in The Economist, 24.11.2012 (relevé par Laurent Pinsolle)
Il va falloir vous le rentrer dans le crâne. Si le second semestre 2012 a été celui du bombardement idéologique sur notre "manque de compétitivité" quasi exclusivement focalisé sur le "coût du travail" et aboutissant à un cadeau fiscal supplémentaire de 20 milliards aux entreprises financé par une augmentation de la TVA, 2013 sera l'année des salaires trop chers.
Mais pas ceux des patrons du Cac 40 dont on apprend la hausse de 4% en 2011 à une moyenne de 240 smics annuel (pour des résultats en baisse). Non, les autres, les nôtres, à commencer par le minimum garanti.
Mediapart nous apprend qu'un groupe d'experts, pour le moins orientés, chargés d'éclairer le gouvernement avant les mesures de revalorisation du SMIC au 1er janvier, préconise dans un récent rapport (à lire ici) de revoir le Smic à la baisse, pour commencer, puis de le dynamiter en se dirigeant vers un Smic à la carte.
Principales recommandations du rapport:
- Fin de la revalorisation automatique du SMIC sur la croissance du PIB.
(C'est bien la peine de tout miser sur des lendemains ne pouvant chanter qu'au seul refrain d'un retour de la croissance pour stipuler en bas de page qu'elle ne doit pas rentrer dans le calcul du salaire minimum. Bref, la récession est une bonne excuse pour subventionner les patrons en pleurs. La croissance ne doit pas en être une pour augmenter les travailleurs).
- Fin de prise en compte du facteur de l'inflation dans le calcul du Smic avec orientation vers des "coups de pouce" (à l'image de ce qui a été fait par Hollande à son arrivée) plus conforme "à l’intérêt conjoint des salariés et des entreprises qui les emploient".
(Rappel des bases: l'intérêt du salarié c'est de toucher un salaire, l'intérêt de l'entreprise c'est d'économiser sur ce salaire).
- Régionalisation d'un "smic jeune", ouvrant un dumping à l'intérieur même de nos frontières. Un vieux désir du patronat.
En décodé, ce rapport dessine la fin du salaire minimum et invite l'Etat à se désengager de son contrôle sur le Code du travail, pour qu'il se cantonne à la seule gestion de la casse sociale ainsi provoquée. Guérir en surface au lieu de prévenir les blessures.
Reconnaissons au gouvernement Ayrault qu'il n'esquive ni la question de la pauvreté ni celle du chômage. A la différence des premières années du quinquennat Sarkozy où les chiffres étaient systématiquement biaisés, adoucis, omettaient des catégories dans ses calculs. Maintenant, tout est vu de face dans la globalité et l'on n'hésite plus à parler de 5 millions de chômeurs, à assumer des perspectives négatives dans le domaine pour au moins toute l'année 2013. En revanche, la question des salaires est systématiquement piétinée, classée à la rubrique "toujours plus d'effort et c'est pas possible de faire autrement". Peur, manque d'imagination, paresse idéologique, influence d'une expertise économique unilatérale ? Le cocktail des quatre probablement[1].
Toujours est-il que, vu le poids argumentaire dont est porteur le chômage de masse pour presser toujours plus le travailleur sur son emploi du temps et sa non-augmentation, on s'interrogera sur l'innocence de cette exposition gouvernementale "sans tabou" du chômage et de la précarité au moment même où, dans l'ombre, lui est remis un rapport d'un ultralibéralisme décomplexé qui aggravera la situation sur ces deux fronts.
[1] reste ce mystère des mystères: comment des gens sensés peuvent-ils se persuader qu'il est possible de relancer la croissance en diminuant les salaires ?
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23 comments:
Seb, t'avais lu mon billet sur le projet du MEDEF : licencier en 24h sans payer cher et si possibile par mail , sans recours au juge au dela de 12 mois de délai.. ET reduction du montant des indemnités chomage.
Tout ça avec contrat de mission et CDI a trou dans le temps . Le but est simple : réduire les salaires, en licenciant plus vite.
Seb tu fais une confusion entre salaire net (ce que tu touches a la fin du mois) et le cout pour ton employeur (ce qu il doit payer)
On peut tres bien avoir un salaire net stable mais un cout pour l employeur en baisse (c est d ailleurs ce que veux faire Ayrault suite au rapport Gallois)
Mais pour cela, il faut baisser les charges sociales soit en tranferant la charge a d autres (en cours via la TVA) soit en faisant des economies (la c est plus dur car ca veut dire taper sur les CA des professionnels de santes et sur les retraités)
Sinon, si le gouvernement arrive deja a mettre fin a la bulle immobiliere (c est pas gagné avec le Duflot qui succede au Scellier mais comme l europe nous empeche de depenser trop, on en peut plus subventionner les "investisseurs") c est une bonne nouvelle pour le pouvoir d achat et ce sans augmentation de salaire
@cdg On ne dit pas "charges sociales" mais "cotisations patronales" (car c'est bien de celles-là et uniquement de celles-là dont vous parlez) et le simple fait de comprendre cette différence permet d'avancer.
Car réduire ces cotisations patronales permet certes de conserver un net inchangé (pour l'augmenter il faudrait aussi baisser les cotisations sociales du salarié) mais il oblige à une réduction drastique du pouvoir d'achat car cette baisse de la participation des employeurs au système de santé/chômage/retraite se retrouvera dans une hausse de ce que devront payer les salariés pour se soigner, une baisse de leurs retraites et de leurs indemnités chômage !!! Ce dont se fichent éperdument les nantis qui réclament ces mesures, bien entendu. Il ne s'agit donc là en réalité que de baisser très hypocritement et de manière déguisée les revenus des salariés mais sans en avoir l'air !
@cdg > Ce n'est que la première étape. Sinon, pour la bulle immobilière. Pas complètement certain que ce soit 1 / uniquement dû à l'action du gouvernement (même si cela va dans le bon sens) 2 / que la bulle soit vraiment stoppée sur les zones tendues.
(Rappel des bases: l'intérêt du salarié c'est de toucher un salaire, l'intérêt de l'entreprise c'est d'économiser sur ce salaire).
Je pense que ce sont pas les bases. L'intérêt de l'entreprise, c'est de faire des bénéfices et de toujours exister l'année d'après. Economiser sur le salaire (net) peut provoquer une fuite des cerveaux de l'entreprise et donc faire baisser ses bénéfices et sa capacité a survivre.
Nous sommes déjà en déflation. Le gel des salaires, c'est déjà de la baisse en valeur réelle.
La seule chose qui ne baisse pas, c'est le prix de l'énergie.
Ce qui se passe est hallucinant, TOUT le monde a hurlé en 2008-2009, "Attention à ne pas commettre les erreurs de 1929, attention à la menace de spirale déflationniste !", et que font-ils 3 ans plus tard : tout ce qui faut pour tomber dans une bonne grosse spirale style Grande Dépression !
Consternant et fascinant de stupidité.
Et l'on voudrait que le salarié au SMIC, gagnant à peine quelques dizaines d'euros de plus que le seuil de pauvreté soit motivé par son boulot...
Comme on disait chez les soviets de la grande époque : "puiqu'on fait semblant de nous payer, faisons semblant de travailler..."
C'est parfaitement dans la logique de la "dévaluation interne". Le SMIC représente un frein à la dévaluation, donc le SMIC doit sauter.
En revanche, contrairement à ce que dit Fer, nous ne sommes pas en déflation, et nous n'y serons jamais vraisemblablement. Les progrès en "compétitivité" ne sont possibles que grâce à un appauvrissement réel de salariés.
@dalipas
Pour moi cotisation sociales = cotisation patronales + cotisation du salarie. Autrement dit, c est la difference entre ce que tu coutes a ton patron et ce que tu touche a la fin du mois
Dire qu on ne puisse pas reduire le montant preleve sans reduire la qualite du service rendu est faux. C est juste une question de manque de volonte.
Par ex on depense 39,30 % pour les retaries, en belgique c est 32.6 (http://www.eurocompar.eu/comparatif-retraite-en-europe.0.67.datas.htm)
De meme on peut faire des economies sur l assurance chomage (on peut toucher jusqu 5000 €/mois au chomage. Pourquoi ne pas mettre comme plafond le smic ?). on peut continuer avec la supression du statut des intermitant du spectacle et autres ...
par contre je reconnais bien volontier qu un gouvernement qui s amuse a ca perd les prochaines elections
@cdg : mettre come plafond le smic aux indemnités chomage : et comment font les gens qui sont au chomage et ont un prêt/loyer de genre 700 €, voire plus, parce qu'ils avaient 1 certain salaire ? A la rue ? tout ça pour économiser 3 francs 6 sous ?
Pour les intermittents, il suffit de faire la chasse aux faux intermittent des boites de prod, ceux qi ont toujours le même employeur pour + ou - le même nombre d'heure, limiter l'indemnisation et ca ira beaucoup mieux
en avant première, l'avenir sans marc de café :
http://greekcrisisnow.blogspot.fr/
(mais bien entendu, "ce n'est pas pareil", "ça n'arriverait pas chez nous", "là bas ils sont corrompus", etc, etc. voui mâme michu, voui.)
Bonsoir,
à ta question de fin d'article Seb:
[1] reste ce mystère des mystères: comment des gens sensés peuvent-ils se persuader qu'il est possible de relancer la croissance en diminuant les salaires ?
c'est toi même qui en donne la réponse:
(Rappel des bases: l'intérêt du salarié c'est de toucher un salaire, l'intérêt de l'entreprise c'est d'économiser sur ce salaire).
Pace Salute et merci. fil.
@qnonyme
Si vous avez comme vous dites un certain salaire, vous avez surement des economies
Donc c est elles qui doivent etre mis a contribution pour payer votre credit immobilier et non pas l ouvrier au SMIC
Si vous pouvez plus payer, vous revendez et vous demenagez pour moins cher
Si ce type de rerforme pouvaitinciter les gens a moins se goinfrer de credit, ca serait une bonne chose
Sinon pour les intermittants, les ccontroles c est compliques et ca coute cher. pourquoi ceux ci ont un regime specifique. apres tout c est pas la seule profession qui subit des hout et des bas. on n a pas de regime intermittant pour les salaries agriciles qui eux travaillent surtout l ete et plus en hivers (a oui, ceux ci c est des bouseux, pas des branchés)
Je croyais que les cotisations chômages étaient calculées en fonction du salaire ce qui implique une indemnisation en fonction de cette cotisation ou alors il faut faire un prélèvement unique quii correspondrait au versement d'un smic.
C'est vraiment n'importe quoi.On est en plein délire et pourquoi pas cotiser pour une retraite minimum?
Les résistants du CNR qui sont à l'origine des avancées sociales après la dernière guerre doivent se retourner dans leur tombe.
Il est vrai que l.objectif de l'ancien gouvernent était justement de tout faire pour supprimer les avancées du CNR pour livrer tout le package aux entreprises privées.
Continuez comme ça les jeunés et vous allez en baver lorsque vous serez au chômage et je vous souhaite une bonne retraie (au montant mini bien sur)
Pauvre France
@csg
"Si vous pouvez plus payer, vous revendez et vous demenagez pour moins cher"
Ahh ca c'est bien vu : si tu es locataire, explique moi comment onf ait pour déménager et se loger pour moins cher ? Sans feuille de paye.
Et pour les proprios un simple chômage et les voilà obligés de vendre ? Ca sera simple pour retrouver 1 autre prêt au chomage, ou s'ils sont dans les 5 ou 6 premières années de leur crédit avec 1 max d'intérêts en remboursements.
Quant à faire des économies, un ménage à 3 500 € et 2 enfants aurait du mal à économiser assez pour assumer la perte de revenus en cas de chômage long.
Bref ce que tu préconises c'est le basculement dans la pauvreté, perte de logement pour le moindre chômage pour les revenus genre 2 ou 3 fois le smic.
Ou alors vivre comme 1 smicard malgré 1 meilleur salaire tout ça pour préparer 1 éventuel chômage.. bien vu !
Et on ne choisit pas payer 800 € de crédit ou de loyer pour se loger, à moins d'imaginer un pays entier de gens disposant de 10m2 par personne
Et comme le dit asclepios, les cotis sont proportionnelles, donc ce serait injuste de payer + et toucher moins
@ Asclespios
Le but des retraites mises en place par le CNR était d'éviter que les vieillards crèvent dans la misère, pas qu'ils jouissent de revenus supérieurs en moyenne à celui des actifs.
Quant aux minimum vieillesse pour tous, c'est bien le but visé en augmentant le nombre d'années de cotisations nécessaires à un chiffre impossible à atteindre pour tous ceux qui ont connu les études allongées, la précarité, l'éjection du marché après 50 ans.
À anonyme
Pas de problème on y va à grand pas et la il va y avoir un vrai problème .
La solution: l' euthanasie à 70 ans!
Mais ne pas oublier d'empocher les cotisations avant.
@Anonyme
Ayant personnellement ete au chomage et etant bien paye, j ai applique ce que je preconisais plus haut:
Au passage a l ANPE, j ai quitte paris (je reconnais que c etait facile comme celibataire)
Pour la feuille de paie et autre, c est pas un probleme: vous savez que votre societe va couler plusieurs mois a lavance. donc vous avez le temps de trouver autre chose et de presenter encore les feuilles de paie de votre precedent poste
Sinon si vous gagnez 3500 €/mois et que vous etes pas capable de mettre 1 sous de cote, il y a quand meme un probleme. Faire un credit qui vous bouffe tout vos revenus, c est choisir le risque maximum, ce que les banques en general n acceptent plus
Si c est 3500 € a 2, ca fait 1700 par personne. donc au chomage vous auriez 1700+1200=2900 soit a peu de chose pres la meme chose qu avant, donc pas trop de probleme pour payer loyer/pret si vous vous serrez un peu la ceinture
C'est touchant de voir comment il s'agit de bien faire attention de ne pas dire qu'une large part du coût du travail sert à financer la pléthorique administration française.
Et le comble de l'horreur serait de mentionner qu'en réalité, il est tout à fait possible et surtout absolument nécessaire d'augmenter les salaires nets tout en abaissant le coût du travail.
Le premier ministre ,
est aussi une grosse buse .
"pléthorique administration française."
Pas aussi pléthorique que ta connerie, pauvre petite fiente. ^^
"reste ce mystère des mystères: comment des gens sensés peuvent-ils se persuader qu'il est possible de relancer la croissance en diminuant les salaires ? "
Il n'y a aucun mystère à ce sujet. Ils misent tout sur l'offre et les exportations. C'est la dernière culbute des socialistes. Ce sont maintenant de fervent partisans de l'économie de l'offre...
Au fond, tout cela est peut-être uns stratégie destinée à concurrencer la Chine et de la battre à son propre jeu en inondant le marché de produit français de qualité produits à bas coût par des esclaves sous-rémunérés sous contrats précaire, bien entendu, ce qui rendra le pays plus compépétitif et nous permettra de ne plus être de gros loosers dans la grande guerre économique. Compétitivité, croissance, flexibilité, amen !
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