Ce matin sur le chemin du boulot Stéphanie a entendu chez Bourdin que c'était la journée de la femme.
Suite au licenciement du chef produit et au congés pour dépression nerveuse de sa collègue, l’assistante commerciale de l’entreprise d'emballage dans la banlieue de Caen cumule désormais trois postes, devenant l’interlocutrice directe des centrales de grandes distributions dont les robots connectés au stocks en temps réel la bombardent toutes les demi-heures de faxes de commandes auxquels elle n’entrave rien.
STEPHANIE
"- Tu te rends compte. Je suis payée 1200 euros et je fais une somme de travail correspondant à 4200 euros de salaires !"
Seule à la machine à café à la pause de onze heures, Stéphanie est en pleurs sur son Heil-phone dernier cri.
STEPHANIE
"- Demain j’ai rendez-vous avec le patron. Les pieds sur le bureau, il va encore me retourner le cerveau. Il est trop fort. Je vais sortir de là avec zéro augmentation, un sourire et deux missions à faire en plus. J’en peux plus."
Connaît-elle seulement la définition des mots "lutte" et "classes" et la signification historique de l’association des deux ? Pas dit. A t-elle juste quelqu'un au bout du fil ? Nous ne pouvons l'affirmer.
Tout en messe basse, de peur qu'un des collègues de l'étage (les collaborateurs les plus résistants, un tiers ayant déjà été viré) ne l'entende et ne la dénonce, elle se confesse sans dépasser le forfait sur son malheur à taire.
Elle voudrait arrêter de travailler et de se débarrasser de cette pression. Mais que dirait Christophe, lui qui lui reproche déjà de pas être assez féminine, de ne pas accepter tous ses fantasmes sexuels et de moins bien cuisiner que sa mère ?
Au boulot, Stéphanie est pourtant en position de force. Les commandes passent par elle, elle connaît bien mieux que son patron l’ensemble des procédures et pourrait l’envoyer aux prud’hommes.
Mais non, ce serait salaud. Et puis, elle raterait l'augmentation (il parait qu'on a vu certains salariés en avoir). Pire, elle risquerait la porte. En ces temps de chômage à 10%, ça craint de se retrouver sans rien. Elle a vu des pauvres hier soir sur M6, ils lui ressemblaient vachement même que ça lui a fait peur.
Et puis, cela a été tranché en cellule conjugale. Les rares fois où il n'est pas entrain de péter son score sur la console de jeu, son Cri-cri le lui répète :
CRI CRI D'AMOUR
"- Moi je me casse à travailler le dimanche pour te payer ta Wii, alors fais des efforts s'il te plait ! Et puis, comment qu'on va faire pour finir de la payer la maison si t'es au chômage. T'y as pensé ? Non tu penses qu'à toi. Tu veux que je te dise t'es égoïste !"
Du temps où elle travaillait dans un grand groupe média à Paris, son premier job, Stéphanie vivait et respirait au diapason de l’enseigne dont elle ne manquait pas une occasion de rappeler le nom. Elle n’y était qu'opératrice de saisie mais bon, le nom de la boite et la salle de musculation au cinquième niveau, ça claquait dans la conversation. C'est même comme ça qu'elle a séduit son mari.
Aujourd'hui, ils ont la belle maison mais il fallu partir loin de toute civilisation pour cela et puis faut la rembourser. Le juge d'application des crédits est formel : 22 ans incompressibles. Stéphanie a prit le premier "job" qu'elle pouvait dans la région et s'y est accrochée parce que parait que c'est bien pour la liberté des femmes d'être exploitées. C'est sa belle-mère qui n'a jamais bossé qui le lui a dit.
"Paris, c'était le zénith de ma vie" avoue t-elle à l'Heil-phone en ramenant Matis dans le Picasso de la crèche après le boulot au fil des 32 kilomètres de route en lacets dans le brouillard la séparant du pavillon.
En accord avec sa feuille d'impôt, Christophe a décidé des horaires :
CRI CRI D'AMOUR
"- Tu déposes Matis à 8h01, tu vas le chercher à 17h59. Avec tout ce que ça nous coûte, on va pas leur faire cadeau d’une minute à ces feignants de la crèche."
Début de soirée. Isolée au milieu des champs brumeux, dans son salon froid décoré à la perfection sur fond de "Roue de la fortune", le cul posé sur la table basse laquée à deux mois de salaire, tout en lappant son yaourt Lideule, Stéphanie regarde la larme à l'oeil les cadres art-deco de son fastueux mariage avec Cri-Cri en relais château. C'était il y a quatre ans, une époque où l'on pouvait frimer, une éternité. Désormais Christophe lui envoie ses ordres par SMS :
"- Pas de deuxième enfant, ça coute trop cher !" "Et éteint le plasma quand tu le regardes pas, ça consomme trop d'électricité !"
Du coup quand la télé est allumée, elle se force à la regarder.
Sur l'écran le fric tombe tout seul au milieu des applaudissements des gens heureux. A cause de Super Nanny, Stéphanie culpabilise de mal élever Matis, "- D'ailleurs où est-il ? sur la wii probablement avec son père, je suis trop crevée pour leur faire la leçon et faut que je fasse à bouffer". La publicité pour une belle voiture fabriquée à deux continents d'ici qui rappelle à la trieuse de déchets que "la prime à la casse" faut en profiter cette année.
Accablée par son homme qui la traite comme un complément de revenu, usée jusqu'à la corde par sa direction qui la laisse patauger dans sa servile médiocrité à prix cassé, elle se réconforte en songeant aux 10 DVD qu'elle ne regardera jamais mais qu'elle n'a acheté "que "30 euros sur Cprixcassé.
"- Ouf, mes points à dépenser étaient presque arrivés à la date limite. "
Stéphanie ce n’est pas le malheur, c'est le désarroi de l'opulence à crédit et la terreur permanente de perdre ce standing et les objets de sa dépendance. Son drame à elle, c'est d'avoir épousé le mâle et sa vision, d'avoir décroché trop jeune la totalité les addictives "libertés" soumises par le marché (consommation frénétique avec son aboutissement logique : l'enfant gadget, l'acquisition surfacturée de la propriété et le job peu passionnant, stressant et payé 20% de moins que monsieur) et, la trentaine venant, de devoir endurer ce sentiment inavouable qu'au fond cela ne remplit rien, que c'est une peine de prison dorée dont il reste de tant d'années à purger.
Il parait que l'homme s'habitue à tout, la femme le peut bien.
Il faudra qu'elle en parle par Heil-Phone à son amie imaginaire demain sur le chemin du turbin.
Suite au licenciement du chef produit et au congés pour dépression nerveuse de sa collègue, l’assistante commerciale de l’entreprise d'emballage dans la banlieue de Caen cumule désormais trois postes, devenant l’interlocutrice directe des centrales de grandes distributions dont les robots connectés au stocks en temps réel la bombardent toutes les demi-heures de faxes de commandes auxquels elle n’entrave rien.
STEPHANIE
"- Tu te rends compte. Je suis payée 1200 euros et je fais une somme de travail correspondant à 4200 euros de salaires !"
Seule à la machine à café à la pause de onze heures, Stéphanie est en pleurs sur son Heil-phone dernier cri.
STEPHANIE
"- Demain j’ai rendez-vous avec le patron. Les pieds sur le bureau, il va encore me retourner le cerveau. Il est trop fort. Je vais sortir de là avec zéro augmentation, un sourire et deux missions à faire en plus. J’en peux plus."
Connaît-elle seulement la définition des mots "lutte" et "classes" et la signification historique de l’association des deux ? Pas dit. A t-elle juste quelqu'un au bout du fil ? Nous ne pouvons l'affirmer.
Tout en messe basse, de peur qu'un des collègues de l'étage (les collaborateurs les plus résistants, un tiers ayant déjà été viré) ne l'entende et ne la dénonce, elle se confesse sans dépasser le forfait sur son malheur à taire.
Elle voudrait arrêter de travailler et de se débarrasser de cette pression. Mais que dirait Christophe, lui qui lui reproche déjà de pas être assez féminine, de ne pas accepter tous ses fantasmes sexuels et de moins bien cuisiner que sa mère ?
Au boulot, Stéphanie est pourtant en position de force. Les commandes passent par elle, elle connaît bien mieux que son patron l’ensemble des procédures et pourrait l’envoyer aux prud’hommes.
Mais non, ce serait salaud. Et puis, elle raterait l'augmentation (il parait qu'on a vu certains salariés en avoir). Pire, elle risquerait la porte. En ces temps de chômage à 10%, ça craint de se retrouver sans rien. Elle a vu des pauvres hier soir sur M6, ils lui ressemblaient vachement même que ça lui a fait peur.
Et puis, cela a été tranché en cellule conjugale. Les rares fois où il n'est pas entrain de péter son score sur la console de jeu, son Cri-cri le lui répète :
CRI CRI D'AMOUR
"- Moi je me casse à travailler le dimanche pour te payer ta Wii, alors fais des efforts s'il te plait ! Et puis, comment qu'on va faire pour finir de la payer la maison si t'es au chômage. T'y as pensé ? Non tu penses qu'à toi. Tu veux que je te dise t'es égoïste !"
Du temps où elle travaillait dans un grand groupe média à Paris, son premier job, Stéphanie vivait et respirait au diapason de l’enseigne dont elle ne manquait pas une occasion de rappeler le nom. Elle n’y était qu'opératrice de saisie mais bon, le nom de la boite et la salle de musculation au cinquième niveau, ça claquait dans la conversation. C'est même comme ça qu'elle a séduit son mari.
Aujourd'hui, ils ont la belle maison mais il fallu partir loin de toute civilisation pour cela et puis faut la rembourser. Le juge d'application des crédits est formel : 22 ans incompressibles. Stéphanie a prit le premier "job" qu'elle pouvait dans la région et s'y est accrochée parce que parait que c'est bien pour la liberté des femmes d'être exploitées. C'est sa belle-mère qui n'a jamais bossé qui le lui a dit.
"Paris, c'était le zénith de ma vie" avoue t-elle à l'Heil-phone en ramenant Matis dans le Picasso de la crèche après le boulot au fil des 32 kilomètres de route en lacets dans le brouillard la séparant du pavillon.
En accord avec sa feuille d'impôt, Christophe a décidé des horaires :
CRI CRI D'AMOUR
"- Tu déposes Matis à 8h01, tu vas le chercher à 17h59. Avec tout ce que ça nous coûte, on va pas leur faire cadeau d’une minute à ces feignants de la crèche."
Début de soirée. Isolée au milieu des champs brumeux, dans son salon froid décoré à la perfection sur fond de "Roue de la fortune", le cul posé sur la table basse laquée à deux mois de salaire, tout en lappant son yaourt Lideule, Stéphanie regarde la larme à l'oeil les cadres art-deco de son fastueux mariage avec Cri-Cri en relais château. C'était il y a quatre ans, une époque où l'on pouvait frimer, une éternité. Désormais Christophe lui envoie ses ordres par SMS :
"- Pas de deuxième enfant, ça coute trop cher !" "Et éteint le plasma quand tu le regardes pas, ça consomme trop d'électricité !"
Du coup quand la télé est allumée, elle se force à la regarder.
Sur l'écran le fric tombe tout seul au milieu des applaudissements des gens heureux. A cause de Super Nanny, Stéphanie culpabilise de mal élever Matis, "- D'ailleurs où est-il ? sur la wii probablement avec son père, je suis trop crevée pour leur faire la leçon et faut que je fasse à bouffer". La publicité pour une belle voiture fabriquée à deux continents d'ici qui rappelle à la trieuse de déchets que "la prime à la casse" faut en profiter cette année.
Accablée par son homme qui la traite comme un complément de revenu, usée jusqu'à la corde par sa direction qui la laisse patauger dans sa servile médiocrité à prix cassé, elle se réconforte en songeant aux 10 DVD qu'elle ne regardera jamais mais qu'elle n'a acheté "que "30 euros sur Cprixcassé.
"- Ouf, mes points à dépenser étaient presque arrivés à la date limite. "
Stéphanie ce n’est pas le malheur, c'est le désarroi de l'opulence à crédit et la terreur permanente de perdre ce standing et les objets de sa dépendance. Son drame à elle, c'est d'avoir épousé le mâle et sa vision, d'avoir décroché trop jeune la totalité les addictives "libertés" soumises par le marché (consommation frénétique avec son aboutissement logique : l'enfant gadget, l'acquisition surfacturée de la propriété et le job peu passionnant, stressant et payé 20% de moins que monsieur) et, la trentaine venant, de devoir endurer ce sentiment inavouable qu'au fond cela ne remplit rien, que c'est une peine de prison dorée dont il reste de tant d'années à purger.
Il parait que l'homme s'habitue à tout, la femme le peut bien.
Il faudra qu'elle en parle par Heil-Phone à son amie imaginaire demain sur le chemin du turbin.
27 comments:
"c'est d'avoir épouser"
épousé
Texte touchant.
@h16 > merci. C'est corrigé.
Hmm très bon article comme d'habitude, mais par contre celui de sarkofrance...
D'ailleurs je faisais remarquer à ma copine tout à l'heure que je trouvais étrange que les ultra féministes aient choisi le nom de "chienne de garde". Après tout c'est une expression de Nizan (les chiens de gardes) pour désigner les intellectuels qui défendaient le capitalisme en ne s’intéressant qu’aux grandes idées. Donc techniquement elles assument entièrement le fait d'être uniquement un pion du marché. Leur émancipation a été voulue car elles représentent un gros potentiel de consommation et en plus elles entretiennent la logique les femmes contre les hommes au lieu de revendiquer leur appartenance à une classe (j’ai été faire un tour sur leur site leur fanatisme fait un peu peur quand même).
@Tiboo > Tu sais, toute forme de fanatisme me fait peur :P
Stéphanie est ici un exemple, de cette catégorie que j'observe souvent mais dont on ne parle jamais lorsqu'est évoquée "la journée de la femme" : Celles qui se sont faites avoir par le discours dominant et qui n'osent pas la ramener.
On leur a vendu de l'émancipation, elles vivent le bagne.(Pas pour rien dans l'explosion du nombre de divorces d'ailleurs.)
Un des vecteurs importants dans "le féminisme" qui recouvre en fait des "féminismes", c'est qui te le vend (souvent des femmes à responsabilités ou à forts revenus) suivi de (et pourquoi ?). D'autant que l'embrouille s'est jouée en plusieurs générations. Les mères petites bourgeoises vivant au crochet de leurs maris thunés sur-vendant de l'émancipation à leurs filles aux réalités plus prolétaires.
Aujourd'hui les "Stéphanie" sont triplement perdantes mais n'ont pas le droit de le crier sur les toits.
1 / Elles travaillent (souvent dans contrats plus précaires que les hommes). Pour leurs mères c'était peut-être synonyme de liberté, pour elles c'est une obligation.
2 / Même s'il y a une féminisation "software" de la société, elles se tapent encore souvent la majorité des taches ménagères, le "hardware".
3 / Elles se prennent toutes les réprimandes dans la gueule : Pas assez bonne mères parce qu'elles travaillent trop, pas assez bonnes salariées parce qu'elles sont ou risquent d'être mères.
Cette réalité est bafouée par le discours dominant qui en fait les égales de l'homme, non pas en droit (il y a encore énormément d'inégalités dans divers domaines) mais bien en devoir (salariat, performance, compétition...).
Les femmes se font avoir dans tous les sens du terme depuis déjà longtemps. Rares sont celles qui osent l'admettre mais il y en a… (peu entendues d'ailleurs). Loin d’être stupides elles espèrent un avenir sous les meilleurs auspices, tout comme les hommes...
Niveau féminisme c'est sûr que des chefs d'entreprises et autres ministres femmes ça en jette. Mais c'est autant représentatif de la condition féminine que masculine...
Finalement Homme et Femme, même combat !
La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »
Ainsi s’ouvre l’ouvrage Propaganda, rédigé en 1928 par Edward Bernays, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’industrie des relations publiques aux États-Unis.
Prenons l’exemple des cigarettes : comment faire fumer les femmes, et ainsi doubler le chiffre d’affaires d’American Tobacco ? En organisant un coup d’éclat à la parade de Pâques à New York, au cours de laquelle un groupe de suffragettes s’allumera des cigarettes en public, expliquant aux médias qu’il s’agit de « flambeaux de la liberté », symbole de l’émancipation des femmes ! C’est en poussant ainsi sur les comportements sociaux, les mœurs, les perceptions collectives, que Bernays a obtenu des succès retentissants.
@Tiboo : Les chiennes de garde (avec quelques autres assoc' du même genre, Ni pute ni soumise, entre autre) représente le féminisme de droite, qui n'a en fait pas grand-chose de féministe sinon l'emballage. Et qui se présente même comme du progressisme. Bref, c'est le PS appliqué au féminisme.
Et effectivement, pour le coup, leur nom trahit bien leur véritable fonction.
@Kaos @ Tiboo :
Regardez l'émission "Ce soir ou jamais" du lundi 8 mars. Il y avait la présidente des chiennes de garde. Prestation ridicule. Vraiment. Ça sent la frustrée dans bien des sens, dont l'humour et le cul.
@Tassin : Je l'ai regardé hier soir, et je dois avouer que Florence Montreynaud (la fondatrice des chiennes de gardes) m'a énervé au plus au point. Comment peut-on porté de telles œillères? Être aussi borné ?
Dans un débat sur la liberté d'expression, elle n'a parlé que de la "lutte" des femmes, avec cette formule qui m'a transcendé : "le sexisme c'est le premier des racismes" Donc pour elle les hommes et les femmes ne sont pas de la même "races"?
B*rdel rien que d’en reparler ça m’énerve.
Débat en tout cas intéressant, Dieudonné contre le représentant de la Licra valait le coup d'œil.
Cela fait quelques mois que je suis les articles du blog de Seb sans oser les commenter. Ne voyant que des messieurs réagir, je me sens obligée d'apporter ma petite pierre à l'édifice. D'abord, merci Seb pour cet article qui dépeint le quotidien de bon nombre de femmes.
Sans vouloir jouer à la féministe de base, le nombre de séparations de couples, avec ou sans enfants, est aussi souvent lié au réveil des femmes qui se disent un jour, ma condition ne correspond pas à ce dont je rêvais ou encore à ce que je vaux ou suis. Il est dommage qu'il faille d'abord se sentir enfermée pour pouvoir réagir. Mes ces réactions sont individuelles et parfois les groupes féministes peuvent avoir du bon pour aborder de front certains problèmes et situations même si je n'adhère pas à leur virulence ou mauvaise foi.
@Tiboo : Oui, non, alors desfois elles disent pas que des conneries non plus. Si le sexisme est effectivement le premier des racismes, c'est pour des raisons assez simples mais rarement explicitées.
Le sexisme, comme le racisme, se base sur une différence biologique pour créer des catégories sociales séparées, qui seront nécessairement hiérarchisées, même si ça n'est pas aussi explicite qu'un système de caste.
Et si le sexisme vient en premier, c'est tout simplement parce les contacts entre hommes et femmes précèdent de très loin le contact avec les étrangers. Ca ne le rend pas plus ou moins grave, c'est juste historiquement défendable. Comme Engels le souligne, l'apparition de la propriété privée a consacré économiquement le mâle comme 'chef de famille' et a donc fait des femmes la première classe exploitée économiquement, c'est-à-dire que son travail (domestique, entre autres) lui est intégralement soustrait par le propriétaire (son mari). Complexification de la société aidant des tas de nouvelles classes sont formées pour ajouter à la complexité de l'exploitation générale, en particulier par l'esclavage, le servage et toutes formes de dépossession des masses...
Bref. C'est un peu technique et si ça trouve personne va me lire. Mais si on peut bien trouver des points de désaccord (certains ethnologues soulignent que l'apparition de l'esclavage des étrangers n'a pas toujours été incompatible avec une forme de propriété collective tribale, par exemple), reste que le sexisme et le racisme partage bien un mécanisme similaire : la différenciation SOCIALE (et la division du travail qui va avec) de catégories d'humains, sur des prétextes biologiques. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la formule de Montreynaud. Mais évidemment, raconter tout ça à la télé, c'est jamais facile...
Ah oui, et @ tassin : faut vraiment arrêter avec les féministes mal-baisées, c'est difficile de faire plus gros beauf qui croit dur comme fer que le destin d'une femme c'est de se faire mettre et qu'après, elle est vachement plus aimable, et elle arrête de faire chier. Et je suis gentil.
Autant j'ai trouvé ce papier très bien vu, et les quelques copines à qui je l'ai adressé aussi, autant un certain baratin sur l'inégalité homme/femme me gonfle.
Je ne crois pas dire des conneries en disant que l'inégalité salariale entre hommes et femmes concerne essentiellement les cadres. Qu'autrement dit, ce n'est jamais qu'un problème de bourgeois dans un monde de pauvres... Alors que la prolotte se fait exploiter au même titre que le prolo, alors que le smic net culmine à 1000€ qu’on soit homme ou femme, alors que l’entrepreneuse gagne ce que gagnerait à sa place un entrepreneur, c’est vrai, il existe une inégalité de salaire entre l’homme et la femme employés dans le tertiaire supérieur : soit grosso modo 5% de la société.
Personnellement, j’avoue me contrefoutre éperdument des petits problèmes d’ego des « privilégiés », quel que soit leur mérite. Même si je peux comprendre que nos bourgeois citadins, courroie de transmission idéologique du système, aient effectivement tendance à projeter leur condition sur le reste du monde. Commençons par fédérer l’homme pauvre et la femme pauvre contre leurs contremaîtres – dont les cadres, quel que soit leur sexe.
Quant à l’inégalité des conditions de travail domestique, je crois que seule la grande tarée Ségolène Royal, cette big mother abusive, peut sérieusement envisager de faire la police au sein des foyers. Il me semble que la question relève de la vie privée, non de l’arbitrage public. Du reste, j’ai le sentiment qu’il s’agit-là moins d’une affaire de classe que de génération. Issu d’un milieu plutôt aisé, et évoluant parmi des cadres et autres « CSP++ », je constate autour de moi que les garçons, comme il convient nécessairement dans un couple moderne – maman travaille et le personnel coûte trop cher… – mettent sans broncher la main à la pâte ; sans doute plus par souci d’efficacité que par souci de la justice, d’ailleurs.
Salut à tous, camarades !
@ Kaos : je suis ni gros ni beauf et ma femme n'a pas pour destin de se faire mettre (sauf par Sakozy mais on des millions dans ce cas).
Par contre l'ironie, la dérision, les sarcasmes j'aime bien les allier à de l'analyse critique.
@G : En fait tu te goures complètement, les fameux 20% de salaires en moins concerne tous les salaires (hors SMIC à temps égal), à quoi il faut ajouter que près de 80% des temps partiels et travaux les plus précaires concernent les femmes.
Et qu'au final elles ont près de 30% de retraite en moins (en moyenne hein), pour la simple raison qu'elles auront été moins payées, moins embauchées, plus précaires, en plus du simple fait (mécanique) qu'elles auront été moins capables de capitaliser.
Quand au travail domestique, si les hommes font effectivement dix minutes de mieux par semaine par rapport aux années 80, la différence reste de l'ordre du simple au triple vis-à-vis des femmes, spécialement des mères. Alors, non, effectivement, c'est pas la police qui résoudra quoi que ce soit en la matière, mais ce qui est certain, c'est qu'on est très très loin d'une quelconque égalité.
@ tassin : "Prestation ridicule. Vraiment. Ça sent la frustrée dans bien des sens, dont l'humour et le cul."
Je ne suis pas sûr de voir où se trouve la dérision, le sarcasme, l'ironie ou l'analyse critique...
@Kaos :
J’ai beau tourner et retourner dans tous les sens ton commentaire un peu trop agressif pour n’être pas péremptoire, je ne trouve guère de différence notoire quant au fond entre nos deux discours. Tu pointes les méfaits de l’exploitation comme racine fondamentale de toutes les formes d’aliénation : moi aussi. Quant à savoir si nous sommes inégaux jusque devant l’injustice… je me méfie pour ma part du sociologisme, jamais impartial et toujours diviseur, et me contente du bon vieux slogan « Prolétaires, unissez-vous », à mon avis le plus efficacement fédérateur de tous. Mon ami le grand philosophe marxiste feu Michel Clouscard disait : « Pour le bourgeois le père est un rival, pour le prolétaire c’est un camarade. »
Car on peut faire dire à peu près tout et son contraire à la sociologie « sociologisante », tant s’y agglutinent de tendances partielles plus ou moins conscientes et interférant forcément avec notre perception de nous-mêmes comme avec le discours chargé de synthétiser ce magma de psychés qu’est l’univers social. C’est moins le cas avec l’intraitable manichéisme de l’économie, aux déterminations objectives et partant réversibles. Même le pape Jean-Paul 2 (!) admettait cette évidence : « le monde n’est pas partagé entre les bons et les mauvais mais entre les riches et les pauvres ».
Rien là que tu ne saches déjà, si je t’ai bien lu.
Quant à ta conclusion, en forme de verdict judiciaire, sur le mode de vie des ménages : désolé mais en bon marxiste je refuse catégoriquement de confondre le social et le sociétal, et je dirais comme Montesquieu qu’il est vain – et dangereux – de tâcher de changer par des lois ce qui ne peut l’être que dans les mœurs.
Alors je persiste et signe : l’honnête homme contemporain est certainement moins macho – sinon moins viril : ce n’est sûrement pas sans rapport…– que son père ; réalité me semble-t-il découlant d’un subtil ensemble de causes aussi manifestement disparates que la tertiarisation du travail et le néo-matriarcat ambiant. Et, encore une fois, s’il ne goûte pas plus que sa femme d’avoir à torcher les gosses et passer l’aspirateur, l’honnête homme contemporain s’adapte, se « modernise » et fait bon gré mal gré de nécessité loi. Et quand bien même il ne le ferait pas toujours, ce n’est pas à toi de le lui reprocher, mais à l’intéressée si elle en éprouve le besoin – ce qui, le croiras-tu, n’est pas toujours le cas… Je connais des « femmes soumises » et heureuses et des « femmes insoumises » et malheureuses (mais je connais peu d’hommes au foyer épanouis, Tony Michelli de Madame est servi excepté.) Cela te choque peut-être, mais c’est bien de la sorte que se sont nouées les relations entre les genres.
Cordialement camarade !
Tu m'as effectivement bien lu à part le 'verdict judiciaire', puisque je dis précisément que la police n'y changera rien. Bref on est d'accord la-dessus.
M'est avis que t'es un peu optimiste sur l'état des lieux en matière d'égalité, probablement parce que ton entourage est progressiste, donc effectivement en avance sur ce sujet.
Par contre, s'opposer aux féminisme sous prétexte de lutter contre la division de la classe prolétaire, c'est commettre un non-sens assez grave, que le PCF entonnait régulièrement dans les années 70 d'ailleurs. Le peuple ne peut pas s'émanciper sans prendre en compte précisément la situation des femmes, comme de n'importe quelle autre de ses parties (le citoyen universel n'existe pas et ne relève pas du matérialisme mais de l'idéalisme).
Et non, le politique ne s'arrête pas sur le perron du domicile.
Quand aux "femmes soumises heureuses", on ne justifie pas l'esclavage parce que certains y sont heureux, je crois. Non pas qu'il faille arrêter de produire du coton ou de faire la bouffe, mais les rapports de domination qui traversent la production ne peuvent pas être balayé sous prétexte que le patron est sympa.
"On verra alors que l'affranchissement de la femme a pour
condition première la rentrée de tout le sexe féminin dans l'industrie publique et que cette
condition exige à son tour la suppression de la famille conjugale en tant qu'unité économique
de la société"
"Les moyens de production passant à la propriété commune, la famille conjugale
cesse d'être l'unité économique de la société. L'économie domestique privée se transforme en
une industrie sociale. L'entretien et l'éducation des enfants deviennent une affaire publique"
Engels, L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat
Le féminisme, avant d'être trahi par les mouvements ouvriers masculins, qui n'ont visiblement pas lu leurs classiques, ne pensait autrement.
@ Kaos : Merci pour ton explication très intelligente mais tu pars trop loin par rapport au sens de la citation.
L’historien Benjamin Isaac explique qu'on peut qualifier de raciste « toute pensée qui attribue collectivement à un peuple ou à un groupe humain les mêmes traits de caractère et de comportement, transmis de génération en génération sans possibilité d'y échapper par un choix individuel »
Donc sexisme et racisme n'ont rien à voir car peu de personne (en France) pensent que les femmes sont moins intelligentes ou autres.
Comme dirait un ami black, la phrase "le sexisme est le premier des racismes" rentre dans la revendication de qui reçoit le plus de coup de fouet (couleurs, religions, sexualités, femmes)
Et si le sexisme est le premier des racismes quel est le dernier?
Cette phrase est stupide et résume à elle même l'ultraféminisme.
Hop, pardon pour le cafouillage
@ Tiboo :
" Comme dirait un ami black, la phrase "le sexisme est le premier des racismes" rentre dans la revendication de qui reçoit le plus de coup de fouet (couleurs, religions, sexualités, femmes) "
Vraiment, pas du tout. " premier " est à prendre dans le sens chronologique, rien de plus. D'ailleurs, le sexisme n'est pas que le premier des racismes, il est également la première division en classe (au sens marxiste) de l'humanité. C'est là que c'est plus intéressant. La division sociale des tâches autour de la maternité (soit l'asservissemnt des femmes à la nécessité d'engendrer beaucoup et d'élever les nourrissons) n'est fait qu'au bénéfice du chef de famille qui a des bras pour ses champs, et des héritiers pour perpétuer sa propriété privée. Bref, c'est la famille patriarcale, base des premiers féodalismes (qui concernent d'abord les pères de familles entre eux, évidemment).
Mais bref, je vais pas repartir la-dedans. Ce qui compte, c'est que la phrase veut dire que ces luttes ne peuvent pas aller séparément. Elle veut dire qu'on ne peut pas résoudre le racisme sans résoudre le sexisme, et réciproquement (ni sans le socialisme d'ailleurs). Que c'est un seul problème : celui de la division de la société en classes, et dans ce cas, en classes 'biologisées'. Evidemment, comme chaque racisme a ses spécificités historiques, le sexisme également, et il faut en tenir compte. Mais en aucun cas ça ne signifie que les femmes ont 'plus souffert', ce qui n'aurait pas de sens, puisque le féminisme vise l'émancipation, et pas le martyr.
Nous n'avons donc pas la même définition du racisme.
Je redis :" L’historien Benjamin Isaac explique qu'on peut qualifier de raciste « toute pensée qui attribue collectivement à un peuple ou à un groupe humain les mêmes traits de caractère et de comportement, transmis de génération en génération sans possibilité d'y échapper par un choix individuel » "
Le racisme n'a rien à voir avec les rapports de productions.
Effectivement nous n'avons pas al même définition. Mais rapport de production, ça s'étend à tout, c'est la société en général. Tout ce qui est humain est produit.
Pour mioi, concevoir le racisme et sexisme comme un problème de subjectivité, c'est passer à côté du problème. Les rapports sociaux raciste, sexiste ou de classe sont objectifs. Construits par l'histoire, mais objectifs et indépendants du fait de dénigrer ou pas une 'minorité'.
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