À l’heure européenne, on peut se demander à quoi servent notre président et sa ribambelle de ministres inconsistants ?
On peut résumer leur action à cinq axes :
1 / Distribuer du pognon. Beaucoup aux amis et juste ce qu’il faut aux pauvres pour les calmer et les rendre dépendants.
2 / Emmerder au quotidien les Français pour leur rappeler qui c’est le patron.
3 / Commémorer dates et emblèmes d’un pays qui disparait (ravagé économiquement par leurs prédécesseurs, à l’identité et la substance détruites à chacune de leurs réformes).
4 / Gouverner par opportunisme, au jour le jour. Entouré de conseillers grassement payés passer d’une opération de com’ à une autre, en guise de "vision stratégique".
et last but not least…
5 / Rembourser la dette.
Cet impératif de la dette plane comme un spectre, conditionne les discours, justifie actions et renoncements. Des gens meurent faute de personnels dans les hôpitaux ? Les services publics ne sont plus assurés ? Des routes s’effondrent ? :
"- On n’y peut rien ma petite dame, La France est trop endettée, d’ailleurs on va vous taxer un peu plus".
Entre deux cris d’effroi, nos élites se défendent avec assurance :
"- Le pays ne peut pas faire faillite. C’est la France tout de même, ma petite dame !".
Néanmoins, pour rassurer les prêteurs, l’Etat est amené à présenter régulièrement quelques brebis sur l’autel du sacrifice.
C’est ainsi que pour la troisième fois en cinq ans, la deuxième en deux ans, le premier ministre Gabriel Attal annonce une nouvelle réforme du chômage qui passera par décret (allez hop, ce sera jamais que le huitième en 6 ans sur le sujet). Oui vous me direz c’est gonflé de la part de quelqu’un qui ne connait pas le chômage (rapport qu’il n’a jamais connu le travail) mais la crédibilité de ces sots n’est même pas la question ici.
En quoi consiste la réforme ?
Alors qu'il fallait jusqu'à présent avoir travaillé 6 mois lors des 24 derniers mois pour toucher l'allocation de retour à l'emploi, il faudra avoir cotisé 8 mois sur les 20 derniers pour les moins de 57 ans. Pour les plus de 57 ans, il faudra avoir cotisé au moins 8 mois sur les 30 derniers, contre 6 mois sur les 36 derniers à 53 ans. La justification est de favoriser "le retour à l'emploi des seniors".
Comme si moins les indemniser allait résoudre le problème de leur non-embauche...
Pourquoi cette réforme ?
On se le demande alors que les caisses de l’assurance chômage sont excédentaires de 1,6 Milliards en 2023. La dernière réforme a-t-elle même fonctionné ? Oui, à réduire les droits des chômeurs. Le chômage, lui, a augmenté de 0,4% au premier trimestre 2024. Une réforme pour réformer la réforme s'impose.
Quels sont les effets prévisibles de cette réforme ?
Creuser encore un peu plus le fossé entre ceux qui sont en CDI et les précaires de l’emploi, souvent les moins de 25 ans et les plus de 50 ans qui vont se retrouver pour beaucoup sans aucune indemnité. Ce qui est déjà le cas de près de la moitié des chômeurs.
Les réformes de l’Assurance chômage entrées en vigueur en 2021 touchent prioritairement les intérimaires, les personnes en fin de CDD et les jeunes. En effet, 9 intérimaires sur 10 et la moitié des jeunes ont été impactés par ces réformes note l'Unédic dans son premier bilan de la réforme de 2023.
Il n’y aura aucun effet notable sur l'emploi de qualité. En revanche, cela contribuera encore à coller les salaires au plancher. La réforme favorisera le maintien d’un vivier de précaires prêts à tout à n’importe quel salaire, tout en nivelant les salaires de ceux qui ont un emploi. N’est-ce pas le résumé de l’action des dirigeants Français dans le domaine de l’emploi depuis 30 ans avec le succès que l’on sait sur l’économie et le pouvoir d'achat ?
On ne peut pas attendre de nos élites de penser aux effets économiques d’une réforme dont l’ambition est avant tout symbolique. Doublement symbolique même, il s'agit de :
1/ Envoyer un signal au marché : "- On maitrise les gars, continuez à prêter !".
2 / Envoyer un signal aux Français : " - Les chômeurs sont des feignants, d’ailleurs les travailleurs sont aussi un peu des feignants, d'ailleurs vous êtes tous des feignants (sauf les riches) et ma petite dame, le problème c'est que Les Français ne travaillent pas assez !".
Manque de bol le calendrier s’est emballé et, à une semaine d’une élection européenne tournant au référendum anti Macron, le premier ministre se retrouve à annoncer une réforme profondément antisociale (appauvrissement concret des jeunes + baisse du pouvoir d’achat + n-ième changement des règles et détournement de fonds) pour calmer les marchés.
Faut dire, Standards ans Poors dégrade la note de la dette française. Houlala. Ça c'est de l'insécurité, de la vraie.
Dans une interview au Parisien, l’inénarrable Bruno Lemaire, super héros, auteur médiocre de soft-porn de gare et très accessoirement ministre de l'Economie, assure que cette dégradation n’affectera pas les Français au quotidien. Au même moment, l'annonce de cette réforme chômage par Gabriel Attal, démontre explicitement l’inverse. Même dans leur communication, ils sont mauvais.
M'est avis que ça mérite un licenciement sec et sans indemnités.
2 comments:
Bonjour
Juste une remarque, non en fait deux.
la première est sémantique. il n'y a pas de hold up.. il n'y pas vol des cotisations, un demandeur d'emploi indemnisé continuera à recevoir plus qu'il n'aura cotisé (d'ailleurs la cotisation salariale est supprimé.. remplacé par une quote-part de 1,47 point de CSG sur les revenus d'activité) ce qui donne pour un smic de 1766 euro une "cotisation" de 25 euro. Un demandeur d’emploi avec un contrat de 8 mois aura une indemnisation de 1000 euro... on est loin du hold up ! On peut faire le calcul en intégrant la cotisation salariale (4%... ) cela revient au même. Rappelons aussi une réalité. les "cotisations" du salarié paient les droits des demandeurs du moment.. Pas ses futurs droits (comme la retraite, ou les allocations caf, etc...) D'ailleurs combien de demandeurs épuisent réellement leurs droits ? (sinon le système ne serait pas viable...)
Deuxième remarque: l'unédic est peut être bénéficiaire suite à la réforme elle reste encore très endettée (dette qui est garantie par l'état c'est à dire le contribuable) . Début 2024 les projections de l'unédic sont les suivantes: 58 Md€ en 2024, de 55,1 Md€ en 2025, de 49,7 Md€ en 2026 et de 38,6 Md€ en 2027. Cela baisse mais reste négatif. D'ailleurs pour revenir sur les chiffres du chômage, l'unédic prévoit un chômage à 7% en 2026 après une hausse en 2024...
3° remarque gratuite: si il y a hold up, le vrai, c'est la ponction que fait l'etat sur les recettes de l'unedic pour financer France travail (à la rigueur cela peut se comprendre.. l'unédic ponctionnait bien pour financer l'assedic... ) et France compétences (là c'est moins logique)
Bonjour et bravo (comme toujours),
"M'est avis que ça mérite un licenciement sec et sans indemnités."
Avec, au minimum, un passage obligé par les plumes et le goudron...
Salutations
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