.
Nous ne nous adressons pas à l'Etat ni aux organismes officiels, mais à Monsieur Tout-le-monde.
De l'avantage d'être exclu
Il existe en ce moment divers mouvements et initiatives contre les mesures d'austérité, contre le chômage, contre le néo-libéralisme etc. Mais la question est aussi : pour quoi doit-on se prononcer? En tout cas, pas pour l'Etat Providence et le plein-emploi de naguère, qui ont de toute façon autant de chance d'être réintroduits que la locomotive à vapeur. Mais ce qui nous pend au nez pourrait être bien pire encore. Il n'est pas inimaginable que soit concédée aux chômeurs la possibilité de cultiver leurs légumes et d'improviser leurs relations sociales sur les terrains vagues et dépotoirs de la postmodernité, surveillés à distance par la police électronique et livrés à quelque mafia, pendant que la minorité aisée pourrait continuer de fonctionner sans ennuis. Les Chômeurs Heureux cherchent un passage pour sortir de cette alternative de la terreur. C'est une question de principe.
Un autre mot galvaudé par la propagande est le mot "exclusion". Les chômeurs seraient exclus de la société, et les bonnes âmes plaident pour leur réintégration. Exclus de quoi exacte-ment? Un humaniste de l'UNESCO en donna la réponse sans équivoque au "sommet social" de Copenhague:
"Le premier pas de l'intégration sociale consiste à se faire exploiter".
Merci pour l'invitation!
Il y a trois siècles, les croquants levaient les yeux avec envie vers le château du seigneur; c'est avec raison qu'ils se sentaient exclus de ses richesses, ses nobles loisirs, ses artistes de cour et courtisanes. Mais qui aujourd'hui voudrait vivre comme un cadre sup stressé, qui aurait envie de se bourrer le crâne de ses rangées de chiffres sans esprit, de baiser ses secrétaires blondasses, de boire son bordeaux falsifié, de crever de son infarctus? C'est de bon coeur que nous nous excluons de l'abstraction dominante ; c'est une autre sorte d'intégration que nous recherchons.
...
"Je ne voulais pas que ma vie soit réglée d'avance ou décidée par d'autres. Si, à six heures du matin, j'avais envie de faire l'amour, je voulais prendre le temps de le faire sans regarder ma montre. Je voulais vivre sans heure, considérant que la première contrainte de l'homme a vu le jour à l'instant où il s'est mis à calculer le temps. Toutes les phrases usuelles de la vie courante me résonnaient dans la tête : Pas le temps de...! Arriver à temps...! Gagner du temps...! Perdre son temps...! Moi, je voulais avoir "le temps de vivre" et la seule façon d'y arriver était de ne pas en être l'esclave. Je savais l'irrationalisme de ma théorie, qui était inapplicable pour fonder une société. Mais qu'était-elle, cette société, avec ses beaux principes et ses lois?"
Ces mots sont de Jacques Mesrine.
http://www.diegluecklichenarbeitslosen.de/dieseite/seite/francais.htm
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