3 janvier 2009

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M6 : Pour un peuple presque parfait

Précisons d'abord qu'elle n'est pas spécifiquement française. En Angleterre par exemple, on l'appelle génération Channel 4.

En France, ses fidèles ont entre 14 et 35 ans et ce point commun de n'avoir aucun souvenir d'une France sans M6. La nature des programmes de cette chaîne, son introduction du concept d'évaluation puis d'élimination des individus par leurs semblables, son recours au coaching comportemental approfondi reculant sans cesse les limites de la vie privée ou sociale, ses prescriptions d'achat aux apparences anodines qui font de ces shows des publi-reportages, son humour socialement inoffensif, la ligne éditoriale de ses magazines d'enquête précédant ou accompagnant les réformes du gouvernement, son survol distancié de l'information, ont modelé une génération :

La génération M6.

Reprenant le flambeau de la France déclinante de la première compagnie qui, vivant sur ses gloires passées sans se renouveler, s’éteint peu à peu, cette petite génération qui monte et qui a fait de la chaîne alternative sa favorite est La France de demain.

Pour plus d’information sur les programmes de la chaîne incriminée je vous renvoie à cette vidéo et, parce que l’on jamais mieux servi que par eux-mêmes, au site
M6Replay.fr qui diffuse jusqu’au 7 janvier le show "ces émissions que nous n’oublierons jamais" (dont une sur deux provient de la grille d’M6).



Mais, revenons à nos moutons.
On repère la génération M6 lorsqu’elle sort de sa tanière cocoonisée à la saison des achats (fêtes et soldes et en règle générale dès le vendredi soir à 17h) pour arpenter les rayons illuminés à son intention, dans l'attente qu’on lui libère son dimanche chômé, intolérable atteinte à son pouvoir d’acheter.

La génération M6 va souvent par deux, en petits couples assortis (- parce qu’à deux ça fait moins d’impôts à payer). Malgré sa passion pour le bouddhisme, les bougies parfumées ou le karaoké, elle rationalise son rapport au monde selon des critères financiers. Avec elle, tout est pognon. La génération M6 a une calculette en lieu et place du cerveau.

Toujours partante pour courir là où on lui suggère de marcher, prête à supplier là où on l’invite à ramper, son champ d’analyse sociale part de ma droite (elle est ainsi, à l’image de ses grands aînés très réceptive aux discours publicitaires d’hommes providentiels promettant plus d’argent en échange de plus d’efforts) pour s’étendre jusqu’au plus à gauche possible pour elle (c’est à dire encore bien à ma droite) au travers du sentiment d’injustice qui la déchire à l’idée de ne pas avoir un écran plasma aussi bien que celui de Dany Boon vu dans le M6 Déco spécial intérieurs de stars.

Sa vie est une course d’un centre commercial à l’autre pour l’obtention, à prix soldé, des gadgets recommandés par sa chaîne privilégiée. Du nord au sud, on reconnaît les intérieurs de ses pavillons qui se reproduisent à l’unisson coloré des préceptes de ses mentors télévisés de la déco mégalo. Dans ses salons carrelés s’entassent, avec la frénésie d’agencement de ceux qui ont peur de ne plus posséder, des meubles offrant la triple qualité d’être massifs, moches et dépareillés. Elle est provinciale ou banlieusarde. V
ia un habile marketing des annonceurs, et la répétition annuelle des Capital spécial bonnes affaires de l'immobilier, elle s'est auto-bannie des centres villes afin de trouver plus grand et plus dans son budget, en vingt-cinquième périphérie.

C'est que, question maison, la génération M6 abhorre la location. Peu importe ses revenus, posséder un toit n’est pas une ambition : C’est une obligation. Comment faire autrement lorsque pendant les 10 dernières années on a entendu comme seuls sons de cloche les reportages orientés d’M6 d’un côté et de l’autre, l’écho continu des ego repus des parents proprios ? Quand elle possède un bien immobilier, quelconque et sur payé, c’est comme pour son canapé, vite elle s’en lasse. Il lui faut plus grand et plus classe.

En pleine crise existentielle pour cause d’existence de crise, la génération M6 consacre encore ses forces à se cogner sans peur du ridicule dans le mur de ses contradictions, tiraillée entre l’idéal télévisé de l’épanouissement personnel et la logique comptable de ceux qui lui vendent cette réussite balisée d’objets à se procurer et de concepts à adopter.

S’intéressant peu à la vie au-delà du consommable, elle s'interroge rarement sur les motivations et les conséquences de ses actes dont elle paye, au propre et au figuré, régulièrement les frais.

Son opulence à débit différé est pourtant souvent remise en cause à la fin du mois par des imprévus de type appel de fonds pour les charges de l'immeuble ou nouvelle option sur le forfait 3G-UMTS-Bluetouze (pour appeler maman qui habite à deux maisons de là) qui plantera de 500 euros son budget de représentation établi à 140% de ce qu’elle gagne en salaire.

Rentrant dans la vie active par la dette, à pas 30 ans elle n’a déjà plus aucune soupape de sécurité et prend toute déconvenue financière de plein fouet. D’où ce sentiment de colère qui monte en elle depuis les non-résultats sur le terrain de l’élection présidentielle de son miracle américain. Que ce soit pour sa maison ou ses revenus, elle se persuadait que le nouveau président lui garantirait du +15% à l’année. Enfin, c’est ce qu’elle avait compris du Zone Interdite spécial ces pays qui ont tout compris et qui ont su se réformer diffusé quelque part au cœur de la déprime de 2006, amuse-gueule aspartamé de celle qui l’attend en 2009.
Sur le terrain pavillonnaire, la génération M6 est une confrérie tacite dont l’adoubement repose sur des codes vestimentaires, ludiques et télévisuels très précis. Elle se conjugue intérieurement à la première personne du singulier. Le nous revendicatif sonne comme un blasphème à ses oreilles. La transcendance spirituelle ne l’intéresse pas plus. Ses seules communions sont de pixels. L'unique réel sur lequel elle veut avoir prise est celui de sa chaîne via des SMS surtaxés pour éli
miner ses semblables qui ont voulu tenter de briller à la télé (son rêve secret). Pour elle, la reconnaissance n’est pas la conséquence d’un travail, c’est le but de tout crétin chantant sous sa douche ou devant Rock Band, jeu vidéo qui, comme tous ceux simulant à la fois notoriété et maîtrise factice d’un apprentissage représentant des décennies de labeur, marche très fort dans ses rangs.
De par son âge, son état de salariée pressée jusqu’au trognon et ses montagnes de crédits, la génération M6 est déjà la grande perdante de 2009. Arriviste se pensant déjà arrivée (si l’on considère qu’un salon à 6000 euros payable en 15 fois sans frais est une étape essentielle dans la vie d'un homme) elle ignore qu’elle se trouve au début son long parcours sacrificiel. Au fond, cela la gêne peu et puis elle a son arme contre la déprime : Les petits plaisirs. Elle n’a pas besoin qu’on lui répète 10 fois la publicité : De son propre aveu, elle craque énormément. Et puis, la vie c’est comme la real-tivi : Pas de réussite sans humiliation. Pas d’émancipation sans asservissement. Oui, la génération M6 est un peu con.

Rentrée dans le monde de l'entreprise par la porte initiatique du stage sous-payé, bercée par les discours angéliques de ses parents, outr
ée par ses grands frères (c’est moi ça) qui peuvent perdre leurs journées à ne pas être productifs pour d’autres, la génération M6 gobe tout cru ce qu’on lui dit et se montre très travailleuse. Elle n’hésite pas à cumuler les boulots, son job au bureau et le soir la garde rémunérée des enfants des autres. Et ce, quitte à engager une baby-sitter pour garder les siens. Dans l’optique de l’accès à sa bourgeoisie fantasmée, le travail c’est sacré. C’est son nouveau président qui lui a dit. C’est pour cela qu’en 2007, pour la première fois elle s'est bougée jusqu'au bureau de vote, sans conviction propre, juste parce que c’était vu à la télé ou entendu dans les conversations de ses parents.

Dans les couples de la génération M6, elle et lui travaillent (- Bah tu comprends financièrement, c’est impossible autrement). Lui turbine parce qu’il veut la nouvelle Xbox, elle, parce que c’est le progrès et qu’elle veut que son mec ait sa nouvelle Xbox sinon ce serait pas un mec, pas un vrai, en tous les cas pas un comme celui de ses copines. Quand la génération M6 parle de son boulot, c’est souvent pour s’en plaindre sans pour autant le remettre en question. Le travail est une peine de prison tolérée pour surnager à la surface de sa condition. Déclassé du monde du travail, reclassée domestique au ras d’une way-of-life qui n'a d'américaine que l'étau du crédit, enfermée volontaire dans sa cellule aux barreaux
de pacotilles à renouveler régulièrement, elle ne s'autorise aucun dérapage de son quotidien d’esclave sinon ce serait le krach bancaire. Et puis le travail, ça occupe !

- Hein love, qu’est-ce qu’on ferait de tout ce temps libre ?


Ne dialoguant pas sur la substance, imperméable au discernement, esquivant l’effort intellectuel, la génération M6 somatise énormément. Bien qu’elle se plaigne de la dette causée par les services publics de santé, on la retrouve régulièrement (comme ses parents) en consultation dans les cabinets médicaux ou aux urgences des hôpitaux dès que son nez coule (c’est à dire deux fois par mois) à la quête semi-honteuse de cet arrêt maladie qui lui permettrait de passer ses après-midi chez elle à mater Delarue sur le Plasma en bouffant des chipsters. Toujours là pour éponger les queues de tendances, elle attrape tout ce qui traîne, virus et autres gastro-entérites à diarrhées carabinées dont elle fait connaitre à son entourage, fréquence et consistance, avec force SMS (- Mais après 20h parce que tu comprends, entre 20 et 21 heures c’est illimité les textos sur mon forfait optimum-totale-liberté).

De formation souvent commerciale, visant des métiers aux intitulés abscons dont les fonctions lui sont ardues à définir mais que l’on peut souvent résumer à comment vais-je plumer mon connard d’interlocuteur pour me faire bien voir auprès de mon chef que je méprise
? elle est ouvertement inculte et le revendique via une sous-culture à base de références audiovisuelles de moins de 6 mois. Attention, si vous habitez dans une zone où elle est majoritaire, ne laissez pas filtrer que vous ne possédez pas de télévision ou que votre poste est encore cathodique, on ne peut présager de réactions qui pourraient être violentes. L'exclusion du camp de consommation pourrait être prononcée et vous seriez l’objet des quolibets de sa marmaille, encore plus matérialiste.

Comme ses modèles, les riches et les célèbres, la génération M6 se mélange peu avec les autres classes. La vie du riche lui est inaccessible autrement que par les produits qui simulent la fortune. Quant au monde des pauvres, c’est son repoussoir ultime. En temps de crise, ça l’incite à encore plus travailler, et pour moins payé s’il le faut.

Le revenu net mensuel est un facteur déterminant dans toute relation sentimentale durable entre deux individus de la génération M6. Les exigences financières sont draconiennes : Faut au moins que l’être aimé gagne 1300 euros mensuel sinon ce n’est pas la peine de venir roucouler sous sa marquise Leroy-Malin (c'est très M6). Intraitable loi à l’image de celles des parcs d’attraction où elle se rend en pèlerinage deux fois par an : En dessous d’une certaine taille, pas d'accès au tourbillon hédoniste des jouissances Made-in-China.

Fonctionnant sur le mode binaire, les illusions taillées au sécateur par les raccourcis d'une chaîne qui ne tolère pas l’erreur (le mauve c’est bien, faut trier ses déchets, manger des fruits et pas violer ses enfants), il m’est arrivé de partager certaines de ces soirées festives (en réponse à l’ennui, tout chez elle est prétexte à fête) et d’accéder à un niveau de vide rarement côtoyé ailleurs que dans les films de Luc Besson. Dans ces moments d’extrême solitude, j’ai touché le néant et je peux l’affirmer : Il n’y a pas de vie après la mort cérébrale. Dans ce genre de parties plates où le lisse s’étale par barils de connivences, pas une idée, pas un concept, pas même une opinion sur laquelle je puisse m'énerver. Pas d’humour non plus, enfin autrement que par un festival de citations à l’intonation exacte, des dialogues de Christian Clavier dans les comédies "cultes" du Splendid ou des spectacles de ses comiques favoris, ceux qui au nom d'une promotion garantie sans dérapages, ont expurgé de leur champ du drôle toute référence contestataire, sociale et politique.

J'arrête ici ma description non-exhaustive de cette force anti-révolutionnaire tapie dans la lumière vario-climatisée de ses espaces de vie parfumés à la cannelle et au citron vert, tant il y aurait sujet à chapitres et il faut que je m'en garde pour un prochain ouvrage.
Pour conclure provisoirement, si l’on doit résumer à un seul le critère de reconnaissance d’appartenance à la génération M6, ce sera le conformisme. Insensible à l'injustice, sans véhémence contre sa classe dirigeante, bien au contraire, résolue au marché et comptant ses coupons de réductions, elle est la preuve en chair et neurones que la vieillesse n’attend pas le nombre des années.
- La révolution ? Hein ? Pas jeudi, y a "Nouvelle star".

59 comments:

Anonyme a dit…

Trés fort cet article, je jubile et retire ce que j'avais dis, à savoir; "que tu devais arrêter de regarder la télé" car si c'est pour la descendre a ce point c'est très productif finalement. Merci je connais quelques sites qui seraient heureux de publier ton article si ça t'intéresse ?

DOAN DuyHai a dit…

Article intéressant dans son ensemble. Ca dénonce plein de maux de cette société de consommation. Néanmoins je n'aime pas trop cette manière de généraliser systématiquement à partir d'exemples particuliers. Par exemple lorsque l'auteur dit que cette génération M6 base ses relations sentimentales sur le fric, c'est un peu gonflé. Même si l'on trouve des couples comme ça, on ne peut évidemment pas en faire une généralisation grossière à tout le monde....

Marco a dit…

Vision Orwellienne qui a au moins le mérite d'ouvrir des portes.C'est un peu plus difficile que de les repeindre.

CoachDom a dit…

Merci Seb !!!

Enfin je vois de la lumière autour de moi et je ne suis pas si seul.

Merci encore.

Anonyme a dit…

Salut,

Je comprends mieux maintenant pourquoi je ne regarde pas M6... J'attends avec impatience ton analyse de l'émission sur Carla diffusée sur france 2 le 1er janvier vers 23h00 (chaine du service public déjà aux bottes du régime actuel) : merveilleux mais malheureusement m'a conforté dans le choix de ne pas acheter son album. Heureusement qu'elle ne fera pas de concert....

Courage il y a plus d'une heure de propagande mais cerise sur la gateau tu verras carla et sarko faire une petit bisous prude d'amoureux de trente ans.

Franck a dit…

vache, ça commence très fort ce début d'année !!

Déjà, bonne année, hein

Ensuite, j'avoue que pour avoir passé le 1er chez des amis j'entrevois la réalité du texte. Perso, je ne regarde pas la télé, je n'en ai même pas, mais eux, si.
Allumée dès le matin, au réveil, ça m'a fait un choc mais après quelques minutes (tout les jours), on commence a "regarder" la télé (au lieu de la voir et d'engranger les bonnes paroles).. Et c'est là que les avis divergent ! je n'y voyais que de la merde, eux, y voyait conseils
le summum pour moi, ça a été la "météo de Gulli" où j'ai vu (et halluciné) le "conseil d'habillement" pour les mioches.
C'est là que j'me suis dit : eh bah, c'est franchement pas gagné, le mur n'est plus très loin.

Apres, j'ai eu le droit au florilèges de serie sur Virgin, etc

Et enfin.. M6
tellement de conneries que je serais incapable d'en citer qu'une seule. C'est effectivement un flot continue sans pause de tout un tas de "trucs" parsemés de pub (ça a beaucoup changé, les pubs, depuis quelques années) qui sont vides de sens : pas de fond que de la forme (et comme précisé dans l'article de S.Musset : la forme à avoir pour être accepté).

Dans un sens, j'ai apprecié l'expérience, ça me conforte (aaaaah l'ego) dans l'idée de ne pas avoir de télé, parce que j'en ai vu les dégats sur un ami d'enfance (ça façon de penser et de le dire est maintenant proche d'un poême récité par coeur)

Donc, tres sympathique article que j'ai compris cette fois, en regardant la télé, car je pensais pas que c'était à ce point vrai et à peine déformé (vraiment "à peine")

Franck

Seb Musset a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Seb Musset a dit…

a Weas et Duyhai > Prenez-ça comme des devoirs de vacances ;) Les exemples cités ne sont malheureusement pas tirés de mon imagination. Une fois de plus, ce ne sont pas les programmes qui m'interpellent (même si ça me pousse à écrire je ne suis pas maso au point de m'en taper plus 2 par trimestre) mais les effets de ces programmes sur l'audience 16-35 à une échelle qui m'apparait, sans généraliser, quand même bien massive.

Quant à l'absence de télé, il m'est arrivé une expérience troublante chez un couple se vantant de ne pas avoir la télévision et qui pourtant venait de se confectionner un salon total "M6" style. Comme quoi la contamination déborde les ondes.

Anonyme a dit…

Implacable!

Heliodora a dit…

"Quant à l'absence de télé, il m'est arrivé une expérience troublante chez un couple se vantant de ne pas avoir la télévision et qui pourtant venait de se confectionner un salon total "M6" style. Comme quoi la contamination déborde les ondes."

Tout à fait exact. J'ajoute que cette description s'applique à peu près parfaitement à mes parents, nés à la fin des années 40. Comme quoi cela n'est pas non plus réservé à une génération précise.

A vrai dire le culte de la propriété, des honneurs (la reconnaissance dont vous parlez) et de la richesse matérielle, ne date pas de 1987, date de création d'M6, mais remonte à la plus haute antiquité.

On aurait pu croire que l'accès facile à la littérature et à la philosophie, dû au fait que la majorité de la population sait lire et peut s'acheter un livre de poche, aurait affaibli ces maux.

S'il n'y avait eu précisément la télévision, et son batard perfectionné qu'est internet, pour remplacer l'appétit de comprendre par des divertissements toujours nouveaux, toujours plus colorés.

C'est que les passions sont plus puissantes que la raison, qui, elle, demande de véritables efforts pour se développer, contrairement au travail salarié que l'on veut faire passer partout pour un effort nécessaire, et qui n'est qu'une passivité de l'esprit et des corps.

Aka 75 a dit…

Comme à priori, Luc Besson est le fond d'écran permanent des plasmas à crédit de la génération M6, voici un petit film expliquant le phénomène de cet apôtre de la contre-culture à la française.

http://mange-ta-soupe.over-blog.com/article-26325892.html

Malheureusement, avec des émissions comme "le diner presque parfait" pour s'étrangler, M6 débarque dans la tranche 45-55 ans.

Anonyme a dit…

"il m'est arrivé une expérience troublante chez un couple se vantant de ne pas avoir la télévision"

=> Internet!!!
On trouve la même chose, les mêmes instructions pour être dans le way of life conforme, celui qui ne fout pas la honte devant les amis. Sur internet on a juste plus l'impression de choisir soi-même.

Quoiqu'il en soit, maintenant je me sens moins seule à penser que certains abusent vraiment de facilité intellectuelle, trop d'efforts de résister...!

Aka 75 a dit…

Maman célibataire cherche homme pour exhibition devant caméra

http://mange-ta-soupe.over-blog.com/article-22023690.html

Anonyme a dit…

Absolument génial ! J'ai moi même l'occasion de contempler la Génération M6 via de fidèles représentant(e)s de cette caste, et le portrait établi est extrêmement fidèle à la réalité, sans même exagérer, et même parfois un peu trop gentil.
M6 et son émanation W9 sont effectivement des chaînes que j'évite au maximum, mais il y en a d'autres. Je ne pensais quand même pas que TF1 soit battue un jour.
Quant au dogme de la propriété obligatoire, n'oublions pas chers amis, que posséder sa maison, permet de gonfler certes, son ego, mais demande au fameux propriétaire d'aller bosser en fermant sa gueule pour continuer à profiter de ses 4 murs, mais en plus, en cas de coup dur, il deviendra parfaitement solvable pour la banque de France, qui verra dans la vente de la maison M6, une merveilleuse opportunité de sortir l'abruti de proprio de son plan de surendettement.
Et je ne parle même pas des maison à 15€ par mois, qui demande d'abord, pendant 20 ans de rembourser la maison, et, à la fin du crédit, de rembourser le terrain. Mais en cas de coup dur pendant le remboursement du terrain... tu fais quoi de la maison ??? Nous vivons une époque formidable. Vraiment.

Anonyme a dit…

Certaines généralisation sont abusives mais l'effet d'ensemble du billet est juste.
Le pire pour notre pays (et d'autre!), c'est que les personnes qui composent la "Génération M6" ont des enfants...

Anonyme a dit…

Je viens de découvrir cet article par hasard (désolé) et je dois dire qu'il est particulièrement savoureux et malheureusement réaliste. Je le rapproche d'un article lu il y a quelques mois sur internet (je n'ai plus l'adresse, hélas) à propos de la ruée pavillonnaire en proche banlieue (c'était avant l'an 0 de la crise des subprimes). L'auteur y décrivait ces maisons-clones dont les intérieurs étaient décorés de façon similaire, à coup de meubles et bibelots "vus à la télé" dans ces fameuses émissions de décoration. Je trouve que d'une certaine façon, M6 a une aussi grande influence sur la société que la bétonnière TF1 qui elle, fait plutôt du lobbying en direction des élus. M6 fait du lobbying en direction de "la France d'en bas" (pour citer l'immense Raffarin) en dictant ses conseils en matière de - mauvais - goûts et en poussant ses téléspectateurs à consommer, donc s'endetter et par conséquent travailler... sans protester. Cette vision orwellienne et quasiment totalitaire (je m'emporte un peu là) fait froid dans le dos car comme vous le dites, il s'agit de la France de demain. Sarko a donc (peut-être) de beaux jours devant lui. Merci encore pour ce salutaire article. Dan

Anonyme a dit…

Bien vu et bien envoyé - génération M6 ou génération sarkozy, ou le dernier portrait du moment de l'éternelle petite bourgeoisie, qui (comme le note un comm' plus haut) est celle qui croit au travail et souhaite avant tout "tenir son rang".

On croise tous les jours des "consommateurs malins", trop contents quand on les sollicite, (ou encore plus si on ne leur demande rien) pour comparer un gadget ou n'importe quel abonnement à n'importe quoi, les memes qui seront les premiers à se faire enc... si jamais la réalité (chomage ou grosse déprime) reprend le dessus.

Evidemment c'est un peu méprisant, mais c paske t pas un mec tranquilleuh, toi, tu te prends trop la tête ! Lache toi un peu cong!

Anonyme a dit…

Rien de nouveau sous le soleil:
"les choses" ecrit par georges perec en 1967 relatait exactement la même fascination pour la société de consommation; il n'existe pas plus de génération m6 que de génération 68 ou de bobos; c'est l'état actuel de la société, dont la télé n'est qu'un mirroir plus ou moins grimaçant. Sortez, allez voir ce qui ce passe dans la vraie vie, des gens se bagarrent et luttent autour de vous et ne se prennent pas pour le nombril d'on ne sait quel monde. Et eteignez vos postes de télé...

Anonyme a dit…

A quand l'analyse d'une émission d'Arte?

dapoya a dit…

ajoutons un peu de pathos à ton désenchantement : relisons J.G.Ballard

coco_des_bois a dit…

Un autre trait commun de cette génération, c'est peut être implicite dans ta description, mais c'est à mon avis le lien social.
Pour cotoyer ce genre de pseudo cadres plus ou moins sup' dans des grandes entreprises où l'essentiel du taf consiste à prendre des pauses café, j'ai noté que la télé (M6 en particulier ? je n'ai pas fait cette distinction) est le lien social. L'émission de télé c'est le sujet, n'importe lequel, le spectre est large et on peut ainsi débattre de tout et surtout de rien.
La pause café, qui se prolonge par mail ou MSN, on y cause télé, on s'offusque de la baisse du pouvoir de chat, et on honni bien fort ces collégiens et lycéens qui sont vraiment des faignasses à faire que manifester...

Comme tu le dis excellemment, la génération m6 est "arrivée", on ne sait pas où, mais elle y est, vieille, renfermée, timidement ségoléniste par principe, se délectant de Metro ou autre gratuit pourri. Mais à y réfléchier, comme dit anonyme, c'est un peu une constante dans notre société, sauf que désormais on devient très vieux beaucoup plus jeune, et ça c'est peut être nouveau...

Anonyme a dit…

"le système des objets " Jean Baudrillard

Bravo pour cette mise a jour.

Anonyme a dit…

Excellent !
J 'aime beaucoup vos billets et vidéos, que j'essaie de faire connaître à mes amis .

Maître Corbel a dit…

Et bien, et bien!

Tout d'abord, je vais féliciter la plume de l'auteur. Parce qu'à notre époque de la "zap-attitiouude" et du franglish (dont je me sers aussi, ne prétendons pas être différends de ce que nous sommes), un texte aussi long que mon bras (j'ai vérifié, c'est con hein?!) j'en ai rarement lu. Puis surtout pour l'argumentation (que l'on soit d'accord, plus ou moins d'accord ou pas du tout) pertinente ou - tout du moins - faisant preuve d'une réelle réflexion. Et enfin, petit détail, pour l'identification de l'auteur de l'article. Je suis étudiant en bibliothéconomie et pouvoir mettre un visage sur un texte est déjà, si pas un gage de sérieux (reste à se renseigner), un gage de sincérité.
Ca, c'était pour mon premier commentaire ici (comme ça c'est dit).

Maintenant, parlons de l'article en lui même.

Premièrement (et ça j'aime), il est fait mention de l'existence du sujet en dehors des frontières françaises. Bon point selon moi (je suis belge). Mais mon lieu de vie (qui ne vous intéresse pas précisément aussi appelons-le Nowhere - dit avec l'accent francophone) ou alors la chance ou encore ma personnalité me font penser que ce texte généralise peut être un peu trop.

Car en le lisant, j'ai la nette impression qu'il traite d'une majorité de la population française. Or, nous serons d'accord pour le dire, entre la France et la Belgique francophone il n'y a pas un océan de distance. Donc, bien que nous ne captions pas M6 (mais croyez bien que nous avons un équivalent grâce à MTV, PlugTV et que nous captons quand même certaines chaînes françaises) le réalité décrite ne devrait pas être trop différente de celle que je vis.
Et pourtant si.
Je loue une chambre d'étudiant (grâce à l'argent de papa, rendons lui hommage) à Nowhere (donc) dans un bâtiment que je partage avec 5 autres étudiants (tranche d'âge citée). Certe ce n'est pas très représentatif d'une population mais j'étendrai après.
Or donc, qu'avons nous là? Une jeune étudiante en tourisme adepte de "sciences alternatives," des voyages en Afrique, de philosophies orientales et de musiques du monde (bien différentes des standards télévisuels); Un futur éducateur spécialisé dans l'aide aux personnes toxicomanes adepte de la franchise ou du silence (quand cela risque de blesser inutilement); un étudiant en informatique capable de passer des heures (véridique, chrono en main) à parcourir le web à la recherche de la dernière-chanson-d'un-groupe-expérimental-qui-répète-dans une cabane-au-fond-d'un-bois; une historienne potentielle (on espère pour elle) qui collerait à ce profil si elle ne s'échinait pas à meubler sa chambre selon les canons du 18ème siècle; et, enfin (ouf - on respire presque), un ingénieur en devenir dont la chambre ressemble à une cellule monacale.

Certe, tous correspondent à certains critères propres à les faire rentrer dans la fameuse "génération M6."
Effectivement l'individualisme fait son petit bonhomme de chemin. Mais est-ce vraiment un mal lorsqu'il s'agit d'un état d'esprit qui affirme son droit à être sans pour autant nier son appartenance à un corps social, un groupe d'amis (tout sauf jetable) ou tout bonnement à l'espèce humaine?
Non, la majeure partie des gens que je cotoie (mes amis, ma classe, mes coloc's) ne vit pas avec une calculatrice collée à la main. L'argent dont elle dispose conditionne certes ce qui est possible mais pas ses choix et, surtout, ne lui fait pas oublier qu'une sortie entre amis n'est pas réussie en fonction de l'alcool ingurgité mais de ceux qui sont là.
Je ne souhaite pas faire preuve d'angélisme niais, mais il y a assez de côtés sombres à l'âme humaine pour la noircir plus que nécessaire (je suis particulièrement conscient des défauts des autres. Si, si croyez moi - rires).

Enfin, je ne sais pas bien (vu l'heure) si mon commentaire est vraiment pertinent. Je ne vais pas en dire plus (même si je pense qu'il sera beaucoup moins convaincant avec si peu d'arguments) et me contenter de conclure (après tout, je suis en période d'examen).

L'article est fort intéressant comme point de vue étayé et fondement d'un débat. Mais ne tient pas compte des gens, appartenant pourtant à la même génération (selon un aspect plus temporel), qui - s'ils en épousent certains contours - sont (très) loin d'avoir perdu leur sens critique ou, tout du moins, une véritable personnalité.

Et puis, comme dit mon papa (hommage à lui, une nouvelle fois):
"On peut trouver de l'intérêt chez tout le monde. Même chez les cons."

En espérant ne pas vous avoir trop fatigué,

Jérem.

Seb Musset a dit…

a Jérémie >
Exact, le dénominateur commun des gens mentionnés est M6 (qui est une façon de l'étiqueter, car cela ne s'arrête pas à M6, les autres chaines suivant à peu près le schéma en moins scrupuleux, sans évoquer les publications commerciales des marchands du temple)

Heureusement, nombre de jeunes gens s'en affranchissent très tôt. Ce que je n'ai pas mis dans l'article mais qui coule de source et j'en ai la preuve quotidiennement grâce à vos courriels et des rencontres occasionnées par ce blog.

Pourtant, si je sors de ma bulle de contacts habituels, la prise de conscience est tout autre.

L'ambition de cet article n'est pas d'affirmer à ceux qui ne regardent pas la télé qu'ils ont tort ou raison mais bien de faire réfléchir ceux qui la regardent encore.

Anonyme a dit…

Bonjour Seb
je vous lis épisodiquement
là je tombe sur cette description de la génération M6 : ben ça recoupe ce que j'observe personnellement dans la région où j'habite.

je n'ai pas la télévision... j'ai pas windows, pas de femme, pas de gosse, jamais eu de canapé, chômeur de longue durée, et la réputation d'une culture encyclopédique avec en plus les diplômes provocants...

ben je ne savais pas que j'avais sous les yeux le peuple M6 : parce que j'observe aussi que leur génération me semble beaucoup plus large que ce que vous indiquez.

Je me demande aussi si les autres chaînes ne sont pas en fait des variations de M6... parce que j'ai vraiment l'impression que c'est l'ensemble de la population, dans son étouffante majorité qui est comme vous le décrivez !

bonne continuation à vous.

Anonyme a dit…

Bonjour a tous,

Moi ce qui me gene beaucoup dans ce texte, c'est qu'il n'y a aucune once de réflexion. Juste des perles enfilées, certes vraies, meme si je doute que quelqu'un puisse répondre a tous les criteres en meme temps (mais la je laisserai le bénéfice du doute).

J'ai juste le sentiment que c'est du "Regardez comme ils sont cons", et que ca ne va pas plus loin. Je tiens a préciser au passage que je n'ai pas non plus la télé, que je m'efforce de lire de la philosophie et que je n'ai pas d'intérieur labellisé "M6".
Mais pour en revenir aux intérieurs justement, il me semble que l'intéret majeur de Leroy Merlin (et Ikea bien entendu...) est que ca ne coute que dalle. C'est un critere important. Si on n'a pas d'argent, et qu'il faut se meubler, et bein il n'y a pas 36 solutions. C'est pourquoi la critique facile me gene un peu : la génération dite M6 est aussi la génération précaire, fauchée, et qui (honte a elle) est obligée d'aller a Ikea. Ca n'en fait pas des décérébrés, juste des pauvres. C'est pourquoi je suis tres réservé sur l'article : on enchaine les critiques, mais on n'analyse pas, et on ne pondere pas non plus. Or rien n'est ni blanc ni noir, comme chacun sait.

Désolé pour les accents et cédilles, je n'écris pas sur un clavier francais.

Anonyme a dit…

Hier il y avait encore un reportage sur "les endroits bling bling qui résistaient à la crise"...Dubaï..etc

Et il y avait un article trés intéressant sur les français construisant (à force de prêts immobiliers évidemment) et se faisant arnaquer toutes leurs économies. Souvent des femmes issues des classes moyennes un peu agées en quête d'un supplément d'âmes (et d'hommes faciles?)

L'article parlait encore de l'accession a tout prix à la propriété mais à l'étranger!!!

Ils sont indécrottables.

P.S: L'avez-vous vu Seb?

Grrrr a dit…

"Quant à l'absence de télé, il m'est arrivé une expérience troublante chez un couple se vantant de ne pas avoir la télévision et qui pourtant venait de se confectionner un salon total "M6" style. Comme quoi la contamination déborde les ondes."


Marrant comme souvent les gens qui n'ont pas la télé s'en vantent, tiennent
à le faire savoir.

Grrrr a dit…

Excellent article, ceci dit on peut imaginer le pendant pour tous ceux (je me compte dedant) qui s'informent via quelques media dits "alternatifs" ("la génération rezo.net" ? Hé hé), vomissent sur le PS (pas vraiment à gauche), se moquent de la télé (ou n'en ont pas et s'en vantent donc), sont prêts à signer toutes les pétitions en ligne possibles, font les gauchos devant leurs potes, bref sont un peu anticonformistes mais au final... ne branlent pas grand chose de plus, voire s'accomdent bien de ce monde.


Les guignols de l'info c'est rigolo
les gens biens disent que c'est rigolo
les gens moins biens regardent le bebete-show
le bebete-show c'est rigolo
la télé ça divise mais c'est le même topo
je f'rais bien la révolution
mais tout seul, c'est coton
c'est vrai que le monde est con
et plus il se pourrit
et plus je me sens bon
mais plus les femmes sont sexy
et plus je me sens con
si la population prônait des revendications
que ferais-je de mon QI ?
sans doute une contre-révolution"

Anonyme a dit…

J'en ai un peu marre des lettrés et de leur vilipendage du peuple et de leurs pratiques. Certes M6 ne vole pas haut, formate des esprits, mais n'est malheureusement pas la source de nos maux.
En catégorisant à ce point les pratiques on exclut, on ostracise, on sépare sans bien analyser. Comme disait Bourdieu il y a une homologie de champs entre les producteurs d'un champ et leur public, mais les deux sont les participants d'une structuration sociale dont ils sont le produit. Certes ils s'entretiennent, se rencontrent, font du bruit, glissent, dérivent parce qu'il n'y a rien d'autre. Mais il n'y a pas de relation de cause à effet.
Nos existences sont vides, vidées par le travail qui n'a pas de sens, vidées par des relations sociales pathologiques, par le spectacle ahurissant des conséquence du système que nous alimentons, par cet esprit du temps devenu irrespirable.
Nul ne sert donc de pérorer plus longtemps sur ce qui n'est qu'un effet visible, patent et lamentable de notre société du spectacle. Mais passez votre chemin, l'ennemi n'est pas là.

coco_des_bois a dit…

Mais ceci dit,personne n'a désigné d'ennemi ici il me semble ...
On peut tout de même constater, analyser, sans passer pour un ennemi du "peuple" !
Moi même j'étais il y a quelques temps - d'après ma propre perception - captif de la télé. Je ne dis pas que je fais tout comme un être super libre et selon d'éventuels principes plus élevés, mais je clame que pour se sentir mieux, s'évader de la télé est indispensable. C'est mon analyse et à l'époque des articles comme ceux d'acrimed ou comme celui ci de Seb Musset aujourd'hui, peuvent aider à prendre conscience de ce genre de choses... mais bon ça reste une perception très personnelle.

Maître Corbel a dit…

A Arnaud:

"Moi ce qui me gêne beaucoup dans ce texte, c'est qu'il n'y a aucune once de réflexion."

Là dessus je ne suis pas d'accord. Déjà sur le lien "perles enfilées/absence de réflexion." C'est sûr que le texte n'est pas ennuyant à lire, on peut y voir poindre un certain style d'écriture mais ne faites vous pas une erreur (les gens font encore souvent l'amalgame) en sous-entendant qu'il n'est nul raisonnement sans ennuis?
Un peu comme certains professeurs qui prennent comme baromètre de valeur d'un cours donné le nombres d'élèves qui décrochent. Suivant le principe que le savoir est réservé à une élite capable de sauter quelques obstacles.
Je peux me tromper, mais c'est ce que je comprends dans votre intervention.

A Seb:

Je suppose à la lecture de votre réponse que j'ai dû être marquer par l'utilisation du terme de "génération." Je lui ai visiblement donné un sens plus large que celui qui lui était initialement donné.

Bonne continuation.

Anonyme a dit…

A coco_des_bois
L'ennemi est le manipulateur, celui qui aliène, qui exploite. Ce peut être un individu, un groupe d'individus, ou bien un système où chaque individu dans son travail subtilement divisé est réduit à une tâche insignifiante le déresponsabilisant tout en en faisant un complice. Aujourd'hui il faut nommer, cet ennemi, le désosser.
Si Seb Musset avec tout son talent ne sert pas à ça il n'est plus alors qu'un moralisateur, un donneur de leçon (ce qu'il n'est pas, j'en suis sur).
Le risque qu'il a pris dans son article est d'associer une seule pratique (regarder M6) à un mode de vie au risque d'afficher maladroitement la doxa des dominants à savoir que ses pratiques à lui sont naturelles, légitimes et nobles contrairement à celle des autres.
Les goûts de chacun forment un système de préférences complexes et associer une pratique culturelle télévisuelle à d'autres pratiques est un exercice qui relève de la sociologie.
J'avais préféré l'analyse de Seb sur Zone interdite aux inactifs qui dénonçait la manipulation de ce genre d'émissions sans s'embarquer dans des conclusions sociologiques.
Bonne continuation.

coco_des_bois a dit…

Et bien je pense que dans le cas d'un tel article,il ne s'agit pas de nommer ou de désosser un ennemi (quelque soit la forme que TU veux bien lui donner) mais d'aider à s'éveiller un peu ou beaucoup. Libre est chacun de nommer son ennemi par la suite, sachant que la plupart d'entre nous internautes sommes nous mêmes un petit morceau de l'ennemi (ça n'engage que moi de dire ça)...

Et je ne vois pas du tout son article comme toi, il fait une description de ce qu'il voit, avec un certain degré d'analyse, qui vaut ce qu'il vaut... et si en lisant ça on peut y voir des éléments qui vont nous servir, alors tant mieux.

Et je le redis, je ne trouve pas cette remarque pertinente :

" marre ... des lettrés et de leur vilipendage du peuple et de leurs pratiques. Certes M6 ne vole pas haut, formate des esprits, mais n'est malheureusement pas la source de nos maux.
En catégorisant à ce point les pratiques on exclut, on ostracise, on sépare sans bien analyser."

Donc comme je disais, il n'y avait pas à mon sens d'ennemi à désigner dans cet article. Toi tu sais où est ton ennemi, très bien, moi perso je ne suis pas certain de l'avoir bien identifié à vrai dire ;)

Anonyme a dit…

Je viens de lire cet excellent article avec mon IPOD reçu à Noël. C'est grave docteur?

coco_des_bois a dit…

"Mais le supposé abrutissement des masses est un sujet maintes et maintes fois repris, je trouve ce sujet très élitiste car il projette son auteur au dessus des masses sous entendu inférieures culturellement."

Moi perso je ne trouve pas du tout que ce soit élitiste. J'ai personnellement eu à me "détacher" de la télé, non pas parce que j'étais abruti, mais parce que je manquais de points de vue, de recul, que finalement - oui _ la télé n'était avec quelques journaux imprimés pas bien meilleurs en qualité, ma seule référence d'information et de "divertissement". Alors en prendre conscience ne veut pas forcément dire "devenir moins con" ou autre révolution intellectuelle. Mais c'est un parcours perso qui - en ce qui me concerne du moins - a changé pas mal de choses, alors on ne se sent pas meilleur, mais différent.
Dans cette optique, tu le dis toi même, des gens de plus en plus nombreux prennent leur info sur le net, rezo ou autre, backchich etc, mais force est de constater que ce temps passé à chercher de l'info ne l'est pas devant la télé. Ce n'est pas être élitiste de dire que la télé est abrutissante et qu'il est vital de chercher ailleurs, de diversifier, de comparer ... etc. Ca ne remet pas en cause l'ordre établi mais ça ouvre un peu les yeux...

Maître Corbel a dit…

A Cedriko, Arnaud (et ceux que fatalement j'oublie):

"J'ai juste le sentiment que c'est du "Regardez comme ils sont cons", et que ça ne va pas plus loin."

Là dessus, je ne suis pas vraiment d'accord.
Je trouvais à la base que le texte ne faisait que reprendre le négatif et généralisait un peu. C'est toujours le cas à la différence près que je sais maintenant que l'opinion de Seb est plus large et prend en compte d'autres réalité. Le texte ne reprenant que la part dévolue à une certaine population.
Je ne suis pas d'accord avec ton point de vue (et celui d'Arnaud, donc). Pourquoi?
Tout simplement, je reprendrai la réponse de l'auteur:

"L'ambition de cet article n'est pas d'affirmer à ceux qui ne regardent pas la télé qu'ils ont tort ou raison mais bien de faire réfléchir ceux qui la regardent encore."

Le point central de la citation est, selon moi, la réflexion. Que va se dire le lecteur de ce texte après lecture? Il va tout simplement (en tout cas c'est l'espoir inhérent à la rédaction) regarder autour de lui et dans sa vie à quel point il correspond à la réalité décrite. C'est humain: nous nous sentons visés.
Que l'examen se révèle rassurant pour nos consciences ou pas, il en ressortira quelque chose (espérons le) de positif.

Ca peut donner lieu à cette citation d'Arnaud (ni fausse ni dénuée d'intérêt):

"Mais pour en revenir aux intérieurs justement, il me semble que l'intéret majeur de Leroy Merlin (et Ikea bien entendu...) est que ca ne coute que dalle. C'est un critere important. Si on n'a pas d'argent, et qu'il faut se meubler, et bein il n'y a pas 36 solutions."

Bien sûr! Pour l'achat d'un sommier, d'une lampe ou encore d'un tabouret... Ce que nous pourrions appeler le confort de première nécessité (prise ici au sens large, je suis convaincu qu'on peut survivre en s'asseyant par terre), si les moyens manques c'est la solution la moins pire.

Mais une réflexion sérieuse sur nos achats n'est pas dénuée de sens.

Les gadgets de déco inutiles (et largement répandus), pourquoi les achetons nous? Est ce que cela nous plait vraiment (auquel cas nous partagerions nos goûts avec le plus grand monde - ce qui n'est pas négatif dans l'absolu) ou bien est-ce issu de ce formatage télé-visuel que l'on pourrait réduire au cas de la lampe à lave (qui n'éclaire pas autant qu'elle est laide et pourtant, j'en ai eu une).

Pourquoi manquons nous de moyens pour acheter un meuble qui résistera à l'usure du temps bien mieux qu'un autre estampillé Ikea? Ca peut être la résultante des prix de l'alimentation de base, des charges de notre deux pièces qui sent le moisi (en gros de la vraie précarité) ou bien parce qu'on à craqué sur le dernier smartphone.
Les deux justifications sont également valables, cela relève du choix de l'individu.
Mais la réflexion doit porter sur les prémisses (personnels ou imposés par l'extérieur) qui sous-tendent le-dit choix.

Et puis, bien sûr, un choix (apprécié ou pas) ça s'assume.

Pour donner un exemple: Facebook.
Tout le monde joue plus ou moins au jeu du "j'ai un plus gros réseau social que toi" et bien j'y joue aussi. Parce qu'au delà de la frime, l'utilisation que j'en fais (communication, partage de photos etc avec la branche grecque de la famille) me semble intéressante. Quand je parle avec un ami résolument contre ce genre de fichage des individus, j'assume et j'explicite ma participation à Big Brother. Parce qu'il y a une réflexion derrière (ce qui constituait, je le rappelle, le fil rouge de ce commentaire).

Maintenant, entendons nous bien: je passe pas trois plombes à contempler les fromages dans les rayons du Carrefour du coin avant de me décider. Je ne suis pas le Penseur de Rodin baignant dans une réflexion perpétuelle. Il m'arrive d'ailleurs de me tromper même quand je réfléchis beaucoup (je ne vaux pas mieux qu'un autre).
Cependant, si nos lectures nous permettent de réfléchir sur certains aspects de nos vies sur lesquels nous ne nous étions pas encore arrêté, c'est pas plus mal.

Et réduire cet article par: "J'ai juste le sentiment que c'est du "Regardez comme ils sont cons", et que ça ne va pas plus loin."
Ce n'est pas lui rendre justice.

Seb Musset a dit…

a crediko > Je suis d'accord avec toi sur le côté M6 / Musée. On peut apprendre de toute chose, c'est une question de regard. L'important c'est d'en avoir un.

Anonyme a dit…

Bonjour,

A Seb et Grand François :

Très bonne année à vous deux et merci pour votre lucidité (:°)).

De nouvelles échéances arrivent et les dégringolades avec (:o().

Super les play-lists, surtout la 2e avec "Viva la révolucion" du Peuple de l'Herbe qui sera ma révélation musicale de l'année passée.

Ma génération allait au BHV je crois que celle d'M6 va chez I..A. Circuit balisé, achat impulsif, l'identité, la part du rêve, la modernité...

Neb (61a).

MUSIKMAG a dit…

Toujours autant de talent a l'écriture , continu ...

Anonyme a dit…

Très intéressant, en particulier la vidéo.

Il ne faut pas oublier la France Canal +, très proche du troupeau aussi !

Anonyme a dit…

J’ai toujours été choqué par le côté « magazine pratique sympa » de cette chaîne de télé. Si toutefois, il est certainement jouissif de dénoncer une séduction facile dont le dessein est le dévoilement de la vérité, je doute fort que ceux auquel ce message est destiné puisse réellement arriver au terme du contenu, car ils ne cherchent pas à l’entendre, même si tu es là pour les mettre en garde de la grossière supercherie. Si la réception n’est pas prête, elle ne tient son salut qu’à rester attentive à n’en perdre rien, le museau abaissé au niveau du guidon. Ta critique manquera sa cible, et à défaut d’être tout simplement entendue, ça justifiera une communauté improbable de « râleurs », pour ne pas dire de salauds d’intellos.

Car le fait est que si les valeurs d’M6 ont autant de prise dans la société qui se dessine avec Sarkozy, (comme tu l’affirmes, en résumant TF1 au chiraquisme et M6 au sarkozysme) cela signifie que l’anti-intellectualisme est le phénomène central qui modèle notre espace public (chaîne publiques et privées comprises, dans la mesure où elles sont comprises dans « un » espace public général), avec des formes idéologiques et factuelles qui adoptent les apparences du divertissement. Le divertissement n’a-t-il pas obtenu ses lettres de reconnaissance sous Raffarin, comme si les émissions de télé réalités avaient obtenues, comme à l’âge d’or des Académies de peinture, le statut « d’art libéral » en cherchant à quitter celui « d’art mécanique » ? Ce mécanisme de reconnaissance fonde l’anti-intellectualisme éclairé de M6, et donc la mise à mort de la diversité non pas ethnique mais culturelle, c’est le symptôme qui me semble le plus alarmant à ce propos.

Pour en revenir au paragraphe un, si les adeptes de ce genre d’émission refusent la critique que tu peux faire d’M6, c’est parce qu’ils ne la prennent pas au sérieux. Prendront-ils un jour conscience du mécanisme pervers de la manipulation consumériste ? Ils pensent que la futilité n’est pas perverse, que le divertissement n’est qu’un moyen de se détendre et de rêver. Or, le divertissement aujourd’hui n’a jamais été aussi sérieux. Le divertissement doit se faire futile pour faire intégrer aux cerveaux les plus « faibles » les repères de la convenance. Dans ce domaine d’expérience, il s’agit de perception des choses et de sensibilité : car tout le monde n’est pas également doté des mêmes défenses devant l’idéologie du management, relié non seulement au monde du travail, mais aussi au contexte de la consommation. Le renversement du capitalisme par les subalternes devra aussi se faire avec une prise de conscience des consommateurs, car le monde productiviste a globalement perdu les enjeux et le sens que les médias donnent seuls, désormais du sens de notre monde, avec notamment la dissémination d’émissions de divertissement pratique. C’est cette réalité que les médias ne cessent pas de leur cacher.

Cette manière ludique d’être au monde n’est là que pour faire « oublier sans fuir » la réalité du travail. Car même si les corps vils sont encore nécessaires pour faire fonctionner notre société, il faudra s’attendre bientôt à ce que l’automatisation du monde fasse quasiment disparaître toute présence humaine au travail. Le divertissement n’est là que pour fait rendre absente au monde la présence réelle de chacune des personnes prises dans ce jeu tragique. Et la panoplie de la vie bourgeoise fait partie de ce ré- enchantement vers le haut, et vers le bas de la dignité : le divertissement a choisi l’humiliation comme principe générateur de plaisir.

Le jeu de la norme de vie faussement bourgeoise que chacun pense rêver avant de pouvoir accéder à quelque reconnaissance est au principe même du monde fantasmé, du conte de fée. Les stars ne sont que les idéal-types de ce phénomène d’identification, pourvues à ce qui n’existe pas, c’est-à-dire, à l’imaginaire collectif inaccessible mais cependant représentable mentalement, ce qui est déjà en premier lieu une satisfaction sociale minimale pour nos sentiments d’appartenance, et à ce qui n’est pas encore en place (le projet politique de faire « travailler plus pour gagne plus », fable perdue elle aussi…), Les stars sont la réalisation 3D des chimères qui habitaient nos nuits lorsque nous étions enfants. Les stars sont quelque part situées entre le monde perdu de l’enfance et le monde adulte à venir, qui n’est pas encore là, tant que nous restons sous l’emprise de ce divertissement. Il s’invite non plus chez l’habitant, comme le faisait TF1 pendant les années quatre vingt, pour couvrir de cadeaux un gagnant tiré au hasard, mais entre carrément par effraction esthétique avec M6. Pour vous dire que vous n’avez aucun goût, aucune existence sociale quelque part. Alors la maison aux murs colorés bon ton n’est pas rêvée, mais un acte disciplinaire qui préfigure la crainte, voire la peur de ne pas en être.

Si on observe le résultat après opération, M6 vide les meubles, mais aussi les objets qui faisaient l’environnement des habitants. Car les objets accumulés de l’histoire personnelle n’ont plus leur place dans le nouvel environnement. C’est souvent à contrecœur que les heureux gagnants découvrent le résultat, mais ils n’osent pas le dire à l’écran, car les travaux ont coûté leur pesant en cadeaux. Le contre don est de ne rien laisser paraître de déception pourtant qui transparaît dans les cris de joie forcés, dans les regards furtifs. Si je passais du temps de mon côté à convaincre certaines personnes du côté pervers de ces émissions (comme vous Fred, pris dans l’utopie du dévoilement de la vérité), des contenus esthétiques nullissimes, elles ne prenaient jamais trop au sérieux des propositions qui se réclamaient de la futilité, comme le paradigmatique magazine people. Le « people » fait partie du paysage social, et on doit l’éviter si on le redoute, c’était l’argument simpliste du si ça ne t’intéresse pas, ne le regarde pas…

Le style people a remplacé la mode « cool » des années quatre vingt. Le people reste pour beaucoup futile et pas dangereux… Or, ces contenus de divertissements pratiques forgent largement l’idée modèle de la famille. donnent les vecteurs de goûts à une population massive, trahit la conscience que chacun peut (et doit ?) se faire de la classe à laquelle il répond.
Pour le dire autrement, si la revue est située, le magazine s’ouvre au tout venant, mais surtout ne peut que proposer de l’insipide, de l’air du temps, du médiocre, de la camelote culturelle. Le jugement de valeur qui donnait à chaque case de la hiérarchie sociale sa valeur semble révolue.

Le principe d'M6 est de venir dans ton cerveau, pour te faire comprendre que tu es ringard, ensuite, la chaîne te propose gratuitement de te refaire « tout l'intérieur » facilement, en jouant. Ce geste contre culturel, est une forme littérale de révolution culturelle comme il s'en est faite par ailleurs, mais qui n'est pas tant lyrique que pratique, et fondamentalement construite à partir de l’esthétique d'un kitsch télévisuel. L’esthétique répond à une injonction politique ambitieuse, ce que remarquait fort bien Walter Benjamin en son temps du réalisme socialiste. De la même manière, le projet politique de M6 est basée sur une esthétique facile, très colorée, comme un manuel de peinture facile de l’existence.

L’exercice ludique de la vie pratique est à l’œuvre. Elle atteint la sphère de la vie personnelle, privée. une vie privée socialement jouée, voire mimée à partir de ce qu’il faut être, de ce qu’il faut penser, en un tour de main. Le couteau Suisse de l’art de vive en deux mots. Ce kitsch ne part plus des actes communs de la vie ordinaire (carte de voeux, anniversaires, etc...), mais de l'écran. L'émission pratique de M6 te coatche parce qu'il est d'emblée considéré que tes goûts, ta culture n'est pas conforme à la mobilisation générale du corps social contre son combat, un combat paradoxal qui se réalise dans le désir de précarité. Le travail et l'exploitation de M6, c’est de préparer, en deux mots, à la précarité du travailleur, non pas subie mais désirée...

A chacun son style…

Cyril a dit…

Salut,

J'adhère même si je ne pense pas qu'il y ait une idéologie derrière. M6 ne fait qu'acheter les programmes merdiques qui fonctionnent déjà ailleurs (US,UK, Australie, etc...) depuis plusieurs années. Ils n'innovent d'ailleurs jamais. La grande tristesse de ce succès est que les gens sont extremement demandeurs de cette télé poubelle en particulier parce qu'ils ont "une confiance en soit" au raz des paquerettes et qu'ils attachent une importance monstrueuse au regard des autres (avis personnel).

Ton blog est très intéréssant. Je suis moi-même dans un processus d'analyse de nos sociétés (évolution et comparaison continentale). Je serais assez intéréssé de voir ton analyse des blogs ou d'un site comme Dailymotion qui m'effraie de plus en plus. La haine s'y déverse à longueur de vidéos. Les commentaires sont eux-aussi très haineux et rappellent l'entre deux guerres. Vers où allons nous?

Au plaisir de pouvoir en discuter et de te lire.

Anonyme a dit…

SI M6 n'a pas été vraiment calculé par les politiques, est-ce qu'on peut expliquer cet "oubli" par la faible audience de la chaîne M6 par rapport au mastodonte TF1?
M6 ne semble pas constituer une part de marché considérable par rapport aux autres chaînes, mais comme tu le dis, ce phénomène de vie pratique s’est propagé même au sein du service public : France 2 diffuse vers 19 h 30 Service minimum, du transfuge Julien Courbet.

Quelle est la part décisionnelle du choix programmatique ? l’audience ( ?), un phénomène qui ferait apparaître un contenu quelconque mais bankable ? (ou) le politique dans les choix programmatiques et la définition des contenus, pour un dessein idéologique ? Sarkozy appuie certes sur le point sensible de la politique idéologique quand il décide de nommer les dirigeants principaux des télévisions publiques selon ses goûts et ses intérêts, car il sait que sa séduction passe par une narration permanente, qui doit utiliser la fiction et les images, les talk shows et les séries, donc les écrans. Mais, convaincu que la télévision est un médium en crise, il sait aussi que sa propagande est, à l’avenir, en crise. Car c’est la publicité et son contenu (le monde connoté outre-atlantique et ses valeurs individuelles) qui fonde la sensibilité des goûts du public le plus large. C’est d’ailleurs sur le versant du net qu’Obama a remporté les élections en contre-attaquant sur le fait que les conservateurs pouvaient être convaincus avec les arguments qui passaient certes via la télévision mais surtout sur le net. C’est pourquoi Sarkozy a bien comprit qu’il fallait d’or et déjà diaboliser à tout prix le net en faisant revenir à l’écran télévisuel toute une population inquiète de son régime, qui seraient curieuse de l’offre internet. Les récentes campagnes du gouvernement contre les rumeurs dont serait coupable internet, induisant un comportement sans morale ne sont la que pour orienter les citoyens qui se sentiraient un peu moins consommateur, vers le bercail, vers la télévision unique. Cet outil est d’ailleurs très bien autonomisé dans les Darty et Fnac, comme télévision à part entière et non comme ordinateur avec télévision intégrée. Pour le gouvernement, il faut rétrograder les progrès, vers une séparation des outils maximale, à leur de la concentration numérique, qui prend une signification transgenre. Et comme chacun sait, les queers marquent aujourd’hui une transgression sans précédents, au sein de l’espace public.

Si les codes d’une génération jeuns’ n’ont pas été complètement intégrés par le principaux dirigeants politiques, on peut se demander si c’est seulement pour des raisons économiques qu’un directeur de programme choisit un créneau consumériste ? Les choix semblent se vérifier à l’humeur de la conjoncture, par le biais de sondages permanents mesurant les courbes d’intérêts des publics en fonction d’une actualité de plus en plus pesante. Pour le service public et le marketing, en ces temps de crise, le citoyen de 19 heures se réduit à un consommateur avide de soldes, qui recherche à tout pris l’augmentation de son pouvoir d’achat non pas vers son entreprise, mais avec les petites combines et le système D qu’il peut dénicher à droite et à gauche. Ce consommateur en auraient marre aussi de se fader tous les soir l’humour ringard de Laurent Rucquier et surtout son approche critique des sujets de société qu’il aborde mine de rien. Chez Courbet, la recette est facile, comme pour la plupart des magazines : saupoudrer un maximum d’intervenants et de chroniqueurs insipides, passer deux minutes par sujets abordés, faire interagir deux secondes les téléspectateurs. La soupe est prête.

La tendance « vie pratique » vise globalement à renfermer les familles et les célibataires vers l’espace de leur vie privée, car tout ce qui est valorisé par les discours politique et médiatique se contraint à la réussite individuelle par le travail, l’enrichissement personnel (les fruits de son travail fait que même un faible salaire est une réussite et un enrichissement), et la réalisation de soi. Cette fixation de l’individu hors du monde pour loucher vers son foyer et son espace privé a été intégré aussi bien par Ségolène Royale que par Sarkozy. Il n’y a eu aucun différentiel discursif de part et d’autre, sauf sur les contenus, à la limite. Même Royale parlait à l’individu, le tutoyait quelque part comme le discours économique le fait en séparant l’individu de son collectif. Le tutoiement politique n’est pas seulement famillier, c’est un conditionnement. Il fait qu’en oubliant dans la formulation politique l’appartenance à un groupe, la responsabilité se restreint à la personne pour ce qu’elle fait et ce qu’elle mérite. La valorisation permanente du foyer (lardons compris) est le moyen par lequel on conditionne les consommateurs à oublier qu’il fait de toute manière partie d’un groupe dont il n’a pas conscience, parce qu’on ne lui donne pas les moyen de l’atteindre. La réponse collective qui doit pour se réorganiser développer un discours collectif ne peut plus passer par la télévision et la « vie pratique », nous le savions depuis longtemps, mais il se fait en tout les cas sur le net, en dépit des multiples attaques et campagnes de propagande qui tendent à diaboliser ce médium, comme l’est en définitive toute apparition inédite d’un nouvel organe de communication au sein de l’espace public.

Pour les politiques démagogues, la bonne audience de n'importe quelle chaîne de télé est le réservoir potentiel d'une catégorie sociale de citoyens isolés à divertir. Car la politique est devenu presque intégralement un programme de divertissement culturel aujourd’hui. C’est du moins le sens du message que cherche à nous faire entendre une grande part d’un monde politique désemparé devant la crise qui s’annonce furieuse. La propagande du manuel qui en porte le nom d’Edward Bernays est l'art de faire adopter une position parmi de multiples possibles, de faire adopter une cause avec des raisons consensuelles, pour cacher toutes celles qui s’en différencient. Il faut donc penser à la multitude de possibilités qui existent mais qui ne sont pas aujourd’hui actualisées.

Anonyme a dit…

Bonjour,
J'ai très récemment découvert ce blog. Je trouve votre billet sur la génération M6 très juste. un peu extrême, quant même ... mais tout aussi extrême que savent l'être de nombreuses personnes de cette "génération" du vide.
Je souscris à votre analyse.

Fanny

Aka 75 a dit…

Bonjour,

Je suis honoré de ce partage de page dans Vendredi pour la critique généreuse et spontanée, venant du fond du coeur, de cette mAAAgnifique chaine de rien qu'est M6.

Je ne pensais pas être en si bonne compagnie dans ce journal.

Seb Musset a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Seb Musset a dit…

a Aka > Double Impact, comme dirait Vandamme.

Mais soyons sérieux deux minutes, il faut sauver M6 des dépressions publicitaires dues la crise...

http://www.24heures.ch/depeches/hi-tech/m6-tf1-canal-vont-demander-plan-aide-tele-privee-0

Anonyme a dit…

J'abonde globalement dans le sens de l'analyse qui est faite des comportements de la génération M6. Toutefois, n'en déplaise à l'auteur, la majorité des amateurs de télé-poubelle-marketing votent à gauche... ou FN (qui n'est rien d'autre qu'une gauche déguisée).

La télé n'est pas populaire, elle est populiste. Et il n'y a que le "bon peuple de gauche" pour être aussi avide de ressembler aux "bourgeois" qu'il critique officiellement.

le crétin a dit…

Moi je regarde M6, mais aussi france 5,arte, je lis même des livres, et des articles dans le monde diplo , courrier internationnal et marianne, est-ce que je suis qu'à moitié con Dr Freud?
je ne vote ni à gauche, ni à droite, je vote pas, et j'emmerde les gens qui dise que je baffoue la démocratie.
Il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles, arrêter de croire que tu es le seul ou un des seuls à avoir compris l'essence de la vie mon garçon.
M6, fait de l'audimat, pour faire de l'argent avec des emissions légères qui s'adresse à tout le monde.
mais je n'ai pas besoin de te le dire car tu as l'air de bien les connaitre ces emissions.

Unknown a dit…

Excellent ton article!
M6 c'est TF1 2.0 ou next generation. Comme disait un de leur ancien patron, ils vendent de l'occupation de neurones mais visiblement ils ne les libèrent pas après!

Anonyme a dit…

Je visite votre blog et j'adhère à ce premier article. je vais donc poursuivre la lecture. je précise que je suis dans la génération citée et qu'il m'arrive de regarder de regarder m6( sans plasma) maintenant j'ai honte; en plus je suis célibataire je gagne moins de 1300 euros et j'habite au centre ville mince j'ai tout faux !
Au delà de çà la formule est bien trouvée mais si on supprimait m6 on ne supprimerait ni la sous culture ni le vide , m6 est intéressante symboliquement , un prisme mais n'est pas une cause.Quelles valeurs véhiculent les élites ? matérialisme et superficialité surement ... les masses suivent.

Anonyme a dit…

Commentaire pas courageux :

- Un peu de lecture :
"Mon enfant n'est pas un coeur de cible"
de J Ph Desbordes, Actes Sud

- Optimiste ? lisez "télécratie et démocratie" de B. Stiegler. On est prolétaire quand on a perdu son savoir-faire et son savoir-vivre (même avec un gros porte monnaie), les industries culturelles s'en chargent très bien merci.

- Pessimiste ? Sombrez en lisant l'excessif "La vie sur Terre" de Baudouin de Bodinat

- A la recherche de l'enfer consumériste ? Allez à la ZI "La Croix Blanche" un dimanche après midi, près de Ste Genevièvre des Bois, et non loin de Fleury Merogis.

Que votre valeur esprit veille sur vous

Anonyme a dit…

Voila un avis bien aiguisé sur la nouvelle génération et ses codes. En tous les cas, cela ne doit pas être si faux; pourquoi ? Parce que je me reconnais dans certains points de cet article. En effet, né au milieu des année 80, je ne connais pas la France d'avant M6. Effectivement, je m'abreuve depuis des années de ces reportages sur la consommations, de ces télécrochets qui créent des stars aussi vite qu'ils les oublient. Et c'est vrai que la plupart des gens de mon entourage me ressemble et sont des caricatures parfaite de la génération M6, à la différence près, que moi j'en ai conscience... Avec un peu de chance, en prenant de l'âge, en lisant des livres, en prenant du recul, un jour j'en sortirai ! Mais pour l'instant ces états de faits sur ma propre conditions restent supportable, et je vais donc de ce pas allumer la télé, parcourir brièvement les 200 chaînes culturelles, d'histoire, de voyages ou d'information, pour finalement m'arrêter sur mon canal préféré : la SIX !!!!

Unknown a dit…

ça paraît bien vu
mais j'espère que vous vous trompez un petit peu

Anonyme a dit…

Tous les comportements cités pour pouvoir être analysés de la sorte doivent certainement provenir d'études démographique, anthropologiques... J'aimerais beaucoup voir les sources qui soutiennent cette réflexion dans l'article.
De plus le ton condescendant de celui qui a tout compris mais qui dans son extrême bonté tient a faire partager le monde de sa lucidité est un peu dommageable a l'entreprise de dénonciation du modèle de société vanté par M6.
Bref avec plus de rigueur l'article serait bcp plus intéressant et du coup sans doute moins moraliste.

Stef a dit…

Bonsoir,

Votre article m'a vraiment intéressé. La description social que vous faites de cette génération M6 me semble pertinente. Je parie qu'une analyse sociologique beaucoup plus poussé avec un protocole d'étude bien défini ne ferait que confirmer ce que vous décrivez.
Cependant, je suis aussi troublé par votre article; il ramène des limbes de ma mémoire une impression confuse de déjà vu. Des images flou, des souvenirs, des discours de mon paternel, des images de notre histoire, des lectures. En vrac, je revois sans savoir pourquoi des couvertures de hara-kiri, des albums de Reiser, des sketchs de Coluche, la France collabo, des discours entendus pendant les grandes rencontres familiales, l'époque Romaine, le XIX siècle Français, la révolution française, Dreyfus et j'en passe. Tout ces souvenirs vagues mais qui ne demanderait qu'à être consolidés me conforte dans cette intuition : les gens, enfin la classe sociale que vous décrivez a, est et existera toujours. Elle change juste de forme à chaque génération. On peut lui donner le nom que l'on veut; ça n'a pas d'importance. Aujourd'hui elle s'appelle "génération M6". Demain elle portera un autre nom. Mais on peut la reconnaître à certaine de ces propriétés. Vous en citez justement une : le conformisme. N'en a t'elle pas d'autre comme le besoin incessant de vouloir quitter sa condition de pauvreté en copiant les riches ? Le plaisir facile ? l'absence d'effort cérébrale ? de personnalité ? à voir.
Je pense que le talent de M6 est d'avoir segmenté cette classe sociale, de l'avoir caractérisé psychologiquement ,comme actuellement chaque style de musique, de vêtement, de film, ou d'objet caractérise une classe ou un groupe social, et de proposer des émissions qui alimentent leur besoins d'identification et de regroupement afin de faire fructifier( M6 bien sûr) le capital investit comme n'importe quel société. Je ne pense pas que M6 à produit cette classe. Au contraire je pense que M6 a su trouver avec brio ce qui pouvait fédérer cette classe émergente en 1990 et continue d'alimenter ce fédéralisme.
J'aimerais avoir votre avis sur ce dernier point, si cette question vous intéresse bien sûr ou si vous en avez le temps.
En tout cas, quoiqu'il en soit, je vous souhaite une bonne continuation et je passerai vous lire souvent.

Stef a dit…

Bonsoir,

Votre article m'a vraiment intéressé. La description social que vous faites de cette génération M6 me semble pertinente. Je parie qu'une analyse sociologique beaucoup plus poussé avec un protocole d'étude bien défini ne ferait que confirmer ce que vous décrivez.
Cependant, je suis aussi troublé par votre article; il ramène des limbes de ma mémoire une impression confuse de déjà vu. Des images flou, des souvenirs, des discours de mon paternel, des images de notre histoire, des lectures. En vrac, je revois sans savoir pourquoi des couvertures de hara-kiri, des albums de Reiser, des sketchs de Coluche, la France collabo, des discours entendus pendant les grandes rencontres familiales, l'époque Romaine, le XIX siècle Français, la révolution française, Dreyfus et j'en passe. Tout ces souvenirs vagues mais qui ne demanderait qu'à être consolidés me conforte dans cette intuition : les gens, enfin la classe sociale que vous décrivez a, est et existera toujours. Elle change juste de forme à chaque génération. On peut lui donner le nom que l'on veut; ça n'a pas d'importance. Aujourd'hui elle s'appelle "génération M6". Demain elle portera un autre nom. Mais on peut la reconnaître à certaine de ces propriétés. Vous en citez justement une : le conformisme. N'en a t'elle pas d'autre comme le besoin incessant de vouloir quitter sa condition de pauvreté en copiant les riches ? Le plaisir facile ? l'absence d'effort cérébrale ? de personnalité ? à voir.
Je pense que le talent de M6 est d'avoir segmenté cette classe sociale, de l'avoir caractérisé psychologiquement ,comme actuellement chaque style de musique, de vêtement, de film, ou d'objet caractérise une classe ou un groupe social, et de proposer des émissions qui alimentent leur besoins d'identification et de regroupement afin de faire fructifier( M6 bien sûr) le capital investit comme n'importe quel société. Je ne pense pas que M6 à produit cette classe. Au contraire je pense que M6 a su trouver avec brio ce qui pouvait fédérer cette classe émergente en 1990 et continue d'alimenter ce fédéralisme.
J'aimerais avoir votre avis sur ce dernier point, si cette question vous intéresse bien sûr ou si vous en avez le temps.
En tout cas, quoiqu'il en soit, je vous souhaite une bonne continuation et je passerai vous lire souvent.

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